Obstétrique 141
3.1. ARGUMENTS EN FAVEUR D’UNE OXYGÉNOTHÉRAPIE SYSTÉMATIQUE
Un certain nombre de situations, parfois imprévisibles, nécessitant une oxygéno-
thérapie peut survenir lors d’une césarienne. Il a ainsi été montré que l’hypotension
artérielle, fréquente après anesthésie rachidienne, pouvait altérer l’équilibre acido-
basique fœtal même lorsqu’elle est de courte durée [2]. L’augmentation de la FiO2 avant
l’épisode hypotensif permettrait donc de maintenir un apport en oxygène au fœtus correct
dans cette situation. De même, une situation hémorragique peut survenir à tout instant
lors d’une césarienne, pouvant entraîner une hypotension maternelle majorée par le bloc
sympathique lié à l’anesthésie régionale. De plus, certaines situations extrêmes telles
l’embolie amniotique ou la rachianesthésie totale, survenant chez des parturientes dont
la fonction respiratoire est déjà altérée par la grossesse, peuvent conduire rapidement à
une désaturation artérielle. Une supplémentation maternelle en oxygène systématique lors
de césariennes semble donc justifiée afin que les réserves en oxygène soient augmentées
avant la survenue de ces événements indésirables.
3.2. ARGUMENTS CONTRE UNE OXYGÉNOTHÉRAPIE SYSTEMATIQUE
En dehors de l’inconfort lié à l’utilisation systématique d’un masque facial ou de
lunettes à oxygène, l’effet bénéfique de l’hyperoxie maternelle sur le fœtus reste à
déterminer. Ainsi, plusieurs études suggèrent que l’hyperoxie maternelle pourrait être
responsable d’une augmentation de la PCO2 fœtale par le biais d’une vasoconstriction
placentaire perturbant les échanges gazeux fœto-maternels [2]. De plus, certaines don-
nées récentes tendent à montrer que l’hyperoxie maternelle pourrait être délétère pour
la mère et le fœtus en raison d’une production accrue de radicaux libres [2]. Il a ainsi
été montré que l’utilisation d’une FiO2 supérieure à 60 % chez la mère n’augmentait
que très modestement la PaO2 veineuse ombilicale, mais provoquait une augmentation
des hydroperoxydes lipidiques (produits de l’activité radicalaire) dans le sang maternel
et veineux ombilical [14]. Néanmoins, bien que l’utilisation d’une FiO2 élevée lors de
la réanimation du nouveau-né semble délétère en raison de l’augmentation de l’activité
radicalaire néonatale, le retentissement maternel et fœtal de l’hyperoxie maternelle lors
de césariennes réalisées sous anesthésie régionale reste à déterminer [2].
4. OXYGÉNOTHÉRAPIE ET ANALGÉSIE OBSTÉTRICALE
Une supplémentation maternelle en oxygène est couramment réalisée pendant le
travail (hypotension maternelle, souffrance fœtale…) et est parfois proposée de manière
prophylactique en deuxième partie de travail, réputée plus à risque pour le fœtus. La
littérature est cependant très pauvre à ce sujet. Il n’existe en effet aucune étude ayant
comparé le pronostic néonatal après supplémentation maternelle en oxygène pour
souffrance fœtale et seules deux études ont comparé le pronostic néonatal après admi-
nistration d’oxygène prophylactique en deuxième partie de travail [15]. Ces deux études
retrouvent des pH néonataux plus bas après supplémentation maternelle prophylactique
en oxygène, sans autre différence significative. Il n’existe ainsi que très peu de données
en faveur ou allant à l’encontre d’une oxygénothérapie maternelle systématique lors de
l’analgésie du travail.
CONCLUSION
L’oxygénation fœtale est donc conditionnée par l’hématose et l’hémodynamique
maternelles et par le débit utéro-placentaire. Le but de l’oxygénothérapie en anesthésie
obstétricale est d’optimiser l’hématose maternelle afin d’améliorer l’oxygénation fœtale.
Cependant, l’augmentation de l’oxygénation maternelle n’entraîne pas d’augmentation
similaire de celle-ci. En revanche, l’hypoxie maternelle, d’apparition plus précoce que