Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire 2015 ; 19(1) : 22-26 23
chirurgie thoracique
9ans (2005-2014). Dix patients étaient opérés de manière simul-
tanée d’une DPTA et d’une pathologie cardiaque et 2 patients
ayant un antécédent de chirurgie cardiaque avaient une répara-
tion isolée de leur DPTA.
Une échocardiographie transthoracique a été réalisée chez
tous les patients, à la recherche d’un foramen ovale perméable.
Les données cliniques et biologiques étaient recueillies à partir
des dossiers médicaux. L’étude a été approuvée par le Conseil
d’Ethique de la Recherche Clinique de la Société Française
de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire (CERC-SFC-
TCV-2014-3-1-18-21-28 HyIl).
2.2. Technique chirurgicale
La réparation de la DPTA a été eectuée en utilisant une procé-
dure ouverte de sternochondroplastie simplifiée de type Ravitch,
basée sur la résection sous périchondrale des cartilages costaux
anormaux. Selon le type de DPTA, la résection cartilagineuse bi-
latérale s’étendait des deuxièmes/troisièmes aux septièmes car-
tilages costaux pour les corrections de PEx, et des deuxièmes
aux quatrièmes/cinquièmes cartilages costaux pour les pectus
arcuatum [4].
Dans le cas d’une chirurgie synchrone, les patients étaient sur-
veillés pendant l’opération comme habituellement au cours
d’une chirurgie cardiaque. Les patients présentant un PEx ont
été opérés selon la technique séquentielle préalablement décrite
[2]. Brièvement, après incision verticale de la peau et exposition
du plastron chondrosternal déformé, désinsertion à la demande
des muscles pectoralis major et rectus abdominis, une résection
bilatérale sous-périchondrale des cartilages costaux inférieurs
(quatrièmes aux septièmes) était eectuée. Ensuite la sterno-
tomie était faite et l’intervention cardiaque était réalisée sous
circulation extracorporelle (CEC). La protection myocardique
était obtenue par une solution de cardioplégie au sang froid an-
térograde répétée toutes les 30 minutes. En fin de CEC, après
protamination et fermeture du sternum, la correction du PEx
était complétée par la résection complémentaire des cartilages
costaux supérieurs (deuxièmes et troisièmes) et une ostéotomie
sternale transversale haute cunéiforme, si nécessaire. Une attelle
métallique rétrosternale (Medicalex, Bagneux, France) était pla-
cée au niveau de la gaine des sixièmes cartilages costaux, pre-
nant appui latéralement sur l’arc antérieur des côtes. Cette attelle
était fixée à l’extrémité inférieure du sternum à l’aide d’un point
en X de monofilament résorbable (PDS II 1, Ethicon France, Issy-
les-Moulineaux, France). Enfin, les étuis des cartilages étaient
fermés à l’aide de sujets de fils résorbables [figure 1].
La cure du pectus arcuatum, quant à elle, était eectuée sans
ostéosynthèse complémentaire.
2.3. Prise en charge postopératoire
Après l’intervention chirurgicale, les patients étaient surveillés en
réanimation pendant au moins 48 heures. Les drains thoraciques
étaient placés dans le péricarde, le médiastin et dans les espaces
sous-musculaires préthoraciques. La quantité de drainage dans
les premières 24 heures était relevée. Avant la sortie, tous les
patients avaient une échocardiographie transthoracique, confir-
mant l’absence d’épanchement péricardique.
2.4. Suivi
Le suivi a été complet pour tous les malades. Il n’y a eu aucun
perdu de vue. L’attelle métallique était enlevée systématique-
ment plusieurs mois après l’opération initiale, en règle sous anes-
thésie locale et en ambulatoire. Les données cliniques récentes
ont été recueillies grâce à des interviews téléphoniques. Les pa-
tients estimaient l’aspect esthétique de la réparation thoracique
au moyen d’une échelle numérique allant de 0 à 100%. L’étude
s’est clôturée le 30 juin 2014. Le logiciel de statistiques utilisé est
GraphPad Prism (version 5.02, GraphPad Software).
3. RÉSULTATS
3.1. Caractéristiques des patients
L’âge moyen de notre cohorte était de 28,5 (±9,4) ans, avec une
majorité d’hommes: n=9 (75%). Huit patients (66,6%) avaient
un PEx et 3 patients (25%) avaient un pectus arcuatum. Enfin,
une patiente présentait une forme mixte associant un pectus ar-
cuatum avec cuvette sous-jacente. L’index moyen de Haller chez
les patients présentant un PEx ou arcuatum était respectivement
de 4,77 (±1,73) et de 2,43 (±0,14) [tableau 1]. Cinq patients (3,
6, 7, 8 et 9) avaient des antécédents chirurgicaux d’intervention
cardiaque par sternotomie médiane dans l’enfance. Notamment,
le patient 8 avait fait l’objet de 4 sternotomies antérieures pour
communication interventriculaire, récidive de cette communica-
tion, sténose pulmonaire et ensuite aortique. Les échocardiogra-
phies transthoraciques préopératoires montraient un foramen
ovale perméable chez 2 patients (7 et 9). Il y avait 6 (50%) pa-
tients atteints du syndrome de Marfan et nécessitant une chirur-
gie de la racine aortique et parmi ces derniers, 2 avaient besoin
d’un remplacement de la crosse aortique (patients 2 et 10). Enfin,
la patiente 12 bénéficiait de cette chirurgie concomitante lors
d’une implantation de HeartMate II en « bridge to transplanta-
tion » pour défaillance ventriculaire gauche (consécutive à une
chimiothérapie aux anthracyclines dans l’enfance). Chez cette
patiente présentant une forme mixte de DPTA (pectus arcuatum
avec cuvette sous-jacente) et un poids inférieur à 45kg, la cor-
rection de la déformation permettait d’obtenir le volume thora-
cique nécessaire à l’implantation du HeartMate II.
Au total, dix patients (83,3 %) avaient une chirurgie concomi-
tante. Deux patients, ayant des antécédents de chirurgie car-
diaque (communication interauriculaire à l’âge de 6 ans chez le
patient 3 et transposition des gros vaisseaux à l’âge de 10 jours
chez le patient 7), ont eu une réparation isolée et retardée de
leur DPTA (1 pectus arcuatum et 1 PEx, respectivement). Lors de
leur intervention cardiaque, ces deux patients avaient une paroi
thoracique et un sternum normaux.
Figure 1. Schéma montrant la résection sous-périchondrale des
cartilages inférieurs –quatrièmes aux septièmes– (1), la sternotomie (2),
la fermeture sternale (3), la résection sous-périchondrale des cartilages
supérieurs –deuxièmes et troisièmes– (4), l’ostéotomie sternale
transversale cunéiforme (5), le positionnement de l’attelle retrosternale,
prenant appui latéralement sur l’arc antérieur des côtes (6), la fixation
de l’attelle par un point en X à l’extrémité inférieure du sternum (7) et
la fermeture des étuis de cartilage (8) (d’après Rousse et al. J Thorac
Cardiovasc Surg 2011) [2].