Table des matières
Introduction 5
Première partie
Mon innocence est ma forteresse
La première vie du Montcalm 1932-1940
Chapitre I : Historique et rôle des croiseurs 11
Corsaires et gardiens des mers
11
Des frégates aux croiseurs de bataille
12
Le bilan mitigé des croiseurs dans la Grande Guerre
16
La place privilégiée des croiseurs dans l’entre-deux-guerres
22
La course aux croiseurs lourds
23
Les croiseurs légers du traité de Londres
26
Chapitre II : Les années de jeunesse 31
Une réussite technologique
31
Les caractéristiques techniques du Montcalm
32
Analyse comparée du Montcalm et de ses homologues étrangers
35
Le lancement du Montcalm
38
La construction du croiseur
38
Essais et entraînements à la veille du conflit
43
Chapitre III : Le Montcalm entre en guerre 49
Le Montcalm dans la bataille de l’Atlantique
49
La protection du trafic allié contre les U-Boote
50
La chasse aux corsaires allemands
55
Le baptême du feu : la campagne de Norvège
61
La Scandinavie au cœur du conflit
61
Le Montcalm à Namsos : retraite et désillusion
67
Conclusion : Du 10 mai 1940 à l’armistice : le contrôle de la Méditerranée 77
286
Annexes
287
Table des matières
Deuxième partie
Guerre et paix :
De la marine de Vichy au ralliement 1940-1943
Chapitre IV : La défense de l’Empire 83
Le Montcalm, navire de Vichy 83
De Charybde en Scylla : l’opération Catapult 84
Vichy au secours de l’Afrique équatoriale française :
la contre-attaque de la Force Y 89
La bataille de Dakar : le Montcalm au cœur de la lutte fratricide 99
L’angoisse du « ratodrome » 101
Une victoire amère 107
Chapitre V : La période dakaroise, de la neutralité à la guerre 115
Le Montcalm, sentinelle d’un Empire menacé 115
Chronique d’une vie coloniale 116
Au nom du Maréchal et de l’État français : la défense de la souveraineté 121
De nouveau en guerre : le ralliement de novembre 1942 128
Opération Torch : l’heure des choix 129
Le Montcalm, rescapé d’une marine décimée 134
Chapitre VI : Montcalm en Amérique 139
La modernisation du Montcalm 139
L’indispensable renforcement de la DCA 140
L’amélioration limitée de la détection et les autres modifications 145
Les marins français à l’heure américaine
150
Les Frenchies à Philadelphie : la découverte du Nouveau Monde
150
Guerre et politique : la marine giraudiste face aux FNFL et aux Américains
153
Conclusion : De l’agonie à la renaissance, la marine française en 1943 159
Troisième partie
Delenda Carthago :
Le Montcalm dans la victoire 1943-1945
Chapitre VII : De la Corse à lAtlantique, La reprise des combats 165
La participation du Montcalm à la libération de la Corse
165
Effondrement italien et espoir corse
166
Alger-Ajaccio : la course contre la montre
170
La chasse en Atlantique
177
Des grands corsaires aux raiders : l’évolution de la guerre de course
179
L’Atlantique sous haute surveillance
183
Chapitre VIII : Le Jour J du Montcalm 189
D’Husky à Overlord : l’assaut de la « Forteresse Europe »
189
Le bombardement naval d’appui-feu,
une nouvelle mission pour la marine française 191
Veillée d’armes
195
Le Montcalm en Normandie
200
Le 6 juin au large de Bloody Omaha
200
La consolidation de la tête de pont
206
Chapitre IX : Fin de guerre en Méditerranée 211
D’un débarquement à l’autre : le Montcalm en Provence
211
L’opération Anvil-Dragoon au large de Sainte-Maxime 212
Le siège de Toulon : le Montcalm contre Big Willie 216
Le Montcalm au sein de la Flank Force
222
La Mare nostrum alliée : le bouclage du golfe de Gênes 222
Ultimes combats et barouds d’honneur 224
Conclusion : L’épuration de la marine : le cas Deprez 229
Épilogue
233
Documents photographiques
235
Notes
255
Remerciements
275
Sources et bibliographie
277
Table des illustrations
283
Introduction
Un navire peut-il avoir de la chance ? Cette notion, communément utilisée
à propos d’êtres humains, peut-elle être employée pour un timent de
la marine de guerre française ? On peut dire que le Montcalm est un navire
incroyablement chanceux. D’aucuns parleraient du destin, d’autres encore de
la fortune, certains enfin de la Providence. Nombreuses sont les croyances,
légendes et superstitions ayant cours dans le monde de la mer et des marins,
et ce depuis toujours. Si le Montcalm a eu de la chance, c’est parce qu’il a livré
de nombreux combats contre des adversaires parfois bien plus puissants, et
qu’il s’en est toujours sorti miraculeusement indemne. « Tout le secret des
armes ne consiste qu’en deux choses : à donner et à ne point recevoir » faisait
dire Molière au maître d’armes de son Bourgeois Gentilhomme. De bon sens et
d’une simplicité biblique, l’espérance de ce déséquilibre idéal anime chaque
nation, chaque armée, chaque général et chaque soldat pendant un conflit.
Et, fidèle à l’irréfutable « raison démonstrative » du bretteur de M. Jourdain,
le Montcalm a en effet beaucoup « donné » sans jamais « recevoir ».
Pourtant, il aurait pu cent fois sombrer. Lors de ses nombreuses et longues
croisières en Atlantique et en Méditerranée, pas une seule torpille de sous-
marin ne l’a atteint et pas une seule mine ne l’a percuté. Dans les fjords de
Norvège, les bombes des Stukas auraient très bien pu s’abattre sur le croiseur,
elles ne l’ont que frôlé. Il sortit encore indemne à Dakar des centaines
d’obus britanniques se sont déversés, pendant trois jours, dans la rade
il zigzaguait entre les cargos, les autres navires français et les torpilles des
avions ennemis. Ce genre d’illustrations pourrait se multiplier : une attaque
mortelle d’un bombardier ou d’un avion torpilleur en Corse ou en Normandie,
6
7
Introduction
techniques qui ont conduit les états-majors à le désigner pour participer à
toutes ces campagnes. Son extraordinaire carrière doit aussi beaucoup aux
compétences, à l’expérience et au courage de ses marins et commandants.
Le facteur chance, a priori évident et commode, tend alors à se réduire à
mesure que l’analyse s’approfondit.
En avril 1940, le Montcalm participe à la campagne de Norvège avec la
Royal Navy. Cinq mois plus tard, il combat les Britanniques lors de la
bataille de Dakar. Le 6 juin 1944, il protège par son feu les GI’s américains
massacrés sur la plage d’Omaha Beach, dans un combat devenu le symbole
des sacrifices consentis pour la défense de la liberté contre le totalitarisme.
Souvent assimilé à tort comme un bâtiment de la France libre, le Montcalm
était, quelques mois encore avant Overlord, l’un des fleurons de la marine
du maréchal Pétain et de l’amiral Darlan. Le Montcalm, c’est l’histoire de
la France pendant la Seconde Guerre mondiale, une histoire forcément
sensible et complexe, parfois bien éloignée des constructions mémorielles
et des schémas manichéens, des amalgames hasardeux et des discours pro
domo.
Le Montcalm, c’est aussi l’histoire de la marine française entre 1939 et 1945,
une marine qui fut peut-être, à l’aube de la guerre, la plus belle que la France
ait jamais possédée. Ce croiseur est paradoxalement représentatif de cette
marine nationale tout en étant exceptionnel. En 1939, la flotte française,
forte et moderne, entre en guerre contre l’Allemagne aux côtés de son allié
britannique. Elle assure toutes ses missions mais entrevoit déjà, avant
mai 1940, la puissance des armées du III
e
Reich. De 1940 à 1942, la marine
joue un rôle politique de premier plan dans le nouveau régime de Vichy.
Mais elle est menacée, attaquée, avant d’être en partie décimée. Puis, de
retour dans la guerre, elle participe au combat pour chasser l’occupant, au
sein d’une immense armada anglo-américaine. Cette histoire est aussi celle
du Montcalm. Mais contrairement à la majeure partie de la flotte éprouvée
par les drames (de Mers el-Kébir au sabordage de Toulon), le Montcalm, et
c’est ce qui en fait son côté exceptionnel, a réussi à déjouer ce sort tragique
qui semblait s’acharner sur les navires français. Il est véritablement monté
en puissance au fil de la guerre, tant sur le plan technique que sur l’intensité
de son activité.
Le Montcalm, c’est enfin l’histoire de quelques centaines de jeunes
Français, embarqués ensemble et pendant cinq années dans la guerre la plus
dévastatrice que l’humanité ait connue. Ils furent confrontés aux dangers de
l’Atlantique, dans cette bataille terrible qui emporta tant de marins, mais
ne laissa ni monument ni cimetière. Ils connurent la défaite et la fuite en
Norvège, le drame d’une lutte fratricide à Dakar, les honneurs et la joie de
participer à la libération de leur patrie au large des côtes corses, normandes
et provençales. Leur histoire mêle la gloire au tragique, et nous éclaire
aussi bien sur une guerre navale souvent méconnue, que sur la trajectoire
de ces soldats et marins français entre 1939 et 1945. Des itinéraires parfois
victorieux, souvent cruels, toujours troublants.
un obus d’une batterie côtière en Provence, une vedette explosive dans le
golfe de Gênes… Pourquoi était-il à Alger alors qu’à quelques dizaines de
kilomètres de là, au même moment, les navires français étaient écrasés sous
les salves britanniques à Mers el-Kébir ? Comment se fait-il que des deux
divisions que constituaient les six croiseurs de 7 600 tonnes, il ne fut pas
dans celle qui sombra lors du sabordage de Toulon en 1942 ?
Il aurait pu avoir la trajectoire de certains de ces navires qui semblent
marqués par la malchance. Le contre-torpilleur Bison par exemple qui se
fit aborder accidentellement par le Georges Leygues en 1939, sombre présage
d’une fin précoce en 1940, lorsque la bombe d’un Stuka le fit exploser au
large de Namsos. Comme si le sort s’acharnait sur les marins français, les
survivants du Bison, la plupart déjà affreusement brûlés, furent recueillis sur
le destroyer Afridi qui fut coulé quatre heures plus tard dans les mêmes
conditions. Comment ne pas penser au Bismarck, gigantesque cuirassé et
orgueil de la Kriegsmarine, qui fut détruit dès sa première sortie en 1941
(non sans avoir envoyé par le fond le Hood). On pourrait enfin évoquer le
Dunkerque, l’un des navires les plus modernes et puissants de la marine
française, gravement endommagé à Mers el-Kébir le 3 juillet 1940,
pratiquement achevé trois jours plus tard par une nouvelle attaque, puis
définitivement irrécupérable après le sabordage de Toulon. L’histoire de
toutes les marines recèle de ces navires que l’on dit maudits, frappés par
la fatalité et qui ne connurent qu’incidents, abordages et naufrages, sans
forcément d’autres explications que celle qui veut que le navire ne fût
jamais au bon endroit au bon moment.
Il semblerait que le Montcalm appartienne au genre contraire. N’ayant
aucune caractéristique révolutionnaire, rien ne destinait ce croiseur de
deuxième classe, loin dans la hiérarchie des navires derrière les porte-
avions, les cuirassés et les croiseurs lourds, à un rôle de premier plan.
Pourtant, la bataille de l’Atlantique, la campagne de Norvège, la bataille
de Dakar, la libération de la Corse, le débarquement de Normandie, celui
de Provence, le siège de Toulon et la Flank Force sont autant de campagnes
à mettre à son actif. On aurait même ajouté la guerre du Pacifique si le
conflit ne s’était pas achevé avant que le Montcalm ait pu rejoindre ce théâtre
d’opérations.
Dans son livre consacré aux trois bâtiments de la 4
e
division de croiseurs
(DC), l’amiral Lemonnier, capitaine de vaisseau du Georges Leygues en 1940
et chef d’état-major de la marine à partir de 1943, est formel : le Montcalm,
le Georges Leygues et la Gloire, les trois sisterships formant division sont des
navires chanceux
1
. Il y a certes quelque chose d’inexplicable dans le fait que
le Montcalm, en cinq années de conflit et malgré ses nombreuses campagnes,
ne fut pas touché ne serait-ce qu’une seule fois. Mais la chance n’explique
heureusement pas tout. Si le Montcalm a l’un des plus impressionnants états
de service de la marine française pendant la guerre, et s’il s’est sorti indemne
de tous ses combats, il le doit d’abord à ses qualités intrinsèques qui ont fait
de lui un excellent bâtiment. C’est sa valeur militaire et ses caractéristiques
Le croiseur Montcalm 1932-1345
Première partie
Mon innocence est ma forteresse
La première vie du Montcalm
1932-1940
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