La Marine en guerre

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Jean Moulin
La Marine en guerre
1939-1945
s
e
g
a
m
i
en
(1
Sommaire
Avant-propos ......................... 4
Les six ans de guerre
de la Marine française .......... 5
La perte du Pluton ..............10
L’arrivée de la Force X
à Dakar ................................. 12
Le raid de la 8e DCT
dans le Skagerrak ............... 14
La perte du Bison ................ 16
Le torpillage de la Doris ......18
La perte du Bourrasque .....20
Le bombardement
de Gênes ..............................22
La Curieuse coule
un sous-marin .....................24
L’évacuation de Brest .........26
La sortie du Jean Bart ........28
Mers el-Kébir .......................30
Le désarmement de
la Force X à Alexandrie........32
Le Rubis reprend
le combat .............................34
L’affaire de Dakar ................36
La bataille de Casablanca...54
La création des FHM ...........38
Le sabordage de Toulon......56
L’affaire du Gabon ...............40
La capture de Bizerte .........58
La victoire de Koh Chang ...42
L’Aconit coule deux
sous-marins ........................60
La perte du
Chevalier Paul ......................44
Diégo-Suarez .......................46
Le Georges Leygues coule
un forceur de blocus...........62
Le périple du Nivose ...........48
L’Aéronautique navale
au combat ............................64
La bataille d’Alger ................50
La libération d’Ajaccio.........66
La bataille d’Oran ................52
Le retour du Tigre ................68
Le 1er grand combat
de La Combattante..............70
Le débarquement
de Provence .........................82
La 10e DCL
en Adriatique........................ 72
La flotte revient à Toulon ...84
La perte de l’El Biar ............. 74
Le Sénégalais coule
un sous-marin .....................76
Le Forbin bombarde
San Remo .............................86
La destruction du Lamotte
Piquet ...................................88
Le transfert du Dixmude ....90
Le débarquement
de Normandie ......................78
Le débarquement
d’Oléron ................................92
Le Richelieu
au combat ............................80
Le Richelieu arrive
en Indochine ........................94
Avant-propos
IL FAUT BIEN L’AVOUER, certains livres sont plus délicats à réaliser que d’autres, et celui que vous avez en ce moment dans les mains en est le
parfait exemple.
Au départ, l’idée est simple, le projet sans embûche. Il s’agit de recenser une quarantaine
d’événements qui ont marqué l’histoire de la Marine française pendant la Deuxième Guerre mondiale.
La liste est aisée à établir, les sujets largement maîtrisés par un auteur dont la compétence n’est plus
à démontrer. Il ne reste plus qu’à illustrer chacun des évènements. Et là...
Il y a les sujets pour lesquels il n’existe pas de photos. C’est presque le cas le plus simple, car une
bonne photo du navire avant l’événement est en général facile à trouver, grâce à l’inestimable
collection Marius Bar.
Il y a ceux pour lesquels quelques photos existent, que l’on trouve facilement dans des archives qui
ont pignon sur rue. Mais forcément, ces photos sont universellement connues, reconnues, publiées et
archi-publiées.
Enfin, il y a des sujets pour lesquels il se dit, dans les milieux spécialisés, que des – le plus souvent
une – photos peuvent exister. Quelques hommes ont vu l’homme qui a vu l’homme qui a appuyé sur
le déclencheur. C’est alors une traque fastidieuse, rarement récompensée mais exaltante, qui permet
parfois de mettre la main sur une pépite. C’est ainsi que l’on imprime fièrement sur une page un
document presque toujours de mauvaise qualité et qui en d’autres circonstances serait passé sans
discussion à la poubelle.
Il y en a quelques une dans ce livre, et il suffit de lire l’excellent texte de jean Moulin qui les accompagne pour se douter qu’au moment ou le petit oiseau est sorti, le photographe avait probablement mille
choses qui lui passaient par la tête, et encore plus qui passaient juste à côté de sa tête...
Ce livre est un concentré de combat. Sombres ou éclatantes, les heures qui y sont abordées furent les
piliers de la Marine, les fondements d’une histoire qui dure encore aujourd’hui, et il est indispensable
de les connaître, même de manière succincte. Puisse cet ouvrage y contribuer.
Gilles Garidel
Les six ans de guerre de la Marine française
LA MARINE DIVISÉE
La Seconde Guerre mondiale commence
en Pologne le 1er septembre 1939 et
se termine au Japon le 15 août 1945.
La Marine nationale est entrée en
guerre le 3 septembre 1939. L’histoire
se complique après le 25 juin 1940 et
l’entrée en vigueur de l’armistice avec
l’Allemagne et l’Italie.
La situation créée par cet armistice,
discutable, discuté mais bien réel,
va entraîner la Marine nationale
dans une succession de
complications et de drames
dans lesquels la politique
joue un plus grand rôle que
la stratégie ou la tactique.
La France libre, créée
de fait avec l’appel du
général de Gaulle, à
Londres, le 18 juin
1940, continue
la guerre avec
le support des
Britanniques. Les
Forces Navales
Françaises Libres vont voir leur recrutement fortement ralenti avec l’affaire
de Mers el-Kébir et, en Grande-Bretagne, la saisie, souvent « musclée »,
des bâtiments français et l’internement de leurs équipages.
On peut alors, schématiquement, distinguer trois « Marines » :
La Marine de la France libre du général de Gaulle, les Forces Navales
Françaises Libres (FNFL).
La Marine nationale qui reste sous le commandement du gouvernement
du maréchal Pétain, installé à Vichy.
Les Forces Maritimes d’Afrique (FMA) ou Marine « barbaresque »
constituée avec les forces basées en Afrique après le ralliement aux Alliés
en novembre 1942.
La Marine nationale est reconstituée avec la fusion, difficile, des FNFL et
des FMA le 4 août 1943.
Après le 4 août 1943, les FNFL basées en Grande-Bretagne deviennent
les FNGB, les Forces Navales en Grande-Bretagne, ce qui leur permet de
conserver encore une certaine autonomie et, dans un premier temps, limite
les contacts entre des personnels aux passés difficilement conciliables.
La Marine de l’État français occupe une place particulière dans ce qui
est plus connu comme le gouvernement de Vichy. Seule arme réputée
invaincue dans la débâcle de mai et juin 1940, martyrisée à Mers el-Kébir,
son prestige et son organisation concourent à sa réputation. Elle reste
pratiquement la seule arme à la disposition du gouvernement. L’amiral
Darlan, chef d’état-major général depuis le 1er janvier 1937, est devenu, en
plus, ministre de la Marine le 17 juin 1940 et il est le chef du gouvernement
(vice-président du Conseil) du 9 février 1941 au 17 avril 1942, et reste
(ECPAD)
4)
(5
ensuite commandant en chef des forces militaires de terre, de mer et de
l’air jusqu’en novembre 1942.
La Marine de Vichy disparaît pratiquement avec le sabordage de Toulon
et la saisie des bâtiments de Bizerte, mais une partie des services, plus
ou moins camouflés, subsiste en conservant du personnel qui sera ainsi
récupéré à la Libération.
Le gouvernement de Vichy va disparaître à son tour fin août 1944 mais
l’Indochine est restée théoriquement sous son obédience jusqu’au coup
de force des Japonais du 9 mars 1945 qui voit l’élimination (brutale) des
forces armées et de l’administration françaises en Indochine.
Les Forces Maritimes d’Afrique (FMA) constituées avec les bâtiments
rescapés des combats d’Afrique du Nord et ceux restés à Dakar
dépendent des autorités installées à Alger, dirigées par l’amiral Darlan
jusqu’à son assassinat le 24 décembre 1942, puis par le général Giraud
jusqu’au 3 juin 1943. Le général de Gaulle est arrivé en Afrique du Nord
le 30 mai 1943 et le Comité français de libération nationale (CFLN) est
instituée le 3 juin avec une direction collégiale réunissant de Gaulle
et Giraud. Les Forces Maritimes d’Afrique et les FNFL sont réunies le
4 août 1943 et reconstituent la Marine nationale,
sous le
commandement de l’amiral Lemonnier, nouveau
chef d’étatmajor de la Marine. Les FNFL réunissaient
alors
7 000 hommes et les FMA 30 000.
Les bâtiments bloqués à
Alexandrie
6)
et aux Antilles se rallient (enfin !) respectivement le 17 mai et le 14 juillet
1943. Cependant, de Gaulle s’impose de plus en plus aux dépens de
Giraud qui est totalement éliminé le 9 novembre 1943. C’est ce dernier qui
a cependant assuré la libération de la Corse en septembre 1943. Le 3 juin
1944, le Gouvernement provisoire de la République française remplace le
CFLN. Il est transféré d’Alger à Paris le 31 août 1944.
LA GUERRE DE LA MARINE DE LA IIIe RÉPUBLIQUE
La première partie de la guerre est singularisée par une absence
d’opérations sur le front terrestre, à la frontière franco-allemande. Sur
mer, les opérations comportent des escortes de convois, notamment
entre le Maroc et les ports du golfe de Gascogne avec quelques torpillages
et grenadages de sous-marins allemands, sans résultat malgré les
affirmations d’une propagande qui a besoin d’actions victorieuses.
L’apparition de corsaires de surface allemands dans l’Atlantique (Nord
et Sud) conduit à envoyer des bâtiments opérer à partir de Dakar. Des
navires de guerre ou des convois fortement escortés assurent des
transports avec le Canada (or et avions).
Le 9 avril 1940, un nouveau front est ouvert avec les débarquements des
Allemands en Norvège alors que les Alliés se préparaient à y intervenir.
Des bâtiments français, rassemblés dans une Force Z, participent
aux opérations aux côtés des Britanniques, subissant des pertes
face à l’aviation allemande. Finalement, les Alliés laisseront les
Allemands occuper toute la Norvège, ayant des
préoccupations plus pressantes avec les
opérations en France qui ont commencé
le 10 mai 1940 en même temps que
l’invasion des Pays-Bas et de la Belgique.
La Marine soutient les opérations sur la côte
hollandaise, participe avec de lourdes pertes
à l’évacuation de Dunkerque et parvient à évacuer
presque tous ses bâtiments des ports normands et de
l’Atlantique avant leur prise par les Allemands.
L’Italie entre en guerre le 10 juin mais refuse une confrontation sur
mer, au grand dépit des Français qui avaient concentré leurs forces en
Méditerranée. L’armistice qui entre en vigueur le 25 juin 1940 interrompt
les opérations et immobilise les navires. Ils sont répartis entre Toulon,
Mers el-Kébir et Oran, Alexandrie, Casablanca, Dakar, Alger, les Antilles,
l’Indochine et les ports britanniques où se sont réfugiés les bâtiments
généralement évacués de justesse des arsenaux de Cherbourg, Brest et
Lorient.
LES FORCES NAVALES FRANÇAISES LIBRES
Les Forces Navales Françaises Libres sont créées le 30 juin 1940 sous le
commandement de l’amiral Muselier. Le sous-marin Narval s’est rallié à
Malte dès le 27 juin. Le réarmement des bâtiments français saisis le 3 juillet
est ardu, entre le manque des spécialistes (notamment pour les sousmarins) et l’état des navires qui ont souvent été évacués des arsenaux en
cours de travaux. De plus, en Grande-Bretagne, les normes industrielles
sont différentes, à commencer par les unités de mesure. Trois avisos sont
prêts pour participer à l’affaire de Dakar en septembre 1940. Les bâtiments
péniblement réarmés vont souvent passer plus de temps en réparations qu’à
la mer. Les images du contre-torpilleur Le Triomphant et du croiseur sousmarin Surcouf réarmés sont cependant bien utiles pour une propagande qui
en a bien besoin.
Les FNFL arment neuf corvettes (type Flower), petits bâtiments spécialisés
pour la lutte anti-sous-marine et affectés à l’escorte des convois dans
l’Atlantique Nord malgré leur taille limitée (62,5 mètres de long). Elles sont
armées entre mai 1941 et mai 1942. Six servent dans l’Atlantique Nord et on
leur reconnaît la destruction de trois sous-marins allemands (U 609, U 444
et U 432) mais en perdant deux des leurs (Mimosa et Alysse). Intégrées
dans le système britannique, les corvettes des FNFL font en moyenne deux
cents jours de mer par an. Toujours d’origine britannique, les FNFL arment
aussi un petit destroyer, La Combattante, et des vedettes.
La France Libre prend la dénomination de France Combattante le 22 juillet
1942 mais l’appellation originale reste la plus utilisée.
LA MARINE DE VICHY
La Marine devait être désarmée en application de l’armistice mais Mers elKébir, avec la mise hors de combat de trois des quatre cuirassés présents
par les Britanniques, puis l’affaire de Dakar amènent les Allemands et
les Italiens à autoriser le maintien à Toulon d’une escadre opérationnelle,
baptisée Forces de Haute Mer, autour du Strasbourg. Les Britanniques
et la France Libre échouent dans leur tentative de rallier Dakar,
malheureusement marquée par des tirs entre Français Libres
et de Vichy avant que les premiers se retirent, laissant les
Britanniques bombarder la ville et le port.
La flotte de Toulon joue un peu le rôle de force de
dissuasion vis-à-vis des Allemands et des Britanniques,
son passage dans l’un ou l’autre camp pouvant être
décisif (si on oublie la logistique...). Des officiers de
marine sont détachés dans les organismes les plus
divers. Outre-mer, la Marine est toujours en première
ligne face aux Britanniques et les affrontements
continuent lors de la conquête de la Syrie et du
Liban par les Britanniques avec la participation
(terrestre) de la France Libre en juin et
juillet 1941 puis lors
du débarquement
des Britanniques
à Diégo Suarez
en mai 1942.
Il y a aussi de
multiples incidents,
notamment
la capture de
bâtiments
marchands. Le
débarquement des
Alliés en Afrique du
(7
Nord, le 8 novembre 1942 est le dernier engagement face aux Britanniques et
le seul avec les Américains. Il est marqué par de lourdes pertes, notamment
à Casablanca. Il est suivi par le ralliement aux Alliés des Forces françaises
d’Afrique du Nord puis, le 23 novembre, des Forces d’Afrique occidentale.
L’invasion de la zone Libre, le 11 novembre 1942 est suivie par l’entrée des
Allemands à Toulon le 27 novembre 1942 alors que la flotte se saborde. Les
petits bâtiments restés à Bizerte sont saisis par les Allemands le 8 décembre
1942, laissant Vichy sans navire de guerre à l’exception de ceux immobilisés
aux Antilles et à Alexandrie et des bâtiments en Indochine.
LES FORCES MARITIMES D’AFRIQUE
Le retour dans la guerre des Forces d’Afrique se fait dans un contexte politique
chargé. Les bâtiments français survivants des combats de Casablanca, Oran
et Alger souvent plus ou moins avariés, sont anciens et fatigués et ceux de
Dakar, plus récents, ont un arment périmé et ont besoin d’une remise en
état. Les Américains acceptent de moderniser (relativement) les unités les
plus récentes (Richelieu, quatre croiseurs, quatre contre-torpilleurs) et les
autres sont généralement modernisés localement avec une modernisation
limitée de la DCA et l’installation d’un radar. Tous les bâtiments opérationnels
sont placés sous commandement opérationnel alliés. Les missions se
limitent généralement à la protection du trafic le long des côtes africaines.
Les croiseurs de Dakar patrouillent à la recherche des forceurs de blocus
allemands.
LA MARINE DE LA LIBÉRATION
La réunion des FNFL et des FMA, le 4 août 1943, pose de nombreux problèmes
avec du personnel qui s’est parfois affronté (Dakar) les armes à la main.
L’amalgame est lent à se faire. Les bâtiments des Forces Navales en GrandeBretagne (FNGB) restent généralement sous commandement opérationnel
britannique et ceux d’Afrique du Nord sous commandement américain. Après
la capitulation italienne, le 9 septembre 1943, les Français s’engagent dans
la libération de la Corse dont ils vont ensuite assurer le ravitaillement à partir
des ports d’Afrique du Nord avec des convois particuliers. Les bâtiments
8)
modernisés aux États-Unis rallient vers la fin de 1943. Fin 1943 et début 1944,
les Britanniques nous cèdent six frégates (initialement destinées aux FNFL)
et les Américains six destroyers d’escorte neufs et ils vont nous transférer,
fin 1944 et début 1945, les petits bâtiments qui arment les ports d’Afrique du
Nord qu’ils occupent.
La Marine nationale ainsi reconstituée peut ainsi participer au débarquement
de Normandie avec des forces d’escorte et des forces côtières des FNGB et
deux croiseurs détachés d’Afrique et, surtout, fournir une grande partie des
forces d’escorte et d’appui lors du débarquement de Provence, le 15 août
1944. Le soutien des opérations sur la côte et dans le golfe de Gênes sera
assuré jusqu’à la fin de la guerre par la Flank Force, initialement mi-française,
mi-alliée et finalement presque totalement française. Le blocus des poches
de l’Atlantique, toujours occupées par les Allemands, est assuré par les FNGB
renforcé de grands bâtiments et de dragueurs venus d’Afrique du Nord et
rassemblés dans la FNTF (French Naval Task Force) qui est engagée dans les
opérations de dégagement de l’embouchure de la Gironde puis la libération
de l’île d’Oléron, juste avant l’armistice du 8 mai 1945. Une grande partie des
bâtiment les plus récents (ou plus exactement les moins usés) sont déjà
en travaux pour être envoyés en Extrême Orient participer à la phase finale
de la guerre contre le Japon. La capitulation japonaise intervient alors que
deux bâtiments français sont déjà sur zone, en océan Indien, le Richelieu et
Le Triomphant.
La Marine est à reconstruire, matériellement et moralement. Ce sera l’œuvre
de la IVe République.
Remarque :
La liste des « événements » sélectionnés pour cet ouvrage est purement
arbitraire. Les grands événements ayant laissé des traces dans l’histoire
sont évidemment illustrés mais ils sont complétés par de petits
événements, souvent d’ordre plus administratifs qu’historique, mais
qui permettent de faire connaître des détails ou un contexte oubliés.
(9
La perte du Pluton
LORS DE LA DÉCLARATION DE GUERRE, le 3 septembre 1939, les Alliés (France et Grande-Bretagne) craignent une irruption
des grands bâtiments de bataille allemands notamment les cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, contre le trafic maritime
dans l’Atlantique. Le croiseur Pluton est un bâtiment à multiples usages : conçu comme croiseur mouilleur de mines, il sert
aussi de bâtiment école d’application du tir à la mer (EATM) et peut aussi être utilisé comme transport de troupes. Couvert
par la Force de raid (deux cuirassés, trois croiseurs et huit contre-torpilleurs), le Pluton est parti de Brest dès le 2 septembre
vers Casablanca avec mission de mouiller ses mines (125 Bréguet B4 M) devant le port. Arrivé à Casablanca, le 5 septembre
alors que l’opération de mouillage de mines est suspendu, le croiseur reste en attente. Finalement, l’Amirauté (l’état-major
opérationnel de la Marine établi à Maintenon) ordonne le 13 septembre le débarquement des mines. L’opération commence
immédiatement par le désamorçage. Ce dernier est commencé depuis une dizaine de minutes, lorsqu’une violente explosion
se produit à 10 h 40. Un incendie va durer jusque vers 18 heures et le croiseur, arrière déchiqueté, posé sur le fond, est
pratiquement détruit. Il y a 207 tués ou disparus, dont 186 sur le Pluton, et trois chalutiers, proches, sont aussi détruits.
L’épave ne sera finalement démantelée qu’en 1953.
La cause de la catastrophe est généralement attribuée au délai jugé trop court, donné au personnel pour le
débarquement des mines avant une mission de transport de troupes.
Le port de Casablanca sera aussi le lieu de la perte du torpilleur La Railleuse, le 23 mars 1940, détruit par
l’explosion des torpilles des tubes avant, faisant 28 tués.
La première
perte de la
guerre
Janvier
Lundi
Casablanca
France
10)
3
13 Septembre 1939
Accident
Le croiseur mouilleur de mines Pluton au mouillage (mai 1932). (DR)
(11
L’arrivée de la Force X à Dakar
LE 4 OCTOBRE, après la révélation qu’un corsaire de surface allemand opère en Atlantique Sud (le
a coulé le
le 30 septembre), l’Amirauté décide d’envoyer un groupe de chasse dans le secteur en le basant sur Dakar.
cargo
, détaché de la Force de raid, les croiseurs de 1re classe (ou croiseurs
Baptisée Force X, il rassemble le cuirassé
et
venant de Toulon et le porte-avions britannique
. Tous ces bâtiments se retrouvent au large
lourds)
le 10 octobre, avec une escorte de contre-torpilleurs et arrivent à Dakar le 14. Plusieurs sorties sont réalisées, parfois en
le 25 octobre).
direction du Rocher Saint Paul, au large du Brésil, sans résultat sauf la saisie d’un cargo allemand (le
et l’
sont remplacés par le croiseur lourd
mi-novembre 1939.
Le
, le
, l’
et le croiseur britannique
et se trouve au
La Force X sort de Dakar le 7 décembre avec le
large de la pointe nord est du Brésil, dans l’ouest du rocher Saint Paul, lors de la bataille du Rio de la Plata, le 13 décembre
par les croiseurs britanniques
,
et
. Les croiseurs français rentrent
1939 qui suit l’interception du
se ravitailler à Dakar pour être en position de retrouver le bâtiment allemand s’il avait échappé aux Britanniques mais son
sabordage devant Montevideo le 17 décembre rend l’opération inutile.
et
La Force X reste à Dakar jusqu’en fin janvier 1940, Elle est relevée par une Force Y avec le cuirassé
et
jusqu’à la mi avril 1940 et le regroupement des grands bâtiments
les croiseurs lourds
pour les opérations de Norvège et, surtout, pour être prête en cas de déclaration de guerre de l’Italie.
La drôle de
guerre sous
les tropiques
Janvier
Lundi
Dakar
France
12)
La plage arrière du croiseur de 1re classe Algérie.
3
14 Octobre 1939
Mise en place d’une force navale
Le croiseur de 1re classe Foch, vu de l’Algérie. (Collection A. Marchand)
(13
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