Rapport sur la compétitivité du secteur industriel du Sénégal.

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REPUBLIQUE DU SENEGAL
REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple – Un But – Une Foi
Un Peuple – Un But – Une Foi
------------------------
------------------------
MINISTERE DE L’ECONOMIE
DES FINANCES ET DU PLAN
-------------------
MINISTERE DE L’INDUSTRIE
ET DES MINES
------------------Direction du Redéploiement Industriel
(DRI)
Rapport provisoire de l’étude sur la
compétitivité industrielle du Sénégal
Janvier 2017
0
SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................ 2
LISTE DES FIGURES ........................................................................................................... 2
SIGGLES ET ABBREVIATION .............................................................................................. 2
RESUME ............................................................................................................................... 3
1.
Contexte et justification .................................................................................................. 5
2.
Objectifs de l’étude ......................................................................................................... 6
3.
Méthodologie .................................................................................................................. 6
3.1.
Construction des composantes ‘’Production’’ du CIP............................................... 7
3.2.
Construction des composantes ‘’Commerce’’ du CIP .............................................. 8
3.3.
Construction de l’indice CIP .................................................................................... 9
3.4.
Analyse et Interprétation ........................................................................................10
4.
Sources de données .....................................................................................................12
5.
Valeur ajoutée industrielle et exportations du Sénégal ..................................................13
6.
Compétitivité industrielle du Sénégal .............................................................................14
6.1.
Commerce international de produits manufacturés ................................................14
6.1.1.
Exportation de produits manufacturés par habitant .........................................15
6.1.2.
Part des produits manufacturés dans les exportations du Sénégal..................16
6.1.3.
Niveau de technologie des exportations du Sénégal .......................................17
6.1.4.
Impact du Sénégal sur le commerce mondial ..................................................18
6.2.
Création de valeur dans le secteur manufacturier ..................................................18
6.2.1.
Valeur Ajoutée Manufacturière par habitant du Sénégal..................................18
6.2.2.
Place de l’industrie dans la création de richesse au Sénégal ..........................19
6.2.3.
Niveau de technologie de la production au Sénégal ........................................20
6.2.4.
Impact du Sénégal sur la production mondiale ................................................20
7.
Recommandations ........................................................................................................22
8.
Conclusion ....................................................................................................................23
1
LISTE DES TABLEAUX
Table 1 : Dimensions et indices de l’indicateur CPI ...................................................................... 11
Table 2 : Classement selon l’indice CIP.......................................................................................... 14
Table 3 : Part de la VAM dans le PIB .............................................................................................. 19
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Analyse comparative des exportations de produits manufactures par habitant (en
USD) ..................................................................................................................................................... 15
Figure 2 : Evolution des exportations manufacturières par habitant .......................................... 16
Figure 3 : Evolution de la structure et de la capacité à l'exportation du Sénégal et des pays
comparables ........................................................................................................................................ 17
Figure 4 : Evolution de la VAM par habitant du Sénégal 1995-2014 ......................................... 19
SIGGLES ET ABBREVIATION
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CIP : Indice de Compétitivité Industrielle
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
IFC : International Finance Corporation (Société Financière Internationale – SFI)
MHT : Produits de Moyenne et Haute Technologie
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PSE : Plan Sénégal Emergent
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain
UN : Nations Unies
VAM : Valeur Ajoutée Manufacturière
WDI : World Developpement Indicators (Indicateurs de Développement Mondial)
WITS : World Integrated Trade Solution (Solution Intégrée des Echanges Mondiaux)
2
RESUME
L’étude sur l’indicateur de compétitivité industrielle a permis de faire un benchmark
afin de positionner le niveau de compétitivité de l’industrie sénégalaise par rapport à
ses compétiteurs immédiats. L’indice de performance compétitive de l’industrie
résume, en une seule mesure intuitive, la capacité d’un pays à produire et exporter
des produits manufacturés de manière compétitive ainsi que les changements
structurels vers des secteurs à forte valeur ajoutée et à forte intensité technologique.
L’analyse est faite selon la méthodologie développée par l'Organisation des Nations
unies pour le Développement industriel (ONUDI) avec deux niveaux d’analyse : la
compétitivité des échanges extérieurs du Sénégal et la compétitivité de la production
industrielle.
Concernant le commerce international, les exportations de produits manufacturés par
habitant ont augmenté jusqu’à 119$US en 2014 contre 37$ en 2000. La position du
Sénégal est donc à améliorer afin de lui permettre d’atteindre des niveaux
comparables à ceux de pays compétiteurs tels que le Maroc (570$US), l’Indonésie
(436$US) et l’Afrique du Sud (1176$US). Comparée à la situation des autres pays, la
structure des exportations manufacturières sénégalaises (environ 55% en 2000 ; plus
de 80% en 2008 et 62% en 2014) ressemble à celle des pays leader de l’échantillon.
Toutefois, les produits de moyennes et hautes technologies (MHT) représentent en
moyenne 21,4% des exportations de produits manufacturés sur la période 1995-2014.
Leur part a décru sur la période 2005-2011 pour se situer à environ 12,8% avant de
progresser pour atteindre 20,0% en 2014. Ainsi, l’augmentation de la part des
exportations manufacturières sur la période semble être tirée par l’exportation de biens
issus de la transformation des ressources naturelles ou des biens produits à partir
d’une industrie ayant recours à un faible niveau de technologie.
S’agissant de la compétitivité de la production industrielle, la part du Sénégal dans
l’offre de produits manufacturés au niveau mondial a évolué en dents de scie entre
2000 et 2014 avec une tendance globalement haussière. Une analyse sérielle permet
d’établir que le Sénégal avait une structure similaire au Nigéria jusqu’en 2003. Au-delà
de cette période, les exportations manufacturières ont crû, en moyenne chaque année,
de 0,001% pour le Sénégal et de 0,008% pour le Nigéria. En se limitant au sous
3
espace de la zone UEMOA, il ressort qu’il a gagné en part de marché au détriment
essentiellement de la Côte d’Ivoire.
Le niveau de valeur ajoutée manufacturière par habitant le plus élevé a été obtenu
entre 2001-2005 et se situait à 102$US. Ainsi, il faut développer des stratégies pour
que cette croissance se poursuive et que les pesanteurs qui ont entrainé la baisse
observée entre 2012 et 2014 soient maîtrisées. Cette maîtrise est indispensable pour
permettre au Sénégal de rattraper le niveau des pays comparables tels que le Maroc
et l’Indonésie.
L’industrie représente en moyenne 13% du PIB au Sénégal. Sa part s’est inscrite en
baisse depuis 2002. En effet, elle est passée de 15% en 2002 à 12% en 2014. En
outre, l’analyse comparative permet de réaliser que l’industrie occupe une place moins
importante au Sénégal qu’au Maroc. Après une forte baisse entre 2003 et 2007,
passant de 22,0% à 18,0%, la part de la valeur ajoutée des produits de moyenne et
haute technologie dans la valeur ajoutée manufacturière s’est accrue pour atteindre
22,0% en 2012. Elle demeure toutefois relativement faible en comparaison avec
d’autres pays tels que le Maroc ou l’Indonésie à partir de 2003. Dans ces pays, la part
des produits de moyenne et haute technologie dans la valeur ajoutée industrielle
avoisine les 30% pour le Maroc et 40% pour l’Indonésie.
La part du Sénégal dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale est d’environ
0,015%, avec une évolution qui peut se décomposer en trois sous périodes. En effet,
après un pic à 0,018% en 2002, la part du Sénégal dans la valeur ajoutée mondiale a
baissée deux années consécutives avant de se redresser.
En somme, l’industrie sénégalaise devra être plus dynamique afin de soutenir la
croissance récente, traduite par la progression de la valeur ajoutée manufacturière par
habitant. Cette politique devra prendre en compte la maîtrise des facteurs exogènes
et endogènes qui pourraient contrarier l’expansion de l’industrie sénégalaise pour en
faire une industrie compétitive qui s’offre une place de choix à côté des économies
telles que le Maroc et l’Indonésie.
4
1. Contexte et justification
La poursuite de l`Objectif de Développement Durable 9 adopté par les Nations Unies
en Septembre 2015 à savoir : «bâtir une infrastructure résiliente, capable de
promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et capable d’encourager
l’innovation » conduit les pays à, « promouvoir une industrialisation durable qui profite
à tous et capable, d’ici à 2030, d’augmenter nettement la contribution de l’industrie à
l’emploi et au produit intérieur brut, en fonction du contexte national, et la multiplier par
deux dans les pays les moins avancés».
La compétitivité de l’économie est aujourd’hui l’une des préoccupations majeures des
États quel que soit le niveau de leur environnement économique. Le développement
industriel, notamment la compétitivité industrielle, est un levier important sur lequel le
Sénégal devra s’appuyer pour réaliser ses objectifs en termes de développement
humain, économique et social. Nonobstant les nombreuses contraintes auxquelles elle
est confrontée, l’industrie sénégalaise possède des opportunités liées à la position
stratégique et à la stabilité du pays. En outre, l’appartenance à des organisations
communautaires (UEMOA et CEDEAO) offrant des possibilités d’accès à des marchés
élargis et la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergeant qui est le référentiel de la
politique économique et sociale à court et moyen terme, constituent un atout
considérable.
Cependant, elle a souffert ces dernières années de l’absence d’une politique claire
imputable en particulier à une connaissance insuffisante du secteur, de sa dynamique
et de l’évolution des tendances sectorielles à l’échelle mondiale. Dans ce cadre une
première étude a fait l’état des lieux du secteur à travers l’analyse de l’évolution
récente de l’activité industrielle. Après cette première phase, ce travail sera surtout
orienté pour étudier la compétitivité de l’industrie sénégalaise, approfondir la réflexion
sur les résultats et proposer des recommandations et des pistes de solutions.
C’est dans ce cadre qu’une convention a été signée entre le Ministère de l’Industrie et
des Mines et l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie. Elle s’articule
autour de deux volets : un volet enquête de type semi-direct pour faire l’état des lieux
et les perspectives de l’industrie et le second relatif à un benchmark afin de positionner
le niveau de compétitivité de l’industrie sénégalaise par rapport à ses compétiteurs
immédiats.
5
2. Objectifs de l’étude
L’objectif principal de l’étude est d’analyser la performance et la compétitivité du tissu
industriel sénégalais, au travers d’indicateur de compétitivité industrielle.
De manière spécifique, il s’agira d’étudier l’évolution :
o des exportations de produits manufacturés : exportations de produits
manufacturés par habitant, part des produits manufacturés dans le total des
exportations, niveau de technologie des exportations, impact du Sénégal sur le
commerce mondial ;
o de la création de valeur ajoutée dans le secteur manufacturier : valeur ajoutée
manufacturière par habitant, place de l’industrie dans la création de richesse,
niveau de technologie de la production manufacturière, impact du Sénégal sur
la production industrielle mondiale ;
o et enfin, de la compétitivité industrielle globale.
3. Méthodologie
La compétitivité industrielle est la capacité d’un pays à accroître sa présence sur le
marché international et sur le marché local tout en développant les secteurs industriels
et les activités à forte valeur ajoutée et à forte intensité technologique (ONUDI, 2002).
L’indice de performance compétitive de l’industrie résume, en une seule mesure
intuitive, la capacité d’un pays à produire et exporter des produits manufacturés de
manière compétitive ainsi que les changements structurels indiquant le transfert des
ressources de développement vers des secteurs à forte valeur ajoutée et à forte
intensité technologique.
L’indicateur de compétitivité industrielle (CIP en anglais) se fonde sur la méthodologie
de l’ONUDI appliquée à un échantillon de pays compétiteurs choisi en fonction des
ambitions de redéploiement industriel du Sénégal. La démarche de l’ONUDI est basée
sur huit sous indicateurs qui mesurent selon deux dimensions (production industrielle
et commerce international) la capacité de production et commerciale, le changement
structurel dans l’industrie et le commerce, et l’impact sur la production industrielle et le
commerce mondial. L’appréciation de la compétitivité d’un pays, d’un groupe de pays
ou d’une région, est faite selon les composantes traduites par les indicateurs, au
6
niveau sectoriel (production industrielle/commerce international) et au niveau global.
Ces deux derniers niveaux sont obtenus par agrégation des indicateurs de base.
La dimension capacité dénote l’aptitude industrielle du pays. La structure évalue le
niveau d’industrialisation du pays cible. La capacité et la structure sont influencées par
les caractéristiques (facteurs) endogènes de l’économie. Elles prennent en compte la
taille du pays et ont tendance à favoriser les pays avec une taille de population peu
élevée. La dimension impact prend en compte les facteurs exogènes tels que la
compétitivité et la performance relative du pays par rapport aux autres.
3.1.
Construction des composantes ‘’Production’’ du CIP
Les composantes « production » du CIP sont exprimées par quatre indicateurs (cf.
table 1). La capacité de l’économie est mesurée par la valeur ajoutée manufacturière
par habitant (VAMH), la part de la VAM1 dans la VAM mondiale traduit l’impact du pays
dans l’économie mondiale. Le changement de la structure de l’industrie est évalué par
la contribution de la VAM au PIB. La part des produits de moyenne et haute
technologie (MHT) dans la VAM mesure le changement structurel au sein du secteur
manufacturier.

Valeur Ajoutée Manufacturière par habitant (VAMH)
VAMH 
Valeur Ajoutée Manufacturière (VAM )
population(habi tan t )
La VAMH traduit la capacité du pays à créer de la valeur dans la transformation des
produits. Elle est peu influencée par la concurrence internationale.

Contribution de la Valeur Ajoutée Manufacturière (VAM) dans le Produit
Intérieur Brut (VAMPIB)
PVAMM 
Valeur Ajoutée Manufacturière ( En$)
PIB( En$)
7
Elle mesure le rôle de la transformation de produits dans l’économie.

Part des produits de moyenne et haute technologie (MHT) dans la Valeur
Ajoutée Manufacturière (VAMMHT)
VAMMHT 
VAM
de MHT
VAM
La VAMMHT traduit le niveau de complexité de la technologie utilisée pour la
transformation des produits.

Part du pays dans la Valeur Ajoutée Manufacturière Mondiale (PVAMM)
PVAMM 
Valeur Ajoutée Manufacturière (VAM ) du pays (en$)
Valeur Ajoutée Manufacturière (VAM ) mondiale (en$)
Elle mesure la performance relative et l’impact du pays dans la transformation
mondiale de produits.
3.2.
Construction des composantes ‘’Commerce’’ du CIP
Les composantes « commerce » de l’indicateur CIP sont traduites également par
quatre sous indicateurs (cf. table 1). Les exportations manufacturières par habitant
(MNFH) évaluent la capacité du pays à exporter des produits manufacturés. La part
des exportations manufacturières dans les exportations manufacturières mondialesWMS- traduit la performance relative de l’économie. La contribution des exportations
manufacturières à la totalité des exportations-EMS-mesure le poids des produits
manufacturés dans les exportations. La part des produits de MHT dans les
exportations manufacturières révèle le changement de structure du secteur
manufacturier.

Exportations par habitant (EMH)
EMH 
Exportation de produits Manufacturés ( En$)
population(habi tan t )
Elles déterminent la capacité du pays à répondre à la demande globale de produits
manufacturés dans un environnement compétitif et changeant.
8

Poids des exportations de produits manufacturés dans les exportations
totales (EMS)
EMS 
Exportation de produits Manufacturés ( En$)
Exportation Totale( En$)
Cet indicateur capte l’importance de la transformation dans les exportations.

Part des produits MHT dans les exportations de produits manufacturés
(EMHT)
EMHT 

Exportation de produits MHT ( En$)
Exportation de produits Manufacturés ( En$)
Part du pays dans les exportations mondiales (WMS)
WMS 
Exportations de produits manufacturés du pays( En$)
Exportations mondiales de produits manufacturés( En$)
Elle traduit la complexité technologique des exportations ainsi que la capacité à
produire des produits avancés et à conquérir des marchés dynamiques.
3.3.
Construction de l’indice CIP
La construction de l’indicateur CIP suit trois grandes étapes que sont la normalisation,
la pondération et l’agrégation des différentes composantes.
a) Normalisation des composantes
Chacune des composantes est normée de sorte à avoir un indice compris entre 0 et
1. Ainsi, il est posé :
𝑋𝑖 − max 𝑋𝑗
𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒𝑖 =
𝑗
max 𝑋𝑗 − min 𝑋𝑗
𝑗
𝑗
Avec 𝑋𝑖 égale par exemple à la VAM par habitant.
b) Pondération des composantes
Il est donné à chaque dimension un poids :
9
 Capacité industrielle : VAMH (poids=1) ;
 Capacité à exporter des produits manufacturés : MNFH (poids=1) ;
 Impact sur la VAM mondiale : PVAMM (poids=1) ;
 Impact sur le commerce mondial de biens manufacturés : WMS (poids=1) ;
 Niveau d’industrialisation : VAMPIB (poids=0,5), VAMMHT (poids=0,5) ;
 Qualité de l’exportation : EMS (poids=0,5), EMHT (poids=1).
L’indicateur CIP est la moyenne géométrique pondérée des indices des différentes
composantes.
𝟏
𝑲
𝒋=𝑲
𝝎
𝑪𝑰𝑷𝒊 = (∏ 𝑰𝒊𝒋 𝒋 )
𝒋=𝟏
avec 𝜔𝑗 , le poids de la composante 𝑗 ; 𝐼𝑖𝑗 , valeur de la composante 𝑗 pour le pays 𝑖.
Il découle de cette formule que l’indicateur 𝐶𝐼𝑃 est compris entre 0 et 1. Il est d’autant
plus proche de 1 que le pays est compétitif et 0 sinon.
NB : Du fait de la nature de certains pays de l’échantillon (pays à faible revenu),
certains sous indices peuvent être nuls, ce qui annulerait par conséquent l’indicateur
global. Pour pallier cette limite, il a été considéré une moyenne arithmétique pondérée.
3.4.
Analyse et Interprétation
Une analyse en trois dimensions est souvent menée afin de ressortir les points forts
d’un pays et éventuellement ses points faibles. L’interprétation de l’indice pourrait être
complétée par l’analyse du dynamisme, de la diversification et de la sophistication du
tissu industriel ainsi que par les dimensions sociales et environnementales du pays.
10
Table 1 : Dimensions et indices de l’indicateur CPI
Dimensions
Indicateurs
industriels
Capacité
VAM
habitant
Impact
Changement
structurel
Changement
structurel au sein
du
secteur
manufacturier
Indicateurs
échanges
par
des
Exportations
manufacturières
habitant
par
Part de la VAM
dans la VAM
mondiale
Part des exportations
manufacturières dans
les
exportations
manufacturières
mondiale
Contribution
de la VAM au
PIB
Contribution
exportations
manufacturières
totalité
exportations
Part
des
produits
de
MHT dans la
VAM
Description
Capacité
à
produire/exporter
Performance
relative
des
à
la
des
Structure
l’industrie
de
Part des produits de
MHT
dans
les
exportations
manufacturières
Source : CPI 2011, ONUDI
Le choix des pays Benchmark se base sur les critères que sont : le voisinage (proximité
géographique), les compétiteurs immédiats dans les secteurs similaires, les potentiels
compétiteurs dans le futur et les pays modèles.
Une étude approfondie de la compétitivité doit aller au-delà de l’analyse par
composante pour avoir une vue globale. La compétitivité industrielle est une notion
relative. Pour tenir compte de cette caractéristique, la méthodologie de l’ONUDI
s’appuie sur une transformation des indicateurs de base afin d’attribuer pour un item
donné, au sein du groupe de comparaison, la valeur un (1) au pays ayant le niveau de
compétitivité le plus élevé. A l’opposé, le pays le moins avancé se voit attribuer la
valeur de zéro (0). Sur cette base, un classement des pays est établi. Les conclusions
de l’analyse peuvent dépendre du groupe de pays considérés comme benchmark. Il
11
est donc possible de faire une analyse en prenant l’ensemble des économies ou se
limiter à un groupe spécifique de pays.
Afin d’assurer au mieux la comparabilité des informations recueillies, le choix des pays
ou groupes de pays pouvant servir de référence pour l’appréciation des performances
du Sénégal est déterminant. Le groupe-cible a été limité aux pays qui présentent les
caractéristiques suivantes :
 une croissance du PIB d’au moins 4% par an en moyenne ;
 une VAM par habitant inférieure à 10 000$US;
 un taux de croissance moyen des exportations inférieur à 5%.
Pour l’étude de la compétitivité industrielle du Sénégal, il a été retenu, sur la période
1995-2014, de se limiter à un groupe de pays composé du Brésil, du Botswana, du
Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de l’Egypte, du Ghana, de l’Inde, de l’Indonésie, du
Kenya, de la Malaisie, du Maroc, du Nigéria, de la Russie, du Rwanda, du Singapour,
de l’Afrique du Sud et de la Tunisie. Ce choix est dicté par l’ambition affichée par les
Autorités de faire du Sénégal un pays émergent à l’horizon 2035.
4. Sources de données
Le calcul de l’indicateur de compétitivité industrielle exige de disposer pour chaque
pays des données relatives :

aux exportations des biens et services (manufacturés /Total) ;

aux exportations selon le niveau de technologie (Basée sur les ressources-RB,
Faible technologie-LT, Moyenne technologie-MT, Haute technologie-HT) ;

aux exportations selon les destinations (par espaces économiques) ;

aux exportations par produit (selon le regroupement à deux chiffres de la
nomenclature) ;

aux exportations des 20 produits les plus dynamiques (90-00, 00 – 12) ;

à la valeur ajoutée industrielle totale, par produit (niveau division de la CITI) et
selon le niveau technologique du produit ;

au Produit Intérieur Brut (PIB) ;

à la population totale.
12
Quatre bases de données sont utilisées pour la collecte des données nécessaires à
l’étude de la compétitivité : World Integrated Trade Solution (WITS) pour les données
d’exportation; World Development Indicators (WDI) pour les données de population ;
UN Accounts pour le PIB à prix constants de 2005 en US dollars et INDSTAT pour la
valeur ajoutée manufacturière.
5. Valeur ajoutée industrielle et exportations du Sénégal
Avant de s’intéresser à la compétitivité, il semble important de faire un zoom sur la
production industrielle et les exportations du Sénégal qui sont les deux composantes
clés de l’analyse. Cette analyse permet de faire ressortir leurs principales
caractéristiques et de mieux comprendre leurs forces et les défis à relever pour
l’atteinte des objectifs en matière de compétitivité de l’économie sénégalaise.
Une analyse sectorielle de la production industrielle du Sénégal permet de constater
qu’elle est concentrée sur trois secteurs : l’agroalimentaire, le secteur des produits
minéraux non métalliques et les produits chimiques. Ces secteurs concentrent environ
78% de la valeur ajoutée industrielle.
Les exportations de produits manufacturés suivent une évolution erratique sur la
période 2000-2014 avec un taux de croissance annuel moyen de 8,7%. Le niveau le
plus faible est atteint en 2002 avec un peu plus de 325 millions de FCFA et le plus
grand en 2008 avec un peu moins de 1 770 millions de FCFA. Les produits exportés
sont issus essentiellement d’une industrie de transformation de ressources naturelles.
Le rang des pays sélectionnés selon l’indice CIP.
Sur un échantillon de 18 pays comparés sur une période de 20 ans (de 1995 à 2014),
le Sénégal se classe entre la 12ème et la 14ème place, devançant le Kenya, le
Cameroun, le Rwanda. Dans l’espace CEDEAO, il vient après la Côte d’Ivoire et le
Nigéria. La tête du classement est occupée par Singapour qui est premier au niveau
mondial (sur un échantillon de 140 pays, ONUDI 2011). L’économie de Singapour est
qualifiée de mixte, basée sur la Recherche & Développement et sur les
Investissements Directs Etrangers (IDE). L’Indonésie dont la stratégie est axée sur les
IDE se positionne à la 5ème place. En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud est
leader parmi les pays de l’échantillon.
13
Table 2 : Classement selon l’indice CIP
2000
2005
2010
2014
Senegal
11
11
11
11
Egypt
10
10
10
9
Indonesia
5
6
5
6
Morocco
9
8
9
8
South Africa
7
7
7
7
Pays
Source : CPI 2014, ANSD
La capacité du Sénégal à produire des biens manufacturés entre 2005 et 2014 a connu
un recul par rapport aux autres pays. La valeur ajoutée manufacturière (VAM) par
habitant est passée de 101$US en 2005 à 95$US en 2014. Le secteur manufacturier
a régressé sur les dix dernières années en perdant un point de pourcentage. La part
de la VAM dans le PIB est passée de 13% à 12% sur la même période.
Par ailleurs, une transformation structurelle dans les exportations du Sénégal est
observée. La part des produits de moyenne et haute technologies dans les
exportations manufacturières a subi une forte baisse passant de 32% en 2005 à 20%
en 2014. Cependant, la croissance des parts des exportations manufacturières dans
les exportations totales est repartie à la hausse après une baisse en 2006. Le Sénégal
a gagné en parts dans les exportations manufacturières de l’UEMOA, et ce au
détriment de la Côte d’Ivoire qui a connu une crise politique durant cette période.
6. Compétitivité industrielle du Sénégal
L’analyse porte sur le niveau de compétitivité des échanges du Sénégal et le niveau
de compétitivité de la production industrielle.
6.1.
Commerce international de produits manufacturés
La composante commerce de la compétitivité vise à évaluer la capacité du Sénégal à
exporter des produits manufacturés, la structure des produits manufacturés exportés,
l’impact sur le commerce mondial et l’évolution dans le temps.
14
6.1.1. Exportation de produits manufacturés par habitant
Les exportations de produits manufacturés par habitant ont augmenté jusqu’à 119$US
en 2014 contre 37$ en 2000. Toutefois, la position du Sénégal nécessite un coup
d’accélérateur afin de lui permettre d’atteindre des niveaux comparables à ceux de
pays compétiteurs tels que le Maroc (570$US), l’Indonésie (436$US) et l’Afrique du
Sud (1 176$US). Ce constat met en lumière la nécessité de tirer les leçons de la
croissance des exportations par habitant surtout sur la période 2006-2008 et
d’identifier les leviers d’actions pour impulser les exportations de produits
manufacturés.
Figure 1 : Analyse comparative des exportations de produits manufactures par
habitant (en USD)
South Africa
Pays
Morocco
Indonesia
Egypt
Senegal
0.0
200.0
400.0
600.0
800.0
1,000.0
1,200.0
En $US
2014
2010
2005
2000
Source : CPI 2014, ANSD
Il est constaté une hausse continue des exportations manufacturières par tête sur la
période 2006-2008, passant de 34$ à plus de 140$, suivie d’une baisse avant de
stagner autour de 119$ US en 2014. Cette évolution erratique est bien traduite par la
courbe des variations relatives qui fluctue entre -40% (2006) et 150% (2008). La
15
période 2006-2008 se caractérise par un fort dynamisme du tissu économique
sénégalais, notamment avec de nouveaux partenariats noués par le Sénégal par le
biais des échanges commerciaux.
Figure 2 : Evolution des exportations manufacturières par habitant
160.00
200%
140.00
150%
120.00
En $US
80.00
50%
60.00
En %
100%
100.00
0%
40.00
-50%
20.00
0.00
1996
1998
2000
2002
2004
2006
Exportation manufacturière par habitant
2008
2010
2012
2014
-100%
2016
Variation
Poly. (Exportation manufacturière par habitant)
Source : CPI 2014, ANSD
6.1.2. Part des produits manufacturés dans les exportations du Sénégal
Entre 1995 et 2014, la part des produits manufacturés dans les exportations du
Sénégal a augmenté de 13,9%. Les exportations du Sénégal restent dominées par les
produits manufacturés. Toutefois, cette part semble décliner depuis 2008. En effet, elle
est passée d’environ 55% en 2000 à un peu plus de 80% en 2008 mais a connu une
chute continue pour se situer à 62% en 2014. Comparée à la situation des autres pays,
la structure des exportations manufacturières sénégalaises ressemble à celle des pays
leader de l’échantillon. Ainsi, sur ce point, le Sénégal a une situation enviable qui a
besoin néanmoins d’être consolidée.
16
6.1.3. Niveau de technologie des exportations du Sénégal
Le troisième niveau d’analyse de la compétitivité du commerce d’un pays a trait à la
part des produits de moyennes et hautes technologies (MHT) dans les exportations de
produits manufacturés.
La place donnée à ces produits dans l’étude de la compétitivité vient de leur effet
d’entrainement sur le reste de l’économie et leur résilience face à la concurrence et
aux chocs exogènes. Dans le cas du Sénégal, ces produits représentent en moyenne
21,4% des exportations de produits manufacturés sur la période 1995-2014.
Cependant, leur part a décru sur la période 2005-2011 pour se situer à environ 12,8%
avant de prendre de l’envol après 2011 pour atteindre 20,0% en 2014.
Figure 3 : Evolution de la structure et de la capacité à l'exportation du Sénégal
et des pays comparables
Part des produits de Moyennes et Hautes Technologies dans
les exportations manufacturières
60%
La taille des bulles est
proportionnelle au niveau des
Exportations manufacturières
50%
MAROC, 570
40%
MAROC, 430
INDONESIE, 392
30%
INDONESIE, 436
2005
2010
INDONESIE, 244 Sénégal, 90
20%
SENEGAL, 119
SENEGAL, 119
2014
MAROC, 291
10%
0%
50%
63%
75%
88%
Part des exportation manufacturières dans les exportations
Source : CPI 2014, ANSD
La hausse des exportations de produits manufacturés constatée à la section
précédente est soutenue par les exportations de produits de faible technologie. Ainsi,
l’augmentation de la part des exportations manufacturières sur la période semble être
tirée par l’exportation de biens issus de la transformation des ressources naturelles ou
des biens produits à partir d’une industrie ayant recours à un faible niveau de
technologie.
17
Il est donc opportun de trouver une meilleure stratégie industrielle pour un changement
structurel impliquant une croissance de la valeur ajoutée par habitant, des produits
manufacturés dans le PIB et des produits à moyenne et haute technologie dans les
exportations.
6.1.4. Impact du Sénégal sur le commerce mondial
La dernière composante de la compétitivité du commerce international est mesurée
par l’impact sur le commerce mondial. En effet, un pays est d’autant plus compétitif
sur le plan commercial s’il réussit à accroître sa part dans la satisfaction de la demande
mondiale.
La part du Sénégal dans l’offre de produits manufacturés au niveau mondial a évolué
en dents de scie entre 2000 et 2014 avec une tendance globalement haussière. En
effet, elle est passée de 0,0076 % en 2000 à 0,0128% en 2014 ; soit une augmentation
de la part de marché de 0,0052%.
Une analyse sérielle permet d’établir que le Sénégal avait une structure similaire au
Nigéria jusqu’en 2003. Au-delà de cette période, les exportations manufacturières ont
crû, en moyenne chaque année, de 0,001% pour le Sénégal et de 0,008% pour le
Nigéria.
Lorsque l’on se limite à la zone UEMOA qui est la zone économique à laquelle le
Sénégal est le plus intégré, il ressort qu’il a gagné en part de marché au détriment
essentiellement de la Côte d’Ivoire. En effet, la part du Sénégal dans les exportations
de la zone UEMOA est passée d’environ 7% à un peu plus de 25%.
6.2.
Création de valeur dans le secteur manufacturier
Le second axe de l’analyse de la compétitivité industrielle s’intéresse à la production
industrielle, notamment la valeur ajoutée industrielle. Comme pour le premier axe,
l’analyse est décomposée en une analyse de la capacité de création de valeur de
l’industrie et en une analyse de sa structure et de son impact sur l’activité
manufacturière mondiale.
6.2.1. Valeur Ajoutée Manufacturière par habitant du Sénégal
La valeur ajoutée industrielle du Sénégal a connu une évolution contrastée depuis
2000. La période récente est caractérisée par une forte fluctuation de la valeur ajoutée
manufacturière par tête qui est passée de 96 $US en 2006 à 100 US $ en 2012 pour
18
retomber à 95$US en 2014. Le niveau de valeur ajoutée manufacturière par habitant
le plus élevé a été obtenu entre 2001-2005 et se situait à 102$US. Ainsi, il faut espérer
que cette croissance se poursuive et que les pesanteurs qui ont entrainé la baisse
observée entre 2012 et 2014 soient maîtrisées. Cette maîtrise est indispensable pour
permettre au Sénégal de rattraper le niveau des pays comparables tels que le Maroc
et l’Indonésie.
Figure 4 : Evolution de la VAM par habitant du Sénégal 1995-2014
103.00
6.00%
102.00
4.00%
101.00
En $US
100.00
2.00%
99.00
98.00
0.00%
97.00
-2.00%
96.00
95.00
-4.00%
94.00
93.00
1995
1997
1999
2001
VAM par habitant
2003
2005
2007
Variation
2009
2011
2013
-6.00%
2015
Poly. (VAM par habitant)
Source : CPI 2014, ANSD
6.2.2. Place de l’industrie dans la création de richesse au Sénégal
La deuxième composante de l’analyse de la compétitivité industrielle s’intéresse à la
part de la valeur ajoutée manufacturière dans le Produit Intérieur Brut. Elle permet
d’apprécier le poids de l’industrie dans l’économie.
Table 3 : Part de la VAM dans le PIB
Pays
Senegal
Egypt
Indonesia
Morocco
South Africa
2000
14%
17%
24%
19%
17%
2005
13%
16%
24%
17%
16%
2010
12%
16%
22%
16%
15%
2014
12%
17%
22%
15%
15%
Source : CPI 2014, ANSD
19
L’industrie sénégalaise compte en moyenne pour environ 13% du PIB. Sa part s’est
inscrite en baisse depuis 2002. En effet, elle est passée de 15% en 2002 à 12% en
2014. En outre, l’analyse comparative permet de réaliser que l’industrie occupe une
place moins importante au Sénégal qu’au Maroc. Ainsi, des efforts doivent être faits
afin d’accroître la place de l’industrie.
6.2.3. Niveau de technologie de la production au Sénégal
Comme pour le commerce, le niveau de technologie de l’industrie d’un pays est
apprécié par la part des produits de moyenne et haute technologie (MHT) dans la
valeur ajoutée manufacturière.
Après une forte baisse entre 2003 et 2007, passant de 22,0% à 18,0%, la part de la
VAMMHT dans la VAM s’est accrue pour atteindre 22,0% en 2012, soit une croissance
annuelle moyenne de 6,1%. Elle demeure toutefois relativement faible en comparaison
avec d’autres pays tels que le Maroc ou l’Indonésie à partir de 2003. Dans ces pays,
la part des produits de moyenne et haute technologie dans la valeur ajoutée industrielle
avoisine les 30% pour le Maroc et 40% pour l’Indonésie. Une politique efficace de
changement structurel du secteur industriel du Sénégal est alors nécessaire.
6.2.4. Impact du Sénégal sur la production mondiale
La dernière composante de l’analyse de l’axe production de la compétitivité industrielle
est faite à travers la part de la valeur industrielle du pays dans la valeur ajoutée
manufacturière mondiale.
La part du Sénégal dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale est d’environ
0,015%, avec une évolution qui peut se décomposer en trois sous périodes. En effet,
après un pic de 0,018% en 2002, la part du Sénégal dans la valeur ajoutée mondiale
a baissé deux années consécutives avant de se redresser. Cette évolution pourrait
traduire, soit une fluctuation de la valeur ajoutée manufacturière ou celle des autres
économies de la planète. Elle fait ressortir pour le Sénégal la nécessité d’identifier les
moyens à mobiliser pour assurer un repositionnement de son industrie dans le
paysage industriel mondial. Il devra faire face à de grands défis en ce qui concerne les
facteurs (humains, technologiques, financement, etc.) nécessaires à l’impulsion de son
industrie et saisir des opportunités commerciales dans un environnement très
concurrentiel.
20
L’industrie sénégalaise devra être plus dynamique afin de soutenir la croissance
récente, traduite par la progression de la valeur ajoutée manufacturière par habitant.
Cette politique devra prendre en compte la maîtrise des facteurs exogènes et
endogènes qui pourraient contrarier l’expansion de l’industrie sénégalaise pour en
faire une industrie compétitive qui s’offre une place de choix à côté des économies
telles que le Maroc. Dans cette stratégie, le ciblage de la production en vue de l’orienter
vers les produits à moyenne et haute technologie s’impose afin de lui donner un bond
qualitatif de nature à avoir un effet d’entrainement sur les autres secteurs de
l’économie. Les produits MHT, plus résilients à la concurrence, sont susceptibles de
donner à l’industrie sénégalaise un positionnement privilégié à moyen et long terme.
21
7. Recommandations
L’analyse de la composante commerce de la compétitivité industrielle du Sénégal fait
ressortir les points clés suivants :
les produits manufacturés occupent une place importante dans les exportations
totales du pays ;
les exportations de produits manufacturés en hausse ont besoin d’être
maîtrisées ;
le niveau de technologie des produits exportés est faible ;
l’impact des exportations des produits manufacturés sur le marché mondial est
relativement faible.
Ces constats appellent l’instauration d’une politique efficace pour donner un coup
d’accélérateur à la composante commerce de la compétitivité industrielle du Sénégal
avec plus de diversification pour les produits et les marchés pour passer des secteurs
basés sur les ressources naturelles aux secteurs à forte intensité technologique et
profiter de l’impact de la Chine et de l’Inde dans la demande mondiale.
22
8. Conclusion
L’examen de la compétitivité globale de l’industrie laisse transparaitre une
marginalisation du secteur comparé à celui d’autres pays comme le Maroc ou
l’Indonésie. Les exportations de produits manufacturés par habitant (119$US) sont
cinq fois moins élevés que ceux du Maroc (570$US). La part des produits de
moyennes et hautes technologies (MHT) dans les exportations de produits
manufacturés (21,4%) est faible par rapport à celle de l’Indonésie (30%) et du Maroc
(50%). Le poids du Sénégal dans l’offre de produits manufacturés au niveau mondial
est également faible bien qu’il avait une structure similaire au Nigéria jusqu’en 2003 et
a gagné en part de marché dans la zone UEMOA au détriment de la Côte d’Ivoire.
Le niveau de valeur ajoutée manufacturière par habitant (95$US en 2014) est aussi
faible ainsi que la part des produits de moyenne et haute technologie (MHT) dans la
valeur ajoutée manufacturière (22 % contre 30% pour le Maroc et 40% pour
l’Indonésie).
Toutefois, la part de la valeur ajoutée manufacturière dans le Produit Intérieur Brut
(12%) n’est pas très loin de celle du Maroc et de l’Afrique du Sud (15%) . Quant à la
structure des exportations manufacturières, elle ressemble à celle des pays leader de
l’échantillon.
Ainsi, pour renforcer la compétitivité de l’industrie et partant celle des entreprises, un
accent particulier doit être mis sur les infrastructures, développer et renforcer le
partenariat publique privé, assurer la stabilité macroéconomique, renforcer le système
financier et développer les marchés intérieurs sans perdre de vue la recherche et le
développement.
Il convient de noter que la méthodologie développée par l’ONUDI ne couvre pas tous
les aspects à prendre en compte dans l’analyse approfondie de la compétitivité
industrielle d’un pays. En effet, la diversification/concentration des exportations du
pays et son adaptation à la demande globale sont passées sous silence. Il est donc
nécessaire de compléter le diagnostic de la compétitivité industrielle par ces deux
aspects.
23
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