E.A Enkaoua
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Les traitements locaux des
métastases vertébrales
Les traitements “neuro-radiologiques” :
La vertébroplastie est une technique d’injection de
ciment dans le corps vertébral sous contrôle scopique
et sous neuroleptanalgésie. Pour que le ciment soit
bien visible, on le mélange à de la poudre de tantale
qui le rend radio opaque. Cette technique stabilise la
vertèbre et donc diminue le risque de déstabilisation
en entraînant une analgésie. Cette méthode percuta-
née, par un praticien bien entraîné, doit se faire sous
scopie pour avoir un contrôle parfait du ciment pour
éviter qu’il ne file dans le canal vertébral, entraînant
une compression neurologique iatrogénique.
L’embolisation tumorale par cathétérisme sélectif ou per-
cutané est parfois bien utile pour la sédation des douleurs.
Cette technique est souvent employée en préopératoi-
re pour diminuer le saignement, ce qui permet au chi-
rurgien d’effectuer un bon geste de résection tumorale
ou de libération médullaire. La diminution du saigne-
ment per-opératoire donne de meilleures suites chez
ces patients en général fatigués.
Le traitement chirurgical :
Le traitement carcinologique.
Le traitement peut être “carcinologique” en cas de
métastase unique (1). Depuis que l’on effectue une IRM
de C0 à S5 en préopératoire, la métastase unique est
devenue très rare. La nature du cancer primitif est très
importante dans la décision de pratiquer cette chirurgie
lourde car il ne faut voir apparaître quelques mois plus
tard une autre métastase osseuse ou viscérale. Il est pru-
dent de faire cette chirurgie pour des cancers primitifs
d’évolution lente telle que le cancer de la thyroïde qui en
plus dispose d’un traitement spécifique (iodothérapie).
Conditions pour réaliser une chirurgie réséquant
“en bloc” la tumeur.
Au niveau rachidien, il n’est pas possible d’envisager
une résection qui répondrait aux critères habituels de la
carcinologie. Les rapports de voisinage sont trop étroits
pour autoriser des gestes larges et forcément déla-
brants. Respecter le caractère purement extra tumoral
est, par contre, parfaitement réalisable grâce à des ges-
tes adaptés à chaque siège tumoral sur la vertèbre.
RACHIS - Vol. 14, n°4, Octobre 2002.
ment dorsal et en particulier la partie haute. Par cont-
re les segments lombaire ou cervical est plus volon-
tiers susceptible d’une déstabilisation tumorale ;
●la présence ou non de signes neurologiques, déter-
minant l’urgence ou non thérapeutique ;
●la nature du cancer primitif est un élément essentiel
dans le choix du traitement de la métastase (5), en effet
cela conditionne la survie du patient ainsi que les
résultats fonctionnels et carcinologiques d’une éven-
tuelle chirurgie ;
●l’état général du patient, en effet si le score
Karnofski (score évaluant l’autonomie du patient) est
inférieur à 50% (patient pratiquement grabataire), la
chirurgie est alors contre-indiquée car le patient ne
pourra pas la supporter.
Le véritable problème décisionnel est le déficit médul-
laire. Bien sûr, dans ce cas-là, le bilan général ne peut-
être fait faute de temps. Pour décider de la technique
chirurgicale, seules les radiographies standard sont
indispensables, un scanner,s’il peut être obtenu rapi-
dement, est d’une grande aide. Le reste des examens
locaux est superflu.
En cas de déficit partiel, il ne faut pas se poser trop de
questions. Le patient doit être mis en urgence sous cor-
ticoïdes à dose adaptée et opéré le plus rapidement
possible.
Il faut être conscient que la compression tumorale
n’est pas mécanique mais avant tout vasculaire.
C’est pourquoi même le fourreau dural totalement
libéré en cas de déficit médullaire complet le patient
n’aura que d’infimes chances de recouvrer un état
neurologique satisfaisant.
En cas de déficit complet, le problème est beaucoup
plus épineux.
Si le déficit s’est installé de façon très progressiveen
plus de 72 heures, la chance de récupération neurolo-
gique après chirurgie est certes infime mais possible.
Si le déficit s’est installé de façon très rapide en 24 à 48
heures, on peut toujours tenter une intervention chirur-
gicale si on est dans un délai de 6 heures depuis l’ins-
tallation du déficit complet, sans avoir trop d’espoir. Par
contre si le patient présente un état général très altéré
(score de Karnofsky inférieur à 50 %) il est plus raison-
nable de ne pas intervenir chirurgicalement.