image de stabilité. Représentations figurées et hiéroglyphes s’entremêlent pour évoquer,
écrire Maât.
Un culte envers la déesse Maât est attesté avec certitude, dès le début du Nouvel Empire :
plusieurs temples de Maât ont existé à Thèbes, la capitale. Maât, énergie cosmique, concept
moral, est donc aussi une divinité majeure du panthéon égyptien.
Maât : une difficile entreprise sacrée
Depuis l’Ancien Empire, la tâche essentielle de Pharaon est de réaliser Maât et de repousser
Isefet. Dans le temple de Louxor, datant d’Amenhotep III (vers 1390-1350 av. J.-C., Nouvel
Empire), d’origine certainement plus ancienne, un texte gravé expose les conceptions
égyptiennes, en ce qui concerne le pouvoir de Pharaon : « Rê a placé le roi sur la terre des
vivants, pour toujours et à jamais, pour juger les hommes et satisfaire les dieux, pour faire
advenir Maât et anéantir Isefet, en donnant des offrandes aux dieux et des offrandes funéraires
aux défunts. ». Selon ce texte, Pharaon, roi et prêtre suprême, est responsable de la réalisation
de Maât sur terre. D’ailleurs, dans ses Lamentations, Ipou-Our n’hésite pas à accuser
Pharaon : « Le Verbe, l’Intuition créatrice et Maât sont avec toi mais c’est le trouble que tu as
répandu à travers le pays…Est-ce ton action qui est responsable de cette situation ? As-tu
menti ?... ».
Selon l’égyptologue Jan Assmann, les hymnes solaires décrivant la traversée diurne et
nocturne de Rê et son combat contre le serpent Apopis, symbole d’Isefet, sont le reflet du
combat de Pharaon sur terre. La course solaire triomphe quotidiennement et reproduit chaque
jour l’instant de la création : image de la puissance du démiurge. Dans plusieurs hymnes
adressés à Rê, on peut relever cette phrase : « Maât te tient embrassé jour et nuit », comme si
le combat victorieux pour l’ordre cosmique était celui du couple Rê-Maât, étroitement enlacé.
De même, Pharaon doit triompher des forces destructrices sur terre pour y maintenir la
création voulue par le démiurge, en réalisant Maât.
A partir du Nouvel Empire surtout, plusieurs pharaons ont intégré le terme « Maât » à leur
titulature, montant par là qu’ils en faisaient un véritable programme politique. Ainsi, de
nombreux pharaons de la XIX
e
et de la XX
e
dynastie portent le nom royal d’ « Ouser-Maât-
Rê » (Puissante est la Maât de Rê). Dès le règne de Thoutmosis III (vers 1479-1425 av. J.-C.,
Nouvel Empire), l’offrande de Maât à une divinité par Pharaon, est l’expression symbolique
de la soumission de Pharaon à la divinité qui a fait de lui son représentant sur terre afin qu’il y
réalise Maât.
Le vizir (second personnage de l’Etat pharaonique), s’occupant principalement de justice, doit
également réaliser Maât. En effet, l’injustice, c’est la violence, la loi du plus fort, c’est Isefet.
Maât est ainsi l’expression de la justice. D’ailleurs le vizir porte le titre de « prêtre de Maât »
depuis l’Ancien Empire. De plus, dès la XXVI
e
dynastie (vers 664-525 av. J.-C.), l’insigne de
Maât est porté au cou par les grands juges.
Mais tout sujet de Pharaon doit également servir Maât. Depuis la PP.I., l’idée d’un jugement
divin après la mort s’inscrit dans les Textes des Sarcophages puis, dès le Nouvel Empire, dans