les jours, même la plus humble et la plus nécessaire,
écrivait François Daumas, revêt un sens profond, cos-
mique que nos civilisations modernes, urbaines, et
devenues fortement artificielles, ne peuvent même plus
soupçonner8. » Grâce à une vision rituelle s’étendant de
l’intérieur du temple jusqu’aux activités économiques,
le temps profane était remplacé par la vénération des
ancêtres, le respect de Maât et la célébration des fêtes.
« Nous nous trouvons en présence d’une conception de
la création cherchant à retrouver le Premier jour dans
chaque lever du soleil, dans chaque nouvel an, dans
chaque avènement royal et même dans toute apparition
du roi sur le trône ou sur le champ de bataille9.»
Lorsqu’un pharaon est couronné, c’est de nouveau
l’an 1 de la création. Il n’existe pas de référence à une
donnée historique, du type « avant ou après J.-C. », car
seul compte le mythe de création donnant un sens à
l’ensemble des réalités, de la plus spirituelle à la plus
matérielle. Il n’existe pas de texte égyptien strictement
historique, car la dimension mythique est toujours pré-
sente. Ainsi, des pharaons de l’époque tardive reco-
pient le récit de batailles composé plusieurs siècles
auparavant. Ce qui compte est le modèle symbolique,
la victoire de la lumière sur les ténèbres.
« Voyez les paroles divines, et vous serez sages sui-
vant les plans des dieux10 », est-il recommandé. La
documentation nous offre le témoignage de nombreux
Les grands sages de l’Égypte ancienne
14
8. F. Daumas, La Vie dans l’Égypte ancienne, Paris, 1968, 11.
9. H. Frankfort, La Royauté et les dieux, Paris, 1951, 7.
10. J. Vandier, Le Papyrus Jumilhac, Paris, s.d., 130.