Taxonomie, morphologie et anatomie du Polysphaeria congesta (H

Cah. ORSTOM, sér. Biol., no 8 - juin 1969.
TAXONOMIE, MORPHOLOGIE ET ANATOMIE
DU Polysphaeria congesta (H.Bn.) A.Chev.,
FAUX CAFEIER SAUVAGE DE MADAGASCAR
PAR
H. RABl%.!HAULT*
RÉsuMF:
L’espèce étudiée éiail autrefois confondue avec celles des genres Coffea et Cremaspora.
Ce faux-Caéfier s’en distingue en particulier par les poils qui ferment la gorge de la corolle
et par ses graines ruminées: l’albumen est constitué par des feuillets longitudinaux.
La structure des organes végétatifs est proche le plus souvent de celle des Caféiers mais
celle des graines est très différente. Ces dernières ne renferment pas de caféine.
Les essais de greffage avec les Caféiers cultivés n’ont pas donné de résultats.
SLJM~IARY
The species studied was previously mistaken for thaf of the genus Coffea and Cremaspora.
The false coffee-shrub cari be distinguished from ihem by the hairs which close the throat
of the corolla and by the ruminafe seeds: the albumen is formed of longitudinal layers.
The structure of the plant organs in most cases resemble those of the coffee-shrub but
thaf of fhe seed is very differenf. The laffer does nof contain caffein.
Affempfs af graffing with cultivated coffee-shrubs did nof produce good results.
Mattre de Recherches, Services Scientifiques Centraux de I’ORSTOM, 70, 74 route d’Aulnay, 93-Bondy.
30 H. RABBCHAULT
L’un des objectifs de l’Institut français du Café et du Cacao est l’amélioration des
Caféiers cultivés par la sélection voire par l’hybridation et le greffage. 11 est intéressant
pour cela de disposer de nombreuses variétés et d’espèces sauvages qui présentent des
gènes nouveaux, des caractères particuliers que ne possèdent pas les Caféiers cultivés.
Or, depuis le début du siècle, les botanistes français, parmi lesquels le Professeur A. CHE-
VALIER, ont, au cours de missions successives, découvert de nombreuses espèces sauvages
à Madagascar et dans les îles voisines. J.-F. LEROY (19, 21, 22) a récemment recensé
35 espèces malgaches, et il pense qu’il en reste encore à découvrir. Certaines sont à pré-
sent disparues et nous ne les connaissons que sous la forme d’échantillons d’herbier.
C’est la raison pour laquelle A. CHEVALIER (9, 12, 13), pour sauver ces richesses,
avait préconisé à plusieurs reprises la création de collections vivantes ou vergers d’études.
Ces collections vivantes auraient permis de cataloguer les espèces sauvages et d’étudier
leur biologie.
En 1901, le savant chimiste G. BERTRAND (4, 5, 6) a montré que certaines espèces
malgaches et des Ples Comores présentaient une particularité très importante : elles ne
renferment pas de caféine dans leurs graines et A. CHEVALIER (9, 12) pensait que leur
sélection aurait permis l’obtention naturelle d’un café sans caféine.
Ces dernières années, les idées et l’œuvre de ce savant ont été reprises par plusieurs
botanistes du Muséum National d’Histoire Naturelle, notamment par le Professeur
R. PORTÈRES (25) et par J.-F. LEROY (19 à 22) qui ont, en relation avec l’Institut français
du Café et du Cacao, continué l’inventaire et commencé la création des premières collec-
tions vivantes.
La flore malgache recèle aussi d’autres plantes très intéressantes parce qu’elles
ressemblent à s’y méprendre aux Caféiers* ; ce sont en général également des Rubiacées
qui appartiennent à des genres divers : Feretia, Cremaspora, Tricalysia, Polysphaeria,
Belonophora, Craterispermum, Canthium, Pavetta, Psychotria, etc. La ressemblance est
telle que leurs graines sont parfois utilisées localement pour la préparation d’une
infusion identique au café*.
l Cette ressemblance est souvent telle que les systématiciens ont fait de nombreuses erreurs d’identitlcation.
Pour indiquer cette affmite, ils ont utilise le nom d’espèce Q coffeoides n (Feretia coffeoides A. CHEV., Belo-
nophora coffeoides HOOK. f., Saldinia cofeoides AD. BR., etc.). Certains faux cafeiers ont ete cultives au même titre
que les Cafeiers, c’est le cas du Café marron et du Cafe bâtard des Antilles, qui est le Rudgea caribea BENTH., du
Cafeier sauvage de Sierra Leone qui serait selon HIERN le Randia grandiFora DC.. A. CHEVALIER (~OC. cif.) cite
l’anecdote suivante concernant le Ferefia coffeoides appel8 Songala par les indigènes du Fouta-Djallon : les cerises
jaunes de cet arbuste donnent des graines comme le Cafeier. Un echantillon ayant ete adresse a un expert
d’Amsterdam, M. GRESHOFF, celui-ci a indique qu’il s’agissait d’un Cafe sans cafeine qui, apres torréfaction,
donnait une boisson absolument analogue au Café.
PLANCHE 1. - Polysphaeria congesta (H. BN.) A. CHEV. : fig. A, Rameau plagiotrope avec fleurs et fruits ;
B., deux boutons floraux ; C., fleur epanouie ; D, fleur en coupe longitudinale grossie, montrant l’insertion d’une
étamine et la pilosité de la face interne de la corolle ; E, ovaire et calice, coupe grossie montrant, en particulier,
la disposition des ovules ; F, imbrication des bractees a la base du calice des fleurs ; Fi et Fa, formes de calices ;
Gr et G*, etamines vues de profil ; G8 et G”, anthères, les sacs polliniques sont parfois portes sur un receptacle charnu
(connectif) plus large et plus long ; H1 et H*, details de la surface et de l’extrémité des poils qui recouvrent l’inte-
rieur du tube de la corolle : 1’ et Ia, grains de pollen ; J, un fruit ; K, fruit en coupe transversale montrant la rumi-
nation des graines ; L, graine vue de face montrant les sillons longitudinaux et sinueux qui penètrent l’albumen ;
M, graine vue par dessus ; N, ecorché d’une graine montrant la disposition de l’embryon ; 0 et P, coupes longitu-
dinales d’une graine selon deux plans : l’un passe par l’embryon qu’il sectionne transversalement, l’autre est dans
le grand axe de la graine ; Q, un embryon grossi.
(Grossissements fig. A ys; B x 3; C, F, FI, F*, J, K x 4; D x 8; E x 20; G x 30; H x 200; 1 x 250;
L, M, N, 0, P x 4; Q x 16).
TAXONOMIE, MORPHOLOGIE ET ANATOMIE DU FAUX CAFÉIER SAUVAGE DE MADAGASCAR
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PLANCHE
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A. CHEVALIER (8, 9, 10) les a appelés (( Faux Caféiers )).
Leur étude s’avère nécessaire, ne serait-ce que pour définir les caractères taxo-
nomique, morphologique, anatomique et biologique permettant de les distinguer des
véritables Caféiers.
C’est une confusion entre un Caféier sauvage et un faux Caféier (le Polysphaeria
congesfa) qui nous a amené à l’étude taxonomique, morphologique et anatomique de ce
dernier.
1. TAXONOMIE, ORIGINE DU MATERIEL
En 1952, j’ai reçu de la part de M. CARRÉ, directeur de la Station de 1’Ivoloina
(Madagascar), des échantillons (rameaux en fleurs, fruits et graines) d’un (( Caféier
sauvage o sans caféine, baptisé Coffea humblofiana H. BN. et cultivé sur la station rive
gauche de la rivière Ivoloina. Cette plante avait été introduite par une mission envoyée
aux Comores à la recherche de Caféiers sauvages sans caféine, à la suite des travaux
précités de CI. BERTRAND et de A. CHEVALIER.
Le C. humblofiana a été en effet signalé dans ces îles mais grâce à un examen som-
maire, je pus me rendre à l’évidence que les échantillons dont je disposais ne correspon-
daient pas à la diagnose de cette espèce et qu’il ne s’agissait pas non plus d’un Coffea.
Les graines semées dans les serres de la Section technique d’Agriculture Tropicale
de Nogent-sur-Marne ont donné plusieurs jeunes plantes qui m’ont été très utiles pour
avoir le matériel frais nécessaire à l’étude anatomique.
Cette plante se distinguait du genre Coffea par deux caractères essentiels : la gorge
de la corolle est obturée par des poils nombreux et d’autre part la graine petite ne com-
porte pas de sillon ventral comme le grain de café mais est profondément ruminée.
H. BAILLON (2, p. 283) avait décrit cette plante sous le nom de Cremaspora congesfa
H. BN., en 1879.
Frufex, ramis opposifis virgafis, ufi planta fofa glabris. Folia opposifa oblongo-
lanceolafa (ad 10 cent. longa, 4 cent. lafa), apice longiuscule acuminafa, basi angusfafa, v.
rarius obfusiuscula, infegerrima membranacea, supra lucida laevia, subfus paulo pallidiora :
nervis secundaris 12-14, inaequali-sinuafis; venis reficulafis vix prominulis. Pefioli breves
(1/2-l cent.). Sfipulae inferpefiolares breves, deciduae. Flores axillares glomerafi crebri,
PLANCHE II. - Morphologie de l’inflorescence : fig. A, groupes de fleurs après la chute des corolles ; B, C,
ensemble de calicule et calices cal. composant une inflorescence vue de profil, st. stipule b.,, Premiere bractée ; D,
base de l’inflorescence vue de la face extérieure (face vers le petiole). On remarque le pedoncule aplati de l’inflores-
cence, bl la premiere bractée, ba la troisieme bractée et les premiers calicules ; E, base de l’inflorescence vue de la
face interne (face contre la tige), b, deuxiéme bractee ,
. F, calices et calicules des deux fleurs d’une subdivision de
l’inflorescence ; G, le même groupe vu de face avec sa bractée b; H, extremite de l’inflorescence montrant le bour-
geon terminal bo vu de dessus ; 1, bourgeon terminal de l’inflorescence vu de profil ; J, bractee et bourgeon terminal
de la derniere subdivision de l’inflorescence ; K, une bractee ; L, ensemble des calicules d’une fleur, ca. calice ; M,
calicules 2 et 3 d’une fleur ; N, N,, N,, N,, N,, calicules grossis d’une fleur et calice disposes dans l’espace dans les
positions avec lesquelles ils s’emboitent les uns dans les autres ; 0, calice a dents irregulieres ; P, calicule Q dents
irregulieres ; Q, reste des axes et des calicules de l’inflorescence après la chute des fruits. Remarquer le pedoncule
ped. qui s’est allonge ; R, calicule dechire persistant apres la chute du fruit.
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