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L’un des objectifs de l’Institut français du Café et du Cacao est l’amélioration des
Caféiers cultivés par la sélection voire par l’hybridation et le greffage. 11 est intéressant
pour cela de disposer de nombreuses variétés et d’espèces sauvages qui présentent des
gènes nouveaux, des caractères particuliers que ne possèdent pas les Caféiers cultivés.
Or, depuis le début du siècle, les botanistes français, parmi lesquels le Professeur A. CHE-
VALIER, ont, au cours de missions successives, découvert de nombreuses espèces sauvages
à Madagascar et dans les îles voisines. J.-F. LEROY (19, 21, 22) a récemment recensé
35 espèces malgaches, et il pense qu’il en reste encore à découvrir. Certaines sont à pré-
sent disparues et nous ne les connaissons que sous la forme d’échantillons d’herbier.
C’est la raison pour laquelle A. CHEVALIER (9, 12, 13), pour sauver ces richesses,
avait préconisé à plusieurs reprises la création de collections vivantes ou vergers d’études.
Ces collections vivantes auraient permis de cataloguer les espèces sauvages et d’étudier
leur biologie.
En 1901, le savant chimiste G. BERTRAND (4, 5, 6) a montré que certaines espèces
malgaches et des Ples Comores présentaient une particularité très importante : elles ne
renferment pas de caféine dans leurs graines et A. CHEVALIER (9, 12) pensait que leur
sélection aurait permis l’obtention naturelle d’un café sans caféine.
Ces dernières années, les idées et l’œuvre de ce savant ont été reprises par plusieurs
botanistes du Muséum National d’Histoire Naturelle, notamment par le Professeur
R. PORTÈRES (25) et par J.-F. LEROY (19 à 22) qui ont, en relation avec l’Institut français
du Café et du Cacao, continué l’inventaire et commencé la création des premières collec-
tions vivantes.
La flore malgache recèle aussi d’autres plantes très intéressantes parce qu’elles
ressemblent à s’y méprendre aux Caféiers* ; ce sont en général également des Rubiacées
qui appartiennent à des genres divers : Feretia, Cremaspora, Tricalysia, Polysphaeria,
Belonophora, Craterispermum, Canthium, Pavetta, Psychotria, etc. La ressemblance est
telle que leurs graines sont parfois utilisées localement pour la préparation d’une
infusion identique au café*.
l Cette ressemblance est souvent telle que les systématiciens ont fait de nombreuses erreurs d’identitlcation.
Pour indiquer cette affmite, ils ont utilise le nom d’espèce Q coffeoides n (Feretia coffeoides A. CHEV., Belo-
nophora coffeoides HOOK. f., Saldinia cofeoides AD. BR., etc.). Certains faux cafeiers ont ete cultives au même titre
que les Cafeiers, c’est le cas du Café marron et du Cafe bâtard des Antilles, qui est le Rudgea caribea BENTH., du
Cafeier sauvage de Sierra Leone qui serait selon HIERN le Randia grandiFora DC.. A. CHEVALIER (~OC. cif.) cite
l’anecdote suivante concernant le Ferefia coffeoides appel8 Songala par les indigènes du Fouta-Djallon : les cerises
jaunes de cet arbuste donnent des graines comme le Cafeier. Un echantillon ayant ete adresse a un expert
d’Amsterdam, M. GRESHOFF, celui-ci a indique qu’il s’agissait d’un Cafe sans cafeine qui, apres torréfaction,
donnait une boisson absolument analogue au Café.
PLANCHE 1. - Polysphaeria congesta (H. BN.) A. CHEV. : fig. A, Rameau plagiotrope avec fleurs et fruits ;
B., deux boutons floraux ; C., fleur epanouie ; D, fleur en coupe longitudinale grossie, montrant l’insertion d’une
étamine et la pilosité de la face interne de la corolle ; E, ovaire et calice, coupe grossie montrant, en particulier,
la disposition des ovules ; F, imbrication des bractees a la base du calice des fleurs ; Fi et Fa, formes de calices ;
Gr et G*, etamines vues de profil ; G8 et G”, anthères, les sacs polliniques sont parfois portes sur un receptacle charnu
(connectif) plus large et plus long ; H1 et H*, details de la surface et de l’extrémité des poils qui recouvrent l’inte-
rieur du tube de la corolle : 1’ et Ia, grains de pollen ; J, un fruit ; K, fruit en coupe transversale montrant la rumi-
nation des graines ; L, graine vue de face montrant les sillons longitudinaux et sinueux qui penètrent l’albumen ;
M, graine vue par dessus ; N, ecorché d’une graine montrant la disposition de l’embryon ; 0 et P, coupes longitu-
dinales d’une graine selon deux plans : l’un passe par l’embryon qu’il sectionne transversalement, l’autre est dans
le grand axe de la graine ; Q, un embryon grossi.
(Grossissements fig. A ys; B x 3; C, F, FI, F*, J, K x 4; D x 8; E x 20; G x 30; H x 200; 1 x 250;
L, M, N, 0, P x 4; Q x 16).