Chapitre 2.10.4. — Gale
1138 Manuel terrestre de l’OIE 2005
Une indication de la présence des Psoroptes est la réaction de l'hôte au grattage des lésions, qui se traduit par
une agitation réflexe de la lèvre inférieure. Un effort imposé entraîne une élévation de la température de l'hôte et
la résorption des antigènes et toxines des parasites, induisant la manifestation des symptômes. Il faut savoir, lors
de prélèvements effectués pour le diagnostic de la gale sarcoptique, que la distribution des lésions ne coïncide
pas avec celle des parasites. La laine ou les poils prélevés doivent être noués et conservés en vue d'un
diagnostic différentiel avec d'autres ectoparasitoses et d'éventuelles mycoses. Il faut choisir, pour les
prélèvements, la partie humide de la périphérie des lésions. En cas de suspicion de gale sarcoptique, il faut
prélever sur des surfaces dépilées ou sur celles où le prurit est maximal et où des « boutons de gale » sont
visibles. En matière de gale psoroptique du mouton, les surfaces d'élection sont le bord des lésions en extension,
mais dans le cas des bovins et du lapin les prélèvements peuvent être faits sur toute l'étendue de la partie lésée.
En général, pour les acariens vivant à la surface de la peau (ex : Chorioptes, Psoroptes), il faut opérer avec un
scalpel incliné à angle aigu, en rasant plutôt qu'en grattant l'épiderme superficiel. Pour les Demodex, Psorobia ou
Sarcoptes, qui sont fouisseurs, il faut tenir la lame du scalpel perpendiculairement à la peau et gratter jusqu'à
l'apparition d'une rosée sanguine. Une goutte de glycérine ou d'huile de paraffine, déposée sur la peau ou sur la
lame du scalpel, facilite le prélèvement (29). Lors de gale démodécique, les acariens sont généralement
abondants et sont observés dans le contenu caséeux obtenu par compression des pustules ; dans les formes
squameuses, un grattage profond est nécessaire. Dans le cas des otacarioses, chez le chat, le chien ou le lapin,
une pince à bords mousse est utilisée pour la collecte du matériel à examiner. L'usage d'un aspirateur s'est révélé
plus efficace que le grattage pour les prélèvements (21). Ces auteurs ont trouvé des Cheyletiella, Sarcoptes,
Otodectes, Demodex et acariens des fourrages. En traitant par une solution de potasse à 10 %, le matériel
prélevé par aspiration, Il est possible, aussi, de déceler des acariens dans les fèces, chez les animaux atteints de
prurit.
Si on suspecte une otacariose (Otodectes ou Psoroptes) chez le chat, le chien, le lapin, le mouton et la chèvre,
les acariens vivants peuvent être vus par auroscopie du canal auriculaire externe (CAE), mais cette technique
peut être d'application difficile chez les grands animaux et si on a un grand nombre d'individus à examiner. Dans
ces conditions, il peut être nécessaire de procéder à un prélèvement dans le CAE : introduction d'un tampon
jusqu'à sensation de résistance, légère torsion et retrait. Il faut s'assurer de ce que le tampon est introduit dans le
CAE et non dans une des culs-de-sac du tragus. Des précautions sont nécessaires lorsqu'on opère chez des
sujets jeunes.
Les prélèvements effectués doivent être immédiatement transférés dans des petits tubes, soigneusement
bouchés ou des flacons munis d'un couvercle. L'utilisation d'une enveloppe n'est pas recommandée car les
parasites peuvent être perdus ou se dessécher. Les acariens vivants sont facilement mis en évidence par
examen direct sous loupe à dissection (x 40) avec éclairage supérieur. Ils conservent leur activité pendant 30 min
à la température de 37°C et on peut, avec une aiguille, les déposer sur une lame porte-objet.
Les acariens peuvent être montés directement dans la gomme au chloral (liquide de Berlèse), le liquide de
Vizhumis, le milieu de Hoyer ou de Heinze (13). Déposer une goutte du milieu au centre d'une lame, y déposer
l’échantillon, effacer les bulles avec une aiguille, couvrir d'une lamelle mise en place doucement ; si le volume du
liquide de montage est insuffisant, en faire diffuser une goutte sous la lamelle ; laisser sécher les lames pendant 5
à 7 jours à la température ambiante ou pendant 2 jours à 40°C- 45°C, puis luter avec du vernis à ongles ou un
autre matériel de lutage.
La détection des espèces de petite taille (ex : Demodex) exige le traitement des prélèvements par la potasse, à
chaud : jusqu'à 5 g du produit de prélèvement dans la potasse à 10 % : ébullition pendant 5 à 10 min (un temps
d'ébullition supérieur risque d'entraîner la lyse des acariens) ou chauffage à 37°C pendant un temps plus long.
Après refroidissement, le matériel est centrifugé à 600 g (2 000 t.m.) pendant 10 min, mais une centrifugation plus
rapide peut être nécessaire pour la concentration des espèces de petites dimensions. Après décantation, le culot
est examiné au microscope. Il est possible d'augmenter les chances d'isolement des parasites par une méthode
de flottation réalisée sur le culot de centrifugation. On peut encore procéder à l'examen par l'observation
microscopique d'une petite quantité de matériel déposé dans la concavité d'une lame et chauffée à la flamme d'un
bec Bünsen. Il faut éviter un chauffage trop élevé (se manifestant par l'apparition d'une fumée à la surface du
liquide), qui provoquerait la formation de gaz dans le corps des acariens et les ferait « sauter » hors de la
préparation. Toutes ces techniques ont pour but d'éclaircir les parasites, afin de les rendre bien identifiables par
l'examen microscopique. Il est recommandé de travailler sous la protection d'un aspirateur de fumée, afin
d'évacuer les vapeurs toxiques formées. La coloration par le noir de chlorazol peut aider à la mise en évidence
des structures essentielles et à l'identification des parasites situés dans la profondeur des tissus (3).
La manipulation des animaux parasités ou du matériel prélevé sur des animaux parasités par des Cheyleytiella,
Sarcoptes, Notoedres ou Trixacarus, peut avoir des incidences zoonosiques. Les fèces des parasites ou les
débris de leur cuticule peuvent être nocifs pour les personnes allergiques aux acariens des poussières
(Dermatophagoides pteronyssinus).