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10.2.3. Le niveau trophique et le spectre trophique
Le niveau trophique moyen de chaque espèce provient de la base de données FishBase version 2000
(Froese et Pauly, 2000). Ces niveaux trophiques sont estimés à partir de contenus stomacaux. Tous
les niveaux trophiques considérés dans ce travail sont donnés en annexe 11. Dans une version plus
récente de Fishbase (2004), certains niveaux trophiques sont revus. Une analyse exploratoire partielle
montre que les résultats présentés ci-après ne sont pas modifiés.
La construction d’un spectre trophique est proposée par Gascuel (sous presse). A partir des
campagnes scientifiques, le spectre trophique de biomasse (STB) décrit la distribution de la biomasse
de la communauté démersale en fonction de classes trophiques. La biomasse est mesurée par un
indice d’abondance correspondant à la capture du chalut en 30 minutes. De la même manière, le
spectre trophique des captures (STC), établi à partir des captures commerciales, précise à quel
niveau de la chaîne trophique elles sont faites. Toutes les espèces, pour lesquelles un niveau
trophique est connu, sont prises en compte dans la construction d’un spectre trophique. Elles
représentent entre 80 et 90% de la biomasse ou des captures totales. A partir des campagnes, pas
moins de 177 espèces sont prises en compte en Guinée et 153 au Sénégal. Pour les captures
commerciales, 58 et 129 espèces sont considérées en Guinée et au Sénégal. Un STB est construit
pour un trait de chalut ou pour une agrégation de traits.
Les variables retenues permettent de caractériser un STB, à savoir la date (année, mois, saison), la
bathymétrie et la position géographique. Les STC sont construits à partir des données de captures
annuelles. Pour un STB ou un STC, on somme les biomasses ou les captures des espèces
appartenant à la même classe trophique. Chaque classe trophique est définie par un pas de 0,1 entre
les niveaux trophiques 2 et 4.5. La valeur du niveau trophique de chaque espèce permet son
positionnement dans une classe trophique précise. Un spectre trophique lissé est calculé ; pour
chaque classe trophique, une valeur est estimée comme étant la moyenne mobile de trois classes
trophiques (celle considérée, la précédente et la suivante). Ce lissage est une manière de tenir
compte de la variabilité du niveau trophique inhérente à la variation de l’alimentation (Davenport et
Bax, 2002) et à l’incertitude de son estimation (Pinnegar et al., 2002).
10.2.4. Comparaison des spectres trophiques
Les modèles linéaires généralisés (chapitre 5.1) sont utilisés pour analyser les changements de
structure des STB. Les biomasses par classe trophique dans chaque groupe de trait de chalut
représentent les individus statistiques. Les classes trophiques, l’année, la saison, les classes de
latitude et de bathymétrie sont les variables descriptives. Les STB sont obtenus à partir de
l’agrégation de traits par strate car cette approche permet de lisser la variabilité entre les traits
caractérisés par la même combinaison de facteurs. Des classes d’année sont créées afin de prendre
en compte le fait que les données n’existent pas pour certaines années et que l’on recherche les
possibles variations temporelles des STB (Tableau 10.1).