L'enfant, av
ec un seul caillou au fond de sa fr
onde, v
ainqueur d'un guerrier colossal cou
-
v
er
t d'air
ain, témoigne d'emblée d'une for
ce autr
e.
Cet enfant, c'est David, dernier né d'une famille de Bethléem. Il est ber
ger
, mais sa victoi
-
r
e en fait un soldat, il deviendr
a chef militair
e et bientôt gr
and conquér
ant. Un jour il s'em
-
par
er
a de Jérusalem et, tout près, d'une for
ter
esse du nom de "Sion" où il v
eut résider
. Ce
ser
a la cité de David. Sion deviendr
a un jour toute la ville de Jérusalem et même le pays
d'Isr
aël tout entier
.
Guerrier
, dev
enu r
oi, poète et musicien, et av
ant tout r
eprésentant de Dieu, choisi par lui,
David ose (psaume 2) se nommer fils de Dieu — est-ce une préfigur
ation du Christ — et
d'ailleurs le Christ, ce Nazaréen, devr
a, par un détour
, naîtr
e à Bethléem pour entr
er dans
la lignée de David. Christ qu'on tr
aiter
a par dérision de "r
oi des Juifs". David qui ser
a roi
d'Isr
aël.
L'histoir
e de David, c'est dix siècles av
ant Jésus-Christ.
Attentiv
e au rythme, à la syntax
e hébr
aïque, à l'écho des sons répétitifs, la nouv
elle tr
a-
duction des textes bibliques par le poète-linguiste Henri Meschonnic suscite une écoute
tout à fait imprévue. Sons, rythmes, syncopes, syntax
e brutalisée, accents conjonctifs et
disjonctifs r
egr
oupant des mots et, au contr
air
e, sépar
ant des gr
oupes de mots les uns
des autr
es, c'est une or
ganisation du langage qui l'entr
aîne au-delà du sens.
C'est un autr
e "usage de la par
ole", car il est dit à pr
opos de Moïse que les Hébr
eux
"v
oient" la par
ole. L'hébr
eu dit "v
oir" et non pas "entendr
e". Il y a interfér
ence de l'ouïe
et de la vue par une attention par
ticulièr
e aux rythmes et aux sons.
Émer
ge une théâtr
alisation inhér
ente au langage r
ar
ement perçue.
C'est une poésie sauv
age, ar
chaïque — collée aux origines — chaotique, sans logique ni
mor
ale. S'enchaînent des récits, des contes, des conflits, des désirs, dans une pr
ofusion
d'images. C'est un livr
e tumultueux, loin de toute métrique occidentale. Sans doute on y
parle du r
appor
t de l'homme au divin mais ce n'est pas du tout un livr
e r
eligieux. Il est
r
emar
quable que les tr
ois r
eligions qui s'en réclament (juiv
e, chrétienne, musulmane)
aient infléchi v
ers elles non seulement les textes mais aussi leurs tr
aductions, et que ces
trois r
eligions aient tenté, chacune, de réduir
e ces textes par des commentair
es, aient
tenté, à par
tir d'eux, d'édicter des règles, les leurs.
Pour
quoi le dieu de David — se demande-t-on sans qu'autour de nous se r
ompe le silen
-
ce — pour
quoi ce dieu si inter
v
enant en ces temps anciens — et si génér
eux en mir
acles
pr
o
videntiels au moment de la sor
tie d’Egypte par ex
emple — pour
quoi ce même dieu
n'est-il plus inter
v
enu dans l'histoir
e moderne du peuple juif
, extension de la diaspor
a jus
-
qu'en Amérique, et sur
tout shoah, sionisme, fondation de l'Etat d'Isr
aël génér
ant en
P
alestine guerr
es, camps, tr
ansfer
ts de populations, terr
orisme. Est-ce encor
e et toujours
la v
olonté de Dieu qui s’ex
er
ce, sa v
engeance contr
e l'idolâtrie.
Dans les déser
ts le pain et la viande ne tombent plus du ciel.
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