edito
Michel SYMANN,
rédacteur en chef
et Liliane Marot
rédactrice invitée
Actualités cancérologiques
en dermatologie
Editeur responsable: Marc Hamoir,
Président du Centre du Cancer.
Cliniques universitaires Saint-Luc,
10, av. Hippocrate 1200 Bruxelles
Rédacteur en chef: Michel Symann
Coordinatrice de rédaction: Charlotte De Valkeneer
Photos: © CAV des Cliniques / Hugues Depasse, D. R.
Sur la peau, le tissu le plus étendu de notre orga-
nisme qui enveloppe l’ensemble du corps et le
protège vis-à-vis de son environnement, se déve-
loppent les tumeurs malignes les plus fréquentes.
Ce sont aussi, à l’exception des mélanomes, les
moins graves, à telle enseigne que les carcinomes
cutanés ne sont pas comptabilisés dans les statis-
tiques générales de cancer.
On observe également sur la peau les métastases
cutanées ainsi que des syndromes paranéopla-
siques traduisant une réaction de l’organisme à un
cancer de localisation profonde. Enfin, la toxicité
des médicaments anticancéreux s’exprime égale-
ment volontiers par des manifestations cutanées.
Il existe deux principaux types de cancers cutanés:
les carcinomes développés à partir de cellules de
l’épiderme et les mélanomes à partir des cellules
pigmentaires de la peau.
Cette issue de la Newsletter est consacrée aux
carcinomes qui représentent 95% de l’ensemble
des cancers cutanés, aux syndromes paranéo-
plasiques cutanés et aux effets secondaires cuta-
nés de nouvelles molécules anticancéreuses: les
inhibiteurs d’EGF-R et les inhibiteurs de tyrosine
kinase multicibles, à l’exclusion des mélanomes
qui feront l’objet d’un numéro ultérieur.
On distingue les carcinomes basocellulaires qui se
développent uniquement sur place et ne donnent
pas de métastases et les carcinomes spinocellu-
laires quatre fois moins fréquents qui eux peuvent
se propager dans les ganglions régionaux ou à
distance.
Les carcinomes touchent principalement les sujets
d’âge avancé, en particulier les hommes ayant tra-
vaillé à l’extérieur toute leur vie: marins, agricul-
teurs, maçons, etc.… Les expositions volontaires
au soleil expliquent que ces dernières années les
femmes sont atteintes presque aussi souvent que
les hommes et que l’âge moyen de l’apparition des
carcinomes a diminué. La prévention consiste à
se protéger du soleil dès l’enfance et toute la vie.
Dans plus de 90% des cas, les carcinomes sur-
viennent sur les parties les plus exposées: visage,
oreilles, nuque, lèvre inférieure, dos des mains,
jambes, épaules, dos. D’autres facteurs contri-
buent à la survenue de ces tumeurs: exposi-
tion excessive aux rayons X, contacts avec des
produits chimiques comme l’arsenic ou le gou-
dron, ulcères et cicatrices chroniques, maladie
génétique comme l’albinisme, infections par des
papillomavirus, déficit immunitaire par exemple
chez les patients greffés.
L’omnipraticien a un rôle important à jouer dans
le dépistage de ces tumeurs, c’est pourquoi cette
livraison de la Newsletter est amplement illustrée.
Toute lésion cutanée anormale qui persiste plus
de trois semaines requiert un diagnostic pré-
cis demandant la collaboration du dermatologue,
car le carcinome basocellulaire peut initialement
ressembler à une lésion bénigne. Il faut garder
à l’esprit que négligés, les carcinomes baso-
cellulaires peuvent s’ulcérer, envahir les tissus
voisins et les détruire. Quant aux carcinomes spi-
nocellulaires, ils succèdent souvent à des lésions
précancéreuses fréquentes chez le sujet âgé, les
kératoses actiniques. Le diagnostic doit toujours
être confirmé par une biopsie. Enfin, reconnaître
un syndrome paranéoplasique cutané est d’une
réelle valeur diagnostique ou pronostique dans le
cours d’un cancer.
Différents traitements sont capables de guérir ces
tumeurs. Le choix sera guidé par le type, la taille
et la localisation de la tumeur ainsi que par l’âge
et l’état général du patient. Outre la chirurgie qui
reste incontournable pour les lésions tumorales
infiltrantes, des traitements non chirurgicaux ont
prouvé leur efficacité dans les lésions précarci-
nomateuses (kératoses actiniques, maladie de
Bowen...) et dans certains carcinomes, en par-
ticulier les carcinomes basocellulaires ; ce sont
d’une part la photothérapie dynamique et d’autre
part, l’application itérative d’Imiquimod (Aldara
®
)
selon des modalités bien définies. Un traitement
bien conduit mène à mois de 5% de récidives, mais
une surveillance ultérieure de l’ensemble des
téguments exposés au soleil s’impose, car près
de la moitié des malades connaîtront de nouvelles
lésions cancéreuses dans les années suivantes.
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