EST_GEO Titre : Economie sociale et territoires : quelle place pour l’analyse des géographes ? Emmanuel Bioteau, UMR 6590 ESO Département de Géographie, Université d'Angers, [email protected] Sébastien Fleuret, CNRS, UMR 6590 ESO Université d'Angers [email protected] ESO-Angers (UMR CNRS 6590 ESO), Maison des Sciences Humaines, 5bis Boulevard Lavoisier, 49045 ANGERS Cedex 01. On prête à l’économie sociale et solidaire (ESS) plusieurs vertus qui renvoient à des thèmes travaillés par la géographie : gouvernance et développement local, territorialisation et ancrage, proximités. Or, la géographie s’est finalement assez peu penchée sur cet objet de recherche. Pourtant, le sujet de la dimension spatiale de l’ESS a été exploré et débattu lors de colloques récents : « Cinquièmes rencontres interuniversitaires d'économie sociale et solidaire. Economie sociale, solidaire et territoires » (Marseille, 2005), « Economie sociale et solidaire, territoire et politique, regards croisés » (Bordeaux, 2007), « Economie sociale et solidaire : nouvelles pratiques et dynamiques territoriales » (Nantes, 2008), « Economie sociale et solidaire et dynamiques des territoires : quelle place pour l'animation professionnelle ? » (Bordeaux, 2010) ou plus récemment, les XIIIe rencontres du RIUESS à Angers (co-portage ESO) : « Penser et faire l'Economie Sociale et Solidaire aujourd'hui : Valeurs, Statuts, Projets ? » qui interrogeait, notamment, les rapports aux territoires de l'ESS et la prise en compte de la dimension spatiale dans les travaux portant sur l'ESS. La DIIESES (Délégation Interministérielle à l'Innovation, à l'Expérimentation Sociale et à l'Economie Sociale)1 et les CRESS (Chambres Régionales d'Economie Sociale et Solidaire) se sont également intéressées au sujet et ont été partenaires de programmes d'études comme par exemple le programme ESSTER (Economie Sociale et Solidaire et Territoires, 2007-2008) en région Pays-de-laLoire ou différents rapports issus du programme de recherches sur l'ESS en régions de la DIIESES (2003-2005)2. Il ressort de ces travaux que la dimension spatiale est essentielle en ESS. Pour autant celle-ci n'est pas précisément définie. Cette communication interroge la pertinence du regard des géographe sur l’ESS . L'ESS construit une nouvelle frontière de la recherche en sciences sociales et peut de fait, constituer un nouveau champ d'investigation pour la géographie. Mais, les travaux de géographes dans ce domaine sont peu nombreux à ce jour, et rarement ils englobent l'ensemble du champ de l'ESS. Une 1 La DIIESES (Délégation Interministérielle à l'Innovation, à l'Expérimentation Sociale et à l'Economie Sociale) a été fondue dans la Direction Générale de la Cohésion Sociale le 25 janvier 2010. 2 Qui associe parmi diverses équipes de recherches, des membres géographes du GREGUM (Le Mans, aujourd'hui ESO), du CERAMAC (Clermont-Ferrand), de MTG (Rouen). La liste peut ne pas être exhaustive. Ce programme de recherche sur l'ESS en régions donnera lieu à la parution d'un ouvrage de synthèse analytique (Chopart, Neyret et Rault, dir., 2006, Les dynamiques de l'économie sociale et solidaire) dans lequel aucun auteur géographe n'est recensé. première catégorie identifiable découle des approches économiques sur l'espace (Benko, 2008 ; Pecqueur et Itçaina, 2012). En 2012, l'Observatoire national de l'ESS a édité un Atlas commenté de l'économie sociale et solidaire (Rousseau, (dir.), 2012). D'autres travaux touchent à l'ESS au travers de problématiques connexes comme le développement territorial (Fontan, Klein et Lévesque, 2003), les ressources territorialisées (Glémain et Bioteau, 2010 ; Pierre et Thareau, 2011), les solidarités et le bénévolat (Milligan et Conradson, 2006 ; Fleuret et Skinner, 2010 ; Ripoll, 2010) et, dans le prolongement de ce dernier point, le rôle des associations, organismes mutualistes et ONG à différentes échelles et en divers points du monde (Retaillé, 2011). D'autres thèmes sont travaillés en géographie sans que le lien ne soit fait explicitement avec l'ESS. Or, celui-ci pourrait apporter une nouvelle façon de regarder différents sujets tels que : le développement local, la gouvernance, la citoyenneté, et tout ce qui relève du bien commun partagé sur les territoires, d'autant plus que la crise économique récente a remis l'ESS au goût du jour. Elle serait pour certains une solution aux défauts de solidarité et aux difficultés économiques territorialisées. Elle serait aussi un facteur de développement durable. A travers les différents exemples cette communication nous permettra d’affirmer que la géographie est utile pour mieux en comprendre les mécanismes de territorialisation de l’ESS, et mieux analyser ses apports aux territoires. Cela passe par le développement d’une géographie qui ferait de l’ESS un objet d’observation à part entière, avec quelques enjeux clairement identifiés. Premièrement, il s’agit de dénombrer, classifier, cartographier les acteurs et les organisations de l’ESS. Deuxièmement, il s’agit de construire une véritable interdisciplinarité, à la rencontre de l’économie, de la sociologie, des sciences politiques et de la géographie. Bibliographie indicative : Benko, G., 2008, « La géographie économique : un siècle d'histoire », Annales de géographie, 2008/6, n° 664, Armand Colin, pp. 23-49. Bioteau, E., Fleuret S., avec la participation de G. Pierre, 2010. « Un atlas de l'économie sociale et solidaire dans les Pays de la Loire », in X.Itçaina (dir.), La politique du lien. Les nouvelles dynamiques territoriales de l'économie sociale et solidaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Espace et Territoires », pp.73-90. Chopart, J-N., Neyret, G., Rault, D., (dir.), 2006, Les dynamiques de l'économie sociale et solidaire, Paris, Ed. La Découverte, coll. « Recherches », 289 p. Fleuret, S., Skinner, M., 2010, « Mieux comprendre le rôle de l’économie sociale dans les services sociaux et de santé : exemples choisis en France et au Canada », Recma, revue internationale de l’économie sociale, n°315, pp 75-89. / repris dans E. Flahault, H. Noguès et N. Schieb-Bienfait, (dir.), 2011, L'économie sociale et solidaire. Nouvelles pratiques et dynamiques territoriales, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Economie et Société », pp. 241-255. Fontan, J-M., Klein, J-L., Lévesque, B., (dir.), 2003, Reconversion économique et développement territorial, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Géographie contemporaine », 340 p. Glémain, P., Bioteau, E., avec la participation de M-T. Taupin, 2010. Partie 3. Finances solidaires, Chapitre 12, « Territorialisation et dynamiques territoriales des formes modernes de finances solidaires en région », , in X.Itçaina (dir.), La politique du lien. Les nouvelles dynamiques territoriales de l'économie sociale et solidaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Espace et Territoires », pp.239-261. Miligan, C., Conradson, D., (edit.), 2006, Landscapes of Voluntarism. New Spaces of Health, Welfare and Governance, Bristol, University of Bristol, The Policy Press, 304 p. Pecqueur B., Itçaina X., 2012, « Economie sociale et solidaire et territoires : un couple allant de soi ? », Recma, revue internationale de l’économie sociale, n°325, pp. 48-64. Pierre, G., Thareau, B., 2011, « Vers de nouveaux rapports du développement agricole au territoire, Agir ensemble pour devenir autonomes », Recma, revue internationale de l’économie sociale, n°320, pp. 99-115. Retaillé, D., 2011, « Economie sociale et solidaire et territoires », in A. Ndiaye (dir.), Economie sociale et solidaire : animation et dynamiques des territoires, Paris, L'Harmattan, coll. « Animation et Territoires », pp.205-221. Ripoll, F., 2010, « L’économie ‘solidaire’ et ‘relocalisée’ comme construction d’un capital social de proximité. Le cas des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) », Regards sociologiques, n°40 : « Mobilité/autochtonie : sur la dimension spatiale des ressources sociales », pp. 59-75. Rousseau, F. (dir. scient.), Observatoire national de l'ESS, Braley, E. (coord. Édit.), 2012, Atlas commenté de l'économie sociale et solidaire, Paris, Juris/Dalloz, coll. « Juris associations », Hors-série, 208 p.