Thème 3. Chapitre 1. L’élargissement du monde (XVe-XVIe siècle) HISTOIRE. L’élargissement du monde (XVe-XVIe s.) Lire le cours du manuel p. 154-160 et 162 - Tenochtitlan, Istanbul/Constantinople, Pékin. - îles Moluques, cap de bonne espérance, détroit de Magellan, détroit de Malacca, détroit du Bosphore. REPERES SPATIAUX - Le tour du monde de Magellan/ElCano. - Le trajet emprunté par les Portugais pour aller en Chine. - Le monde connu des Européens en 1465, 1502, 1556 et 1570. 1405-1433, expéditions chinoises de Zheng He dans l’océan indien.1453, Prise de Constantinople par les Turcs. Milieu du XVe s., l’Occident redécouvre l’œuvre du géographe grec Ptolémée.1492, C. Colomb atteint le continent américain. 1498, Vasco de REPERES Gama atteint l’Inde en contournant l’Afrique. 1519-1522, 1er tour du monde Magellan et CHRONOLOGIQUES ElCano. 1542, les Portugais atteignent le Japon. Milieu XVIe s., les Européens colonisent l’Amérique du Nord. 1570, 1er atlas imprimé (Theatrum Orbis terrarum) à Anvers. → Présenter les civilisations musulmanes, chinoises et précolombiennes au XV-XVIe siècle. → Présenter les villes de Tenochtitlan, Istanbul/Constantinople et Pékin. CONNAISSANCES → Raconter comment les Européens découvrent le Monde. → Expliquer et localiser le tour du monde Magellan / ElCano. → Montrer que les cartes sont des témoins et des outils de l’élargissement du monde. Elargissement du monde – mondialisation – Empire Ottoman – route de la soie – dynastie Ming – Empire du Milieu – « grandes découvertes » – boussole – NOTIONS ET astrolabe – caravelle – atlas – cap – détroit – colonisation – comptoirs – VOCABULAIRE amérindiens/précolombiens (Aztèque, Maya, Inca) – conquistadors – Indes orientales – îles aux épices – Cathay (Chine) – Cipango (Japon). ► Analyser des cartes anciennes. CAPACITES ► Travailler sur des documents originaux. I. Les grandes civilisations au XV-XVIe s. : contacts et connaissances du monde. II. Les Européens découvrent le Monde. Introduction. Les cartes européennes : témoignages de l’élargissement du monde aux XVIe siècle. Carte de Ptolémée, 1465-1470. Italie, 43 x 63 cm Planisphère de G. Le Testu, 1555. France, atlas manuscrit, 40 x 55 cm Planisphère de Cantino, 1502. Italie, d’après un original portugais, 218 x 102 cm Planisphère d’A. Ortelius, 1570. Anvers, atlas imprimé, 44 x 62 cm L’élargissement du monde au XVIe siècle, qui est l’œuvre des Européens, permet la mise en relation de territoires qui ne l’étaient pas auparavant : on assiste alors à la première mondialisation de l’histoire. Afin de comprendre ce phénomène historique majeur il faut tout d’abord présenter les grandes civilisations (hors Europe) au XVe-XVIe en précisant quelles sont les relations entre elles et quelles sont leurs connaissances géographiques sur le monde. Dans un deuxième temps il faut expliquer pourquoi les Européens sont à l’origine de cet élargissement du monde en décrivant les principales étapes des « Grandes découvertes » et leurs conséquences. I. Les grandes civilisations au XVe-XVIe s. : contacts et connaissances du monde. A. Le monde musulman : carrefour des grandes civilisations. Le monde musulman est composé de peuples et des civilisations différentes : les Maures (Afrique du Nord), les Mamelouks (Egypte), les Ottomans (Turcs) et les Iraniens (Timourides). L’Islam s’étend également dans certaines parties de l’océan indien (notamment en Inde). Ces différents peuples sont en contact grâce au commerce et les pèlerinages à La Mecque sont également sources de voyages et de contacts entre les différents espaces de l’Islam. Les marchands musulmans dominent le commerce dans l’Océan indien. Le monde musulman est au contact de la civilisation chrétienne européenne et des différentes civilisations asiatiques. Le commerce maritime (les épices) et terrestre (la route de la soie) entre l’Orient et l’Occident chrétien est dépendant des marchands musulmans. Les connaissances géographiques des Arabes au début du XVe siècle sont les plus développées du monde. Au milieu du XIe s. le cartographe Al Idrissi réalise un atlas avec 70 cartes de différentes régions comprenant une carte du monde orientée au sud : c’est la carte la plus précise existante jusqu’au milieu du XVe s. Les cartographes et géographes arabes tirent leurs connaissances de leurs voyages (exemple des voyages d’Ibn Battûta qui parcourt le monde du Maroc jusqu’à la Chine en passant par l’Inde entre 1325 et 1354) mais aussi de l’enseignement des Anciens (les Grecs) dont les œuvres sont bien connues (Aristote, Ptolémée…). Carte d’al-Idrissi, milieu du XIIe s. Orientée au sud. Les Turcs ottomans sont la puissance dominante de l’espace musulman au XV-XVIe s. Les relations entre Ottomans et Chrétiens sont conflictuelles mais n’empêchent cependant pas les échanges commerciaux même si les routes de l’Orient sont désormais contrôlées par les Musulmans suite à l’effondrement de l’Empire byzantin chrétien ; la ville de Constantinople est conquise en 1453 et devient Istanbul, capitale de l’Empire ottoman. Les Européens ne s’aventurent que rarement dans l’espace musulman car le voyage peut s’avérer très dangereux pour un chrétien. Eviter le monde musulman par le contournement de l’Afrique pour atteindre l’Inde devient au milieu du XVe s. l’objectif principal des Chrétiens. Les guerres entre l’empire ottoman et l’Occident chrétien sont nombreuses : toute la péninsule balkanique est alors aux mains des Ottomans et les Turcs menacent Vienne en 1529 . Les Ottomans cherchent également à s’imposer en Mer Méditerranée mais ils sont battus à la bataille de Lépante en 1571 par une coalition de puissances chrétiennes mettant fin à leurs ambitions maritimes en Méditerranée. B. L’Empire du Milieu au centre d’une brillante civilisation. Les Chinois appelle leur territoire l’Empire du Milieu car ils considèrent la Chine comme le centre du monde et Pékin est la capitale de l’empire. En 1368 la dynastie Ming arrive au pouvoir en Chine, cette période se caractérise par la volonté du pouvoir chinois de contrôler le commerce maritime sur les côtes chinoises en provenance des Mers du sud grâce à la constitution d’une flotte importante. L’Empire chinois est donc en contact avec les royaumes du sud-est asiatique. C’est dans ce contexte, sous l’empereur Yongle, que des expéditions maritimes de grandes envergures sont lancées sous la direction d’un eunuque musulman Zheng He entre 1405 et 1433 et qui atteignent finalement le Mozambique. Ces expéditions ont pour objectifs d’assurer l’approvisionnement de la Chine en produits exotiques et d’imposer aux différentes régions traversées la suzeraineté de l’Empire du Milieu. Ces expéditions ambitieuses n’empruntent cependant pas de routes maritimes nouvelles (qui suivent les vents des moussons) et s’arrêtent après la mort de Zheng He. Néanmoins les marchands chinois sont présents sur tout le littoral de l’Asie Pacifique jusqu’à Malacca et les échanges se développent entre les royaumes indiens et la Chine. Les connaissances géographiques des Chinois sont anciennes et très développées : ils naviguent sur les mers grâce à la boussole et à leurs connaissances astronomiques. Les premières cartes chinoises datent du IIIe s. La carte Kangnido (réalisée en Corée en 1402 à partir de données chinoises) montre la représentation du monde des Chinois au début du XVe s. Néanmoins la cartographie chinoise s’occidentalise sous l’influence de Matteo Ricci, jésuite italien autorisé à s’installer à Pékin qui réalise en 1602 une carte en chinois d’après les connaissances géographiques des Européens Carte Kangnido, 1402. Au centre de la carte est représenté la Chine. Le monde chinois et l’Occident chrétien n’entretiennent pas de relations directes avant le milieu du XVIe s. La Chine est connue en Europe grâce aux récits de Marco Polo (marchand vénitien) qui atteint la Chine en 1275 en suivant la route de la Soie ; le récit de ses voyages en Orient entre 1274 et 1295 (Le Devisement du monde plus connu sous le titre de Livre des Merveilles) eut un succès considérable et une influence majeure sur l’imaginaire chrétien concernant les richesses de la Chine. Christophe Colomb pensait atteindre le riche royaume de Cathay (Chine) et Cipango (Japon) en empruntant la route de l’ouest. Les Portugais atteignent les côtes chinoises vers 1520 et sont autorisés à s’installer à Macao en 1557. C. Les civilisation précolombiennes : un monde isolé. Sur le continent américain se développent de brillantes civilisations. Les Aztèques étendent leur empire du Mexique jusqu’en Amérique centrale, leur capitale était Tenochtitlan (actuelle Mexico) qui était alors une des plus grande ville du monde. Les Mayas qui avaient auparavant un vaste empire se sont installés au Mexique dans la presqu’île du Yucatan, ils sont organisés en Cité-Etats indépendantes. Les Incas contrôlent un vaste empire en Amérique du sud, dans les Andes, sur près de 4000 km de la Colombie actuelle jusqu’au Chili ; leur capitale était Cuzco. Tous ces peuples ont développé de brillantes civilisations : ils avaient des écritures (sauf pour les Incas), ils étaient polythéisme et pratiquaient les sciences et notamment l’astronomie. Et les aztèques ont réalisé des cartes de leur territoire. Néanmoins ces peuples entretenaient peu de relations entre eux et vivaient donc dans un certain isolement. Les peuples se faisaient la guerre pour contrôler de nouveaux territoires mais les échanges commerciaux n’étaient pas développés. Malgré une culture brillante ces civilisations étaient matériellement moins développées que celle de l’Ancien Monde et les habitants de l’Amérique ont perçu les premiers Européens comme des dieux. Cherchant la route des Indes vers l’Ouest les Européens découvrent l’Amérique : C. Colomb est le premier européen à arriver sur le continent américain (à Haïti) et il est persuadé d’être arrivé aux Indes, il appelle donc les habitants des ces îles des « Indiens ». Les Européens entreprennent alors la conquête et l’exploitation de ce Nouveau Monde : les Aztèques sont vaincus par le conquistador espagnol Cortès en 1521 et les Incas par Pizzaro en 1532. Ces conquêtes furent possibles à cause de luttes entre peuples amérindiens et de la supériorité militaire des Espagnols. Ces conquêtes entraînèrent la disparition rapide de ces civilisations (maladies, guerres et asservissement) et seuls les Européens entrèrent directement en contact avec les civilisations précolombiennes. II. Les Européens découvrent le Monde. A. Les raisons de l’expansion européenne. Les Européens développent des techniques de navigation qui leur permettent des voyages en haute mer en s’éloignant des côtes et en empruntant des routes inconnues et contre les vents dominants. La boussole, inventée par les Chinois et transmise aux chrétiens par les Arabes, est perfectionnée. Mais c’est l’astrolabe, qui sert à calculer les latitudes grâce à la position des astres, qui permet aux navigateurs de faire des progrès considérables dans la navigation. Les longitudes ne peuvent être calculées (il faut attendre le XVIIIe s et l’invention du chronomètre) mais les navigateurs calculent les distances parcourues à l’estime (vitesse d’un objet flottant à la surface de l’eau). L’invention de la caravelle par les Portugais révolutionne la navigation. Ce type de bateau (petit, léger, 3 mâts, voile triangulaire, hauts bords et équipé du gouvernail d’étambot) permet d’affronter les houles de l’océan et de naviguer quelque soit le sens des vents. La caravelle est l’instrument des « grandes découvertes ». Les motivations des Européens sont économiques et religieuses. La recherche de l’or est une motivation essentielle ainsi que l’approvisionnement en produits exotiques (notamment les épices). Les explorateurs européens cherchent avant tout à gagner de l’argent. Les routes du commerce avec l’Orient étant aux mains des Turcs musulmans après la prise de Constantinople en 1453, les Européens cherchent de nouvelles routes commerciales vers les Indes en essayant de contourner l’Afrique. La recherche du mythique royaume du Prêtre Jean est aussi une motivation. Les chrétiens veulent contourner l’Afrique pour faire la jonction avec ce royaume chrétien afin de lutter contre les musulmans et délivrer Jérusalem. Ce mythique royaume correspond à l’Ethiopie qui était un royaume chrétien. De plus les Européens veulent christianiser les nouveaux territoires découverts : en Amérique les Indiens sont convertis tandis que des missions d’évangélisation sont lancées de l’Inde au Japon. B. Espagnols et Portugais, pionniers de l’expansion européenne. Les Portugais sont les premiers à se lancer dans des expéditions maritimes dans des mers inconnues en longeant les côtes africaines : ils atteignent le cap Vert en 1446 et Bartolomeu Dias atteint le cap de Bonne Espérance en 1488. Ensuite les Portugais remontent les côtes orientales de l’Afrique pour atteindre l’Inde (Vasco de Gama, 1497-1499) puis ils atteignent l’Insulinde (l’Indonésie) et les îles aux épices (Les Moluques) lors des expéditions d’Afonso de Albuquerque (1503-1515). Enfin, les Portugais sont les premiers Européens à atteindre la Chine (1520) et le Japon (1542). Les Portugais suivent également la route de l’ouest et atteignent les côtes du Brésil en 1500 (expédition de Cabral). Lisbonne est alors le port le plus important du Portugal. Quant aux Espagnols ils soutiennent les projets de Christophe Colomb qui veut atteindre l’Orient en traversant l’océan vers l’ouest, celui-ci atteint Haïti et Cuba en 1492 : c’est la découverte du Nouveau monde qui ouvre la voie à la mondialisation. Cependant Colomb pense avoir atteint les Indes orientales et il faut attendre le début du XVIe siècle pour que l’idée de la découverte d’un nouveau monde s’impose : l’expédition d’Amerigo Vespucci (1499) apporte la certitude de cette découverte. Entre temps en 1494, par le traité de Tordesillas, Espagnols et Portugais se sont partagés le monde avec l’accord du pape : l’ouest aux Espagnols, l’est aux Portugais. Les Espagnols se lancent alors dans la conquête de l’Amérique : les Conquistadors découvrent et conquièrent les territoires des civilisations aztèque et maya (Cortès, 1519) puis de la civilisation inca (Pizarro, 1532). Les Espagnols sont les premiers à découvrir l’existence de l’océan Pacifique (1513). Puis, Magellan, Portugais passé au service des Espagnols, entreprend alors un voyage vers les Indes en passant par l’Ouest, c’est-à-dire en contournant l’Amérique ; son voyage conduit au premier tour du monde (1519-1522). L’arrivée des Espagnols en Amérique provoque la disparition des civilisations précolombiennes à cause des maladies apportées par les Européens et de l’exploitation de ces populations. A la fin du XVIe s. les Espagnols contrôlent un vaste territoire allant de la Californie jusqu’au Chili en passant par l’Amérique centrale : ils appellent ce territoire la Nouvelle Espagne. L’Espagne retire des richesses considérables de ses colonies et devient ainsi la puissance dominante de l’Europe au XVIe siècle. Son principal port est Séville. C. Le Nord de l’Europe poursuit et intensifie l’expansion européenne. Les royaumes d’Europe du Nord participent peu aux grandes découvertes au début du XVIe siècle : seul l’anglais J. Cabot atteint les côtes de l’Amérique du Nord en 1497. Cependant les pêcheurs du Nord de l’Europe et notamment les Normands connaissaient bien l’Atlantique nord et pêchent au large de Terre-Neuve (Canada). Le français J. Cartier entreprend des expéditions en Amérique du Nord en 1534 et 1541 et atteint l’actuel Canada : les Français colonisèrent ce territoire jusqu’au XVIIIe siècle. Les Français lancent également des navires vers le Brésil et la Floride mais l’établissement de colonies françaises est un échec. Les Anglais entreprennent des expéditions à la fin du XVIe s. : W. Raleigh atteint les côtes actuelles des Etats-Unis et fonde une colonie anglaise (1584) tandis que Francis Drake boucle le deuxième tour du monde (15771580) en reconnaissant au passage les côtes est de l’Amérique. Les Anglais jettent ainsi les bases de leur future colonisation de l’Amérique du Nord. Mais ceux qui s’imposent sur les mers dans la deuxième moitié du XVIe siècle sont les Hollandais qui prennent peu à peu la place des Portugais dans le commerce avec l’Orient. Les marchands hollandais installent des comptoirs dans tout l’océan indien et créent la première Compagnie des Indes orientales. Anvers puis Amsterdam sont les ports les plus importants de la fin du XVIe s.