Equations différentielles linéaires
Plan du chapitre
1Equations différentielles linéaires du premier ordre ...................................................page 2
1.1 Présentation du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1.2 Résolution de l’équation y+ay =bpar la méthode de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1.3 Structure de l’ensemble des solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3
1.4 Le théorème de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 5
1.5 Méthode de variation de la constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 6
1.6 Principe de superposition des solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7
1.7 Prolongement de solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 7
2Equations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants ..........................page 9
2.1 Le théorème de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9
2.2 Résolution de l’équation ay′′ +by+cy =0,(a, b, c)C×C×C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9
2.2.1 Le cas général où a,bet csont complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9
2.2.2 Le cas particulier a,bet csont réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 11
2.3 Résolution de l’équation ay′′ +by+cy =g(x). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13
2.3.1 Le cas général où gest une fonction continue quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13
2.3.2 Quelques situations particulières concernant le second membre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13
2.3.2.1 Second membre du type Aeλx,(A, λ)C2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13
2.3.2.2 Second membre du type Bcos(ωx)ou Bsin(ωx),(B, ω)R2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14
2.3.2.3 Principe de superposition des solutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 15
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1 Equations différentielles linéaires du premier ordre
1.1 Présentation du problème
On se donne deux fonctions aet bdéfinies et continues sur un intervalle Ide Rà valeurs dans Rou Cet on s’intéresse à
l’équation différentielle linéaire du premier ordre
y+ay =b(E).
Résoudre l’équation différentielle (E), c’est trouver toutes les fonctions fdérivables sur Ivérifiant
xI, f(x) + a(x)f(x) = b(x) ().
Une solution de (E)sur Iest une fonction dérivable sur Ivérifiant (). Les courbes représentatives des solutions de (E)
sur Is’appellent les courbes intégrales de l’équation différentielle (E).
best le second membre de l’équation différentielle (E). L’équation différentielle homogène (ou « sans second membre »)
associée à l’équation (E)est
y+ay =0(Eh).
On notera S(resp. Sh) l’ensemble des solutions de (E)(resp. (Eh)) sur I.
1.2 Résolution de l’équation y+ay =bpar la méthode de Lagrange
On se donne a:x7a(x)et b:x7b(x)deux fonctions continues sur un intervalle Ide Rà valeurs dans Rou C.
Par commodité, dans ce qui suit, K=Rou K=C. On veut résoudre sur Il’équation différentielle
y+ay =b(E).
Puisque la fonction aest continue sur I, la fonction aadmet des primitives sur I. On note Aune primitive de la fonction
asur I. Enfin, on fixe un réel x0de I.
Soit fune fonction dérivable sur I. Puisque la fonction exponentielle ne s’annule pas sur K,
fsolution de (E)sur IxI, f(x) + a(x)f(x) = b(x)
xI, eA(x)f(x) + a(x)eA(x)f(x) = b(x)eA(x)(car xI, eA(x)6=0)
xI, eAf(x) = b(x)eA(x)
CK/xI, f(x)eA(x)=C+Zx
x0
b(t)eA(t)dt
CK/xI, f(x) = CeA(x)+eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt.
Maintenant, la résolution ci-dessus a été effectuée sous l’hypothèse « soit fune fonction dérivable sur I». Il reste donc à
se préoccuper de la dérivabilité des solutions obtenues puis d’éliminer parmi les solutions obtenues celles qui ne sont pas
dérivables sur I.
Puisque la fonction aest continue sur I, la fonction Aest définie et dérivable sur Iet il en est de même des fonctions
x7CeA(x). D’autre part, puisque la fonction best continue sur Iet que la fonction Aest continue sur I(car dérivable
sur I), la fonction t7b(t)eA(t)est continue sur I. Mais alors, la fonction x7Zx
x0
b(t)eA(t)dt est dérivable sur
Iet il en est de même de la fonction x7eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt. Finalement, pour tout CK, la fonction x7
CeA(x)+eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt est dérivable sur Iet par suite solution de (E)sur I.
Commentaire . Le moment clé de la résolution est le moment où on multiplie les deux membres de l’égalité par eA(x). On
fait ainsi apparaître la dérivée du produit eAf(eAf=eAf+AeAf=eAf+aeAf). On passe ainsi d’une équation où l’inconnue
fapparaît deux fois (f+af =b) à une équation où l’inconnue fapparaît une seule fois (eAf=beA). Il n’y a plus alors qu’à
parcourir le chemin en sens inverse pour remonter à f(c’est-à-dire intégrer puis multiplier les deux membres par eA).
On peut énoncer :
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Théorème 1. Soient aet bdeux fonctions continues sur un intervalle Ide Rà valeurs dans R(resp. C). Soit x0I.
Les solutions sur Ide l’équation différentielle y+ay =bsont les fonctions de la forme
x7CeA(x)+eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt, C R(resp. CC),
Aest une primitive fixée de la fonction asur I.
En particulier, l’équation y+ay =badmet au moins une solution sur I.
Exemple 1. Soit (E)l’équation différentielle y+y=1sur I=R.
Soit fune fonction dérivable sur R.
fsolution de (E)sur RxR, f(x) + f(x) = 1
xR, exf(x) + exf(x) = ex
xR,(exf)(x) = ex
CR/xR, exf(x) = ex+C
CR/xR, f(x) = 1+Cex.
L’ensemble des solutions de (E)sur Rest S={x71+Cex, C R}.
Exemple 2. Soit (E)l’équation différentielle 2xyy=3x2sur I=]0, +[.
Soit fune fonction dérivable sur ]0, +[.
fsolution de (E)sur ]0, +[x]0, +[, 2xf(x) − f(x) = 3x2
x]0, +[, f(x) − 1
2x f(x) = 3
2x
x]0, +[, e1
2ln(x)f(x) − 1
2x e1
2ln(x)f(x) = 3
2xe1
2ln(x)
x]0, +[,e1
2ln(x)f
(x) = 3
2x1
x
x]0, +[,1
xf
(x) = 3
2x1
2
CR/x]0, +[,1
xf(x) = x3
2+C
CR/x]0, +[, f(x) = x2+Cx.
L’ensemble des solutions de (E)sur ]0, +[est S=x7x2+Cx, C R.
Exemple 3. Soit (E)l’équation différentielle (ch x)y+ (sh x)y=th xsur I=R.
Soit fune fonction dérivable sur R.
fsolution de (E)sur RxR,(ch x)f(x) + (sh x)f(x) = th x
xR,(ch ×f)(x) = th x
CR/xR,ch xf(x) = ln(ch x) + C
CR/xR, f(x) = ln(ch x) + C
ch x.
L’ensemble des solutions de (E)sur Rest S=x7ln(ch x) + C
ch x, C R.
1.3 Structure de l’ensemble des solutions
Théorème 2. Soit aune fonction continue sur un intervalle Ide Rà valeurs dans K=Rou C.
Les solutions de (Eh):y+ay =0sur Isont les fonctions de la forme Cf0où f0est une solution non nulle quelconque
de (Eh)sur Iet CK.
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Démonstration .
Les solutions de (E):y+ay =bsur Isont les fonctions de la forme x7CeA(x)+eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt. Quand best la fonction
nulle, on obtient en particulier le fait que les solutions de (Eh):y+ay =0sur Isont les fonctions de la forme x7CeA(x).
On note que la fonction x7eA(x)n’est pas nulle. Donc, si on pose f1=eA,f1est une solution non nulle de (Eh)sur Iet
Sh={Cf1, C K}.
Si maintenant, f0est une solution non nulle quelconque de (Eh), alors il existe C0K\ {0}tel que f0=C0f1. Mais alors,
{Cf1, C K}=C
C0
C0f1, C K=C
C0
f0, C KCf0, CK
et {Cf0, C K}={CC0f1, C K}{Cf1, CK}. Finalement S={Cf0, C K}.
Théorème 3. Soient aet bdeux fonctions continues sur un intervalle Ide Rà valeurs dans K=Rou C.
Les solutions de (E):y+ay =bsur Isont les fonctions de la forme Cf0+f1f0est une solution non nulle
quelconque de (Eh)sur I(où (Eh)est l’équation homogène associée y+ay =0), f1est une solution particulière de
(E)sur Iet CK.
Démonstration .D’après le théorème 1, l’équation (E)admet au moins une solution sur I. Soit f1une solution particulière
de (E)sur I. Par construction, la fonction f1vérifie f
1+af1=bsur I. On note aussi f0une solution non nulle de (Eh)sur I.
Soit alors fune fonction dérivable sur I.
fsolution de (E)sur If+af =bf+af =f
1+af1
(ff1)+a(ff1) = 0
ff1solution de (Eh)sur I
CK/ f f1=Cf0(d’après le théorème 2)
CK/ f =Cf0+f1.
On a l’habitude de dire que la solution générale de l’équation différentielle (E)est la somme d’une solution particulière de
l’équation (E)et de la solution générale de l’équation homogène associée (Eh):
sol gén de (E)
=
sol part de (E)
+
sol gen de (Eh).
Exemple 1. Soit (E)l’équation différentielle xy2y =0sur I=]0, +[. Sur I, l’équation (E)est équivalente à l’équation
y2
xy=0. Puisque la fonction a:x72
xest continue sur ]0, +[, les solutions de l’équation (E)sur Isont de la
forme Cf0,CR, où f0est une solution non nulle de (E)sur I. La fonction f0:x7x2est bien sûr solution de (E)sur
Iet donc les solutions de (E)sur Isont les fonctions de la forme x7Cx2,CR.
Exemple 2. Soit (E)l’équation différentielle xy2y =0sur I=R. Sur I, l’équation (E)n’est pas du type y+ay =0
aest une fonction continue sur I. Le théorème 2 ne s’applique donc plus.
La fonction f0:x7x2est encore solution de (E)sur Iet de manière plus générale, les fonctions de la forme x7Cx2,
CR, sont des solutions de (E)sur I. Mais rien ne permet d’affirmer que l’on a trouvé toutes les solutions de (E)sur I.
De fait, la fonction f:x7
x2si x>0
x2
4si x < 0 n’est pas du type x7Cx2,CR, mais on vérifie facilement que cette
fonction est dérivable sur R(et en particulier en 0) et vérifie pour tout réel x,xf(x) − 2f(x) = 0ou encore fest solution
de (E)sur I=R. Voici le graphe de la fonction f.
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Exemple 3. Soit (E)l’équation différentielle xy2y =1sur I=]0, +[. Sur I, l’équation (E)est équivalente à l’équation
y2
xy=1
x. Puisque les fonctions a:x72
xet b:x71
xsont continues sur ]0, +[, les solutions de l’équation (E)
sur Isont de la forme Cf0+f1,CR, où f0est une solution non nulle de (Eh)sur Iet f1est une solution particulière
de (E). La fonction f0:x7x2est bien sûr solution de (Eh)sur Iet la fonction f1:x71
2est bien sûr solution de
(E)sur I. Donc, les solutions de (E)sur Isont les fonctions de la forme x71
2+Cx2,CR.
1.4 Le théorème de Cauchy
Théorème 4 (théorème de Cauchy). Soient aet bdeux fonctions continues sur un intervalle Ide Rà valeurs
dans K=Rou C.
Pour tout (x0, y0)I×K, il existe une solution fde (E):y+ay =bsur Iet une seule vérifiant f(x0) = y0.
Démonstration .Soit (x0, y0)I×K. Les solutions de (E)sur Isont les fonctions de la forme f:x7CeA(x)+
eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt où Aest une primitive donnée de asur Iet CK. On choisit pour Ala primitive de asur Iqui s’annule
en x0. Donc, pour tout xde I,A(x) = Zx
x0
a(t)dt.
f(x0) = y0CeA(x0)+eA(x)Zx0
x0
b(t)eA(t)dt =y0C=y0.
Ceci montre l’existence et l’unicité d’une solution prenant la valeur y0en x0.
Expression de la solution de y+ay =bprenant la valeur y0en x0:
x7y0eA(x)+eA(x)Zx
x0
b(t)eA(t)dt
Aest la primitive de asur Is’annulant en x0.
Commentaire . Il ne faut surtout pas croire que l’existence et/ou l’unicité d’une solution vérifiant une « condition initiale » est
automatiquement acquise, même pour des équations différentielles très simples.
L’équation différentielle (x1)y+ (x1)y=1n’admet pas de solution sur Rcar si fest une fonction dérivable sur R,
(11)f(1) + (11)f(1) = 06=1(cette équation ne peut s’écrire sur Rsous la forme y+ay =bavec aet bcontinues sur R).
L’équation différentielle xy2y =0admet (au moins) deux solutions distinctes s’annulant en 0à savoir x7x2et x7x2
(cette équation ne peut s’écrire sur Rsous la forme y+ay =bavec aet bcontinues sur R).
L’équation différentielle y2y=0admet (au moins) deux solutions distinctes s’annulant en 0à savoir x70et x7x2
4(cette
équation n’est pas linéaire).
Les hypothèses du théorème de Cauchy sont précises : . . . continues ...intervalle . . . et le théorème de Cauchy ne peut être
utilisé que quand ces hypothèses sont vérifiées.
Un corollaire important au théorème 4 est :
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