
Signes d’appel
Le patient se plaint avant tout d’une douleur fes-
sière avec des irradiations plus ou moins descen-
dantes à la face postérieure de la cuisse, voire
dans un trajet sciatique complet. Cette douleur
fessière est en général aggravée par la station
assise, parfois par un effort physique comme la
marche, un soulèvement, les escaliers ou par cer-
taines positions extrêmes. À l’inverse, certains
patients sont soulagés, en station assise par la
mise en flexion et abduction passive du membre
inférieur (raccourcissement passif du muscle). Si
la douleur sciatique est unilatérale la douleur fes-
sière peut être bilatérale, mais en général avec un
côté prépondérant.
Certains patients sont plus exposés que
d’autres, notamment les sportifs pratiquant la
course de fond ou les cyclistes. Ces douleurs
apparaissent parfois après une chute ou un trau-
matisme fessier (7). Une inégalité de longueur
des membres inférieurs, une atteinte de la sacro-
iliaque peuvent également être favorisantes. Par-
fois, ce sont des patients qui ont été traités, voire
opérés, pour une authentique sciatique discale,
mais qui gardent une sciatalgie sans syndrome
rachidien.
Le patient peut décrire une sensation de ten-
sion, de contracture, de spasme fessier. La dou-
leur sciatique a parfois une tonalité de pares-
thésie.
Examen clinique
La douleur étant habituellement unilatérale,
toutes les manœuvres sont à exécuter de façon
comparative. L’examen clinique en décubitus
ventral retrouve un point douloureux à l’inser-
tion du piriforme sur le trochanter (insertion voi-
sine de celle de l’obturateur interne et les
jumeaux) pouvant en imposer pour une tendinite
du moyen fessier. Le deuxième point douloureux
est retrouvé au niveau de la portion moyenne du
muscle, sur une ligne verticale passant à mi-dis-
tance du trochanter et du sacrum, et sur une ligne
horizontale située environ 5 cm au-dessus du tro-
chanter. La mise en rotation interne passive,
jambe fléchie à 90° peut réveiller la douleur. De
cette position en rotation interne, une résistance
peut être appliquée au niveau de la face interne
de la jambe sur la malléole.
Certaines manœuvres peuvent réveiller la dou-
leur : en position debout, la rotation interne et la
flexion antérieure du tronc simultanées; en décu-
bitus dorsal : la rotation interne passive, la mise
en flexion-adduction du membre inférieur, ou la
manœuvre de Lasègue sensibilisée par la mise
en rotation interne du membre inférieur. En décu-
bitus latéral du côté non affecté, la jambe dou-
loureuse est placée derrière l’autre jambe, le
genou reposant sur la table, la douleur fessière est
déclenchée quand le patient tente de soulever son
genou.
Examens complémentaires
Les examens complémentaires sont décevants.
Les explorations électrophysiologiques sont peu
contributives, les anomalies sont très incons-
tantes, la dénervation est rare, elle peut être évo-
catrice quand elle touche les deux territoires L5
et S1. Le réflexe H, explore l’arc réflexe S1 par
stimulation électrique du tronc sciatique au creux
poplité et recueil dans le soléaire, sa latence peut
donc être augmentée en cas de compression tron-
culaire du sciatique dans la fesse, mais cela n’est
pas spécifique puisque les mêmes anomalies
seront retrouvées dans les pathologies radicu-
laires S1. La découverte d’anomalies unilatérales
et l’apparition d’une augmentation de la latence
de la réponse H lors de l’étirement du muscle
piriforme écrasant le sciatique (membre inférieur
en flexion, adduction, rotation interne soit FAIR)
sont plus spécifiques (8, 9).
Des anomalies morphologiques du muscle
piriforme au scanner ou en IRM ont été rappor-
tées (10) avec des aspects d’hypertrophie mus-
culaire (11), ces images sont très inconstantes et
peu spécifiques, car un muscle spasmé se rac-
courcit et s’épaissit relativement.
Les variations anatomiques susceptibles de
comprimer les fibres sciatiques ont été observées
lors des explorations chirurgicales (12). Dans
20 % des cas, le tronc sciatique traverserait le
muscle piriforme.
Traitement
Le premier traitement est physique (cf. infra).
Les infiltrations d’un dérivé cortisoné sont en
général réalisées sur le tendon d’insertion rétro-
trochantérien du muscle, sur son insertion sur la
sacro-iliaque ou dans le corps du muscle.
De façon récente, certains ont proposé très
logiquement des injections intramusculaires de
toxine botulique (13, 14) avec des résultats favo-
rables (15) (environ 75 % de patients améliorés,
9/10 d’entre eux de plus de 50 %) sans avoir
370 Pelvi-périnéologie