444 H. Ben Messaoud, G. Rousseau / Journal of Algebra 267 (2003) 443–513
L’idée de [23] pour classifier ces formes presque compactes est de les comparer aux
formes compactes, définies par exemple dans [15]. Plus précisément, si la forme gR
(presque compacte, mais non compacte) correspond à une conjugaison σde l’algèbre
de Kac–Moody affine g, il existe une conjugaison ωcompacte (i.e., correspondant à une
forme compacte) de gqui commute à σ;ainsiσ=σωest une involution linéaire de g,
dite de Cartan qui est «de première espèce» (1.3). Malheureusement, cela ne se passe
pas aussi bien que dans le cas classique ou le cas presque déployé [2,7] et on obtient
ainsi dans [23] uniquement une bijection entre les classes de conjugaison d’involutions de
première espèce de get les classes de conjugaison de paires (gR,σ) formées d’une forme
réelle presque compacte non compacte et d’une involution de Cartan (2.8 et 2.9). Ainsi,
la classification par F. Levstein [19] et J. Bausch [6] des involutions de première espèce
fournit une liste complète (reproduite ici dans une table) des formes presque compactes
non compactes d’algèbres de Kac–Moody affines; mais il était à priori possible que deux
formes de cette liste soient isomorphes. On montre dans cet article que ce n’est pas le cas
(Théorème 7.6).
Pour cela nous introduisons des invariants à isomorphismes près de ces formes réelles.
Le premier est classique (formes intérieures ou formes extérieures), c’est la classe de
conjugaison de l’automorphisme de diagramme ρassocié à σou σ. Pour les autres il faut
réaliser l’algèbre affine comme algèbre de lacets, tordue ou non tordue. Plus précisément,
le quotient g de l’algèbre dérivée de gpar son centre est, dans le cas non tordu, de la
forme ˚
g⊗C[t,t−1],où˚
gest une algèbre de Lie simple complexe; de manière générale g
est l’algèbre des points fixes d’un automorphisme, d’ordre k=1,2ou3,de˚
g⊗C[t,t−1].
La forme réelle g
Rde g qui nous intéresse admet des quotients simples de dimension
finie qui sont soit une forme réelle de ˚
g,soit˚
gconsidérée comme algèbre de Lie réelle; on
montre que l’on obtient ainsi un invariant (2.15, 3.10 et 3.11).
L’algèbre associative A=C[tk,t−k]est canoniquement associée à g(1.10) et g est
une A-algèbre de Lie. En particulier, la conjugaison σde gpar rapport à gRinduit un
automorphisme σde A, qui détermine un signe εktel que σ(tk)∈R∗
+εkt−k(cf. 2.4 et
2.13). Par comparaison avec l’invariant précédent, on affine cet invariant en un nouvel
invariant : le signe ε(6.6).
Une autre voie d’approche est de comparer ces formes réelles aux formes presque dé-
ployées. Plus précisément, on cherche les sous-algèbres toriques déployées maximales
(SATDM)deg
R, c’est-à-dire les sous-algèbres commutatives de g
Rqui sont diagonali-
sables à valeurs propres réelles pour la représentation adjointe et maximales pour cette
propriété. Malheureusement ces SATDM ne sont, en général, pas conjuguées (4.9); on
montre cependant (4.8) qu’elles ont toutes la même dimension : le rang relatif de g
Rqui
est le quatrième invariant. Pour cela on se ramène aux résultats de Borel et Tits [11] pour
les groupes réductifs sur les corps : g
Rest une Aσ-algèbre de Lie, et en tensorisant par le
corps de fractions Kε=C(tk)σde Aσ, on obtient une algèbre de Lie simple sur Kεqui
est en fait une forme de ˚
g⊗C(t) et est canoniquementassociée à gR.SitRest une SATDM
de g
R, on montre (Théorème 4.7) que tR⊗RKεest une SATDM de gKε; la dimensionde tR
est donc bien un invariant. De plus, l’indice de gKε, au sens de Tits [30], est un cinquième
invariant, plus fin que le précédent mais à peine plus discriminant en fait (Table).
La table du paragraphe 6 indique tous ces invariants pour les formes déduites de la liste
de Bausch. On s’aperçoit qu’il reste encore un très petit nombre de cas particuliers où