S ÉMINAIRE N. B OURBAKI F RANÇOIS B RUHAT Structure des algèbres de Lie semi-simples Séminaire N. Bourbaki, 1954-1956, exp. no 107, p. 61-68 <http://www.numdam.org/item?id=SB_1954-1956__3__61_0> © Association des collaborateurs de Nicolas Bourbaki, 1954-1956, tous droits réservés. L’accès aux archives du séminaire Bourbaki (http://www.bourbaki. ens.fr/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Séminaire BOURBAKI (Février 1955) STRUCTURE DES ALGÈBRES DE LIE SEMI-SIMPLES François BRUHAT par algèbres de Lie considérées sont des algèbres sur un corps de caractéristique zéro algébriquement clos, qui sera le corps des complexes à partir du n° 4 Les Sous-algèbres 1. k Soit de Cartan. Critères de Cartan. algèbre une espace vectoriel un DÉFINITION r pour tout x E entier n la avec 1. - Les V~ a = 0 pour tout sont invariants poids a V~ poids (si un le sous-espace des ~0Bdirecte des différents dans repré= 6 tels V qu’il ~0 ~) . existe un x B par p ; de la restriction V~-. est un de poids V" . à de Enfin P V si est algèbre de Lie quelconque et h une sous-algèbre nilpotente de poids de la représentation adjointe de dans 9’ est dit une "racine" un q représentation de h une l’existence d’au moins ( P (x) ~ ~(x)) n et c’est le seul Soit 03B1 de assure somme ~: et p de dimension finie : V( ,~.) (ou V~’) PROPOSITION V~~É V nilpotente ~t . Le théorème de Lie On notera de Lie 1., - Une forme linéaire ~. sur K est dite un poids de la ’ s’il existe un élément a non nul de V tel que sentation une ~.. suivant Soit L1 l’ensemble des racines non nulles : on a (proposition 1) ~. ~ ~ °‘ ~ PROPOSITION en particulier ~ est une sous- algèbre. DEFINITION 2. - Une Cartan de 9’ si Il existe des sous-algèbre nilpotente ~, de 0[’ est une sous-algèbre ~= k. sous-algèbres de Cartan : prenons un 0) c’est-à-dire tel que le sous-espace à la valeur propre 0 PROPOSITION 3. - Si Cartan . de X ad X est soit de régulier, 61 régulier, des éléments de g appartenant dimension la plus petite possible : ~~X , de élément 0) est une sous-algèbre de de On obtient par procédé ce toutes les sous-algèbres de Cartan : plus précisément : PROPOSITION 4 par des B (Chevalley). - sous-,algèbres Deux automorphisme intérieur appartenant au groupe engendré dérivations intérieures nilpotentes de un h , (ad X)2 X E risation si X a et dans H ~ [g03B1, g-03B1] : il (X ~ tel tels que ~(H) que [X , Y] lemme). que symétrique B(ad Z.X,Y) = - B(X,ad Z.Y) . d’où par pola- : 0[ suivant h,03B1~ Si et p ne 0 , dépendant sont deux entiers q et soit de 03C6 (p~O ~.q) que =0, (Démonstration : le conjuguées exponentielles la forme bilinéaire nombre rationnel ~(H) . r = un [g-03B1, g03C6+p03B1]03C6,03B1=[g03B1,g03C6+q03B1] g-03B1, ad X g la seule valeur propre deux racines de et 03C6 existe et ad par les ~, : Y ~. LEMME 1. - Soient 03B1 Y E sont . Rappelons qu’on appelle "forme de Killing" de (X , Y) = Tr(ad X ad Y) . On vérifie facilement Si de Cartan de 03B1 considérons le sous-espace et ad Y = ad H conservant dans a V et V = +ka ;; TrV(ad[X , la seule valeur propre Y]) = f(H) si X E g03B1 et 0 . Or + kor(H) , d’où On déduit du lemme 1 les "critères de Cartan" : B , , algèbre de Lie dont la forme de Killing est nulle est résoluble. Si une algèbre de Lie ~ ne contient aucun idéal résoluble, la est non dégénérée et réciproquement : nous dirons que forme de Killing de 9 THEOREME 1. - Toute y est semi-simple. 1 est dite toute algèbre orthogonaux "simple" de Lie (pour si dim ~ ~ 1 semi-simple la forme de est et somme Killing). n’a pas d’idéaux non triviaux : directe d’idéaux simples deux à deux si ~ algèbres semi-simples. 2. Structure des désigne Dé sormais g semi-simple et h une sous-algèbre de une Cartan choisie Pour toute racine pour toutes. On pose r = dim" (rang de 0 dans élément un 0 , on choisit (arbitrairement pour l’instant) tel que [H , cx(H) E« pour tout H ~ ~t . On posera pour simplifier ~). une fois E~~ E«~ = ~ B(X , Y) =X , Y > . ~« 0 . La restriction orthogonal à de la forme de Killing à ~ est non dégénérée ; il existe r racines linéairement indépendantes et tB est une sous-algèbre abélienne maximale. PROPOSITION 5. - X E Si Tr(ad a X ad il est Y) et = 0 orthogonal est y, , si à ~ ad X ad Y a+~~ ( ~, ~ i~ ~ ~ La forme de a(H) ~ H ~ E« ~ ,a ~) H 1= un 0 orthogonal a(H’ ) ~ donc et d’introduire sur d’identifier h H’c E . De 9~ , même, [h~ ~J ’ et scalaire produit un g pour toute racine pour tout 0 = racines linéairement r 0 avec toute racine s’annule Killing permet oc dual son (on posera dual. sur ce une orthogonal à Q~~ nul, c’est-à-dire que car est et pour ~ a . On racine / 0 et soit X~~ ~ ~~H ~ E~~ , X ~ = a(H) ~C E~ ~ X> , d’où : ~ on a H , (sinon il serait X]= Ea’ X)> pr . Or Ea n’est pas orthogonal à Soit HE~ 0 tB. 0 . Si alors a+ ~+~ ~ àd’où k dans donc nul. S’il n’existait pas indépendantes, il existerait donc tel que H , H’> on a ~ envoie ~ Ea , racine 03C6 , X]= a donc nul : ce est que - ot qui montre racine), en particulier donc il existe :: le lemme 1 montre d’où l’on déduit 03B1,03B1>~ PROPOSITION 6. - Pour toute racine COROLLAIRE~ - Les sous-algèbres de K 2° ad H un X û" dans r « ~~ ~ a ~ 0 . On peut a ~0, Cartan h a de deux conditions 1° que n’est pas ~~a tel pour toute alors montrer que : est de dimension 1 . û sont caractérisées par les est abélienne maximale est semi-simple pour PROPOSITION 7. - Soient ex et tout t~ (x ~ 0) et soit plus grand) entier tel que 03C6 deux racines (resp. q03C6,03B1) le plus petit (resp. (resp. 03C6+ qa soit racine : alors le k03B1 est racine pour p + pa 03C6,03B1 k q.. Le scalaire - 2 0- - 03C6,03B1> 03B1,03B1> sont les seules est un entier égal à + q p . Enfin 03B1 et racines proportionnelles à y . démonstration repose sur le lemme 1 : si ~ n’est pas un multiple entier , on applique le lemme 1 au plus grand intervalle (p’ , q’) contenant La de 0 tel que ~+ k~ soit racine pour puis à l’intervalle q’ = q03C6,03B1 . D’autre résultat 2/c si = qui et se fait en p’ = obtient - 2 p et de j/, " ou bien le 2c et et il suffit d’écarter le appliquant le lemme 1 racines aux c p’+q’) même 03C6= c03B1 , ou bien c est un entier ce qui montre que dans tous les cas précédent s’applique, ce (on ~.q’ donne qui ce k sont entiers:d’où 2 , p = - 1 c ~’) ~ p’ ~ et cas avec q = 2 . PROPOSITION 8. - Soient et o deux racines, 0 : on a ~~ =~’ (propositions 2 et 6) qu’il suffit de montrer [g03B1 , g03B2]= 0 , alors 03B1+03B2 n’est pas racine : supposons le lemme 1 appliqué aux racines fi et 0~ et aux intervalles montre que 0 , donc que (X+ ~ n’est II est clair = que si 0 exemple ; par 0) (p.. ~ racine. pas et Nous pouvons résumer les résultats obtenus : ~ ~ THEOREME 2. - A toute racine un élément non nul non ~ tel que E~ ~ de j suivant nulle 0( et les on peut associer et que E l’on ait les relations de commutation suivanteso pour si ex +~ si 3. Système Soit ~.° dee racines H E h n’est pas racine a+~ est une racine non nulle, avec N X~p ~ / simples. l’ensemble des combinaisons linéaires à coefficients rationnele des racines : on a ex , oc> est donc rationnel, donc aussi 03B1,03B2> . Si X E h° , cx (X) est 0 a(X) entraîne X ~ _ ~’ X , rationnel donc = pour toute racine 0 X. oc, donc PROPOSITION 9. - La restriction de la forme de quadratique rationnelle définie positive REMARQUE. - Si est le corps des K X ~ X> et rationnel> 0 est 0 = 0 : = est Killing une forme dim Q h° dimK h . et = complexes, on désignera plutôt )r~ par la propo- : l’ensemble des combinaisons linéaires à coefficients réels des réel. rationnel en sition 9 est évidemment encore valable par remplaçant Introduisons ~° sur vectorielle sur Q : THÉORÈME 3. - Il base de ~, . Toute structure d’ordre total racine une de deux racines somme une positive sera positives. existe exactement racines r signe. Le nombre a.. = 0 ; à savoir le plus grand entier tel que est trivial par récurrence E ni fi de racines de même i~j pour forment une et est d’où la donnée du 0 ni sont des (i~j) est un 203B1j,03B1i> 03B1i,03B1j> ex. aij ai soit racine. le nombre de partitions + = sont linéairement ai une où les trivial que et qui forment entier de f en somme n’est pas dj0 .-. od Enfin o. ~ aj ~ ~ 0 indépendants sur Q , donc ~1° (ou de h.). base de a.. sur également = entraine que les Les entiers (ou signe ; il pour i ~ j ’ racine simples 03B1i , ~ ni racine est de la forme entiers tous de même 1 = dite compatible avec la structure "simple" si elle n’est pas système les "entiers de Cartan" appelés sont des racines simples) détermine le Leur donnée de 4 . système des racines on a : THEOREME minent 3:’algèbre D’autre part, de on Lie ~ à dit que le sous-systèmes 1Î’ un (ou système isomorphisme près. 4. - Les entiers de Cartan système ~ le des racines des racines simples se simples) décompose et si 1f’ et lT" sont ’fÎ" si orthogonaux : fl simple est équivalent à 1f indécomposable.} résultat qui à la base de la classification des algèbres simples par les méthodes de deux van der WAERDEN ou un DYNKIN. élément de en et 4. Le groupe de Weyl- Soit B déter- Î~° :t la symétrie’ S. par rapport à l’hyperplan est 03BB, H> si « ~ 0 = est une le groupe est donnée par H ~ H - racine Sa S~ : non engendré nulle, par les 2 03B ,H> 03B ,03B > système H . Par suite le conserve les racines comme (proposition 7) des racines. Soit ~° ~ ~ engendrent représenté fidèlement comme groupe de permutations des racines, donc est groupe fini appelé "groupe de Weyl" On appelle "chambre de Weyl" partie maximale de l’ensemble obtenu convexe r~(H) = 0 : l’ensemble hyperplans est une chambre de HE~° des avec Weyl S est engendré nulle est transformée d’une non ~,° retranchant de ce. (H) >0 un une les 1 ~i pour r Weyl. THEOREME 5. - Le groupe de Toute racine en est $est simplement transitif sur par les par un symétries S03B1i S 6 5 . (1ir) . l’ensemble des chambres de Weyl. La proposition 4 montre que, pour tout automorphisme ~ de 9 , il existe un automorphisme intérieur 03C3 tel que laisse h. invariante, donc induise sur h° un élément du groupe T des rotations qui permutent les racines (remar- que S ~ quons THEOREME point, un 6. - a. Nous supposerons désormais que Si automorphisme de ~ un exp(ad H) il est de la forme b. Tout K T). une automorphisme intérieur rotation de ? et aut0/ int 03B1 j3 est fini et est est donc du sous-groupe distingué ~R à isomorphe 1, dans des rotations de est est algèbre de Lie isomorphe à semi-simple. négative. un laissant fixe 7. - On peut choisir les que N03B1,03B2 = N-03B1,-03B2. gu "compacte" toujours des éléments Les constantes de g de la forme comme de g , est alors si sa forme de plongée éléments E03B1 N03B1,03B2 suite, de % et Weyl. algèbre semi-simple complexe. Killing dite chambre de une La forme de sera par T/S . est dite "forme réelle" g. ~’o de ~ sur est induite par automorphisme réelle So On considérera THEOREME invariante induit qui est le produit semi-direct C~ complexes : point par invariante toute rotation 5. Formes réelles et formes compactes d’une Une laisse ~ h~ de 03B1 laissant k induite par est le corps des H E avec réciproquement, automorphisme intérieur ; c. Toute rotation de fl5 est K non si sa complexifiée dégénérée, 03B1o Killing est définie dans du théorème 6 de telle sorte sont alors réelles et l’ensemble ~. avec de est complexe arbitraire, N203B1 ,03B2 = 1 203B1,03B1> dépend compacte compactes (I .- p03B2,03B1) , sont donnés par les E~ , donc sont déterminés montre que l’on obtient par on ce procédé toutes les formes de 9’ : PROPOSITION 10. - Deux formes réelles compactes automorphisme intérieur Appelons "sous-algèbre algèbre abélienne pour : vérifiée. ment ~’ 0 est sont est t~ par algèbre semi-simple réelle, une sousopérateurs ad H soient semi-simples telle que les compacte, complexifiée compacte u Tout élément de ho maximale si La conjuguées sont de ~ . de Cartan" d’une PROPOSITION 11. - Deux réelle signe près:van der au qu’on pouvait choisir ces signes d’une manière qui système des racines, d’où une démonstration du théorème 4 . que du D’autre part, choix des ce qn WAERDEN a montré un forme réelle une ~. Signalons qu’avec ne et imaginaire pur de cette dernière condition est ~o est une sous-algèbre automatique- de Cartan . sous-algèbres de Cartan d’une algèbre de Lie semi-simple conjuguées par un automorphisme intérieur conjugué d’un élément de ~o par un automorphisme intérieur Remarquons que les deux assertions de la proposition 11 sont pour une forme réelle non compacte. Soit lutif une ~o de 03B1 THÉORÈME forme réelle arbitraire défini par 8. - + go (03B8(U iV) de ~ U - iV = (E. Cartan-Mostow-Iwasawa) - et 8 Il existe 8 et d’une ~ ~ ~’u une est Killing) de carré l ; soit le sous-espace 1 est forme + U involutif réelle iV 0 de 9 ’ avec d’une inexactes invo- dans go) : forme compacte 03B1u est l’ensemble est la somme sous-algèbre résoluble. ~u + V Enfin restreinte à à la valeur propre et 03B1o ~ 03B1u . général semi-automorphisme U pour de 03B1 globalement invariante par 8 . La sous-algèbre des points fixes d’un automorphisme involutif directe de le en une transformation orthogonale (resp. (resp. - 1) : et ~’o V~~. forme compacte la forme de de 03B1u correspondant l’ensemble des éléments de la Réciproquement de 03B1u d’où la classification des (pour à tout correspond par algèbres de Lie automorphisme procédé une forme simples réelles. ce D’autre part, le théorème 8 est à la base de la théorie des espaces do Riemann symétriques, de la détermination des sous-groupes compacts maximaux des groupes de Lie, et par suite des théorèmes ramenant celle des groupes simples compacts, de dimension infinie des algèbres ou l’homotopie des groupes de Lie à et enfin de la théorie des groupes de Lie 68 représentations semi-simples.