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Mémoire épisodique et identité : élaboration et exploration d'une
nouvelle méthode d'évaluation intégrant des conceptions théoriques
actuelles
GALLERNE, Elisa
Abstract
En clinique, les outils disponibles pour évaluer la mémoire épisodique sont élaborés à partir
d’anciens modèles théoriques. Ceux-ci ne tiennent pas compte de facteurs clés impliqués
dans le fonctionnement mnésique tels que les liens avec l’identité. L’objectif de cette
recherche est (1) d’élaborer et (2) d’explorer un nouveau test de mémoire épisodique, le Test
de la Mémoire en lien avec l’Identité (TMI). Ce test est basé sur un modèle théorique actuel
de la mémoire épisodique et autobiographique, le « Self-Memory System » de Conway
(2005), mettant en avant les relations entre mémoire, identité et buts de l’individu. Nous avons
pris en considération des critères méthodologiques, récemment relevés dans la communauté
scientifique (Pause, 2013) pour l’élaboration de ce test...
Reference
GALLERNE, Elisa. Mémoire épisodique et identité : élaboration et exploration d'une
nouvelle méthode d'évaluation intégrant des conceptions théoriques actuelles.
Maîtrise : Univ. Genève, 2014
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:41274
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MÉMOIRE ÉPISODIQUE ET IDENTITÉ : ÉLABORATION ET
EXPLORATION D’UNE NOUVELLE MÉTHODE D’ÉVALUATION
INTÉGRANT DES CONCEPTIONS THÉORIQUES ACTUELLES
MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DE LA
MAITRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE
ORIENTATIONS
PSYCHOLOGIE COGNITIVE
PSYCHOLOGIE CLINIQUE
PAR
Élisa GALLERNE
[email protected]
DIRECTEUR DU MÉMOIRE
Martial Van der Linden
JURY
Martial Van der Linden
Caroline Bendahan
Matthias Kliegel
GENÈVE, août 2014
UNIVERSITÉ DE GENÈVE
FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION
SECTION PSYCHOLOGIE
ii
iii
Remerciements
Je tiens à remercier vivement toutes les personnes qui ont contribué,
d’une manière ou d’une autre, à la réalisation de ce projet.
Je remercie Caroline Bendahan, pour l’encadrement et la disponibilité
dont elle a fait preuve au cours de ces deux dernières années ainsi que pour
ses encouragements dans la conduite de ce projet, le Professeur Martial Van
der Linden pour ses précieux conseils, ainsi que le Professeur Matthias
Kliegel qui me fait l’honneur de faire partie du jury.
Merci à toutes les personnes qui ont accepté d’être photographiées pour
apparaître sur les stimuli, en particulier ma mère et mon père, mon beaufrère, mon frère et sa femme, mon neveu et mes nièces, ainsi que les
messieurs du Café de la Place.
Je remercie également les membres de mon entourage qui m’ont
activement aidée dans la recherche des participants, en particulier MarieAnne, ainsi que toutes les personnes qui ont accepté de participer à l’étude et
sans qui ce projet n’aurait pu aboutir.
Et finalement, merci à ma famille et mes proches, qui ont su être
présents en toutes circonstances durant ma formation universitaire. Merci à
ma sœur Mélanie, ainsi qu’à mes amies Alice, Prune, Marta, et Maddalena
pour leur soutien constant, leur écoute, et surtout pour m’avoir rendu le
sourire dans les moments difficiles.
iv
v
Résumé
En clinique, les outils disponibles pour évaluer la mémoire épisodique sont élaborés à
partir d’anciens modèles théoriques. Ceux-ci ne tiennent pas compte de facteurs clés
impliqués dans le fonctionnement mnésique tels que les liens avec l’identité. L’objectif de
cette recherche est (1) d’élaborer et (2) d’explorer un nouveau test de mémoire épisodique, le
Test de la Mémoire en lien avec l’Identité (TMI). Ce test est basé sur un modèle théorique
actuel de la mémoire épisodique et autobiographique, le « Self-Memory System » de Conway
(2005), mettant en avant les relations entre mémoire, identité et buts de l’individu. Nous
avons pris en considération des critères méthodologiques, récemment relevés dans la
communauté scientifique (Pause, 2013) pour l’élaboration de ce test. Il est ainsi caractérisé
par (1) un encodage incident de (2) matériel significatif et écologique pouvant être mis en lien
avec le self, (3) un seul essai d’apprentissage, (4) une récupération non attendue, aussi bien de
l’information cible que de (5) détails contextuels, en rappel immédiat et (6) différé à 7 jours.
Le TMI a été testé sur une population de 40 personnes âgées de 60 à 77 ans et permet de
mettre en évidence à la fois les effets classiques de variables telles que le genre sur la
mémoire épisodique, mais également des profils très différents pouvant être interprétés en
termes de correspondance (capacité à garder un souvenir proche de l’expérience vécue) et de
cohérence (capacité à garder un souvenir qui soit en accord avec les valeurs, croyances et buts
de l’individu). Les limites du TMI et perspectives futures sont discutées.
vi
vii
Table des matières
1.
Introduction ........................................................................................................ 1
2.
Cadre théorique ................................................................................................. 2
2.1.
La mémoire épisodique .............................................................................. 2
2.1.1. Définition ................................................................................................ 2
2.1.2. Facteurs influençant la mémoire épisodique ........................................... 4
2.1.3. L’effet d’autoréférence ............................................................................ 5
2.2.
Une nouvelle conception de la mémoire épisodique ................................... 6
2.2.1. Définition du self ..................................................................................... 6
2.2.2. Le Self-Memory System de Conway (2005)............................................ 7
2.2.3. Dissociations au sein du Self-Memory System ..................................... 10
2.3.
La mémoire épisodique en clinique .......................................................... 11
2.3.1. Les troubles de la mémoire épisodique ................................................ 11
2.3.2. L’évaluation classique de la mémoire épisodique ................................. 12
2.3.3. Critères pour les nouveaux tests de mémoire épisodique ..................... 13
2.4.
3.
Problématique, objectifs et hypothèses théoriques ................................... 14
Méthodologie ................................................................................................... 15
3.1.
Méthodologie de l’élaboration du TMI ....................................................... 15
3.1.1. Élaboration des stimuli.......................................................................... 16
3.1.2. Élaboration des consignes .................................................................... 18
3.2.
Méthodologie de l’expérimentation ........................................................... 23
3.2.1. Population ............................................................................................ 23
3.2.2. Matériel................................................................................................. 24
3.2.3. Procédure ............................................................................................. 27
3.2.4. Recrutement ......................................................................................... 29
3.2.5. Analyses statistiques ............................................................................ 30
4.
Résultats .......................................................................................................... 31
4.1.
Statistiques descriptives sur le TMI .......................................................... 31
4.2.
Liens entre les scores au TMI et les variables sociodémographiques ....... 36
4.3.
Liens entre les scores au TMI et les questionnaires d’insomnie, d’autoefficacité, d’inquiétude et de dépression ................................................... 36
4.4.
Liens entre les scores au TMI et les autres mesures de mémoire et mesure
globale du fonctionnement cognitif ........................................................... 37
4.5.
Liens entre rappel des détails et qualité de l’imagerie............................... 37
4.6.
Liens entre le rappel des détails et le fait d’être imageur ou verbalisateur 38
4.7.
Comparaison de profils ............................................................................. 38
viii
5.
Discussion........................................................................................................ 42
5.1.
Limites et perspectives futures ................................................................. 46
5.2.
Implications cliniques................................................................................ 49
5.3.
Conclusion ............................................................................................... 50
Bibliographie ............................................................................................................ 51
Annexes ................................................................................................................... 57
1
1. Introduction
L’altération du fonctionnement de la mémoire épisodique constitue une plainte très
régulièrement rapportée par les patients, en particulier adultes. Cette altération peut être
consécutive à un accident (traumatisme crânien par exemple), une maladie (comme
l’épilepsie), une hygiène de vie mal adaptée (citons le syndrome amnésique de Korsakoff) ou
encore au vieillissement cérébral (par exemple chez les patients ayant reçu un diagnostic de
« démences »).
La mémoire épisodique permet de se souvenir et de prendre conscience des
événements personnellement vécus, et de voyager mentalement dans le temps (Tulving,
2002). Dès lors, un trouble de la mémoire épisodique a des répercussions importantes,
affectant directement l’adaptation des personnes dans leur vie quotidienne. Une réduction
significative de l’autonomie est ainsi souvent observée chez les personnes qui souffrent de
problèmes de mémoire épisodique (Van der Linden, 2014), ainsi qu’un sentiment d’identité et
de continuité de l’existence plus difficile à construire.
L’évaluation des troubles de la mémoire épisodique est donc une tâche importante
pour les psychologues cliniciens. Cette évaluation doit non seulement mettre en évidence des
déficits s’ils existent, mais également renseigner le clinicien sur les processus mnésiques qui
font défaut. Les outils d’évaluation actuellement disponibles présentent des lacunes dans leurs
deux missions. Ainsi, ils ne parviennent pas à dépister les personnes qui présentent des oublis
à long terme. En effet, leurs performances sont normales au rappel différé de 30 minutes, mais
déficitaires lorsque ce délai est augmenté à plusieurs semaines (Wroe, Breen, & McCarthy,
2000). De plus, ces outils sont basés sur des conceptions anciennes de la mémoire épisodique.
Ils ne permettent donc pas d’évaluer des opérations mnésiques récemment reconnues comme
étant impliquées dans la mémoire épisodique. Par exemple, Conway (2005) a élaboré un
modèle de la mémoire épisodique qui prend en considération l’importance de l’identité, des
valeurs et des buts de l’individu dans la construction des souvenirs. Enfin, ils évaluent les
compétences de la mémoire épisodique dans des conditions très éloignées de la vie de tous les
jours, rendant difficile de conclure par rapport au fonctionnement de la personne au quotidien.
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons créé un nouveau test de la mémoire
épisodique, destiné à une population adulte. Ce test est basé sur un modèle théorique actuel, le
Self-Memory System de Conway (2005), et permet d’évaluer les fonctions de correspondance
(capacité à garder un souvenir proche de l’expérience vécue) et de cohérence (capacité à
2
garder un souvenir qui soit en accord avec les valeurs, croyances et buts de l’individu) de la
mémoire épisodique. Il a également été élaboré en fonction de critères méthodologiques
récemment relevés dans la littérature (Pause et al., 2013).
Suite à l’élaboration, nous avons exploré les caractéristiques de ce test en le faisant
passer à une population non clinique de personnes âgées. La population des personnes âgées a
été choisie, car elle présente une variabilité importante dans ses performances en mémoire
épisodique (Astin, Simon, Kurth, Collette, & Salmon, 2013). Les premiers résultats nous
permettent de conclure quant aux propriétés psychométriques du test, ainsi qu’aux liens
existants entre ce test et d’autres variables connues dans la littérature pour influencer la
mémoire épisodique.
Ce mémoire s’inscrit donc dans une volonté de fournir aux psychologues cliniciens
des outils d’évaluation mieux adaptés. Il constitue les étapes d’élaboration et d’exploration
d’une nouvelle tâche permettant d’évaluer la mémoire épisodique. Suite à ce travail, des
adaptations vont pouvoir être proposées afin de rendre cet outil, à terme, disponible à
l’utilisation des cliniciens dans une population clinique adulte.
2. Cadre théorique
2.1. La mémoire épisodique
2.1.1. Définition
Selon la conception des systèmes de mémoire multiples (Schacter, Wagner, &
Buckner, 2000), la mémoire épisodique fait partie du système plus général de mémoire à long
terme, tout comme la mémoire sémantique, la mémoire procédurale et les systèmes de
représentation perceptive. Elle permet de se souvenir et de prendre conscience des
événements personnellement vécus, dans un contexte spatial et temporel particulier (Tulving,
2002). Elle permet également de voyager mentalement dans le temps, c’est-à-dire à la fois de
revivre les expériences passées et de se projeter dans le futur, dans un état particulier de
conscience (appelé conscience autonoétique). Le fait de pouvoir effectuer ces voyages
mentaux dans le temps contribue grandement au sentiment d’identité et de continuité de
l’expérience d’un individu.
Pour Klein, German, Cosmides et Gabriel (2004), il existe au moins trois capacités
nécessaires afin de ressentir un contenu mnésique comme étant épisodique. La première
3
capacité est la réflexion sur soi, c’est-à-dire le fait de pouvoir réfléchir sur ses propres états
mentaux. La seconde capacité est le sentiment d’agentivité personnelle, qui correspond à la
croyance d’être la cause de ses propres pensées et actions, associée à un sentiment de
propriété personnelle (sentiment que mes pensées et mes actions m’appartiennent). La
troisième capacité est le fait de pouvoir prendre conscience de la dimension temporelle de ses
propres expériences.
Ainsi la mémoire épisodique nous permet de récupérer des souvenirs épisodiques. Les
souvenirs épisodiques sont des enregistrements de moments psychologiques de réalisation de
buts à court terme, portant sur des périodes d’une durée allant de quelques secondes à
quelques heures (Conway, 2009). Ce sont des résumés proches de l’expérience vécue, qui
contiennent à la fois une information cible en lien avec la réalisation d’un but, mais également
des détails phénoménologiques, à savoir des détails sensoriels, perceptifs, affectifs, et
contextuels (Conway, 2009). Ils sont pour la plupart formés automatiquement, en dehors du
contrôle intentionnel. Selon Conway (2009), les souvenirs épisodiques s’expriment
fréquemment sous forme d’images mentales visuelles.
Pour que la mémoire épisodique fonctionne correctement, il faut que les événements
personnellement vécus ou épisodes soient d’abord encodés, puis consolidés et enfin récupérés
efficacement. Nous rappelons maintenant brièvement le fonctionnement de ces trois processus
fondamentaux de la mémoire épisodique.
Encodage. L’encodage est le processus par lequel les caractéristiques d’un stimulus
ou d’un événement sont traitées et converties en une trace mnésique (Van der Linden, 2014).
La qualité de cette trace mnésique dépend de la profondeur du traitement (plus l’information
est traitée sémantiquement, mieux elle est rappelée) (Craik & Lockart, 1972), mais aussi de
l’élaboration et du caractère distinctif du souvenir (Lockart & Craik, 1990). Ainsi, la trace
mnésique peut être plus ou moins forte selon les opérations de traitement qui sont effectuées
durant l’encodage. Cette trace mnésique inclut à la fois l’information cible, mais également
les détails concernant le contexte dans lequel cette information a été encodée (Van der
Linden, 2014).
Consolidation. La consolidation est la stabilisation graduelle d’une trace mnésique.
Pour être utilisable, le souvenir d’un épisode doit être consolidé. La première consolidation
est synaptique : les changements induits par l’épisode sont stabilisés au niveau neuronal. La
4
seconde consolidation est liée au nombre de réactivation de l’épisode : plus il y a de
réactivations, plus la trace est stable. En effet, chaque réactivation de la trace mnésique crée
une nouvelle trace qui indexe en partie le réseau de la trace initiale (théorie des traces
multiples ; Nadel & Moscovitch, 1997).
Récupération. La récupération est le processus qui permet d’avoir accès aux traces
mnésiques. Notons que les indices contextuels encodés en même temps que l’information
cible peuvent servir d’indices de récupération.
Les phénomènes d’encodage, de consolidation et de récupération sont extrêmement
dépendants d’autres facteurs, que nous allons maintenant développer.
2.1.2. Facteurs influençant la mémoire épisodique
Un premier facteur qui influence la mémoire épisodique de plusieurs manières est
l’activation émotionnelle. En effet, l’activation émotionnelle influence l’encodage en
permettant une focalisation émotionnelle de l’attention et ainsi un encodage plus élaboré
(Brendan, Holland, & Kensinger, 2013). La consolidation des épisodes émotionnels est
également modulée par des mécanismes neurobiologiques spécifiques tels que la libération
d’hormones et l’activation amygdalienne influençant les processus hippocampiques (Brendan
et al., 2013). Enfin, la récupération des souvenirs émotionnels est également facilitée, car
ceux-ci sont rendus plus accessibles (Brendan et al., 2013).
Le sommeil semble également avoir un rôle privilégié quant à la consolidation des
souvenirs. En effet, durant le sommeil, les souvenirs non pertinents sont « effacés » (Hardt,
Nader, & Nadel, 2013) alors que les autres sont maintenus et réactivés (Born & Wilhelm,
2012), favorisant ainsi leur consolidation. Une méta-analyse datant de 2012 montre d’ailleurs
que les personnes qui souffrent d’insomnie ont des performances significativement inférieures
en mémoire épisodique que des sujets contrôles qui ne présentent pas de difficulté de
sommeil.
De même, les ruminations ou les inquiétudes, souvent présentes dans les tableaux
cliniques anxieux ou dépressifs, peuvent affecter l’encodage (moins de ressources
attentionnelles disponibles) et la consolidation (en ayant un effet d’interférence avec le
souvenir qui doit être consolidé) (Van der Linden, 2014). Une étude de Pietrzak et
collaborateurs (2012) montre que les personnes qui présentent plus d’inquiétudes ont de
5
moins bonnes performances en mémoire épisodique au moment du rappel différé, les
performances au rappel immédiat étant similaires à celles de sujets contrôles moins inquiets.
Un autre facteur qui influence les performances cognitives, y compris celles de
mémoire épisodique, est le sentiment d’auto-efficacité. En effet, les croyances quant à sa
propre efficacité influencent l’accomplissement des objectifs puisque les individus ont
tendance à s’engager dans les tâches qu’ils se sentent capables de réussir (Schunk & Pajares,
2010). Le sentiment d’auto-efficacité influence également l’effort qui va être fourni pour
atteindre un objectif. Plus particulièrement, le sentiment d’efficacité de sa propre mémoire est
positivement lié à ses véritables performances (personnelles) en mémoire (Beaudoin &
Desrichard, 2011). Ce lien est toutefois modéré par la difficulté de la tâche, de sorte que ce
lien est plus fort dans les tâches de rappel libre (considérées plus difficiles) que dans les
tâches de reconnaissance. La force de ce lien dépend également de la façon dont l’autoefficacité de la mémoire est évaluée : elle diminue lorsque ce sont les capacités de mémoire
de manière générale qui sont considérées par rapport aux capacités effectives pour réaliser
une tâche de mémoire. Enfin, il a été montré qu’une intervention visant le sentiment d’autoefficacité de la mémoire permet d’améliorer les performances mnésiques des personnes âgées
(West, Bagwell, & Dark-Freudeman, 2008).
Nous avons déjà vu que la qualité de la trace mnésique dépendait entre autres des
processus de traitement mis en place au moment de l’encodage. Nous allons maintenant
revenir plus en détail sur un de ces processus de traitement, qui est l’encodage en référence à
soi.
2.1.3. L’effet d’autoréférence
Décrit pour la première fois dans la littérature par Rogers, Kuiper et Kirker (1977),
l’effet d’autoréférence rend compte d’une probabilité plus grande de rapporter les épisodes
encodés en référence à soi par rapport à d’autres types d’encodage. Dans leur procédure, les
auteurs proposent aux participants quatre conditions d’encodage : structurel (jugement de la
taille des lettres), phonémique (jugement de rime), sémantique (jugement de synonymie) et
autoréférentiel (jugement de la qualité autodescriptive de l’adjectif) pour les mêmes adjectifs.
Ils rapportent que les adjectifs encodés en référence à soi sont mieux mémorisés que les
autres.
Depuis cette étude princeps, d’autres auteurs se sont plus récemment intéressés à cet
effet. Serbun et Gutchess (2011) ont comparé les performances mnésiques suite à un
6
encodage en référence à soi par rapport à un encodage en référence à un proche ou en
référence à Bill Clinton (est-ce que j’achèterai cet objet / ma mère achèterait cet objet / Bill
Clinton achèterait cet objet ?). Ils ont mis en évidence que les objets encodés en référence à
soi ou en référence à un proche étaient mieux reconnus que les objets encodés en référence à
Bill Clinton. Grilli et Glisky (2010) ont étudié des patients avec des déficits en mémoire
épisodique suite à des troubles neurologiques (traumatisme craniocérébral pour la plupart).
Les participants étaient soumis à une tâche de reconnaissance de phrases suite à différents
types d’encodage. Les auteurs montrent que les meilleures performances sont observées suite
à l’encodage autoréférentiel durant lequel les participants devaient s’imaginer être
physiquement présents dans la scène décrite par la phrase. Enfin, Lalanne, Grolleau et Piolino
(2010) rapportent différentes études indiquant que l’effet bénéfique de l’encodage en
référence à soi semble également être présent chez des personnes ayant reçu le diagnostic de
Maladie d’Alzheimer. Notons que l’encodage en référence à soi est une stratégie d’encodage
à la fois familière, naturelle et conservée dans le vieillissement.
Ainsi, ces études confirment l’effet bénéfique sur la mémoire épisodique de la
référence à soi et nous indiquent que le self est un élément particulièrement pertinent à
prendre en considération dans l’évaluation de la mémoire épisodique en clinique. Ainsi, dans
la suite de ce travail nous allons nous focaliser plus particulièrement sur le self et les liens
qu’il entretient avec la mémoire épisodique.
2.2. Une nouvelle conception de la mémoire épisodique
2.2.1. Définition du self
Il n’existe pas de définition consensuelle du « self » dans la littérature, celle-ci est
encore très morcelée selon différentes approches (Duval, Eustache, & Piolino, 2007). Dans le
cadre de ce mémoire, nous retiendrons comme définition générale du self la représentation
mentale personnelle de sa propre personnalité ou identité (Kihlstrom et al., 1988), ou en
d’autres termes, la conception que nous avons de nous-mêmes. Le self est donc notre
sentiment d’identité et de continuité de l’existence, qui se construit étroitement en lien avec le
récit de vie et les expériences personnelles vécues dans le passé (Van der Linden, 2014).
7
2.2.2. Le Self-Memory System de Conway (2005)
Dans le cadre de la compréhension des liens qui existent entre la mémoire épisodique
et l’identité, le modèle le plus abouti actuellement décrit dans la littérature est le Self-Memory
System, développé par Conway (2005). Une version schématique de ce modèle, adapté de
Van der Linden (2014) est proposé dans la Figure 1.
Figure 1. Représentation schématique du Self-Memory System de Conway (2005), adapté de Van der
Linden (2014).
Selon Conway (2005), la mémoire épisodique doit pouvoir répondre à deux exigences
principales en compétition : la correspondance et la cohérence (Conway, Singer, & Tagini,
2004). Le principe de correspondance exige de garder un souvenir proche de l'expérience
vécue lors de la réalisation d'un but à court terme. Ainsi la correspondance permet d’avoir des
souvenirs épisodiques très précis et détaillés des activités récentes, sur un délai de quelques
minutes à quelques jours, afin notamment de ne pas répéter les actions déjà effectuées.
Le principe de cohérence permet de maintenir un enregistrement sur le long terme qui
soit cohérent avec l’identité du sujet. Ainsi la mémoire épisodique ne fait pas qu’enregistrer
de manière passive chaque épisode que nous vivons au quotidien. Un grand nombre de
souvenirs épisodiques sont formés chaque jour, mais seule une partie restreinte pourra être
récupérée sur le long terme. La plupart des événements routiniers et non pertinents que nous
vivons sont rapidement rendus peu accessibles à la récupération. Au contraire, les événements
pertinents pour notre identité, en lien avec nos buts et nos valeurs, vont rester plus facilement
8
accessibles sur le long terme. Mais le souvenir qui va nous rester de ces événements n’est pas
un copié-collé parfait de la réalité. Ce souvenir sera bien basé sur des fragments de
l’expérience vécue, mais il sera également adapté en fonction de nos croyances, buts, et
valeurs actuels. Par exemple, je dois me souvenir très précisément avoir fermé la porte de ma
maison à clé ce matin, si ce n’est pas le cas je risque de vérifier de façon répétée que cette
action a bien été réalisée (fonction de correspondance). De même, un échec à un examen est
un souvenir qui n’est cohérent ni avec mes buts actuels ni avec mon identité. Sur le long
terme, je me souviendrai peut-être avoir échoué à cause de la difficulté de l’examen plutôt que
de mon manque de préparation (fonction de cohérence).
Le Self-Memory System (Conway, 2005) comporte trois systèmes en interaction qui
permettent de générer des souvenirs autobiographiques et de répondre à ces deux exigences
de correspondance et de cohérence. Nous allons maintenant détailler chacun de ces trois
systèmes.
Le système de mémoire épisodique. Le système de mémoire épisodique permet de
répondre à la fonction de correspondance. Il contient des souvenirs épisodiques, qui,
rappelons-le, sont des enregistrements « résumés », proches de l’expérience vécue, des détails
sensoriels, perceptifs, cognitifs et affectifs des événements personnellement vécus durant un
épisode. Ces enregistrements sont principalement constitués automatiquement, en dehors de
tout contrôle intentionnel. Conway (2009) souligne que les souvenirs épisodiques sont
souvent représentés sous forme d’images mentales (visuelles) et la perte de la capacité à
former des images mentales peut entraîner une amnésie rétrograde (amnésie qui touche les
faits qui se sont produits avant l’installation de la lésion cérébrale) (Greenberg, Eacott,
Brechin, & Rubin, 2005). Ainsi les images mentales sont particulièrement importantes pour la
mémoire épisodique. Toutefois, sur tous les épisodes qui sont encodés en une journée, seuls
quelques-uns (ceux qui sont pertinents avec les buts et les valeurs) seront maintenus
accessibles après un délai d’environ 24 heures. C’est-à-dire que l’information stockée dans le
système de mémoire épisodique est rapidement « oubliée » si elle n’est pas mise en relation
avec le self à long terme.
Le self à long terme. Le self à long terme est divisé en deux modules : la base de
connaissances autobiographiques et le self conceptuel. La base de connaissances
9
autobiographiques regroupe les connaissances personnelles générales sur sa vie, qui sont
hiérarchisées en trois niveaux de plus en plus concrets : les schémas de récit de vie (c’est-àdire la compréhension qu’une personne a de la construction de son récit de vie), les périodes
de vie (qui renvoient à des buts très généraux, comme mes études de psychologie à
l’université de Genève par exemple) et les événements généraux. Quant au self conceptuel, il
est composé des connaissances sémantiques personnelles (qui ne font pas référence à un
événement précis dans le temps) qui permettent de générer les croyances sur soi, sur autrui,
sur le monde, les attitudes et les valeurs. Ce dernier module est connecté à la base de
connaissances autobiographiques ainsi qu’au système de mémoire épisodique, ce qui permet
d’illustrer une connaissance sémantique sur soi par l’exemple d’un épisode précis. Le self à
long terme a plutôt une fonction de cohérence.
Le self de travail. Le self de travail est une composante de la mémoire de travail, qui
est la mémoire qui sert à maintenir et traiter une quantité restreinte d’information afin de
réaliser des activités cognitives complexes (Baddeley & Logie, 1999). La principale fonction
du self de travail est de gérer la réalisation des buts à court terme. Il est ainsi constitué de
processus de contrôle dirigés par les buts actuels du sujet. Il intervient à la fois dans
l’encodage des épisodes et dans la construction des souvenirs, en modulant l’accessibilité des
représentations en fonction de leur pertinence pour le self. Il permet donc un équilibre entre
les fonctions de cohérence et de correspondance : la trace maintenue doit correspondre à
l’expérience réellement vécue tout en permettant une représentation de l’interaction entre soi
et le monde stable et cohérente.
Les souvenirs autobiographiques. Les souvenirs autobiographiques émergent ainsi de
l’interaction de ces trois systèmes : le système de mémoire épisodique, le self à long terme et
le self de travail. Ce sont des constructions mentales transitoires constituées de souvenirs
épisodiques et de connaissances sémantiques sur sa vie et sur soi. Les souvenirs
autobiographiques ne sont pas figés, mais constamment renouvelés en fonction des buts
actuels de l’individu. Il existe deux types de récupération pour les souvenirs
autobiographiques : une récupération stratégique et cyclique et une récupération directe. La
récupération stratégique dépend des buts actuels du sujet, elle fait suite à l’élaboration d’un
indice de récupération, l’accès à des connaissances autobiographiques, puis à des événements
concrets, jusqu’à l’épisode précis. Ce qui est récupéré est d’abord évalué et un autre cycle de
10
récupération peut éventuellement être mis en place ou la récupération se termine. Les
processus de contrôle qui sous-tendent cette récupération sont intentionnels. Contrairement à
la récupération stratégique et cyclique, la récupération directe est spontanée (non
intentionnelle). Elle fait suite à un indice de récupération externe suffisamment spécifique
pour activer un souvenir particulier.
L’observation des cliniciens, ainsi que des études de cas, tendent à montrer qu’il existe
différents tableaux de troubles mnésiques liés à l’atteinte d’un (ou plusieurs) module du SelfMemory System ou de leur déconnexion. Nous nous intéressons à différentes dissociations
objectivées au sein du modèle de Conway dans la section suivante.
2.2.3. Dissociations au sein du Self-Memory System
Deux patients dont les symptômes permettent de mettre en évidence des dissociations
au sein du Self-Memory System ont été décrits dans la littérature. Le cas d’AC, un homme de
38 ans, présentant une amnésie sévère suite à un accident (Van der Linden, Brédart,
Depoorter, & Coyette, 1996) permet de mettre en évidence l’indépendance entre le système
de mémoire épisodique et le self à long terme. AC présente une incapacité à rappeler des
épisodes spécifiques datant de différentes périodes, y compris concernant sa vie
contemporaine. Toutefois, les informations sémantiques personnelles de la base de
connaissances autobiographiques sont relativement préservées, même pour les informations
acquises après la lésion cérébrale.
Le cas de CR, une patiente de 47 ans décrite par Loveday et Conway (2010), soutient
l’hypothèse des deux voies de récupération. CR souffre d’une vaste lésion cérébrale de
l’hémisphère droit suite à une encéphalite herpétique. Elle présente une amnésie profonde
concernant les vingt-cinq dernières années, et une amnésie significative concernant son
enfance et adolescence. CR présente également une amnésie antérograde l’empêchant de
récupérer spontanément des événements qui se sont produits il y a plus de quelques jours.
Toutefois, avec l’aide d’indices de récupération suffisamment spécifiques, comme des
photographies prises avec la SenseCam, CR parvient à fournir des descriptions beaucoup plus
détaillées de ses souvenirs (la SenseCam est un appareil photo qui se porte autour du cou et
qui prend des photographies à intervalles réguliers et d’un point de vue personnel). Cette
étude suggère donc l’existence d’un problème de connexion entre la mémoire épisodique et le
self à long terme.
11
Différents tableaux cliniques illustrent donc l’intérêt du modèle de Conway dans la
compréhension des processus mnésiques pouvant être préservés ou atteints chez certains
patients. Nous allons maintenant nous intéresser à la mémoire épisodique en clinique et à la
manière dont elle est actuellement évaluée, nous verrons en quoi cette évaluation présente des
lacunes, et quels sont les critères que devront respecter les futurs tests de mémoire épisodique.
2.3. La mémoire épisodique en clinique
2.3.1. Les troubles de la mémoire épisodique
Les problèmes de mémoire épisodique sont relativement fréquents dans la mesure où
l’encodage et la récupération des épisodes sont sensibles à d’autres facteurs que nous avons
déjà évoqués tels que l’activation émotionnelle ou le sommeil, ainsi que d’autres facteurs plus
généraux, comme la vitesse de traitement, les ressources disponibles en mémoire de travail et
les capacités d’inhibition (Van der Linden, Meulemans, Belleville, & Collette, 2000). De
même, un vaste réseau cérébral est impliqué dans les processus sous-tendant la mémoire
épisodique (régions préfrontales, temporales, diencéphaliques et pariétales) (Guillery-Girard,
Quinette, Piolino, Desgranges, & Eustaches, 2008). Ceci explique que les troubles de la
mémoire épisodique soient également très fréquents suite à une lésion cérébrale.
Nous avons déjà vu que la mémoire épisodique était influencée par la qualité du
sommeil et les inquiétudes. Un tableau clinique qui est souvent associé à des difficultés de
sommeil et des pensées répétitives telles que les ruminations ou les inquiétudes est la
dépression. Ainsi, il apparaît que les symptômes dépressifs sont souvent accompagnés de
difficultés en mémoire épisodique (Söderlund et al., 2014).
Les troubles de mémoire épisodique sont également prépondérants dans le
vieillissement problématique, notamment chez les patients ayant reçu le diagnostic de
Maladie d’Alzheimer, mais apparaissent aussi dans le vieillissement normal (Taconnat &
Isingrini, 2008). En effet, dans la population tout-venant, il existe une variabilité importante
des capacités de mémoire épisodique chez les personnes âgées (Astin, Simon, Kurth, Collette,
& Salmon, 2013). Chez les personnes pour qui la mémoire épisodique décline, on observe
souvent une diminution de l’autonomie en parallèle, ainsi qu’une réduction des capacités
d’insertion (Van der Linden, 2014). C’est en partie pourquoi les déficits de mémoire
épisodique constituent une plainte fréquemment émise par les personnes âgées ou leur
entourage. L’évaluation des troubles de la mémoire épisodique est donc une tâche
extrêmement importante pour les cliniciens.
12
2.3.2. L’évaluation classique de la mémoire épisodique
Les tâches d’évaluation de la mémoire épisodique se divisent traditionnellement en
deux étapes. La première étape consiste en une phase d’encodage du matériel faisant l’objet
dudit test. La seconde étape a lieu après un délai variable et constitue la phase de
récupération, durant laquelle il est explicitement demandé de rappeler le matériel
précédemment encodé. La phase de récupération peut se décliner en rappel libre, rappel indicé
ou reconnaissance. En rappel libre, on demande simplement à la personne de rappeler le plus
d’items possible, dans n’importe quel ordre. Dans une tâche de rappel indicé, on fournit à la
personne un indice de récupération lié à l’item cible. Enfin, dans une tâche de reconnaissance,
la personne ne doit pas produire l’item, contrairement au rappel, mais le reconnaître parmi
une série de distracteurs, à savoir des items proches des items cibles.
Bien que la conception de la mémoire épisodique ait beaucoup évolué au cours des
dernières décennies, l’évaluation de la mémoire épisodique est souvent effectuée grâce à
l’utilisation d’épreuves que nous qualifierons de « classiques », issues de la tradition
psychométrique (Van der Linden, Meulemans, Belleville, & Collette, 2000). Ces tâches
présentent l’intérêt d’avoir des normes par genre, pour différentes tranches d’âge, et parfois
par niveaux socioculturels (établis grâce au nombre d’années d’études réussies). En effet, ces
trois variables sociodémographiques peuvent influencer les performances en mémoire
épisodique. Plus particulièrement, les femmes obtiennent de meilleures performances en
mémoire épisodique (Herlitz, Nilsson, & Bäckman, 1997), les capacités de mémoire
épisodique déclinent avec l’âge (Taconnat & Isingrini, 2008), et les personnes de niveau
socioculturel plus faible ont tendance à avoir de moins bons résultats (Dessi et al., 2009). Ces
tâches classiques permettent ainsi de situer l’individu par rapport à son groupe de référence.
Toutefois, elles présentent certains désavantages que nous allons expliciter. Quelques
exemples de ces tâches classiques incluent le test d’apprentissage d’une liste de quinze mots
de Rey (Rey, 1966) ou la tâche de rappel libre / rappel indicé 16 items (Grober & Buschke,
1987).
Au niveau méthodologique, ces épreuves font appel à un encodage intentionnel, ce qui
signifie qu’au moment de l’encodage, le sujet sait qu’il doit mémoriser l’information en vue
d’un rappel ultérieur. Il nous paraît intéressant de relever ici que dans la vie quotidienne, nous
encodons la plupart des épisodes de manière incidente.
Quant aux stimuli, il s’agit pour les tâches précitées, de listes de mots. Comme nous
l’avons vu, l’identité des personnes est un facteur très important à prendre en considération
13
lorsqu’on s’intéresse à la mémoire épisodique. Ce genre de matériel est critiquable puisqu’il
ne véhicule pas de signification pour les participants qui y sont soumis. De plus, ce matériel
est peu écologique, à savoir que nous ne rencontrons que rarement ce genre de stimuli dans la
vie quotidienne.
Le rappel libre / rappel indicé 16 items (Grober & Buschke, 1987) et la tâche des
quinze mots de Rey (Rey, 1966) proposent un rappel différé, mais celui-ci n’a pas lieu au-delà
de 40 minutes. Comme nous l’avons vu dans le modèle du Self-Memory System (Conway,
2005), seuls les épisodes intégrés au self sont maintenus à long terme. Ce processus prend
toutefois du temps, et un délai de 40 minutes seulement paraît limiter les conclusions
possibles quant au maintien de l’information sur le long terme.
Enfin, ces tests classiques, relativement anciens, ne tiennent pas compte des
conceptions théoriques actuelles de la mémoire épisodique, en particulier de ses liens étroits
avec l’identité et les buts, ni du caractère phénoménologique des souvenirs épisodiques,
puisqu’ils ne permettent d’évaluer que les informations cibles.
Plusieurs auteurs ont ainsi souligné l’inadéquation des tests de mémoire épisodique
classiques et édité des critères pour les nouveaux tests (Pause et al., 2013), que nous
développons dans le paragraphe suivant.
2.3.3. Critères pour les nouveaux tests de mémoire épisodique
Dans un article de 2013, Pause, Zlomuzica, Kinugawa, Mariani, Pietrowsky et Dere
ont ainsi énuméré sept critères méthodologiques auxquels doivent répondre les nouveaux tests
de mémoire épisodique. Ces critères sont résumés ci-après. Le premier critère est d’induire les
souvenirs épisodiques en laboratoire. En effet, pour être en mesure d’évaluer les souvenirs
épisodiques, il faut pouvoir les contrôler. Le deuxième critère est de ne pas donner aux
participants l’instruction explicite de mémoriser les informations épisodiques. Contrairement
aux tests classiques de mémoire épisodique, les nouveaux tests doivent en effet proposer un
encodage incident. Rappelons que pour Conway (2005), les connaissances épisodiques sont
mises en place en dehors d’un contrôle intentionnel. De plus, comme nous l’avons déjà vu, les
situations de la vie quotidienne sont largement caractérisées par un encodage incident. Le
troisième critère concerne la valence émotionnelle des souvenirs épisodiques. En effet, les
événements pertinents pour une personne, en lien avec ses valeurs et ses buts, suscitent des
émotions (Scherer, 2001). Selon le quatrième critère, les participants ne doivent être soumis
qu’à un seul essai d’apprentissage. Plus la présentation de l’information est répétée, plus il y a
14
de risque d’impliquer la mémoire sémantique. Le cinquième critère spécifie que les épisodes
doivent contenir des informations concernant le « quoi, où et quand ». C’est-à-dire que les
épisodes ne doivent pas se résumer à une information cible, mais proposer également un
contexte spatial et un contexte temporel. Ces différents aspects du souvenir épisodique
peuvent également être testés. Le sixième critère spécifie que le test de mémoire doit être
inattendu. C’est-à-dire qu’à la fin de l’encodage incident, le participant ne doit pas être
prévenu qu’il sera testé par la suite. De même, si la récupération inclut une phase de rappel
différé, le participant ne doit pas se douter qu’il sera à nouveau testé. Enfin, le septième et
dernier critère concerne les intervalles de rétention. Pause et collaborateurs recommandent
d’utiliser un intervalle d’au moins soixante minutes pour que les souvenirs puissent être
considérés comme intégrés à la mémoire à long terme. À ce propos, notons que certains
patients épileptiques obtiennent des performances normales aux tests classiques de mémoire,
mais se plaignent néanmoins de difficultés mnésiques. Une étude de Blake, Wroe, Breen et
McCarthy (2000) révèle que les patients épileptiques (lobe temporal gauche) présentent des
performances normales suite à un délai de trente minutes, mais déficitaires après un intervalle
de huit semaines, ce qui met en évidence l’intérêt de proposer un rappel à plus long terme.
2.4. Problématique, objectifs et hypothèses théoriques
Nous faisons donc état d’un manque de conformité des tests utilisés en clinique, en
regard de la littérature récente (encodage intentionnel, type de stimuli, non prise en compte
des liens entre mémoire, identité et buts, rappel différé à une quarantaine de minutes
seulement, etc.). L’objectif de cette recherche est donc (1) d’élaborer un nouveau test de la
mémoire épisodique qui soit basé sur le modèle du Self-Memory System (Conway, 2005),
c’est-à-dire qui intègre l’identité et les buts de la personne et permette d’apprécier les
fonctions de correspondance et de cohérence ; et (2) de l’explorer dans la population des
personnes âgées. L’élaboration de ce test se veut aussi fondée méthodologiquement, en
respectant les critères explicités dans la littérature par Pause et collaborateurs (2013).
Ainsi, nous avons baptisé ce nouveau test le « Test de Mémoire en lien avec
l’Identité » (TMI). Il se veut basé sur des situations plus proches de la vie quotidienne, en
proposant un encodage incident et multimodal d’un matériel significatif et écologique (des
photos d’activités de la vie quotidienne) qui puisse être mis en lien avec le self, un seul essai
d’apprentissage, une récupération non attendue, aussi bien de l’information cible que de
détails contextuels, en rappel immédiat et différé à sept jours. Le choix d’un délai de sept
15
jours est principalement logistique. En effet, la plupart des bilans cognitifs sont effectués lors
d’au moins deux entretiens qui sont fixés à une semaine d’intervalle.
Nous allons tout d’abord nous intéresser aux caractéristiques du TMI : scores au
rappel immédiat et au rappel différé, temps d’encodage, questions de contrôle (comme le fait
de s’être douté qu’il s’agissait d’un test de mémoire) et aux liens entre ces variables et les
scores observés au TMI. Nous vérifierons entre autres que la tâche soit suffisamment sensible,
que toutes les activités soient potentiellement rappelées et que chaque photo permette de
rappeler un nombre équivalent de détails. Nous faisons l’hypothèse que le TMI permettra de
mettre en évidence les effets classiques de l’âge, du genre et du niveau de formation sur la
mémoire épisodique. Nous postulons également un lien entre les scores au TMI et la qualité
du sommeil, le sentiment d’auto-efficacité généralisée et d’auto-efficacité de la mémoire,
ainsi que le niveau d’inquiétude (en particulier au rappel différé) et de dépression. Ensuite,
nous nous attendons à ce que la qualité de l’image visuelle mentale prédise la qualité du
souvenir épisodique. Puisque les souvenirs épisodiques s’expriment fréquemment sous forme
d’images visuelles mentales, nous faisons aussi l’hypothèse d’un lien entre le fait d’avoir
l’habitude de se représenter les pensées sous forme d’images mentales et la qualité des
souvenirs. Enfin, nous nous intéresserons aux différents profils mnésiques que permet de
mettre en évidence le TMI.
Dans la suite de ce travail, nous présentons d’une part la méthodologie qui a été mise
en place afin d’élaborer le TMI (élaboration à la fois des stimuli et des consignes), et d’autre
part la méthodologie qui concerne la partie expérimentale de cette recherche, à savoir
l’exploration du TMI dans une population de personnes âgées.
3. Méthodologie
3.1. Méthodologie de l’élaboration du TMI
Le TMI a beaucoup évolué au cours de ces deux dernières années. Toutefois, sa
structure globale est restée inchangée : encodage incident de stimuli (photos d’activités de la
vie quotidienne avec titre de l’activité), phase interférente de quelques minutes, rappel
immédiat (des activités et des détails des photos), rappel différé (des activités et des détails
des photos) à sept jours. Le rappel des activités consiste à rappeler librement le nom d’un
16
maximum d’activités et le rappel des détails consiste à rappeler librement un maximum de
détails qui apparaissait sur la photo. Nous proposons dans la section suivante un récapitulatif
des principales évolutions qu’a subi le TMI. Ces changements se sont souvent faits en
parallèle, mais nous les présentons ici de manière sérielle afin de faciliter la compréhension.
3.1.1. Élaboration des stimuli
Choix des activités. Les stimuli du TMI sont des photographies qui représentent toutes
des mises en scène d’activités de la vie quotidienne. Le choix des activités a été effectué en
tenant compte de plusieurs critères. Tout d’abord nous avons choisi des activités qui
représentent la vie quotidienne, mais qui ne sont toutefois pas trop routinières (contrairement
à l’activité « Se brosser les dents » par exemple), et que tout un chacun est susceptible d’avoir
déjà effectuées. Nous avons donc essayé de sélectionner des activités qui soient relativement
indépendantes de l’âge et du genre (contrairement à l’activité « Jouer au basket-ball » que les
jeunes effectuent probablement plus que les personnes âgées, et l’activité « Préparer un
dessert » qui est en général davantage effectuée par les femmes que par les hommes, pour
citer deux exemples). Étant donné que ce test est destiné à une population adulte, présenter
des activités plus familières pour les jeunes adultes versus les âgés ou pour les femmes versus
les hommes comporte un biais. En effet, les personnes risquent potentiellement de mieux se
rappeler des activités qu’elles ont l’habitude d’effectuer (en lien avec l’agentivité
personnelle). Dans la version finale du TMI que nous avons utilisée dans le cadre de ce
mémoire, nous avons retenu comme activités : « Jouer avec des enfants », « Trier les
déchets », « Lire le journal », « Parler au téléphone », « Dîner en famille », « S’occuper d’un
animal », « Jouer aux cartes », « Arroser les plantes », « Boire un café avec un ami », « Faire
les courses », « Se promener dans la nature », « Regarder la télévision », « Acheter des
habits », « Offrir un cadeau », « Faire sa toilette » et « Fêter un anniversaire ».
Photographies. Les photographies ont été prises par Caroline Bendahan, Michalina
Radomska et moi-même. Nous avons utilisé différents appareils photo, aux caractéristiques
similaires, prêtés par l’atelier multimédia de l’Université de Genève, à Uni Mail. Au moment
de réaliser les mises en scène de chaque photographie, nous avons fait attention d’inclure un
ou plusieurs acteurs (en train de faire l’activité en question), un contexte, un lieu, et des
éléments de détails qui ne soient pas « devinables », afin d’éviter le rappel de connaissances
sémantiques et non pas épisodiques. Par exemple, « une coupe de fruits » n’est pas un élément
17
sémantiquement lié à l’activité « Jouer aux cartes », contrairement à « des cartes » (un
exemple de stimulus incluant cette photographie est montré plus loin dans la Figure 2).
Il était important que les photographies soient de complexité équivalente (chaque
stimulus devant contenir à peu près la même charge de détails), ceci afin de s’assurer que le
nombre de détails rapporté pour chaque photographie soit équiprobable. Nous avons par
ailleurs exclu les photographies trop émotionnelles, en particulier celles jugées négativement
puisque les stimuli négatifs ont pour effet d’améliorer le rappel des détails du souvenir
(Kensinger, 2007). Pour ce faire, nous avons présenté vingt-cinq de nos photographies à vingt
sujets (âge : M = 27.8, ET = 9) et leur avons demandé de les juger, en terme de complexité et
de valence émotionnelle. La complexité était évaluée sur une échelle de Likert en neuf points,
allant de « pas du tout détaillée » à « extrêmement riche en détails » ; et la valence
émotionnelle sur une échelle de Likert en neuf points, allant de « émotions très négatives » à
« émotions très positives ». Cette procédure nous a permis d’exclure les photos jugées trop
complexes ou trop peu complexes et les photos émotionnellement négatives. Nous avons
refait a posteriori un ensemble de photos en prêtant attention à ces deux critères.
Nous avons essayé de balancer le genre (56.7% de femmes), ainsi que l’âge (5 enfants,
13 adultes et 12 personnes âgées) des acteurs apparaissant sur les photographies. En effet, ce
test est destiné à une population d’adultes dès 18 ans et nous voulions éviter un effet
d’identification aux acteurs du même genre et du même âge facilitant un encodage en
référence à soi. Il est à noter que la plupart des acteurs sont des membres de nos familles
respectives ou de notre entourage, qui ont signé un formulaire de consentement nous
autorisant à utiliser leur image dans le cadre du TMI.
Afin de déterminer l’ordre de présentation des photos dans la procédure du TMI, nous
avons tenu compte de différents critères : nous avons essayé de balancer le genre des acteurs
(alterner entre une photo mettant en scène un homme puis une photo mettant en scène une
femme), leur âge (alterner entre une photo mettant en scène une personne jeune puis une
personne âgée), les photos prises en extérieur / à l’intérieur ainsi que le caractère social de la
photo (alterner entre une photo « sociale » comme « Jouer avec des enfants » puis une photo
sans caractère social comme « Trier les déchets »).
Présentation des photographies. Les photographies ont été imprimées sur un support
papier (Premium NeverTear indéchirable) assez épais (155 g), au format A4 (21 x 29.7 cm).
Une seule photo par page apparaissait aux dimensions de 16.5 x 22 cm (en orientation
18
paysage). Le titre de l’activité était inscrit au-dessus de la photo de manière à être bien
lisible : police Calibra, taille 44 points, gras et centré. Un exemple de stimuli en taille réelle
est présenté dans la Figure 2. Une version en taille réduite de chaque stimulus est proposée en
Annexe I.
Nombre de stimuli. Nous avons d’abord testé notre tâche sur six sujets (âge : M = 37,
ET = 17) en proposant douze stimuli lors de l’encodage. Les résultats mettant en évidence un
effet plafond (rappel immédiat : score Min = 7, score Max = 11, Md = 9.5 ; rappel différé :
score Min = 7, score Max = 12, Md = 9), nous avons décidé d’augmenter le nombre de
stimuli à 16 afin d’améliorer la sensibilité de notre tâche.
3.1.1. Élaboration des consignes
L'élaboration des consignes a été une tâche ardue. Nous les avons régulièrement
prétestées sur un nombre restreint de participants, la plupart du temps jeunes, avant de les
modifier en fonction de nos observations et des remarques des participants.
Cover story. Puisque nous effectuons un encodage incident, les participants ne doivent
pas savoir qu’ils sont soumis à un test de mémoire. Toutefois, nous leur faisons bien passer un
test, qu’il faut dès lors justifier. Afin d’introduire la tâche, nous avons donc dû mettre au point
une cover story, qui explique aux participants dans les grandes lignes en quoi consiste la
tâche, en évitant d’éveiller leurs soupçons. Nous avons élaboré différentes cover story, pour
n’en garder qu’une, qui se voulait à la fois simple et directe :
« Ce qui m’intéresse, c’est de mieux connaître vos habitudes et l’importance que vous
accordez à certaines activités dans votre vie quotidienne. Je vais vous montrer différentes
photos d’activités et vous devrez m’expliquer quelle est l’importance que ces activités ont
dans votre vie actuelle ou ont eue dans votre vie passée. C’est vraiment votre avis personnel
qui m’intéresse, c’est pourquoi il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse ».
Jouer aux cartes
Figure 2. Exemple du stimulus « Jouer aux cartes » en taille réelle.
20
Consignes données lors de l’encodage. De même, nous voulions que nos participants
observent les stimuli (sans savoir qu’ils devaient les mémoriser), et soient en mesure de faire
un lien entre ces stimuli et leur identité (en activant leur Self-Memory System).
Observation. Afin de garantir l’exploration visuelle des photos, nous avons d’abord
demandé aux participants de dénommer deux éléments qui leur plaisaient dans la photo. Ils
nous ont massivement donné comme retour que cette unique consigne ne leur permettait pas
suffisamment d’explorer les photos. Il y avait également régulièrement des personnes qui
n’arrivaient tout simplement pas à trouver deux éléments qui leur plaisaient dans la photo.
Nous avons donc fait évoluer cette consigne en une phase d’observation simple, où la
consigne était de regarder la photo pendant quelques secondes. Durant les prétests que j’ai
effectués, il m’a semblé que les personnes ne respectaient pas toujours cette consigne. Dès la
seconde photo, ils savaient que j’allais ensuite leur poser des questions concernant
l’importance qu’ils accordent à cette activité. Au moment de la présentation de la photo,
j’avais le sentiment qu’ils étaient déjà en train de penser à leurs réponses concernant les
questions suivantes plutôt que d’observer la photo. Je comprends qu’ils aient agi ainsi puisque
l’action d’observer passivement la photo n’était pas pertinente pour eux dans la
compréhension qu’ils avaient de la tâche (mieux connaître leurs habitudes de vie).
Nous avons donc décidé de modifier encore cette phase d’observation en supprimant
le titre des photos. Les participants devaient observer la photo, puis dire de quelle activité il
s’agissait selon eux. Ainsi il fallait qu’ils observent activement les photos pour produire euxmêmes les noms des activités. Rappelons ici que le rappel consiste d’abord à récupérer le nom
d’un maximum d’activités. Cette consigne rendait donc la tâche difficile pour le clinicien, qui
devait prendre note des réponses de chaque personne lors de l’encodage, puis faire le lien
avec les réponses données au moment du rappel, qui pouvaient être différentes. Cela
impliquait également beaucoup de variabilité entre les participants et de confusion. Par
exemple, un participant a donné comme nom d’activité « Le dimanche en famille » pour
l’activité « Jouer avec des enfants », qui peut ensuite facilement être confondu avec l’activité
« Dîner en famille ».
Pour finir, nous avons choisi de couvrir le titre de la photo durant la phase
d’observation, en commençant par demander au participant de décrire ce qu’il observait.
Après cette description succincte de la scène, nous découvrons le titre, avant de le lire : « il
s’agit de l’activité « … » ». Ainsi la phase d’observation est mieux contrôlée. Les participants
21
doivent observer la scène un minimum pour la décrire verbalement, sans se contenter de lire
le titre de l’activité qui est caché. Cette procédure permet également aux participants d’avoir
le même indice de récupération (puisque le nom des activités est le même pour tous).
Lien avec le self. Notre objectif était que les participants encodent les stimuli en
référence à soi. Nous avons donc réfléchi à différentes manières de les pousser à créer un lien
entre ces photos et leur identité. Pour cela nous leur avons d’abord demandé d’exprimer sur
une échelle de Likert (en cinq points, allant de « pas du tout » à « extrêmement ») à quel point
faire cette activité était important pour eux ; et à quel point cette photo leur rappelait des
souvenirs personnels (sur la même échelle de Likert). Il nous est apparu qu’en demandant de
faire des liens avec le self uniquement via des réponses sur des échelles, les participants
n’avaient pas l’opportunité d’effectuer un traitement suffisamment profond. Au contraire, ils
désignaient parfois une réponse sur l’échelle sans paraître se poser véritablement la question,
et ce traitement nous semblait trop superficiel. Pour y remédier, nous avons introduit des
questions ouvertes, permettant aux participants d’élaborer leur réponse et exigeant aussi d’eux
un traitement plus poussé.
Ainsi, nous avons d’abord demandé aux participants de nous dire, en une phrase ou
deux, s’il y avait des éléments dans cette photo qui leur évoquaient des choses qu’ils avaient
personnellement vécues. Cette consigne avait l’avantage de contraindre le participant à
regarder la photo tout en faisant un lien avec sa propre identité. Mais les réponses que nous
obtenions étaient souvent insatisfaisantes. En effet, cette consigne donnait souvent lieu à des
réponses sémantiques très générales telles que « j’aime les animaux » ou encore « c’est bien
de faire le tri ».
Dès lors, nous avons repris la question de l’importance, en demandant aux participants
à quel point l’activité est importante pour eux (échelle de Likert en cinq points, allant de « pas
du tout » à « extrêmement », voir Annexe II). Après avoir fait leur choix sur l’échelle, les
participants devaient expliquer en quelques mots pourquoi ils avaient fait ce choix. Il s’agit
donc pour la personne de juger une activité par rapport à l’importance qu’elle lui accorde
(pertinence par rapport au self) puis de dire pourquoi (traitement profond et lien avec le self).
Si la réponse du participant est trop générale, peu claire ou non reliée à son identité,
l’expérimentateur intervient et lui demande de préciser sa réponse, l’incite à donner un avis
personnel, à dire ce qu’il pense. Cette procédure permet de maximiser les chances d’obtenir
des réponses en lien avec le self.
22
Il est à noter ici que nous avons envisagé d’introduire une question concernant les
émotions dans nos consignes d’encodage. Nous n’avons finalement pas retenu cette
possibilité, mais voici un petit résumé de notre réflexion sur ce sujet. Les émotions ayant un
rôle important dans la mémorisation des épisodes, nous avons essayé de demander aux
participants si la photo leur évoquait des émotions (toujours sur une échelle de Likert en cinq
points, allant de « pas du tout » à « extrêmement »). Ensuite, nous leur demandions d’indiquer
la valence de l’émotion ressentie (sur une échelle composée de cinq figurines représentant une
graduation entre un visage très triste et un visage très joyeux). Étant donné que nos photos ne
suscitaient pas d’émotions négatives, nous avons d’abord abandonné la question de la
valence, puis celle de l’émotion. En effet, nous avions fait attention de ne sélectionner que des
photos qui dégageaient à peu près la même intensité émotionnelle, ce qui rendait cette
question peu pertinente.
Contrôle du temps d’encodage. Certaines questions posées durant la phase d’encodage
ont également été supprimées ou adaptées en fonction du temps qu’elles nécessitaient. Durant
les premiers prétests, le temps d’encodage pouvait être très variable d’un individu à l’autre
(entre 9 et 18 minutes, ET = 3). Ceci pose problème dans la mesure où les effets observés
ensuite sur le rappel peuvent être liés au temps consacré à encoder les stimuli, en partant du
principe qu’une personne qui passe plus de temps à encoder aura de meilleures performances.
Il était donc important pour nous de pouvoir contrôler au maximum ce temps d’encodage.
Pour ce faire, nous avons déterminé le temps approximatif nécessaire au participant pour
donner sa réponse. Une incitation est prévue si la réponse donnée est trop brève. Ainsi, pour
la phase d’observation, une réponse d’environ dix secondes concernant la description de la
scène
est
attendue.
Si
le
participant
s’arrête
avant,
l’expérimentateur
l’incite
systématiquement en lui demandant : « quoi d’autre ? ». De même, une réponse d’environ
quinze secondes est attendue pour la justification de l’importance. Si la réponse est trop brève,
le participant est invité à élaborer sa réponse : « dites-m’en un peu plus ». En cas de réponses
trop longues, nous avons interrompu le participant afin de lui signifier que sa réponse était
suffisante. Ainsi, la durée approximative d’encodage pour chaque photo est d’une minute, soit
16 minutes pour les 16 photos.
Compréhension des consignes / essai. Afin de nous assurer que les participants
comprennent bien les consignes de la phase d’encodage (quelle est l’importance de l’activité
23
et pourquoi), nous avons inclus un essai au début de la passation du TMI. En effet, après avoir
donné les consignes et avant de montrer la première photo, le participant doit répondre aux
deux questions d’encodage avec l’exemple de l’activité « Aller au cinéma ». Encore une fois,
le participant ne voit pas de photo lors de cet essai, il doit simplement indiquer à quel point
l’activité « Aller au cinéma » est importante pour lui puis dire pourquoi en quelques mots. Cet
essai permet d’illustrer la consigne et est souvent l’occasion d’insister sur l’importance de
donner des réponses personnelles et pas trop générales.
La version définitive des consignes utilisées dans le cadre de ce mémoire durant la
phase d’encodage est proposée en Annexe III.
Consignes de rappel. Les consignes données pour le rappel libre et le rappel des
détails apparaissent en Annexe IV pour la session 1 (rappel immédiat) et Annexe V pour la
session 2 (rappel différé). Le temps accordé au rappel libre des activités a été fixé à deux
minutes, et à approximativement trente secondes pour le rappel des détails de chaque photo.
Nous avons décidé de ne procéder au rappel des détails que pour les activités qui ont été
rappelées lors du rappel libre de la séance en cours.
3.2. Méthodologie de l’expérimentation
3.2.1. Population
Nous avons recruté 41 participants. A posteriori, nous avons exclu un des participants,
qui présentait des troubles cognitifs avérés suite à un AVC. Nous présentons ici les
caractéristiques de notre échantillon après l’exclusion de ce sujet. L’échantillon est donc
finalement composé de 40 individus tout-venant âgés de 60 à 77 ans (M = 67.5 , ET = 4.6),
parlant couramment le français (c'est-à-dire de langue maternelle ou avec une très bonne
expression / compréhension). Nous avons essayé de constituer un échantillon composé
d’autant d’hommes que de femmes, mais au final le nombre d’hommes diffère
significativement du nombre de femmes (40% d’hommes contre 60% de femmes, χ2(1) =
4.00, p = 0.045). Nos participants ont effectué entre 8 et 19 années d’études (M = 13.0, ET =
2.8). Seulement six d’entre eux (15%) exercent encore actuellement une activité
professionnelle et quatorze ont une activité bénévole significative (35%).
24
3.2.2. Matériel
TMI. La passation du TMI est divisée en deux sessions espacées d’une semaine. Les
deux sessions sont enregistrées à l’aide d’un enregistreur vocal afin de pouvoir retranscrire les
réponses des participants (en effet, dans un but exploratoire de ce test, nous voulions récolter
les réponses dans le moindre détail, ce qui permettra par la suite d’imaginer un système de
cotation plus simple pour les cliniciens). L’expérimentateur prend note des réponses du sujet
sur un protocole prévu à cet effet (voir Annexe VI pour la séance 1 et Annexe VII pour la
séance 2).
La séance 1 commence par la cover story puis l’explication de l’échelle d’importance
et enfin l’essai. Une fois que l’expérimentateur s’est assuré que le participant avait bien
compris les consignes, il montre la première photo et la phase d’encodage commence.
L’expérimentateur pose les deux questions d’encodage pour les 16 photos. Une période
d’interférence d’environ cinq minutes fait suite à la phase d’encodage. Ensuite, une phase de
rappel libre (immédiat) de deux minutes a lieu. L’expérimentateur prend note de toutes les
activités dont le participant se souvient. À la fin du rappel libre, l’expérimentateur procède au
rappel des détails. Ainsi, pour chaque activité dont le participant s’est souvenu lors du rappel
libre, il lui est demandé d’essayer de voir la photo de l’activité en imagerie mentale (voir
paragraphe suivant intitulé « Imagerie mentale ») et de rappeler le plus grand nombre de
détails qui figuraient sur la photo.
Lors de la séance 2, l’expérimentateur procède au rappel libre des activités, puis au
rappel des détails des activités rappelées, selon la même procédure qu’à la séance 1.
Le TMI donne finalement lieu à quatre scores : deux scores correspondant au nombre
d’activités rappelées (un score au moment du rappel immédiat et un score au moment du
rappel différé) et deux scores correspondant au nombre de détails corrects rappelés par photo
(nombre de détails total – nombre d’erreurs) (un score établi sur la base de la performance du
rappel des détails immédiat et un score pour le rappel différé). Les deux scores d’activité sont
directement obtenus. Pour les scores de détails, la cotation est plus délicate. En effet, nous
avons dû réécouter les enregistrements pour accorder un point par détail correct et soustraire
le nombre de détails incorrects. Chaque pièce d’information correcte rapportée par le
participant est accréditée (comme le nombre d’acteurs apparaissant sur une photo, leur sexe,
leur âge approximatif, l’action en cours, les objets présents dans la scène, les positions
spatiales entre les objets / acteurs, les couleurs, etc.).
25
Questions de contrôle TMI. Nous avons inclus quatre questions de contrôle en lien
avec le TMI. Nous voulions savoir si les participants s’étaient doutés qu’il s’agissait en réalité
d’un test de mémoire et s’ils avaient participé à la consolidation du souvenir en parlant ou en
repensant aux photos. Ainsi, à la fin du rappel des détails immédiat, nous avons demandé aux
participants s’ils s’étaient doutés qu’ils devraient rappeler les activités des photos (oui ou
non). Puis, suite au rappel des détails différé, il leur était demandé s’ils s’étaient doutés qu’ils
devraient à nouveau rappeler les mêmes photos aujourd’hui (oui ou non), s’ils avaient discuté
de ces photos avec leur entourage au cours des sept derniers jours (échelle de Likert en quatre
points allant de « pas du tout » à « presque tous les jours ») et s’ils avaient repensé à ces
photos au cours des sept derniers jours (échelle de Likert en quatre points allant de « pas du
tout » à « presque tous les jours »).
Imagerie mentale. Pour tester notre hypothèse en lien avec l’imagerie mentale, les
participants ont dû évaluer la qualité de leur image mentale sur une échelle de Likert en cinq
points allant de « aucune image » à « image extrêmement claire et détaillée ». En effet, au
moment du rappel des détails, le participant était enjoint de revoir la photo de l’activité dans
sa tête, en essayant de se la représenter avec le plus de détails possibles. Puis il devait
indiquer sur l’échelle à quel point son image mentale de la photo était claire et détaillée (voir
Annexe II pour l’échelle d’imagerie mentale et Annexe IV et V pour l’explication de l’échelle
d’imagerie mentale ainsi que les consignes).
Chaque participant, en plus de passer le TMI, a dû remplir sept questionnaires en
version papier-crayon, a passé un test évaluant le fonctionnement cognitif général et a
répondu à diverses questions sociodémographiques. Ces mesures ont été effectuées pour
évaluer empiriquement si les liens mis en évidence dans la littérature entre mémoire
épisodique et d’autres variables se vérifient sur le TMI. Nous allons revenir en détail sur
chacune de ces mesures dans la section qui suit.
Un premier questionnaire, élaboré par Caroline Bendahan, assistante doctorante de
l’unité de psychopathologie et neuropsychologie cognitive, a été utilisé pour la phase
interférente du TMI. Étant donné que nous n’avons pas d’hypothèses particulières le
concernant, nous n’allons pas le détailler ici. Il est toutefois consultable en Annexe VIII.
26
Nous avons également utilisé l’Index de Sévérité de l’Insomnie (Blais, Gendron,
Mimeault, & Morin, 1997) qui évalue la sévérité des difficultés de sommeil grâce à sept items
à coter sur une échelle de Likert en cinq points. Les dimensions suivantes sont évaluées : la
sévérité de l’insomnie, la satisfaction avec le sommeil actuel, l’interférence avec le
fonctionnement quotidien, l’apparence des difficultés pour l’entourage et le niveau
d’inquiétude dû aux difficultés de sommeil. Cet index présente une bonne consistance interne
(α de Cronbach = .86) dans notre échantillon.
Chaque participant a rempli l’adaptation française du General Self-Efficacy Scale
(GSES, Schwarzer & Jerusalem, 1995; traduit par Dumont, Schwarzer, & Jerusalem, 2000).
Cet outil mesure les ressources personnelles et le sentiment d’auto-efficacité. Il est composé
de dix énoncés à évaluer sur une échelle de Likert en quatre points allant de « pas du tout
vrai » à « totalement vrai ». Il présente une bonne consistance interne (α de Cronbach = .84)
dans notre échantillon.
Nous avons utilisé le Questionnaire sur les inquiétudes du Penn State (Meyer, Miller,
Metzger, & Borkovec, 1990 ; traduit de l’anglais par Letarte, Freeston, & Ladouceur, 1991)
pour évaluer les intrusions cognitives ainsi que la fréquence et l’intensité des inquiétudes
excessivement irréalistes (Bouvard & Cottraux, 2005). Sa consistance interne est très
satisfaisante (α de Cronbach = .92) dans notre échantillon.
Les participants ont également rempli l’échelle CES-D (Center for Epidemiologic
Studies-Depression scale, Radloff, 1977 ; traduite de l’anglais par Führer & Rouillon, 1992).
Elle permet d’évaluer le niveau actuel de la symptomatologie dépressive. Il s’agit encore d’un
auto-questionnaire, composé de vingt items à évaluer en terme de fréquence sur la semaine
écoulée. L’échelle de Likert utilisée est constituée de quatre points allant de « jamais ; très
rarement » à « fréquemment, tout le temps ». La consistance interne de cette échelle est élevée
(α de Cronbach = .82) dans notre échantillon. Dans une étude de validation française sur une
population adulte (Morin et al., 2011), cette échelle présentait une corrélation importante (r =
.89) avec le BDI-13 (Beck & Beck, 1972) qui mesure également la dépression. C’est un outil
particulièrement intéressant dans le cadre de la recherche, car il s’adresse à la population
générale.
Afin d’assurer que notre échantillon ne présente pas de troubles cognitifs, nous leur
avons également fait passer l’échelle d’évaluation de la démence de Mattis (Dementia Rating
Scale, Mattis, 1976). Cette échelle a en effet été mise au point afin d’évaluer le
fonctionnement cognitif des patients atteints de maladies neurodégénératives. Constituée de
27
trente-six épreuves pour un total de 144 points, l’échelle de Mattis permet de calculer cinq
sous-scores afin d’évaluer cinq fonctions cognitives : l’attention, l’initiation, la construction,
la conceptualisation et la mémoire. Les items les plus complexes de chaque dimension sont
présentés en premier, et s’ils sont réussis, les items plus simples sont automatiquement
validés, ce qui permet de limiter le temps de passation en s’adaptant au niveau de
fonctionnement du patient. Dans une étude de 1997, Marson, Dymek, Duke et Harrel ont
trouvé des corrélations significatives entre les sous-scores de la Mattis et d’autres épreuves
standardisées mesurant la même aptitude (.56 < r < .70 pour chaque appariement).
Le questionnaire d’habitudes de verbalisation et imagerie (VerIm, Burkard, in press)
permet d’évaluer les habitudes de verbalisation et de visualisation dans la vie de tous les
jours. Il est composé de huit items, dont quatre sont reliés aux stratégies verbales et quatre aux
stratégies visuelles. Sa consistance interne dans notre échantillon est satisfaisante (α de
Cronbach = .80).
Le Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire (QAM, Van der Linden, Wyns,
Coyette, von Frenckell, & Seron, 1989) est une mesure d’auto-efficacité de la mémoire. Il
permet d’évaluer ses propres oublis concernant les conversations, les films et les livres, les
oublis dus aux distractions, les oublis concernant les personnes, le mode d’utilisation des
objets, les connaissances générales, les lieux, les actions à effectuer, la vie personnelle et
divers facteurs pouvant perturber la mémoire (tels que la fatigue ou le stress). Il est composé
de 64 questions permettant d’évaluer ces dix rubriques. Le participant estime la fréquence de
ses oublis sur une échelle de Likert en six points allant de « jamais » à « toujours ». Dans
notre échantillon, la consistance interne du QAM est excellente (α de Cronbach = .97).
3.2.3. Procédure
Chaque personne était avertie que nous cherchions des participants âgés de 60 à 80 ans
pour une étude en psychologie, portant sur les activités quotidiennes en lien avec l’identité. Il
était précisé que la participation impliquait deux rendez-vous espacés d’une semaine,
d’environ une heure chacun. Le choix était laissé au participant de faire les entretiens dans un
laboratoire d’Uni Mail ou à domicile. Au final, six personnes ont été vues dans le laboratoire
M6159 à Uni Mail, une personne sur son lieu de travail, une personne au domicile de
quelqu’un d’autre, et la majorité à leur domicile (32 personnes).
Lors de la première séance, tous les participants ont reçu un formulaire de
consentement (voir Annexe IX) décrivant l’objectif de la recherche comme étant l’exploration
d’un nouvel outil d’investigation portant sur les activités de la vie quotidienne et l’importance
28
que les gens y accordent. Aucune autre information n’a été mentionnée, de manière à éviter
que les participants se doutent que nous nous intéressions à leur mémoire. Il était toutefois
précisé qu’il serait demandé d’effectuer de courtes tâches évaluant les fonctions cognitives
générales (par exemple : les capacités attentionnelles, langagières ou d’apprentissage), ainsi
que de répondre à des questionnaires portant sur leur quotidien et sur leur fonctionnement
psychologique. Le formulaire de consentement précisait également que les séances seraient
enregistrées avec l’accord du participant afin de faciliter la passation des tâches et la
retranscription exacte des réponses. Il soulignait enfin que les données seraient utilisées
uniquement à des fins scientifiques et pédagogiques et que l’anonymat était garanti. Ensuite,
le participant et l’expérimentateur signaient deux exemplaires de ce formulaire de
consentement afin que chacun puisse en conserver un. Par sa signature, le participant
signifiait qu’il participait volontairement à l’étude et l’expérimentateur s’engageait à remplir
les clauses d’anonymat et d’éthique et à décrire avec exactitude l’étude à la fin de la deuxième
séance. Le participant répondait ensuite à des questions portant sur les données
sociodémographiques. Ensuite, l’expérimentateur procédait à l’encodage des photos du TMI,
avant de faire remplir au participant le questionnaire élaboré par Caroline Bendahan et l’index
de sévérité de l’insomnie. Nous avons choisi ces deux questionnaires pour la phase
d’interférence du TMI car ils n’impliquaient pas d’autres tâches mnésiques ou n’évoquaient
pas d’activités de la vie quotidienne similaires ou autres que celles proposées dans le TMI, ce
qui aurait pu comporter un biais. Suite à cette phase interférente, l’expérimentateur procédait
au rappel immédiat des activités et des détails des photos (y compris la question sur la qualité
de l’imagerie mentale) et posait la première question de contrôle. Cette première session se
terminait par la complétion de la General Self-Efficacy Scale, du questionnaire sur les
inquiétudes du Penn State et l’échelle CES-D.
La seconde séance commençait par le rappel différé (des activités et des détails des
photos, incluant la question sur la qualité de l’imagerie mentale), avant de clore la passation
du TMI par les trois dernières questions de contrôle. Ensuite, les participants passaient
l’échelle d’évaluation de la démence de Mattis. Puis ils devaient rapporter un récit de
correspondance et un récit de cohérence (données non développées ici et en cours de
traitement dans le cadre d’une autre étude), avant de remplir le questionnaire verbalisateur /
imageur. La passation se terminait par la complétion du questionnaire d’auto-évaluation de la
mémoire.
29
Les expérimentateurs se sont tenus à disposition des participants s’ils avaient des
questions ou s’ils voulaient parler de leur ressenti suite à la passation. Ils ont pris les adresses
email des participants qui étaient intéressés de recevoir les résultats issus de l’étude une fois
que celle-ci serait publiée.
3.2.4. Recrutement
Pour ma part, le recrutement des participants a été une tâche délicate, car ceux-ci ne
devaient connaître ni ma mère, ni mon père, ni la famille de mon frère, ni la famille de ma
sœur, puisqu’ils apparaissent sur les photos. J’ai finalement recruté 34 participants par
différents canaux. Avec l’accord du médecin généraliste pour qui je travaille depuis plus de 3
ans comme secrétaire, j’ai d’abord contacté dix patients qui fréquentent le cabinet médical,
sept ont accepté de participer. Les 27 autres participants ont été recrutés par le bouche-àoreille : des parents, connaissances, voisins ou encore collègues d’amis, des amis de
personnes qui avaient déjà participé, etc. Une personne s’est montrée très réticente lors du
premier entretien, je l’ai sentie assez angoissée et dans ces conditions, j’ai préféré mettre un
terme à la passation : aucune donnée n’a été récoltée. Une personne a souhaité décaler de
quatre jours son second entretien, donc nous l’avons annulé, mais avons conservé les données
obtenues lors de la première session. Pour cette même personne et une autre personne, mon
enregistreur n’a pas fonctionné respectivement à la session 1 et à la session 2 donc il manque
les données concernant les détails rappelés et les temps (d’encodage, d’interférence, de la
tâche…) pour ces deux sessions. Nous avons toutefois inclus les données disponibles. Deux
des participants ont reconnu par hasard les deux messieurs acteurs qui apparaissent dans la
photo de l’activité « Boire un café avec un ami » et une participante a reconnu la dame actrice
de la photo de l’activité « Faire sa toilette ». Nous avons décidé de conserver leurs données.
Au final, nous avons utilisé les données de 33 de mes participants, parfois avec des données
manquantes.
Caroline Bendahan a également recruté six participants. Ses participants étaient pour
la plupart des connaissances de connaissances qu’elle n’avait jamais rencontrées auparavant.
Un stagiaire de l’unité de psychopathologie et de neuropsychologie cognitive a également
recruté un participant.
Étant donné que plus de 80% des entretiens ont été réalisés par moi-même, nous ne
tiendrons pas compte des éventuels biais dus à l’expérimentateur dans la suite de ce travail.
Sur les 40 participants dont au moins une partie des données a été incluse dans les
analyses, sept ont été vus dans un environnement non familier (laboratoire d’Uni Mail ou
30
chez une tierce personne) et 33 ont été vu dans un environnement qui leur était familier (à leur
domicile ou dans leur bureau au travail).
3.2.5. Analyses statistiques
Nous avons effectué diverses analyses exploratoires sur les scores au TMI, nous avons
entre autres effectué un test t de Student à échantillons dépendants pour vérifier
statistiquement si les scores au rappel différé étaient différents des scores au rappel immédiat ;
ainsi que des corrélations entre la durée de l’encodage, les questions de contrôle, et les scores
au TMI. Nous avons calculé les fréquences moyennes de rappel de chaque photo, ainsi que le
nombre moyen de détails rappelés par photo. Afin de tester l’hypothèse concernant le lien
entre les variables sociodémographiques et les scores au TMI, nous avons effectué quatre
régressions linéaires multiples en introduisant pour chaque régression un score au TMI en
variable dépendante, et l’âge, le genre, le nombre d’années d’étude et le fait d’être actif en
prédicteurs. Nous avons choisi de faire des régressions, car ces variables sont connues dans la
littérature pour prédire en partie les scores aux tests de mémoire épisodique. Nous nous
sommes aussi intéressés aux corrélations entre les scores au TMI et les scores à l’index de
sévérité de l’insomnie, au General Self-Efficacy Scale, au questionnaire sur les inquiétudes du
Penn State et à l’échelle CES-D afin de vérifier l’hypothèse concernant le lien entre notre test
de mémoire et la qualité du sommeil, le sentiment d’auto-efficacité, les inquiétudes et la
dépression. Nous avons également fait des corrélations entre les scores au TMI et d’autres
mesures telles que le questionnaire d’auto-évaluation de la mémoire et le sous-score mémoire
de la Mattis. Nous avons aussi effectué une régression linéaire simple avec comme variable
dépendante le nombre de détails rappelés par photo (rappel immédiat et rappel différé
confondu) et avec comme prédicteur la qualité de l’image visuelle mentale pour vérifier
l’hypothèse selon laquelle l’imagerie visuelle prédit la qualité du souvenir épisodique. De
plus, nous avons fait des corrélations entre le fait de se considérer comme un imageur ou
comme un verbalisateur et le nombre de détails rappelés par photo (rappel immédiat et rappel
différé confondu) afin de vérifier l’hypothèse d’un lien entre l’habitude de former des images
mentales visuelles et la qualité du souvenir épisodique. Enfin, dans une perspective plus
qualitative, nous avons comparé les profils mnésiques de deux paires de sujets en nous
intéressant d’une part à leurs scores au TMI (rappel immédiat versus rappel différé) et d’autre
part à leurs réponses lors de l’encodage des photos-stimuli du TMI.
31
4. Résultats
Nous avions fixé préalablement comme critères d’exclusion un haut niveau de
dépression et des troubles cognitifs. Un participant a été exclu de nos analyses, car il
présentait des troubles cognitifs avérés (score global à l’échelle d’évaluation de la démence de
Mattis de 124). Concernant la dépression, même les participants qui scoraient le plus haut à
l’échelle CES-D étaient proches du seuil donc nous les avons inclus dans les analyses. Au
final, l’échantillon sur lequel portent les analyses comporte 40 participants.
Une partie du rappel des détails a été coté par deux juges. En effet, bien que nous nous
soyons mis d’accord au préalable sur les critères de cotation, il reste toujours une part de
subjectivité au moment d’accorder des points pour les détails d’une photo. Un souséchantillon de 205 photos détaillées au moment du rappel immédiat ou différé sur les 709
totales a été double-coté (29% de l’échantillon). L’indice de fidélité inter-juges qui en ressort
est excellent (.94). Nous n’avons donc pris en considération que le nombre de points accordé
par le premier juge, en partant du principe que l’accord entre les juges était très satisfaisant.
Pour la suite de la partie résultat, T1 désignera la session 1 (c’est-à-dire le rappel
immédiat) et T2 désignera la session 2 (rappel différé). La variable « Activités » correspond
au nombre total, sur 16 points, d’activités rappelées lors du rappel libre et la variable
« Détails » au nombre de détails corrects rappelés par photo (c’est-à-dire le nombre total de
détails moins les erreurs).
4.1. Statistiques descriptives sur le TMI
Distribution des scores. À T1, les scores TMI s’étendent de 4 à 14 pour les activités et
de 26 à 185 pour les détails. À T2, ils se situent entre 3 et 16 pour les activités et entre 16 et
142 pour les détails (voir Tableau 1).
Tableau 1
Caractéristiques des quatre scores au TMI et indices de normalité.
Scores TMI
N
Moyenne
Min
Max
Écart-Type
Skewness
Kurtosis
Activités T1
40
9.85
4.00
14.00
1.87
-0.85
1.79
Activités T2
39
8.26
3.00
16.00
3.00
0.67
0.27
Détails T1
39
92.08
26.00
185.00
36.30
0.56
0.31
Détails T2
38
63.71
16.00
142.00
33.41
0.79
0.12
32
Les distributions des scores au TMI ne montrent ni d’effet plancher ni d’effet plafond
(voir Figure 3), mais apparaissent normales. Les critères de symétrie (Skewness) et
d’aplatissement (Kurtosis) sont d’ailleurs globalement respectés (Skewness entre -0.85 et
12
12
10
10
8
8
Fréquence
Fréquence
0.79 ; Kurtosis entre 0.12 et 1.79 ; voir Tableau 1).
6
6
4
4
2
2
0
0
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
3
14
4
5
6
7
14
14
12
12
10
10
8
8
Fréquence
Fréquence
8
9
10
11
12
13
14
15
16
Activités T2
Activités T1
6
6
4
4
2
2
0
0
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Détails T1
180
200
220
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Détails T2
Figure 3. Histogrammes représentant les fréquences de score d’activités (en haut) et de détails (en
bas) à T1 (à gauche) et T2 (à droite).
Analyse T1 vs T2. La comparaison des boxplots (voir Figure 6) entre T1 et T2 montre
une diminution du score aussi bien pour les activités que pour les détails. En effet, à T1 les
participants se souviennent en moyenne de 9.85 activités (ET = 1.87), contre 8.26 activités à
T2 (ET = 3.00). De même, dans notre échantillon, les participants rapportent en moyenne
92.08 détails (ET = 36.30) à T1 contre 63.71 détails (ET = 33.41) en tout à T2 (voir Tableau
1).
33
11.0
110
10.5
100
10.0
90
9.5
9.0
80
8.5
70
8.0
60
7.5
7.0
Activités T1
Activités T2
Moyenne
Moyenne +- ET
Moyenne +- 1.96*ET
50
Détails T1
Détails T2
Moyenne
Moyenne +- ET
Moyenne +- 1.96*ET
Figure 6. Boxplots représentant le nombre d’activités (à gauche) et le nombre de détails (à droite)
rappelés à T1 versus T2.
Un test t de Student pour échantillons dépendants met en évidence que la différence
entre T1 et T2 est significative à la fois pour les activités (t(38) = 3.93, p < 0.001) et pour les
détails (t(38) = 5.57, p < 0.001).
Temps. Le temps moyen mis pour la tâche est de 38 minutes (ET = 5) au total
(incluant les consignes, le temps d’encodage et la phase d’interférence) à T1 et de 12 minutes
(ET = 3) à T2. Concernant l’encodage, il a duré entre 9 et 21 minutes (M = 17, ET = 2). À
noter que la durée de l’encodage ne corrèle avec aucun des quatre scores au TMI (voir
Tableau 3 au paragraphe suivant).
Questions de contrôle. Sur l’échantillon total, une seule personne s’est doutée qu’il lui
serait demandé de rappeler les photos à T1 (voir Tableau 2: Douté T1) et neuf se sont doutées
qu’il leur serait à nouveau demandé de rappeler les photos à T2 (voir Tableau 2: Douté T2).
Quasiment la moitié des participants ont discuté des photos avec leur entourage entre les deux
sessions (voir Tableau 2: Discuté T2) et deux tiers des participants ont indiqué avoir repensé
aux photos à T2 (voir Tableau 2: Repensé T2).
34
Tableau 2
Effectif observé par réponse à chacune des quatre questions de contrôle (N = 39).
Douté T1
Douté T2
Discuté T2
Repensé T2
Oui
1
9
Non
38
30
Pas du tout
20
13
Un peu
17
23
Beaucoup
0
1
Presque tous les jours
2
2
À T2, le fait de s’être douté qu’il s’agissait d’un test de mémoire (Douté T2) ou
d’avoir discuté des photos entre les deux sessions (Discuté T2) ne corrèle pas avec les scores
T2 au TMI (ni le score d’activités ni le score de détails). Toutefois, on observe que le fait
d’avoir repensé aux photos entre les deux sessions (Repensé T2) corrèle positivement (r =
0.35, p = 0.031) avec le score d’activités à T2. La corrélation de .31 entre Repensé T2 et le
score de détails à T2 est tendanciellement significative (p = 0.059) (voir Tableau 3).
Tableau 3
Matrice de corrélations entre les quatre scores au TMI et la durée de l’encodage des stimuli, ainsi que
les quatre questions de contrôle.
Scores TMI
Durée encodage
Douté T1
Douté T2
Discuté T2
Repensé T2
Activités T1
0.08
0.10
-0.13
0.08
0.12
Activités T2
-0.03
-0.01
0.20
-0.04
0.35*
Détails T1
0.13
-0.06
-0.14
0.05
0.19
Détails T2
0.04
-0.11
0.18
-0.11
0.31
Note. *p < 0.05.
Analyses par photo.
Fréquence de rappel d’une photo. La Figure 4 montre que les photos n°2 (« Trier les
déchets ») et n°13 (« Acheter des habits ») sont moins souvent rappelées que les autres, aussi
bien à T1 qu’à T2 (la photo n°2 est rappelée six fois à T1 et huit fois à T2 ; la photo n°13 est
rappelée 14 fois à T1 et 8 fois à T2). Les autres photos sont au moins rappelées 10 fois à T1
ou à T2 (c’est-à-dire qu’elles sont rappelées à au moins une des deux sessions par au moins
un quart de l’échantillon).
35
Figure 4. Double diagramme à bâtons de l’effectif ayant rappelé chaque photo en fonction du rappel.
Rappel des détails d’une photo. À T1, les participants rapportent entre -1 et 24 détails
par photo (M = 9.30, ET = 3.58) ; et entre -1 et 20 détails par photo à T2 (M = 7.69, ET =
3.42).
Dans la Figure 5, on observe que chaque photo permet de rappeler en moyenne entre
6.76 (photo n°1) et 12.08 (photo n°14) détails à T1 et entre 5.63 (photo n°3) et 10.72 (photo
n°14) détails par photo à T2. En moyenne, aucune photo ne se situe à plus d’un ou moins d’un
écart-type de la moyenne.
Figure 5. Double diagramme à bâtons du nombre moyen de détails rappelés par photo en fonction du
rappel.
36
4.2. Liens entre les scores au TMI et les variables sociodémographiques
Afin de rendre compte du fait qu’une personne est encore active, que ce soit
professionnellement ou grâce à un investissement significatif dans une activité bénévole, nous
avons créé une nouvelle variable qui résume ces deux informations. En effet, la nouvelle
variable « actif » considère les personnes qui ont encore une activité professionnelle, et/ou
une activité bénévole significative.
Quatre régressions linéaires multiples ont été effectuées avec comme variable
dépendante chaque score au TMI et comme prédicteurs l’âge, le genre, le nombre d’années
d’étude et le fait d’être actif. Le Tableau 4 résume les résultats de ces régressions. Il en ressort
que le genre est un prédicteur significatif des quatre scores du TMI. Le nombre d’années
d’étude est tendanciellement significatif pour le nombre d’activités rappelées à T1 (p =
0.063). L’âge est un prédicteur tendanciellement significatif des scores à T2 (les p-valeurs
associées sont de 0.051 pour les activités et de 0.090 pour les détails). Le fait d’être actif n’est
pas un prédicteur significatif des scores. Ces quatre prédicteurs considérés ensemble
permettent d’expliquer 40% de la variance dans les scores (d’activité et de détails) à T2.
Tableau 4
Coefficients standardisés (b*) de régressions linéaires multiples entre chaque score au TMI et les
2
variables sociodémographiques et coefficients de détermination (R ) ajustés.
2
Score TMI
N
b* âge
b* genre
b* années d’étude
b* actif
R ajusté
Activité T1
40
-0.19
0.39**
0.29
0.10
0.26
Activité T2
39
-0.26
0.50***
0.11
0.22
0.40
Détails T1
39
-0.09
0.39*
0.26
0.15
0.21
Détails T2
38
-0.23
0.51***
0.12
0.24
0.40
Note. *p < 0.05, **p < 0.01, ***p < 0.001. Les F associés aux coefficients b* sont tous supérieurs à 1.
4.3. Liens entre les scores au TMI et les questionnaires d’insomnie, d’autoefficacité, d’inquiétude et de dépression
Le Tableau 5 montre que la sévérité de l’insomnie est négativement corrélée aux
performances au TMI (cette corrélation n’étant toutefois pas significative pour le score
d’activité à T2). Aucune des corrélations entre les scores au TMI et le sentiment d’autoefficacité, le niveau d’inquiétude et de dépression ne s’approche du seuil de significativité.
37
Tableau 5
Matrice de corrélations entre les quatre scores au TMI et les scores aux questionnaires d’insomnie,
d’auto-efficacité, d’inquiétude et de dépression.
Scores TMI
ISI
GSES
PennState
CES-D
Activité T1
-0.42**
0.21
-0.19
-0.21
Activité T2
-0.15
-0.12
-0.16
-0.05
Détails T1
-0.53***
0.31
-0.27
-0.19
Détails T2
-0.34*
-0.02
-0.26
-0.23
Note. *p < 0.05, **p <= 0.01, ***p <= 0.001.
ISI : Index de sévérité de l’insomnie ; GSES : General Self-Efficacy Scale ; PennState : Questionnaire
sur les inquiétudes du Penn State ; CES-D : échelle CES-D.
4.4. Liens entre les scores au TMI et les autres mesures de mémoire et
mesure globale du fonctionnement cognitif
Nous observons dans le Tableau 6 qu’il n’existe pas de corrélation entre les scores au
TMI et le score au questionnaire d’auto-évaluation de la mémoire. La corrélation avec le
nombre d’activités rappelées à T2 est la seule qui atteigne le seuil de significativité pour le
sous-score mémoire de la Mattis. Cette corrélation est positive (r = 0.34), indiquant que ces
deux scores vont dans le même sens. Le score total à la Mattis est positivement corrélé avec
les quatre scores du TMI, cette corrélation s’approchant du seuil de significativité pour le
score de détails à T1 (r = 0.28, p = 0.095).
Tableau 6
Matrice de corrélations entre les quatre scores au TMI et deux autres mesures de la mémoire et un
score global de fonctionnement cognitif.
Scores TMI
QAM
Mémoire
Total Mattis
Activité T1
-0.09
0.03
0.36*
Activité T2
0.10
0.34*
0.51***
Détails T1
-0.21
-0.05
0.28
Détails T2
0.06
0.24
0.43**
Note. *p < 0.05, **p <= 0.01, ***p <= 0.001.
QAM : Questionnaire d’auto-évaluation de la mémoire ; Mémoire : sous-score de l’échelle d’évaluation
de la démence de Mattis ; Total Mattis : score total de l’échelle d’évaluation de la démence de Mattis.
4.5. Liens entre rappel des détails et qualité de l’imagerie
Une régression linéaire simple met en évidence que la qualité de l’imagerie mentale
d’une photo est un prédicteur significatif du nombre de détails donnés par photo ( = 0.29,
38
t(699) = 7.99, p < 0.001). Ce prédicteur explique 8.23% de la variance du nombre de détails
rappelés par photo à T1 et à T2 (R2 ajusté, F(1,699) = 63.80, p < 0.001). À noter que l’effet
est présent si on considère T1 et T2 individuellement.
4.6. Liens entre le rappel des détails et le fait d’être imageur ou verbalisateur
Le fait de se considérer comme étant un imageur est corrélé avec le nombre de détails
rappelés par photo (r = 0.13, p = 0.001). Le fait de se considérer comme un verbalisateur est
également positivement corrélé avec le nombre de détails rappelés par photo (r = 0.26, p <
0.001). À noter que la corrélation entre imageur et le nombre de détails n’est plus significative
si on considère uniquement T2. Toutes les autres corrélations restent positives et
significatives si on considère T1 et T2 individuellement.
4.7. Comparaison de profils
En fonction des performances au TMI, des profils distincts peuvent être mis en
évidence. Pour établir la comparaison de certains profils, nous avons essayé de sélectionner
des paires de sujets qui soient comparables sur différentes variables qui peuvent influencer la
mémoire. Les variables qui ont pu être appariées pour chaque paire de sujets sont présentées
au début de chaque comparaison de profil.
Sujets 11 et 26. Comparons les sujets 11 et 26. Tous les deux sont des hommes, âgés
de 62 et 65 ans respectivement, de niveau socioculturel 3, et toujours actifs
professionnellement. Ces deux sujets se sont doutés qu’ils seraient à nouveau interrogés sur
les photos à T2 et ont un peu repensé aux photos entre les deux entretiens. Ils présentent
également des scores d’imageur (9 et 11) / verbalisateur (12 et 12) comparables.
En terme de nombre d’activités rappelées, la Figure 6 montre que le sujet 11 maintient
sa performance à T2 alors que le sujet 26 oublie quatre activités de plus qu’à T1.
39
16
14
12
10
8
Sujet 11
6
Sujet 26
4
2
0
Activités T1
Activités T2
Figure 6. Comparaison des scores d’activités à T1 et T2 des sujets 11 et 26.
Toutefois, en terme de nombre de détails rappelés par photo, ces deux sujets sont tout
à fait équivalents, comme le montre la Figure 7. Tous les deux expérimentent une légère
dégradation de la qualité de leur souvenir épisodique, qui se traduit par une diminution des
détails rappelés par photo (passe de 6.18 détails moyens par photo à 5.17 pour le sujet 11 ; et
de 7 à 5.25 détails pour le sujet 26).
14
12
10
8
Sujet 11
6
Sujet 26
4
2
0
Détails moyens T1 Détails moyens T2
Figure 7. Comparaison du nombre de détails moyen donnés par photo à T1 et T2 des sujets 11 et 26.
Il est intéressant de noter qu’au moment de l’encodage, le sujet 11 a établi des liens
profonds avec son self, alors que le sujet 26 avait plutôt tendance à donner des réponses
générales. Par exemple, le sujet 11 a fait des liens avec sa base de connaissances
autobiographiques en évoquant des périodes de vie (« j’ai vécu avec d’autres enfants avant
d’avoir mes enfants »), des événements généraux (« je peux m’y promener [dans la nature]
tout seul », et avec son self conceptuel en évoquant certaines de ses croyances (« j’ai
l’impression d’être un contemplatif »), de ses attitudes (« le monde marcherait mieux si les
40
gens jetaient leur télévision par la fenêtre » et de ses valeurs (« je pense que c’est important de
préserver l’espace dans lequel on vit et surtout dans lequel on élève nos enfants »). Il a
également fait des liens avec ses émotions (« ça me pèse », « ça ne me réjouit pas forcément »,
« c’est un plaisir »). Le sujet 26 a fait des liens avec son self conceptuel uniquement en
évoquant des croyances (« les amis c’est précieux ») et des valeurs (« très important par
rapport à l’aspect écologique »). Il a également évoqué certaines de ses émotions (« c’est une
source de plaisir et de joie »). Malgré mes nombreuses incitations, les réponses du sujet 26
restaient souvent assez superficielles et générales (« c’est très important pour prendre les
informations sur le monde »).
Notons également que les deux sujets ont fait des descriptions très générales et
succinctes des photos, assez équivalentes (sujet 11 / sujet 26) : « un père de famille avec ses
enfants » / « un jeu avec des enfants d’un parent » ; « des jeunes qui jouent aux cartes » / «des
joueurs de cartes ».
Sujets 2 et 14. La comparaison des sujets 2 et 14 met également en évidence des
profils différents. Ces deux sujets sont des femmes, de 68 et 62 ans respectivement, qui n’ont
actuellement ni activité professionnelle ni activité bénévole. Aucun de ces deux sujets ne
s’était douté qu’il s’agissait d’un test de mémoire à T1, le sujet 14 s’était douté qu’il serait à
nouveau interrogé sur les photos à T2, et tous deux avaient un peu repensé aux photos entre
les deux entretiens. Ils présentent un score d’imageur de 12 tous les deux.
La Figure 8 illustre le fait que ces deux sujets ont rapporté exactement le même
nombre d’activités à T1 (9 activités) et T2 (8 activités). Cette performance est d’ailleurs plutôt
stable puisque les deux sujets oublient seulement une activité de plus à T2 qu’à T1.
16
14
12
10
8
Sujet 2
6
Sujet 14
4
2
0
Activités T1
Activités T2
Figure 8. Comparaison des scores d’activités à T1 et T2 des sujets 2 et 14.
41
Néanmoins, les sujets 2 et 14 présentent des différences dans le nombre moyen de
détails qu’ils sont capables de rappeler par photo. En effet, dès le premier rappel, le sujet 14
rapporte plus de détails par photo que le sujet 2 (10.78 détails versus 7.78 détails en
moyenne). À T2, le sujet 14 maintient sa performance (11.75 détails) alors que la
performance du sujet 2 diminue (4 détails en moyenne par photo).
14
12
10
8
Sujet 2
6
Sujet 14
4
2
0
Détails moyens T1 Détails moyens T2
Figure 9. Comparaison du nombre de détails moyen donnés par photo à T1 et T2 des sujets 2 et 14.
Il est intéressant de souligner que les réponses du sujet 2 étaient de manière générale
beaucoup plus succinctes que celles du sujet 14. La durée de l’encodage a d’ailleurs été de 6
minutes plus courte pour le sujet 2. Sa description des photos était moins précise que celle du
sujet 14 (sujet 2 / sujet 14) : « une dame qui fait du tri » / « elle est bien disciplinée, jeter le
plastique, les verres dans le verre, l’alu dans l’alu et le papier dans le papier » ; « un repas en
famille » / « un repas familial, ils en sont à l’entrée ».
Lors de l’encodage, le sujet 2 a fait des liens avec sa base de connaissances
autobiographiques, en évoquant des périodes de vie (« à l’époque, c’était important, les
enfants demandaient beaucoup ma présence »). Il a également fait des liens avec son self
conceptuel, en mentionnant des croyances (« on sait déjà tous que si on est un peu moins
commode, avec des petits gestes on peut aider ») et des valeurs (« c’est important de rester en
contact »). Quant au sujet 14, il a créé des liens durant l’encodage avec sa base de
connaissances autobiographiques en évoquant des événements généraux (« j’aime bien
regarder un petit moment la télé le matin, télé-matin, pour avoir un aperçu des infos »). Il a
également fait des liens avec son self conceptuel en évoquant des croyances (« je suis pas sûre
que derrière il y a beaucoup de suivi dans toutes ces belles paroles ») et des valeurs (« C’est
42
très important parce que dans ce monde dans lequel on vit actuellement, personne a le temps,
c’est un moment où on peut inviter ses enfants, savoir ce qui va, ce qui va pas, leurs projets,
pour communiquer »). Le sujet 14 a également fait des liens avec son système de mémoire
épisodique (« tiens, ils ont parlé de plastique dernièrement, par rapport à la mer, ça tuait les
tortues parce qu’elles étaient prises dans des sacs plastiques »).
Relevons enfin que l’attitude des deux participants était très différente lors de la
passation. Le sujet 2 semblait assez pressé que la passation se termine, j’ai dû intervenir
plusieurs fois pour essayer de le cadrer, il essayait par exemple de tourner les feuilles du livret
de stimuli pour passer à la photo suivante. Le sujet 14 semblait vouloir bien faire, prenant son
temps, j’avais d’ailleurs noté qu’il hésitait souvent entre deux réponses concernant la question
de l’importance des activités.
5. Discussion
L’objectif du présent travail était (1) d’élaborer un nouveau test de mémoire
épisodique qui soit basé sur des conceptions théoriques actuelles et qui réponde aux nouveaux
critères relevés dans la littérature scientifique, (2) d’explorer les qualités de cette tâche en la
testant sur un échantillon de personnes âgées et (3) de vérifier les liens entre les scores
obtenus à ce nouveau test et d’autres variables connues pour influencer la mémoire
épisodique.
Le premier objectif a été atteint suite à un long travail d’élaboration de la tâche et du
matériel, ainsi que de nombreux prétests qui nous ont permis d’adapter la procédure, les
consignes et les stimuli en conséquence. Ainsi notre test de laboratoire propose d’évaluer la
mémoire épisodique grâce à des situations plus proches de la vie quotidienne. En effet,
l’encodage des stimuli est incident, les personnes testées ne sont soumises qu’à un seul essai
d’apprentissage et la récupération de l’épisode est non attendue. Notre test est également basé
sur le Self-Memory System de Conway (2005) puisque nous testons la récupération à la fois
de l’information cible, mais aussi des détails contextuels ; en rappel immédiat et en rappel
différé à sept jours. Ainsi, la qualité du rappel immédiat nous permet de faire des hypothèses
spécifiques sur le fonctionnement du système de mémoire épisodique. De même, une semaine
après l’encodage, nous sommes en mesure d’évaluer si les stimuli, que le sujet est enjoint de
mettre en relation avec son self au moment de l’encodage, sont toujours accessibles.
43
Nous avons également atteint notre second objectif en faisant passer ce nouveau test à
40 personnes âgées. Les résultats montrent que notre tâche est suffisamment sensible, nous
n’observons ni d’effet plafond ni d’effet plancher, ainsi qu’une bonne variabilité dans les
scores. Elle permet de mettre en évidence les fonctions de correspondance et de cohérence. En
effet, de manière générale, les personnes se souviennent de moins d’activités et de détails
après sept jours, ce qui est en accord avec la conception de Conway, puisque seuls les
épisodes qui sont intégrés au self sont maintenus à long terme. Nous constatons que les scores
ne sont pas liés au temps alloué à la phase d'encodage, ce qui nous rassure quant aux
potentielles conclusions à tirer sur la base du TMI. Le fait d'avoir repensé aux photos entre les
deux rappels est par contre lié aux scores observés lors du rappel différé. Il est donc important
de continuer de poser cette question lors du second entretien. Le fait d'avoir repensé aux
photos peut être considéré comme un indice de pertinence pour l'individu, facilitant
l'intégration des souvenirs au self à long terme.
L’analyse de sujets particuliers permet également de mettre en évidence des profils
différents. En effet, on observe des dissociations entre des personnes qui sont capables de
rappeler en moyenne autant de détails par photo aux deux entretiens et maintiennent le
nombre d’activités qu’elles sont capables de rappeler ou au contraire oublient des activités au
rappel différé (comparaison des sujets 11 et 26). Concernant ces deux sujets, nous faisons
l’hypothèse que la description verbale peu détaillée qu’ils ont fournie au moment de
l’encodage est en lien avec le fait qu’ils rappellent tous deux peu de détails par rapport à la
moyenne de l’échantillon. Les liens plus profonds que le sujet 11 a établis avec son self lors
de l’encodage des photos pourraient expliquer qu’il se souvienne de plus d’activités au
moment du rappel différé que le sujet 26. Il faut également noter que le sujet 26 présentait un
niveau de dépression significatif, ce qui pourrait être en lien avec sa diminution de
performance. En effet, la dépression est connue pour affecter les capacités de la mémoire
épisodique. Plus particulièrement, les personnes qui présentent une dépression ont des
souvenirs moins spécifiques, et ont plus tendance à adopter un point de vue d’observateur
(Lemogne et al., 2006). Ainsi, nous faisons l’hypothèse que la dépression du sujet 26 affecte
son self à long terme, rendant plus difficile pour lui de faire des liens au moment de
l’encodage avec sa base de connaissances autobiographiques et son self conceptuel. Ses
performances en sont d’autant plus perturbées au rappel différé.
D’autres personnes au contraire peuvent maintenir le nombre d’activités rappelées sur
les deux séances, mais avoir des profils de rappel des détails différents, avec des
44
performances qui se maintiennent ou qui chutent. Cette observation émane des profils de
scores des sujets 2 et 14. Nous postulons que les descriptions plus détaillées du sujet 14 et son
implication dans la tâche lui ont permis d’obtenir de bonnes performances en terme de scores
de détails au TMI. En comparaison, le sujet 2 a donné des descriptions moins détaillées et
semblait moins investi dans la tâche, ce qui peut expliquer que son score de détails au rappel
immédiat soit plus faible que celui du sujet 14. Nous avons vu que le fait de s’être douté que
le second entretien porterait également sur le rappel des activités et des détails des photos du
TMI n’était pas en lien avec les scores véritablement obtenus au rappel différé. Toutefois,
nous pouvons faire l’hypothèse que dans le cas du sujet 14, le fait de se douter qu’il serait à
nouveau interrogé sur les stimuli du TMI est intervenu comme un facteur de pertinence pour
se souvenir des détails des photos. En effet, à la fin de la première séance, le sujet 14 a
demandé de revoir les photos. Devant mon refus, il en a conclu que ces mêmes photos feraient
à nouveau l’objet d’un rappel à la seconde séance. Ceci a pu constituer une motivation pour le
sujet 14, qui a probablement intégré le souvenir des photos à son self à long terme. Il est
d’ailleurs intéressant de noter que les activités qu’a rappelées le sujet 14 au rappel différé
avaient toutes été rappelées au rappel immédiat, indiquant que les souvenirs issus de la
première séance ont été consolidés. Le profil du sujet 2 est plus aléatoire : ce ne sont pas
toujours les activités rappelées au rappel immédiat qui ont été rappelées au rappel différé. Son
attitude globale lors du premier entretien semblait indiquer que la tâche n’était pas pertinente
pour lui, pouvant justifier que les souvenirs des photos n’aient pas été beaucoup consolidés
dans le self à long terme et expliquant ainsi une diminution du nombre de détails moyen
rapporté par photo.
Concernant le troisième objectif de la présente étude ayant trait aux liens entre les
scores au TMI et d’autres variables connues pour influencer la mémoire épisodique, nous
observons des résultats mitigés par rapport à la littérature. En effet, les scores au TMI sont
bien prédits par le genre, et il est établi dans la littérature que les femmes ont de meilleures
performances aux tests de mémoire épisodique que les hommes. Toutefois, nos scores ne sont
prédits ni par l’âge ni par le nombre d’années d’étude des participants. Il existe toutefois une
tendance de l’âge à prédire les scores au rappel différé, indiquant que les processus liés à un
rappel sur le long terme sont plus dépendants de l’âge que les processus liés au rappel
immédiat. Nous pouvons faire l’hypothèse que cet effet aurait atteint le seuil de significativité
si nous n’avions pas sélectionné uniquement des personnes sans troubles cognitifs objectivés
ou plaintes de mémoire épisodique pour constituer notre échantillon.
45
Comme prédit, la qualité du sommeil des participants apparaît être en lien avec leurs
scores au TMI. Ce lien est matérialisé par une corrélation négative, indiquant que les
difficultés de sommeil sont en lien avec de moins bonnes performances au TMI. Le niveau de
dépression et les inquiétudes, contrairement à nos prédictions, n’apparaissent pas être en lien
avec les scores au TMI. En particulier, nous nous attendions à ce que les inquiétudes soient
d’autant plus en lien avec les scores du rappel différé, ce qui ne se vérifie pas non plus, même
en terme de tendances, dans notre échantillon. Encore une fois, étant donné que nous n’avons
recruté que des personnes qui n’avaient pas de plaintes particulières, nous pouvons faire
l’hypothèse que ce résultat incongruent avec la littérature est dû à un manque de variabilité
dans les scores de dépression et d’inquiétudes observés dans notre échantillon.
Ni le sentiment d’auto-efficacité généralisée ni l’auto-efficacité de la mémoire ne
semblent être ici en lien avec nos mesures de mémoire épisodique. Ainsi, le fait d’avoir le
sentiment de pouvoir faire face et d’avoir des ressources personnelles n’est pas en lien avec
les performances en mémoire épisodique que nous avons mesurées. Dans la littérature, les
croyances quant à ses propres capacités sont surtout en lien avec le fait de se fixer des
objectifs plus hauts et de les atteindre grâce à une certaine persévérance (Schunk & Pajares,
2010). Il n’est donc pas trop étonnant de ne pas avoir trouvé de lien significatif avec notre
tâche. Il ne semble pas non plus que l’évaluation qu’une personne fait de sa mémoire soit en
lien avec ses performances objectivées par notre test. Rappelons ici que la littérature
scientifique portant sur ce sujet souligne que la manière d’évaluer le sentiment d’autoefficacité de la mémoire modère le lien entre auto-efficacité de la mémoire et performance à
un test de mémoire. En effet, lorsque l’auto-efficacité de la mémoire est évaluée en référence
à la vie quotidienne, comme nous l’avons fait, le lien avec les performances véritablement
mesurées est moins fort que si l’auto-efficacité était évaluée en référence au sentiment d’être
capable de réussir un test de mémoire. Dans ce contexte, nos résultats sont moins étonnants.
La seule mesure effective que nous ayons réalisée de la mémoire épisodique (à savoir
le sous-score mémoire de l’échelle de Mattis) semble bien être en lien avec les scores au TMI,
mais uniquement au moment du rappel différé. Nous nous attendions plutôt à ce que ce soit le
cas avec les scores du rappel immédiat. En effet, l’évaluation de la mémoire selon l’échelle de
Mattis implique uniquement des rappels différés à quelques minutes. Nous interprétons donc
ce résultat comme le reflet du manque de sensibilité du sous-score mémoire de l’échelle de
Mattis, qui ne met en évidence que les personnes qui ont d’importantes difficultés, et qui sont
également en difficulté au rappel différé du TMI.
46
Relevons aussi que les scores au TMI sont en lien avec une mesure du fonctionnement
cognitif global. Ainsi les personnes qui présentent globalement un bon fonctionnement
cognitif ont tendance à avoir de bonnes performances au test de mémoire épisodique. Ce lien
est d’ailleurs plus important pour les performances au rappel différé, indiquant que les
processus mnésiques impliqués à long terme sont d’autant plus liés au fonctionnement
cognitif global.
En accord avec nos hypothèses, la qualité des images visuelles mentales des photos
prédit le nombre de détails qui peuvent être rapportés pour une photo. Ceci n’est pas étonnant
puisque plus une image est claire, plus il sera facile de la décrire avec précision et de
rapporter des détails. Rappelons que pour Conway (2009), la capacité à former des images
mentales est en lien avec la mémoire, ce qui se retrouve dans nos données.
Dans la même idée, nous avons observé que le fait d’avoir l’habitude de se représenter
les pensées sous forme d’images est en lien avec le nombre de détails rappelés par photo, de
sorte que plus on a l’habitude de se représenter les pensées sous forme d’images, plus on est
capable de rappeler précisément les photos. Néanmoins, le fait de se considérer comme un
imageur n’est en lien avec le nombre de détails qu’une personne est capable de rappeler qu’au
moment du rappel immédiat, ce n’est plus le cas si on considère uniquement le rappel différé.
Ce résultat pourrait signifier que les souvenirs épisodiques s’expriment sous forme d’images
surtout sur le court terme. Un résultat qui ne faisait pas partie de nos hypothèses est le lien
(d’ailleurs deux fois plus important) qui existe entre le fait de se représenter habituellement
les pensées sous forme de mots et le nombre de détails rappelés par photo. Ce résultat est
intéressant, car il souligne le caractère verbal de notre tâche. Nous montrons bien des photos
aux personnes, néanmoins, nous évaluons le souvenir de ces photos par la modalité verbale.
Une personne qui a l’habitude de verbaliser et de se représenter le contenu de ses pensées
sous forme de mots sera peut-être ainsi favorisée pour rappeler verbalement les détails.
5.1. Limites et perspectives futures
Il est important de mentionner certaines limites de notre outil, et de discuter certains
éléments à envisager avant de pouvoir proposer le TMI comme outil d’évaluation aux
psychologues cliniciens. Notons tout d’abord les limites du TMI que nous avons pu observer
dans le cadre de ce mémoire. Pour commencer, soulignons que nos observations portent sur
un nombre restreint de sujets (40 personnes). Ceci peut limiter la puissance de nos résultats
47
statistiques et expliquer que certains résultats attendus n'atteignent pas le seuil de
significativité.
Concernant le test en lui-même, nous avons remarqué que 2 des 16 stimuli étaient
particulièrement moins souvent rappelés que les autres. En effet, les activités « Trier les
déchets » et « Acheter des habits » ont été rappelées au rappel immédiat et/ou au rappel
différé par moins d’un quart de l’échantillon. Cette observation est d’autant plus étonnante
que ces stimuli auraient pu bénéficier d’un effet de primauté ou de récence puisque « Trier les
déchets » fait partie des deux premiers stimuli et « Acheter des habits » des quatre derniers.
Néanmoins, lorsque ces activités sont rappelées, elles font l’objet de descriptions aussi
détaillées que les autres. Nous pourrions envisager de les remplacer par d’autres activités, et
de reconduire ce type d’analyse sur un nouvel échantillon afin de s’assurer que les 16 stimuli
ont la même probabilité d’être rappelés. Mais ceci semble moins dérangeant que si une photo
ne permettait pas de rappeler autant de détails que les autres.
Ensuite, nous observons que notre tâche est relativement longue, puisqu’elle demande
une quarantaine de minutes à la première séance et une quinzaine de minutes à la seconde
séance. Ceci peut constituer une limite, puisqu’il peut être relativement délicat d’allouer
autant de temps à une tâche dans un bilan. Toutefois, la tâche peut être adaptée pour les
personnes qui présentent véritablement des troubles de mémoire épisodique, en diminuant le
nombre de stimuli par exemple, ce qui devrait permettre de limiter le temps de la passation.
Une autre limite du TMI est son système de cotation. Comme nous l’avons vu, les
scores d’activités sont obtenus très facilement et directement pendant la passation. Les scores
de détails nous ont pris beaucoup plus de temps à établir. Une des prochaines étapes dans la
suite de l’élaboration du TMI sera de réfléchir à un système de cotation qui soit à la fois facile
à utiliser pour les cliniciens, et à la fois qui permette d’être suffisamment souple pour
s’adapter à chaque patient. Cette tâche s’annonce toutefois subtile, puisque les solutions
auxquelles nous avons déjà pu penser sont toutes très limitées. Utiliser une grille avec des
réponses préétablies ne permet pas de couvrir toute la richesse des réponses différentes que
peuvent donner les individus. Cocher un point chaque fois que le patient donne un détail serait
une possibilité, mais certaines personnes parlent vite et peuvent se répéter. Il devient dès lors
difficile de savoir ce qui a déjà fait l’objet d’une attribution de point de ce qui ne l’a pas
encore été. Élaborer un système de cotation sera donc un défi important pour l’avenir du TMI.
Abordons maintenant d’autres limites du TMI, qui ne sont pas des limites que nous
avons pu directement observer dans le cadre des passations, mais qui sont plutôt liées au fait
48
que le TMI est un tout nouveau test. Tout d’abord, nous partons du principe que le TMI
mesure la mémoire épisodique, et plus particulièrement l’intégrité de la fonction de
correspondance au moment du rappel immédiat, et l’intégrité de la fonction de cohérence au
moment du rappel différé. Mais le TMI devra encore faire l’objet d’études de validation dans
le futur, afin de s’assurer qu’il mesure bien ce qu’il est censé mesurer. Une des études qu’il
faudra mettre en place concerne la validité convergente du TMI, en vérifiant que les
personnes présentant des performances déficitaires au TMI (en particulier au rappel
immédiat) sont également déficitaires dans d’autres tâches connues pour évaluer la mémoire
épisodique. Nous faisons surtout des hypothèses de validité convergente entre le rappel
immédiat du TMI et d’autres tâches puisque nous ne connaissons pas d’autres tâches de
mémoire épisodique qui impliquent un rappel différé à sept jours.
Une autre limite du TMI est qu’il ne nous permet pas encore actuellement de situer les
performances d’un individu par rapport à son groupe de référence. Il sera donc intéressant de
proposer un étalonnage du TMI dans le futur afin d’établir des normes, c’est-à-dire de
connaître la performance attendue pour un individu de tel sexe, de tel âge et de tel niveau
socioculturel. En effet, l’intérêt d’un test est de mettre en avant des déficits s’ils existent, or,
ce genre de raisonnement n’est possible que si des normes sont disponibles.
Nous tenons enfin à noter que beaucoup de données ont été récoltées dans le cadre de
ce travail. Nous n’avons pas pu toutes les exploiter. De futures investigations pourront porter
plus particulièrement sur la profondeur du lien que le participant crée entre son identité et les
stimuli au moment de l’encodage. En effet, il serait intéressant de faire des analyses plus
poussées entre les réponses du participant à l’encodage (est-ce qu’il fait référence à son self
conceptuel, à sa base de connaissances autobiographiques, à des souvenirs épisodiques
discrets, à des émotions, etc.), la facilité avec laquelle il fournit ses réponses (est-ce qu’il faut
beaucoup l’inciter à donner des réponses personnelles ou au contraire l’interrompre) et la
qualité du rappel ultérieur. Nous avons effectué nos analyses en partant du principe que les
participants avaient activé leur Self-Memory System durant l’encodage, ce que nous avons
essayé de contrôler au mieux, mais qui ne peut toutefois pas être garanti dans la même mesure
pour tous nos participants.
49
5.2. Implications cliniques
Le but du TMI est d’évaluer la mémoire épisodique dans des conditions plus proches
de la vie de tous les jours. Nous pensons que cette évaluation permettra ainsi au clinicien
d’avoir une meilleure mesure du fonctionnement du patient dans la vie quotidienne. Un test
est utile pour un psychologue clinicien dans la mesure où il le renseigne sur les capacités de la
personne. Trop souvent, les tâches de laboratoire ne reflètent pas le fonctionnement de la
personne, mais seulement sa capacité à effectuer une tâche en particulier, sans généralisation
possible à la vie quotidienne. Nous pensons que le TMI permettra d’appréhender le
fonctionnement des personnes au-delà de la situation de test.
Un autre but du TMI est de pouvoir évaluer des processus mnésiques particuliers afin
de mieux comprendre le tableau clinique d’un patient. En effet, comprendre quels sont les
mécanismes mnésiques qui sont déficitaires ou préservés est une étape cruciale dans
l’élaboration d’une intervention adaptée au patient. Ainsi, le TMI permet d’évaluer l’intégrité
de la correspondance et de la cohérence. En fonction des déficits observés au TMI, une prise
en charge individualisée peut être proposée. A ce propos, Grilli et Glisky (2010) ont proposé
une revalidation de la mémoire utilisant le self de l’individu. Cette méthode requiert
également l’imagerie mentale, puisque les patients cérébro-lésés devaient encoder des phrases
en imaginant une scène générée par la phrase dans laquelle ils étaient physiquement présents.
Les résultats de cette étude objectivent de meilleures performances pour les sujets soumis à
cette modalité d’encodage comparativement aux autres modalités. Les auteurs montrent
également que le bénéfice apporté par cette technique d’imagerie en référence à soi durant
l’encodage est faiblement lié à la charge émotionnelle que le sujet attribue à la phrase. On
peut ainsi imaginer une prise en charge qui utilise cette technique pour un patient dont le TMI
révèlerait des scores déficitaires.
Nous avons élaboré le TMI dans une perspective clinique, à savoir de permettre aux
psychologues cliniciens d’utiliser un nouvel outil d’évaluation de la mémoire épisodique qui
soit plus adapté que ceux actuellement disponibles. Dans le cadre de ce mémoire, nous
l’avons testé sur une population de personnes âgées qui ne présente pas de difficultés
observables ou de plaintes particulières. Toutefois, le TMI devra être adapté afin de convenir
à une population qui souffre de problèmes de mémoire épisodique. Nous proposons donc de
diminuer le nombre de stimuli et d’envisager la possibilité d’introduire une phase de rappel
indicé. L’avantage du rappel indicé est de mettre en évidence dans quelle mesure le
participant est aidé par un indice de récupération. Ainsi, la comparaison des performances
50
entre le rappel libre et le rappel indicé permet de faire des hypothèses sur l’intégrité des
processus d’encodage et de récupération. Nous avons donc fait en sorte de pouvoir indicer
avec un thème la plupart des activités que nous avons choisies pour constituer les stimuli du
TMI, comme le thème « Activité ludique » pour l’activité « Jouer aux cartes » ou encore le
thème « Activité de célébration » pour l’activité « Fêter un anniversaire » par exemple.
5.3. Conclusion
Ce travail de mémoire est parti du constat d’un manque de conformité des outils
d’évaluation de la mémoire épisodique actuellement disponibles. Il a permis d’élaborer un
nouvel outil d’évaluation de la mémoire épisodique, et une première exploration de cet outil
dans une population de personnes âgées. Ce nouvel outil, appelé le TMI, se base sur une
conception théorique actuelle de la mémoire épisodique ainsi que sur des critères
méthodologiques relevés dans la littérature. Les premières analyses mettent en évidence qu’il
est suffisamment sensible, et permet de mettre en évidence des liens entre mémoire
épisodique et d’autres variables influençant la mémoire.
A terme, l’objectif est de pouvoir rendre le TMI disponible à l’utilisation des
psychologues cliniciens. Pour ce faire, il devra encore subir des adaptations, et faire l’objet
d’études de validation ainsi que d’un étalonnage.
51
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56
57
Annexes
Annexe I : Les 16 stimuli du TMI en taille réduite ..................................................... 58
Annexe II : Echelle d’importance et échelle d’imagerie mentale ............................... 61
Annexe III : Consignes de la phase d’encodage....................................................... 62
Annexe IV : Consignes de rappel immédiat .............................................................. 64
Annexe V : Consignes de rappel différé ................................................................... 66
Annexe VI : Protocole à disposition du clinicien pour la séance 1 ............................ 68
Annexe VII : Protocole à disposition du clinicien pour la séance 2 ........................... 70
Annexe VIII : Questionnaire portant sur l’activité physique ....................................... 71
Annexe IX : Formulaire de consentement ................................................................ 72
58
Annexe I : Les 16 stimuli du TMI en taille réduite
59
60
61
Annexe II : Echelle d’importance et échelle d’imagerie mentale
62
Annexe III : Consignes de la phase d’encodage
Cover Story : Ce qui m’intéresse, c’est de mieux connaître vos habitudes et
l’importance que vous accordez à certaines activités dans votre vie quotidienne. Je vais vous
montrer différentes photos d’activités et vous devrez m’expliquer quelle est l’importance que
ces activités ont dans votre vie actuelle ou ont eu dans votre vie passée. C’est vraiment votre
avis personnel qui m’intéresse, c’est pourquoi il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.
Explication de l’échelle : Vous devrez répondre en me montrant sur cette feuille
(montrer l’échelle) parmi les 5 possibilités quelle est l’importance de l’activité pour vous
dans votre vie actuelle ou dans votre vie passée. Par exemple, si je vous montre une photo de
l’activité aller au cinéma, vous devez me dire si cette activité est « extrêmement importante »
pour vous, « très importante », « moyennement importante », « peu importante » ou « pas du
tout importante » pour vous (pointer chaque item).
Après avoir fait votre choix, vous devrez m’expliquez en quelques mots pour quelle
raison vous avez choisi telle ou telle réponse.
Essai : On va faire un essai. Indiquez d’abord à quel point « aller au cinéma » est une
activité importante pour vous (attendre la réponse). Et dites-moi pourquoi en quelques mots.
(Interrompre au-delà d’une ou deux phrases  ~15s) D’accord, c’est suffisant).

Si la réponse est élaborée, avec un lien quant à son identité (par ex., « c’est très
important pour moi, parce regarder des films sur un grand écran me donne souvent des
frissons ») : Oui, c’est bien ça qu’il faut faire. Avez-vous des questions avant de
commencer ? (si nécessaire, répéter/faire répéter la consigne ou donner un exemple)

Si la réponse est…
o trop générale ou peu claire (par ex., « c’est peu important, car que je n’y
vais pas souvent ») ou
o non reliée à son identité (par ex., « c’est très important, car le cinéma est
un art »),
… alors poser la question suivante : Pouvez-vous être plus précis/e ? M’expliquer ce
qui fait que cette activité est importante/n’est pas importante pour vous ? Donnez-moi votre
avis personnel. Si la réponse n’est toujours pas élaborée, répéter/faire répéter la consigne ou
donner un exemple, puis ré-administrer l’essai. Oui, c’est bien ça qu’il faut faire. Avez-vous
des questions avant de commencer ?
63
Consignes d’encodage : Voici la première/une autre photo.
1. Description :
o Décrivez-moi d’abord ce que vous observez (10s, puis interrompre. Si
le sujet s’interrompt avant la fin du temps, demander : Quoi d’autre ?).
(Découvrir le titre) C’est l’activité « (dire le titre) ».
2. Importance :
Indiquez d’abord à quel point « (dire le titre) » est une activité importante pour vous
(attendre la réponse). Et dites-moi pourquoi en quelques mots (~15s). (Si la réponse est trop
générale, peu claire ou non reliée à son identité, demander de préciser la réponse, inciter à
donner un avis personnel, ce qu’il/elle en pense,…).
64
Annexe IV : Consignes de rappel immédiat

RAPPEL LIBRE (2 min):
Maintenant, nous allons faire autre chose, je vous demande d’essayer de me rappeler
le plus grand nombre d’activités que vous avez vues sur les photos que je vous ai présentées
tout à l’heure, dans l’ordre que vous voulez. Pour m’indiquer les activités dont vous vous
souvenez, vous pouvez vous servir du titre qui était inscrit au-dessus des photos, mais ce n’est
pas obligatoire. Vous pouvez aussi formuler le nom des activités à votre manière. Allez-y.
Laisser 2 minutes, puis interrompre le rappel libre (si le sujet s’interrompt avant la fin
du temps, l’inciter à récupérer plus d’activités jusqu’à la fin du temps).

RAPPEL DES DÉTAILS :
Maintenant, pour chaque activité dont vous vous êtes souvenu/e, je vais vous rappeler
le titre et puis vous allez essayer de revoir la photo dans votre tête, en essayant vraiment de
vous la représenter avec le plus de détails possible.
Explication de l’échelle d’imagerie mentale. L’image que vous faites dans votre tête,
elle peut être plus ou moins claire et détaillée, ou alors vous n’avez pas d’image du tout. Vous
devez m’indiquer la qualité de votre image sur cette feuille (montrer l’échelle). Si l’image
dans votre tête est extrêmement claire, avec pleins de détails, vous indiquez « extrêmement
claire et détaillée » (pointer). Si votre image est moins précise, vous pouvez indiquer « très
claire et détaillée » ou « moyennement claire de détaillée » ou encore « peu claire et
détaillée » (pointer chaque item). Et si vous n’avez pas d’image dans votre tête, vous indiquez
« aucune image » (pointer). Pensez vraiment à être aussi précis que possible en utilisant les 5
niveaux pour m’indiquer la qualité de votre image. Est-ce que vous avez bien compris ce que
vous devez faire ?
Après avoir fait votre choix, je vais vous demander de me rappeler le plus grand
nombre de détails qui figuraient sur la photo, comme par exemple le nombre de personnes,
leur sexe, leur âge, ce qu’elles font, les objets présents dans la scène, où ils se trouvaient, les
couleurs, etc. Est-ce que vous avez des questions ?
Reprendre les activités rappelées, une par une, dans l’ordre du protocole.
65
o Pour l’activité « (dire le titre) », essayez d’abord de voir la photo dans votre tête (3 sec)
et indiquez ensuite à quel point votre image est claire et détaillée.
o Essayez de me rappeler le plus de détails possible qui figuraient sur cette photo ?
(Laisser 30s par photo. Si le sujet s’interrompt ou donne très peu de détails, l’inciter à
en récupérer plus jusqu’à la fin du temps : Pouvez-vous m’en dire un peu plus, comme
par exemple le nombre de personnes, leur sexe, leur âge, ce qu’elles font, les objets
présents dans la scène, où ils se trouvaient, les couleurs, etc).
66
Annexe V : Consignes de rappel différé

RAPPEL IBRE (2 minutes) :
Il y a quelques jours, je vous ai présenté des photos mettant en scène différentes
activités. Je vous ai posé des questions concernant vos préférences personnelles, puis je vous
ai demandé de rappeler les activités et les détails des photos. Aujourd’hui, je vous propose de
faire la même tâche et d’essayer de me rappeler le plus grand nombre d’activités que nous
avions vu sur les photos, dans l’ordre que vous voulez. Pour m’indiquer les activités dont
vous vous souvenez, vous pouvez vous servir du titre qui était inscrit au-dessus des photos,
mais ce n’est pas obligatoire. Vous pouvez aussi formuler le nom des activités à votre
manière. Allez-y.
Laisser 2 minutes, puis interrompre le rappel libre (si le sujet s’interrompt avant la fin
du temps, l’inciter à récupérer plus d’activités jusqu’à la fin du temps).

RAPPEL DES DÉTAILS :
Maintenant nous allons faire comme la dernière fois, pour chaque activité dont vous
vous êtes souvenu/e, je vais vous rappeler le titre et puis vous allez essayer de revoir la photo
dans votre tête, en essayant vraiment de vous la représenter avec le plus de détails possible.
Explication de l’échelle d’imagerie mentale. L’image que vous faites dans votre tête,
elle peut être plus ou moins claire et détaillée, ou alors vous n’avez pas d’image du tout. Vous
devez m’indiquer la qualité de votre image sur cette feuille (montrer l’échelle). Si l’image
dans votre tête est extrêmement claire, avec pleins de détails, vous indiquez « extrêmement
claire et détaillée » (pointer). Si votre image est moins précise, vous pouvez indiquer « très
claire et détaillée » ou « moyennement claire de détaillée » ou encore « peu claire et
détaillée » (pointer chaque item). Et si vous n’avez pas d’image dans votre tête, vous indiquez
« aucune image » (pointer). Pensez vraiment à être aussi précis que possible en utilisant les 5
niveaux pour m’indiquer la qualité de votre image. Est-ce que vous avez bien compris ce que
vous devez faire ?
Après avoir fait votre choix, je vais vous demander de me rappeler le plus grand
nombre de détails qui figuraient sur la photo, comme par exemple le nombre de personnes,
leur sexe, leur âge, ce qu’elles font, les objets présents dans la scène, où ils se trouvaient, les
couleurs, etc. Est-ce que vous avez des questions ?
67
Reprendre les activités rappelées, une par une, dans l’ordre du protocole.
o Pour l’activité « (dire le titre) », essayez d’abord de voir la photo dans votre tête (3 sec)
et indiquez ensuite à quel point votre image est claire et détaillée.
o Essayez de me rappeler le plus de détails possible qui figuraient sur cette photo ?
(Laisser 30s par photo. Si le sujet s’interrompt ou donne très peu de détails, l’inciter à
en récupérer plus jusqu’à la fin du temps : Pouvez-vous m’en dire un peu plus, comme
par exemple le nombre de personnes, leur sexe, leur âge, ce qu’elles font, les objets
présents dans la scène, où ils se trouvaient, les couleurs, etc).
68
Annexe VI : Protocole à disposition du clinicien pour la séance 1
69
70
Annexe VII : Protocole à disposition du clinicien pour la séance 2
71
Annexe VIII : Questionnaire portant sur l’activité physique
Questionnaire d’activité physique
Score total :
Pendant vos activités durant la journée :
- vous êtes debout
❶ jamais
❷ rarement
❸ parfois
❹ souvent
❺ toujours
❷ rarement
❸ parfois
❹ souvent
❺ toujours
❷ rarement
❸ parfois
❹ souvent
❺ très souvent
❷ rarement
❸ parfois
❹ souvent
❺ toujours
- vous marchez
❶ jamais
- vous portez des charges lourdes
❶ jamais
- vous transpirez
❶ jamais
Après ces activités, vous êtes fatigué(e) physiquement
❶ jamais
❷ rarement
❸ parfois
❹ souvent
❺ toujours
À quel point vous considérez-vous comme quelqu’un d’actif en ce qui concerne vos
activités quotidiennes et vos loisirs ?
❶ pas du tout actif
❷ peu actif
❹ très actif
❺ extrêmement actif
❸ moyennement actif
Combien de temps par jour passez-vous à vous déplacer quotidiennement
(marche,
escalier, vélo, …, hors véhicules motorisés) ?
❶ moins de 5 min
❷ 5 à 15 min
❹ 30 à 45 min
❺ plus de 45 min
❸ 15 à 30 min
Si vous vous comparez à l’ensemble des personnes de votre âge, vous pensez que
vos activités quotidiennes sont physiquement :
❶ beaucoup moins importantes
❷ moins importantes
❹ plus importantes
❺ beaucoup plus importantes
❸ aussi importantes
72
Annexe IX : Formulaire de consentement
RECHERCHE
Exploration de l’importance des activités dans la vie quotidienne
Responsables du projet de
recherche :
Martial Van der Linden, Professeur ordinaire
Caroline Bendahan, Doctorante en
psychologie
(Dans ce texte, le masculin est utilisé au sens générique ; il comprend aussi bien les femmes
que les hommes.)
INFORMATION AUX PARTICIPANTS ET CONSENTEMENT DE PARTICIPATION
À LA RECHERCHE
Information aux participants
Objectifs généraux de la recherche: Cette étude a pour objectif l’exploration d’un nouvel
outil d’investigation portant sur les activités de la vie quotidienne et l’importance que les gens y
accordent.
Procédure: Il s’agira pour vous de répondre à une série de questions concernant l’importance
que vous accordez à certaines activités courantes. Il s’agira également d’effectuer de courtes tâches
évaluant les fonctions cognitives générales (par exemple : les capacités attentionnelles, langagières
ou d’apprentissage), ainsi que de répondre à des questionnaires portant sur votre quotidien et sur
votre fonctionnement psychologique. Deux séances d’une durée d’environ 60 min chacune sont
prévues à une semaine d’intervalle.
Il vous sera demandé si vous acceptez que les deux séances soient enregistrées (avec un
enregistreur vocal). Ces enregistrements serviront uniquement à faciliter la passation des tâches et la
retranscription exacte de vos réponses. Ils seront traités de manière anonyme et seront détruits
aussitôt que la retranscription sera effectuée.
Protection des données : Conformément à la loi sur la sauvegarde des données, l'ensemble
des données recueillies seront, dans un premier temps, gardées sous clef à l’Unité de
Psychopathologie et Neuropsychologie Cognitive de l’Université de Genève. Elles seront ensuite
archivées, et gardées durant 10 ans à compter de la fin de la récolte des données (hormis les
enregistrements vocaux qui seront détruits au maximum un mois après la deuxième séance).
L’anonymat est aussi bien garanti pendant la durée de l'étude qu’après. Les résultats seront utilisés à
des fins scientifiques et seront publiés dans des revues ou des livres scientifiques.
Avantages et bénéfices pour les participants: En acceptant de participer à cette étude,
vous contribuez à la recherche scientifique en psychologie. Si vous le souhaitez, nous pouvons vous
faire parvenir par mail les résultats issus de l’étude dès que celle-ci sera publiée. Pour toute question,
veuillez contacter Caroline Bendahan (par tél. : 0041 (0)22 379 93 52 ou par e-mail :
[email protected]).
Inconvénients et risques éventuels pour les participants: aucun
Durée de l’expérience: environ 2 x 60 min
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Sur la base des informations qui précèdent, je confirme mon accord pour participer à la
recherche « Exploration de l’importance des activités dans la vie quotidienne», et
j’autorise :


l’utilisation des données à des fins scientifiques et cliniques et
la publication des résultats de la recherche dans des revues ou livres
scientifiques, étant entendu que les données resteront anonymes et
qu’aucune information ne sera donnée sur mon identité ;
OUI
NON
l’utilisation des données à des fins pédagogiques (cours et
séminaires de formation d’étudiants ou de professionnels soumis au
secret professionnel).
OUI
NON
J’ai choisi volontairement de participer à cette recherche. J’ai été informé-e du fait que je
peux me retirer en tout temps sans fournir de justifications et que je peux, le cas échéant,
demander la destruction des données me concernant.
Ce consentement ne décharge pas les organisateurs de la recherche de leurs
responsabilités. Je conserve tous mes droits garantis par la loi.
Prénom Nom
Date
Signature
ENGAGEMENT DU CHERCHEUR
L’information qui figure sur ce formulaire de consentement et les réponses que j’ai
données au participant décrivent le projet dans sa globalité. À la fin de la deuxième séance, je
m’engage à fournir au participant les détails décrivant avec exactitude le projet.
Je m'engage par ailleurs à procéder à cette étude conformément aux normes éthiques
concernant les projets de recherche impliquant des participants humains, en application du Code
d’éthique concernant la recherche au sein de la Faculté de psychologie et des sciences de
l’éducation et des Directives relatives à l’intégrité dans le domaine de la recherche scientifique et à
la procédure à suivre en cas de manquement à l’intégrité de l’Université de Genève.
Je m’engage à ce que le participant à la recherche reçoive un exemplaire de ce formulaire
de consentement.
Prénom Nom
Date
Signature
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