Cours
7
–
2008/2009 1
C
OURS
7
:
ETUDES
DE
SURVIE
–
ETUDES
PRONOSTIQUES
&
LECTURE
CRITIQUE
Julien Mancini, Stéphane Robitail
A- Les études de survie
Les études de survie ne constituent pas un type d’enquête au même titre que, par exemple, les enquêtes
cas-témoins. Ce type d’étude correspond à l’utilisation de méthodes d’analyse particulières, lorsque le
critère de jugement est la survenue d’un décès ou d’un événement de santé particulier. Ces méthodes
permettent d’étudier le délai de survenue d’un événement dont la survenue n’est pas constante. En
effet, l’objectif d’une étude peut être de savoir si une maladie va entraîner un décès ou pas ; mais plus
fréquemment, on souhaite également savoir quand cet éventuel décès va survenir.
Les méthodes d’analyse des données de survie ont été à l’origine utilisée pour étudier la survie de patients
(délai de survenue éventuelle de l’événement décès), mais elles peuvent être utilisées pour étudier toutes les
données dites censurées à droite : c’est à dire l’apparition au cours du temps d’un événement avec des
observations « incomplètes » constituées par les sujets chez qui l’événement n’est pas encore survenu lors
de l’analyse.
Les événements qui peuvent être pris en compte dans ce type d’analyse sont des événements qualitatifs
binaires (présence/absence) qui surviennent au cours du temps de manière non récurrente : le décès, mais
aussi la survenue d’une surdité, d’une récidive d’un cancer, d’une métastase, d’un rejet de greffe, d’une
maladie, etc.
Les études de survie nécessitent la connaissance d’un certain nombre de données. Lorsque le bilan de
l’étude est réalisé à une certaine date, appelée date de point, on doit disposer pour chaque sujet des
données suivantes :
- la date d’origine qui est la date d’entrée du patient dans l’étude, à partir de laquelle la surveillance a
commencé. Cette date peut correspondre suivant le schéma de l’étude à la date de randomisation,
d’opération, au début du traitement, au diagnostic de la maladie… Ces dates d’origine seront
différentes pour chaque malade.
- la date des dernières nouvelles qui est la date la plus récente à laquelle on a pu avoir des nouvelles
du sujet quant au critère étudié (mort/vivant, surdité/non surdité…). Cette date correspond à la date
de la dernière consultation pour les sujets encore vivants ou à la date de décès pour les sujets décédés.
A cette date de dernières nouvelles correspond pour chaque sujet un état qui correspond au critère
étudié (vivant/mort,…).
- A partir de la date des dernières nouvelles, de la date d’origine et de l’état du sujet quant au critère
étudié, il est possible de définir :
- Le recul : c’est le délai qui sépare la date d’origine et la date de point. Ce délai situe le sujet dans le
temps par rapport à la date de l’analyse. Les sujets qui ont un recul identique ont la même date
d’origine. Les reculs minimum et maximum de l’échantillon de sujet suivis définissent
« l'ancienneté » de la série.
- Le temps de participation : c’est le délai qui correspond à toute la durée de la surveillance et qui
sera utilisé pour établir la courbe de survie. Si la date des dernières nouvelles est antérieure à la
date de point, c’est cette date qui sera utilisée pour calculer le temps de participation. Si la date des
dernières nouvelles est postérieure à la date de point, c’est cette date qui sera utilisée pour calculer
le temps de participation. Si le sujet est décédé à la date de point, le temps de participation mesure
sa survie exacte ; si le sujet est vivant, ce délai est inférieur à sa durée de survie. Dans ce cas, les
données sont dites censurées à droite. Les données « censurées à droite » peuvent correspondre à
deux sortes de sujets : les perdus de vue qui échappent à la surveillance régulière dont ils devraient
faire l’objet (il est important de les dénombrer, car les analyses peuvent alors être faussées) ; les
exclus vivants qui sont des sujets suivis régulièrement et vivants à la date de point.