Université Paris-Est Créteil, UFR Sciences et Technologie Licences deuxième-Troisième années 2016 Structure Algèbrique TD 6 : Anneaux et corps 1 L’anneau Z/nZ. a) Soit l’équation ax + by = c avec (a, b, c) ∈ Z∗ × Z∗ × Z. (a) Déterminer une condition nécessaire et suffisante pour que cette équation admette au moins un solution. Déterminer, dans ce cas, l’ensemble des solutions. (b) Application : en multipliant mon jour de naissance par 12 et mon mois de naissance par 31, j’obtiens 442. Quelle est ma date de naissance ? b) Le groupe ((Z/nZ)× , ×). (a) Montrer qu’un élément de Z/nZ est inversible si et seulement s’il est premier avec n. (b) Montrer que l’ensemble (Z/nZ)× des éléments inversibles est un groupe commutatif. (c) On note ϕ(n) l’ordre de (Z/nZ)× : ϕ est appelée la fonction indicatrice d’Euler. Montrer le théorème d’Euler : pour tout n ≥ 2 entier, pour tout a ∈ Z∗ premier avec n, on a aϕ(n) = 1 [n]. Application : déterminer les inverses des éléments de (Z/10Z)× . (d) Montrer le petit théorème de Fermat. Soit p un nombre premier. Alors i. pour tout a ∈ Z∗ , premier avec p, on a ap−1 = 1 [p] ; ii. pour tout a ∈ Z, on a ap = a [p]. (e) On va donner une deuxième démonstration propriétées énoncés au (d). des p pour tout k ∈ {1, · · · , p−1}. Montrer que si p est premier, alors p divise k En déduire, en faisant une récurrence sur a ∈ N, la propriété P (a) : ap = a [p]. Puis en déduire la propriété P (a) pour tout a ∈ Z. Enfin, en déduire la propriété énoncé au (d) i. c) (Le système RSA de cryptage - Rivest, Shamir, Adleman - 1978.) Soit n ≥ 2 un entier libre de tout carré, c’est-à-dire tel que sa décomposition en facteurs premiers ne comporte pas de facteur carré. On note n = p1 · · · pk , où les nombres premiers pi sont tous distincts. Soit m un multiple commun aux nombres p1 − 1, . . . , pk − 1. Soient c et d deux entiers naturels tels que cd = 1 [m]. (a) Montrer que xcd = x [n] pour tout x ∈ Z. (Indication : on pourra appliquer le petit théorème de Fermat.) (b) En déduire que si m ≥ 0, alors xm+1 = x [n], pour tout x ∈ Z, puis que xϕ(n)+1 = x [n] pour tout x ∈ Z, où ϕ(n) = (p1 − 1) · · · (pk − 1). (c) Application. Soient p et q deux entiers premiers, et soit n = pq. Soient c et d tels que cd = 1 [ϕ(n)], où ϕ(n) = (p − 1)(q − 1). Pour chiffrer x ∈ {1, · · · , n}, on calcule C(x) = xc [n], puis pour déchiffer y ∈ {1, · · · , n} on calcule D(y) = 1 y d [n]. Vérifier que ces fonctions sont bien les fonctions de chiffrement et de déchiffrement associées, c’est-à-dire que D ◦ C = id [n] et C ◦ D = id [n]. Exemple 1 (trop simple pour être utilisé dans la pratique). p = 3, q = 5, n = pq = 15, ϕ(n) = 8. Définir c, puis d (en utilisant l’algorithme d’Euclide), enfin coder un nombre x compris entre 1 et 15. Exemple 2 (plus réaliste) : p = 163, q = 359, n = pq = 58 517. Calculer ϕ(n). On choisit c = 5015 : vérifier qu’il est premier avec n. En déduire une valeur (possible) de d (on utilisera l’algorithme d’Euclide). On chiffre les caractères de l’alphabet par deux chiffres, qui caractérise leur rang dans l’alphabet, c’est-àdire A=01, B=02, etc. et l’espace entre deux mots par 00. Chiffrer une phrase simple, et vérifier en la déchiffrant que vous avez bien chiffré. d) Soit m, n ∈ N∗ . Considérons l’application f : Z −→ Z/mZ × Z/nZ x 7→ ([x]m , [x]n ), où [x]m est la classe de x modulo m. (a) Montrer que f est un morphisme de groupes additifs et déterminer son noyau. (b) Cas particulier : montrer que si m et n sont premiers entre eux, alors Z/mnZ est isomorphe à Z/mZ × Z/nZ (théorème des restes chinois). (c) Montrer que l’ordre d’un élément d’un groupe est invariant sous l’action d’un isomorphisme. En déduire une démonstration de la réciproque du théorème des restes chinois : si Z/mnZ est isomorphe à Z/mZ × Z/nZ, alors m et n sont premiers entre eux. (Indication : on pourra étudier l’ordre de ([1]m , [1]n ).) (d) Montrer que si m etQn sont premiers entre eux, alors ϕ(mn) = ϕ(m)ϕ(n). En déduire que si n = i pri i , alors ϕ(n) = n Y 1− i 2 1 . pi Anneaux Exercice 1. Soient (A, +, ·) un anneau commutatif. On considère les opérations ⊕, ⊗ définies par : ∀a, b ∈ A, a ⊕ b = a + b + 1 et , ∀a, b ∈ A, a ⊗ b = ab + a + b. a) Montrer que (A, ⊕, ⊗) est un anneau commutatif. b) Montrer que (A, ⊕, ⊗) et (A, +, ·) sont isomorphes. (On déterminera l’isomorphisme d’anneau.) Exercice 2. Soient A et B deux anneaux. On définit sur A × B les lois (x, y) + (x0 , y 0 ) = (x + x0 , y + y 0 ) (x, y)(x0 , y 0 ) = (xx0 , yy 0 ) a) Montrer que A × B est alors un anneau. b) Si A et B sont des corps, en est-il de même pour A × B ? 2 Exercice 3. Soient les ensembles x 0 x x L= ∈ M2 (R) : x ∈ R et M = ∈ M2 (R) : x ∈ R 0 0 −x −x Étudier si, munis des lois usuelles, L et M sont des anneaux, des corps. Exercice 4. On note M2 (Z) l’ensemble des matrices 2 × 2 à coefficients entiers. a) Montrer que (M2 (Z), +, ×) est un anneau. Est-il commutatif ? b) Déterminer tous les éléments inversibles de (M2 (Z), +, ×) Exercice 5. Soit (A, +, ×) un anneau. On appelle centre de A l’ensemble C = {x ∈ A/∀y ∈ A, xy = yx}. Montrer que C est un sous-anneau de A. Exercice 6. Soit (A, +, ×) un anneau. On dit que x ∈ A est nilpotent ssi il existe n ∈ N tel que xn = 0. a) Montrer que si x est nilpotent alors 1 − x est inversible. b) Montrer que si x et y sont nilpotents et commutent, alors xy et x+y sont nilpotents. c) Un corps admet-il des éléments nilpotents ? Exercice 7. Soient M2 (Q) l’anneau des matrices carrées d’ordre 2 à coefficients dans 1 1 . Q, et A l’ensemble des matrices qui commutent avec M = 0 1 a) Montrer que A est un sous-anneau de M2 (Q). b) Montrer que A est isomorphe à l’anneau Q[X]/(X 2 ), où (X 2 ) est l’idéal de Q[X] engendré par le polynôme X 2 . Exercice 8 (Caractéristique d’un anneau). Soit (A, +, ·) un anneau. On considère l’application f : Z → A définie par : f (0) = 0A , ∀n ∈ N∗ , f (n) = 1A + · · · + 1A | {z } et ∀n ∈ N, f (−n) = −f (n). n fois a) Montrer que f est l’unique morphisme d’anneau de Z dans A. b) Si f est injectif, on dit que A est de caractéristique nulle. Montrer que f (Z) est isomorphe à Z. En déduire que A est infini. c) On suppose f non injectif. (a) Montrer qu’il existe un entier c ∈ N∗ tel que f (Z) est isomorphe à Z/cZ. On dit que A est de caractéristique c. (b) Montrer que c = 1 si et seulement si A = {0A }. (c) Montrer que si A est intègre, alors c est un nombre premier. d) Quelles sont les valeurs possibles pour la caractéristique d’un corps ? Donner des exemples. Exercice 9. a) J = {(α, α) : α ∈ Z} est-il un idéal de l’anneau Z2 ? n o 0 b) J = P ∈ R [X] : P (0) = 0 est-il un idéal de R [X] ? 3 Exercice 10. Soit J = {P ∈ Z [X] : P (0) ∈ 2Z} . a) (a) Montrer que J est un idéal de Z [X] . (b) Montrer que J est engendré par les polynômes 2 et X. b) En remarquant que 2 ∈ J , montrer que l’hypothèse “J est un idéal principal de Z[X]” est absurde. Exercice 11. Montrer que 14Z est un idéal maximal de 2Z. Que peut on en déduire sur 2Z/14Z ? Exercice 12. a) Soit D = {f ∈ R[X] : f 0 (0) = 0} . Montrer que D n’est pas un idéal de l’anneau R[X] et que c’est un sous-anneau de l’anneau R[X]. b) Soit E = {f ∈ R[X] : f (0) = f 0 (0) = 0}. Montrer que D n’est pas un sous-anneau de l’anneau R[X] et que c’est un idéal de l’anneau R[X] dont on donnera un générateur. Exercice 13 (Étude de l’anneau Z2 ). a) Soit d ∈ N. On pose Ad = {(x, y) ∈ Z2 tq x ≡ y(mod d)} (x = y pour d = 0). Montrer que Ad est un sous-anneau de Z2 . b) Montrer que l’on obtient ainsi tous les sous-anneaux de Z2 . ( I1 = {x ∈ Z tq (x, 0) ∈ I} c) Soit I un idéal de Z2 . On note : I2 = {y ∈ Z tq (0, y) ∈ I}. Montrer que I1 et I2 sont des idéaux de Z, et que I = I1 × I2 . d) En déduire que I est un idéal principal. Exercice 14. Soit E l’ensemble des applications de R dans R muni des lois naturelles + et ·. Pour x0 ∈ R, on pose : Ax0 = {f ∈ E|f (x0 ) = 0}. a) b) c) d) Montrer que E est un anneau. Montrer que Ax0 est un idéal de E. Caractériser les éléments de Ax1 ∩ Ax2 où x1 , x2 sont des réels ditincts. On suppose encore que x1 6= x2 . Montrer que Ax1 + Ax2 = E. (On pourra utiliser les fonctions (x − x1 )/(x2 − x1 ) et (x2 − x)/(x2 − x1 ).) e) Montrer que l’idéal Ax0 est un idéal maximal de E. n o Exercice 15. On note D = 10pn , p ∈ Z, n ∈ N l’ensemble des nombres décimaux. a) Montrer que D est un sous-anneau de (Q, +, ·). b) Montrer que les idéaux de D sont principaux (c’est-à-dire de la forme aD avec a ∈ D). Exercice 16. Soit A un anneau intègre. On suppose que l’anneau A ne possède qu’un nombre fini d’idéaux. Montrer que A est un corps. Exercice 17. Pour n ∈ N∗ , on note ϕ(n) le nombre d’éléments inversibles dans (Z/nZ, +, ×). a) Calculer ϕ(p) et ϕ(pα ) pour p premier et α ∈ N∗ . b) Soient m et n premiers entre eux. On considère l’application f : Z/mnZ → Z/nZ × Z/mZ définie par f (x̄) = (x̂, x̃). Montrer que f est un isomorphisme d’anneaux. c) En déduire que ϕ(mn) = ϕ(m)ϕ(n). d) Exprimer ϕ(n) selon la décomposition primaire de n. 4