des paumes et la zone atteinte peut e
ˆtre pathognomonique du
geste professionnel. Cependant, aucun tableau clinique n’est
absolument spe
´cifique des DIC qui peuvent simuler celui d’une
dermatite allergique de contact (DAC) lorsque l’agresseur est
un hapte
`ne fort (ex : e
´poxy).
Dermatites allergiques
Chez des patients sensibilise
´s, la DAC survient 24 a
`96 heures
apre
`s le contact avec l’hapte
`ne. Sa localisation initiale est le
site du contact. Les bords de la le
´sion peuvent e
ˆtre bien limite
´s
mais, a
`l’inverse de la DIC, elle peut se propager autour, voire a
`
distance. Dans sa phase aigue
¨, la DAC associe e
´rythe
`me,
œde
`me suivi par l’apparition de papules, de nombreuses
ve
´sicules, d’un suintement puis de crouˆtes. Dans sa phase
chronique, la peau devient liche
´nifie
´e, fissure
´e et pigmente
´e
mais de nouveaux e
´pisodes de ve
´siculation, suintements et
crouˆtes peuvent survenir en raison de nouvelles expositions
avec l’hapte
`ne. La DAC est ge
´ne
´ralement associe
´ea
`un prurit
intense.
Physiopathologie de l’irritation et de
l’allergie cutane
´e
Les deux types d’ecze
´ma impliquent les cellules de l’immunite
´
mais la DIC est secondaire a
`l’activation de l’immunite
´inne
´e
alors que la DAC est le re
´sultat de l’activation de l’immunite
´
adaptative et de l’induction de LT spe
´cifiques effecteurs pro-
inflammatoires [2–4].
Irritation cutane
´e : mise en jeu de l’immunite
´inne
´e
La pe
´ne
´tration d’un chimique a
`travers les diffe
´rentes couches
de la peau, notamment l’e
´piderme et le derme, entraıˆne la
libe
´ration d’un grand nombre de cytokines et de chimiokines
par diffe
´rents types cellulaires [4]. Les ke
´ratinocytes repre
´sen-
tant 95 % des cellules de l’e
´piderme et appartenant a
`l’immu-
nite
´inne
´e sont les principales et les premie
`res cellules
se
´cre
´trices de cytokines lors d’un stimulus e
´picutane
´[5]. L’ini-
tiation de l’inflammation semble principalement lie
´ea
`l’IL-1aet
au TNF-aet aux de
´rive
´s de l’acide arachidonique. En effet,
l’IL-1aet le TNF-avont permettre le recrutement secondaire de
leucocytes sur le site cutane
´alte
´re
´.Ilsede
´roule ainsi une
cascade de production de me
´diateurs inflammatoires qui fina-
lement induit des modifications histologiques puis cliniques
d’ecze
´ma.
Allergie cutane
´e : mise en jeu de l’immunite
´
spe
´cifique
Les le
´sions de DAC sont dues a
`l’activation dans la peau, au
site du contact avec l’hapte
`ne, de LT spe
´cifiques, appartenant
a
`l’immunite
´spe
´cifique, qui ont e
´te
´induits lors de pre
´ce
´dents
contacts [2]. Les LT spe
´cifiques sont active
´s par les cellules
cutane
´es leur pre
´sentant l’hapte
`ne sur les mole
´cules HLA de
classe I et II. Les LT active
´s produisent des cytokines de type 1
(IFNg, IL-2, IL-17) et sont cytotoxiques. Ils activent et de
´truisent
par apoptose les cellules cutane
´es, ce qui induit une inflam-
mation qui va recruter de nouvelles cellules dans la peau et
aboutir a
`la le
´sion d’ecze
´ma. Les connaissances sur les me
´ca-
nismes des DAC viennent avant tout des mode
`les pre
´cliniques
chez la souris qui montrent un ro
ˆle effecteur pro-inflamma-
toire aux LT CD8+ cytotoxiques alors que les LT CD4+ contien-
nent la population re
´gulatrice anti-inflammatoire [6–8].
L’irritation conditionne l’intensite
´de l’allergie
cutane
´e
L’irritation conditionne l’intensite
´de l’allergie cutane
´e:
l’nduction d’une re
´ponse immunitaire spe
´cifique ne
´cessite
l’activation de l’immunite
´inne
´e. La se
´paration irritation/
allergie est tre
`s conceptuelle de me
ˆme que la dichotomie
immunite
´inne
´e/immunite
´spe
´cifique. En pratique, les deux
types d’immunite
´sont tre
`s souvent associe
´s et intimement
lie
´s. C’est ainsi que l’induction d’une immunite
´spe
´cifique de
bonne qualite
´ne
´cessite l’activation de l’immunite
´inne
´e dont
le re
´sultat principal est la maturation des cellules dendri-
tiques en cellules pre
´sentatrices d’antige
`ne professionnelles ;
l’irritation cutane
´e fait le lit de l’allergie. Dans les ecze
´mas,
il est classique de dire que la DIC fait le lit de la DAC, sur la base
d’observations classiques que les patients porteurs de DIC se
sensibilisaient aux produits manipule
´s plus fre
´quemment que
les patients ne pre
´sentant pas d’irritation cutane
´e[9]. Cette
hypothe
`se a e
´te
´confirme
´ere
´cemment par des re
´sultats
expe
´rimentaux montrant que l’intensite
´de la re
´ponse de DAC
a
`un hapte
`ne est proportionnelle a
`l’irritation cutane
´e induite
par contact avec cet hapte
`ne lors de la sensibilisation [10].
Comment diffe
´rencier irritation et allergie
cutane
´e
Compte tenu des similitudes parfois tre
`s pousse
´es entre
irritation et allergie au niveau clinique, histologique, cellulaire
et mole
´culaire, la seule possibilite
´de diffe
´rencier formelle-
ment les deux types d’inflammation est de se baser sur les
diffe
´rences physiopathologiques.
Le diagnostic de DAC (allergie) repose sur deux me
´thodes
diffe
´rentes :
les tests cutane
´s dont la positivite
´est pour beaucoup
synonyme d’allergie de contact [2] ;
les tests immunologiques mettant en e
´vidence l’existence
de LT spe
´cifiques d’allerge
`ne de contact, dans la peau ou le
sang des patients.
Les tests cutane
´s
Les tests cutane
´s permettent le diagnostic de DAC. Cela n’est
pas tout a
`fait vrai du moins pour ceux qui sont les plus
utilise
´s, a
`savoir les patch-tests :
Dermatite de contact allergique et irritative.
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