Protectionnisme : Avantages, Inconvénients et Cas Africain (CEDEAO)

Telechargé par Moniciat Diangana
Introduction
Le protectionnisme, défini comme une politique visant à protéger les industries nationales
contre la concurrence étrangère par le biais de barrières commerciales, a toujours été au cœur
de nombreux débats économiques. Cette politique, souvent appliquée par des pays en
développement ou des économies en transition, est généralement justifiée par la cessité de
soutenir les industries locales naissantes et de stimuler l'emploi. Cependant, au-delà des
arguments en faveur de cette approche, les inconvénients sont tout aussi notables et posent la
question de son efficacité à long terme. Dans ce cadre, après une analyse théorique des
avantages et des inconvénients du protectionnisme, nous étudierons les pratiques
protectionnistes adoptées par certains pays africains et les unions régionales. Ce faisant, nous
verrons si cette politique est réellement bénéfique dans le contexte actuel de mondialisation.
I. Les avantages théoriques du protectionnisme
Pour commencer, le protectionnisme présente plusieurs avantages théoriques qui justifient son
adoption par certains gouvernements, en particulier ceux des pays en développement.
1. Favorise la croissance des entreprises nationales
L'un des premiers arguments avancés en faveur du protectionnisme est qu'il permet aux
entreprises locales de croître en limitant la concurrence étrangère. Les industries naissantes,
encore fragiles, ont besoin de temps et de ressources pour devenir compétitives sur le marché
mondial. C'est ici que les théories de Friedrich List, soutenu plus récemment par des
économistes comme Paul Krugman, prennent tout leur sens. Ils soutiennent que la protection
des secteurs stratégiques peut permettre de renforcer la compétitivité intérieure en consolidant
les capacités de production et en renforçant les entreprises locales.
Transition : Toutefois, si le protectionnisme permet de protéger les entreprises locales, il est
aussi souvent présenté comme un levier pour répondre à des enjeux sociaux, notamment la
question du chômage.
2. Contribue à la diminution du chômage
En réduisant la dépendance aux importations et en encourageant la production locale, le
protectionnisme peut également stimuler la création d'emplois. En effet, en augmentant la
demande pour des biens et services produits localement, les entreprises nationales ont besoin
de recruter davantage de main-d'œuvre, ce qui contribue à diminuer le taux de chômage. Bertil
Ohlin a, dans ce cadre, montré que le protectionnisme peut permettre de réduire les tensions sur
le marché de l’emploi, notamment dans les secteurs industriels et manufacturiers.
Transition : En plus de son impact sur le marché de l'emploi, le protectionnisme joue
également un rôle crucial dans l'industrialisation des économies émergentes.
3. Favorise l’industrialisation
Une autre justification couramment avancée en faveur du protectionnisme est qu’il encourage
l’industrialisation. En restreignant les importations, les gouvernements incitent les entreprises
locales à se développer et à investir dans des secteurs productifs. Cette dynamique a été
soutenue par des économistes tels que Paul Romer, qui ont démontré que la protection
temporaire des industries locales permet d’augmenter la capacité de production intérieure. Cela
est d’autant plus pertinent dans les pays africains, le besoin de diversification économique
est crucial pour rompre avec la dépendance aux exportations de matières premières.
Transition : En plus de ses effets sur l'industrialisation, le protectionnisme est également perçu
comme un instrument de réduction des inégalités entre nations.
4. Réduit les inégalités entre pays
Le protectionnisme peut également être utilisé pour rétablir un certain équilibre entre les pays
développés et les pays en développement. Des économistes comme Adam Smith et David
Ricardo ont montré que, dans le commerce libre, les pays riches tendent à s'enrichir davantage
au détriment des nations les plus pauvres. À l'inverse, le protectionnisme peut permettre aux
économies émergentes de protéger leurs industries locales tout en limitant les écarts de
développement avec les pays les plus industrialisés. En protégeant leurs secteurs stratégiques,
les pays en développement peuvent ainsi renforcer leurs économies et réduire les inégalités
mondiales.
Transition : Bien que le protectionnisme présente plusieurs avantages théoriques notables, il
est également critiqué pour ses inconvénients, qui peuvent parfois limiter les bénéfices attendus
de cette politique.
II. Les inconvénients théoriques du protectionnisme
1. Les représailles
L’un des principaux risques associés au protectionnisme est celui des représailles
commerciales. Lorsque des pays instaurent des barrières tarifaires, leurs partenaires
commerciaux sont souvent tentés de répondre par des mesures similaires, ce qui peut entraîner
une escalade de conflits commerciaux. Ces représailles peuvent avoir des conséquences
néfastes sur l’économie du pays protectionniste, notamment en limitant ses exportations et en
réduisant ses débouchés sur les marchés étrangers.
Transition : En plus de ce risque de représailles, le protectionnisme présente d'autres
inconvénients, notamment son effet sur l'innovation.
2. Entrave à l’innovation
Le protectionnisme peut également constituer un frein à l’innovation. En effet, en limitant la
concurrence étrangère, les entreprises locales ne sont pas exposées aux mêmes niveaux de
compétition, ce qui peut les inciter à stagner. Joseph Schumpeter, en 1942, a mis en lumière
l’importance de la « destruction créatrice », c'est-à-dire l'idée que la concurrence stimule
l'innovation en forçant les entreprises à se réinventer et à améliorer constamment leurs produits
et services. Sans cette pression, les entreprises locales peuvent devenir inefficaces et obsolètes.
Transition : En parallèle à cette entrave à l'innovation, le protectionnisme peut également
nuire à la compétitivité des entreprises locales.
3. Affaiblissement de la concurrence et de la compétitivité
La protection prolongée des industries locales peut également affaiblir leur compétitivité sur
le long terme. Selon Aghion et Howitt (1987), la concurrence internationale pousse les
entreprises à accroître leur productivité et à être plus efficaces. Dans un contexte
protectionniste, les entreprises risquent de se reposer sur leurs acquis, ce qui les rend moins
performantes sur la scène internationale. Lorsque les barrières commerciales sont finalement
levées, ces entreprises peuvent se retrouver incapables de rivaliser avec des concurrents
étrangers plus innovants et plus performants.
Transition : Outre ses effets sur la compétitivité, le protectionnisme a également des
répercussions directes sur les consommateurs.
4. Diminution de l’utilité des consommateurs
Le protectionnisme restreint souvent l’accès des consommateurs à des produits étrangers, ce
qui peut réduire leur satisfaction. En limitant les importations, les gouvernements réduisent le
choix des consommateurs, qui se voient contraints d’acheter des produits locaux, souvent plus
chers ou de moindre qualité. Cela entraîne une diminution de l’utilité des consommateurs,
comme l’a montré Chamberlain en 1933.
Transition : En plus de limiter l'utilité des consommateurs, le protectionnisme réduit
également la variété des produits disponibles sur le marché.
5. Diminution de la variété des produits
Enfin, le protectionnisme limite la diversité des produits disponibles pour les consommateurs.
Lancaster (1966) a montré que la variété des biens offerts sur un marché est un facteur
déterminant de bien-être pour les consommateurs. Lorsque les importations sont restreintes, la
diversité des produits diminue, ce qui entraîne une réduction des choix disponibles et, par
conséquent, une moindre satisfaction des consommateurs.
Transition : Après avoir présenté les principaux avantages et inconvénients théoriques du
protectionnisme, il convient maintenant d'analyser les pratiques protectionnistes en Afrique,
cette politique a été appliquée avec des résultats variés.
III. Analyse contextuelle : cas de la CDEAO
Le protectionnisme au sein de la CEDEAO, particulièrement illustré par les actions du Nigeria,
soulève des défis significatifs pour l'intégration économique régionale.
Le Nigeria a fermé ses frontières pour protéger son marché, affectant gravement les échanges
avec des pays comme le Bénin, ce qui compromet la dynamique d'intégration. Bien que la
CEDEAO vise à établir une zone de libre-échange, les intérêts nationaux et les politiques
protectionnistes des États membres entravent cette progression. Les négociations d'accords
commerciaux avec des partenaires extérieurs, comme l'UE, compliquent également la situation
en exacerbant les tensions entre les membres.
Transition : Face à ces pratiques variées, il apparaît que le protectionnisme, bien qu'ayant des
effets bénéfiques à court terme, doit être utilisé avec précaution pour éviter ses inconvénients à
long terme.
Conclusion
En conclusion, le protectionnisme offre des avantages théoriques importants, notamment en
matière de protection des industries locales, de réduction du chômage et de stimulation de
l'industrialisation. Cependant, ses inconvénients, tels que les représailles commerciales, le frein
à l’innovation et la diminution de la compétitivité, ne doivent pas être sous-estimés. Dans le
contexte africain, les pays cherchent à renforcer leurs économies tout en s'intégrant dans
l'économie mondiale, le protectionnisme doit être équilibré avec des politiques favorisant
l’ouverture progressive au commerce international. Seule une approche réfléchie, tenant
compte des spécificités de chaque pays, permettra de maximiser les bénéfices du
protectionnisme tout en minimisant ses inconvénients.
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