
Fig. 4. Exemple de phrase complexe concernant le tribut textile réclamé par les Tépanèques aux
Codex Xolotl, pl. 7
On trouve surtout des informations généalogiques (la provenance des femmes, la
descendance des souverains sont indiquées), dynastiques (pl. 4 enfants de Huetzin, futurs
gouvernants de villes importantes) ou administratives (pl. 5 liste des villes tributaires et de
celles constituant le « Dauphiné » du prince héritier de Tezcoco). Au total, Charles Dibble a
comptabilisé 185 noms pour la généalogie de Xolotl, fondateur de la lignée acolhua : auxquels
on peut ajouter plusieurs centaines de noms concernant les dynasties de Puebla-Tlaxcala, de
Mexico-Tenochtitlan, Azcapotzalco, Tlatelolco ou Culhuacan.
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Il y a parfois des indications d’appartenance ethnique pour différencier les combattants ou
les trahisons : traîtres otomis ou chalcas partisans des Tépanèques mais aussi appartenance
ethnique du serviteur fidèle qui procède à la crémation du souverain de Tezcoco (pl. 7 cf.
Fig. 3), guerriers huexotzinca et tlaxcaltèques alliés de Nezahualcoyotl (pl. 9). Par endroits on
relève même des sortes de phrases constituées de rébus, qui semblent une tentative coloniale
de résister à l’introduction de l’écriture alphabétique : c’est en effet le seul manuscrit
pictographique à présenter ce type de phrases. Certaines sont simples, réduites à un seul
glyphe (pl. 9 les soldats tépanèques réclament Nezahualcoyotl) voire deux ou trois glyphes (le
souverain de Tlatelolco pl. 8 déplore la mort de Chimalpopoca et déclare vouloir se rendre à
Tezcoco chez Nezahualcoyotl). D’autres sont réellement complexes, comme le long discours
pour indiquer que Tezcoco doit payer un tribut textile (pl. 7 cf. Fig. 4) ou qu’il faut tuer
Chimalpopoca à Tenochtitlan (pl. 8).
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Mais si ces différentes informations sont étroitement imbriquées dans une même planche,
on relève cependant qu’il n’y a pas d’orientation multiple : la planche est parfaitement lisible,
contrairement à certains codex cartographiques préhispaniques où il faut l’orienter dans
différents sens pour pouvoir lire différentes informations. Ce simple fait semble signaler une
influence coloniale ou peut correspondre à une école stylistique acolhua, différente du reste du
Mexique.
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Il suffit de prendre la même portion de territoire d’une planche à l’autre pour voir son
évolution historique, depuis l’arrivée des Chichimèques après la chute de Tula au XIIe siècle,
jusqu’à la reconquête de Tezcoco en 1427, juste avant la fondation de l’empire aztèque. Ainsi
pour la portion supérieure correspondant à la rive est de la lagune de Tezcoco (et donc au
royaume acolhua avec ses principales villes), on observe comment cette zone est abandonnée,
sans âme qui vive à l’arrivée des Chichimèques (justifiant ainsi leur occupation légitime de
cette zone), puis peu à peu peuplée, avec un habitat initial dans des cavernes (encore
représentées pl. 4 puis réduites pl. 5 à de simples toponymes
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, pour finir par disparaître à
partir de la planche 6). L’introduction de la pratique de l’agriculture est indiquée pl. 3 par des
rectangles (surmontés d’un huictli ou bâton à fouir) qui parsèment le paysage. Le royaume de
Tezcoco est représenté à l’apogée de sa puissance, juste avant sa chute, pl. 6 : la Vallée centrale
et les régions avoisinantes sont alors en équilibre politique stable, comme le dessin parvient à
l’indiquer. Le désordre de la planche 7 indique que Tezcoco est brutalement conquise en 1418 :
on voit ses habitants fuir la ville et se réfugier dans la montagne, voire dans la province de
Huexotzinco. Elle est occupée pendant neuf ans, puis libérée en 1427 (pl. 9).
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On constate que les glyphes anthroponymiques et toponymiques sont les plus nombreux et
structurent en quelque sorte chaque planche. Ainsi la planche 6 (vallée de Mexico avant la
guerre tépanèque de 1418) concentre les informations anthroponymiques pour les dynasties de
la Vallée centrale de Mexico et pour quelques rares souverains qui attirent l’attention. Elle
comprend un total de 89 noms de personnes4.
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Pour les toponymes la même planche contient un total de 80 noms de lieux (dont deux
exprimés sans glyphe toponymique).
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Parfois on observe un repentir du scribe dans le tracé des contours de la lagune5 (planche 1) :
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Le Mexique central à travers le Codex Xolotl et Alva Ixtlilxochitl : ent... https://journals.openedition.org/e-spania/22033
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