Expo7
Une autre philosophie
Venue de Chine
13 avril 2015
Notre pensée dépend de notre langage
Notre pensée est fondée sur le langage, mais celui-ci n’a pas été créé pour être un véhicule
de la pensée, son but est seulement d’assurer la communication.
Par nature le langage occidental a tendance à établir des distinctions, des séparations, des
catégories.
Il en résulte que la pensée occidentale, orientée par le langage, tend à fixer l’identité,
l’équivalence et la contradiction. (*1)
Le langage est de plus un système auto organisé, qui évolue selon ses propres nécessités, tout
comme la nature, obligeant la pensée à s’y conformer.
Des idéogrammes, non plus des mots
En français, le mot « chose » bien que neutre et indéterminé, découpe, focalise, pointe vers du
substantiel.
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En chinois, sa traduction « dong-xi » a pour caractéristiques deux idéogrammes signifiant « est-
ouest » qui produisent une relation, une polarité, une mise en tension qui s’instaure et qui fait que
« quelque chose » commence d’être engendré. (*1)
De la Grèce à la Chine
On doit au philosophe François Jullien ( en 1951), helléniste devenu sinologue, d’avoir
construit une œuvre majeure autour du décentrement de la philosophie occidentale en la pensant du
dehors à partir de l’altérité chinoise.
Il nous a appris à regarder autrement notre pensée la plus théorique et la plus abstraite, celle qui
intéresse les catégories de base grâce auxquelles nous appréhendons spontanément n'importe quel
objet. (*2)
Y a-t-il une philosophie chinoise ?
Certains en doutent car la pensée chinoise refuse la spéculation et n'approche que rarement
et tardivement de la métaphysique ou de la logique.
Elle s'appuie plus volontiers sur la synthèse plutôt que sur l'analyse, sur la résolution des
problèmes que sur la définition des concepts, sur l'exemplarité que sur la démonstration, sur la
fluidi de l'esprit que sur la solidité des arguments.
Elle ne reconnaît pas d'entité unique créatrice du monde, l'idée de vérité ultime et absolue
à sonder par la foi ou la raison n'est que rarement invoquée dans une discussion philosophique.
(*3)
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Les influences
Trois courants majeurs ont une influencé la pensée chinoise :
Le Confucianisme qui préconise une société patriarcale, tournée vers les traditions et dévouée
au Prince, supposé faire preuve de bonté et de sagesse. L'éducation et les lois et règles morales
sont à la base de la vertu du peuple.
Le Taoïsme pour qui le Tao est à l'origine de tout ce qui existe et dirige l'univers. L'Homme doit
donc chercher à vivre en harmonie avec lui et doit adopter une morale de l'inaction laissant faire
la nature qui est bonne.
Le Bouddhisme venu d’Inde, en s'appropriant les concepts chinois et en les revitalisant, il a peu
à peu été intégré à la pensée chinoise. (*3)
Les sages chinois
Le livre des transformations
Le Yi King (Livre des transformations) est le plus ancien livre de la Chine et fut à l’origine
livre d’oracles. Il est plus tard devenu un livre de sagesse.
Il est attribué à Fo Hi à l’origine, puis au roi Wen et à son fils Tchéou.
Sur la base de 8 trigrammes et 64 hexagrammes sont symbolisés les mouvements des choses
dans leurs transformations. Lao-Tseu s’en est inspiré. Confucius écrira un commentaire à la fin de
sa vie. Il constitue une commune racine aux deux courants de pensée.
Le Yi King n’a pas en vue les choses dans leur essence comme en occident, mais les
tendances de leur mouvement, il décrit la loi éternelle et immuable à l’œuvre dans toute
transformation. (*10)
Lao-Tseu
Lao-Tseu ou Lao Zi aurait été un sage chinois (environ 590-500 av. J.-C), il est considéré a
posteriori comme le père fondateur du taoïsme.
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Les informations historiques le concernant sont rares et incertaines quelques chercheurs
sceptiques estiment qu'il s’agit d’un personnage fictif ou composite, et non proprement historique.
Le Tao Tö King (Livre de la Voie et de la Vertu) que la tradition lui attribue est un texte
majeur du taoïsme qu’il aurait écrit avant de fuir la situation politique de son pays.
Son enseignement est intemporel ce qui va le rendre énigmatique en Chine, mais influent
en Europe. (*5)
Zhuangzi
Tchouang-tseu ou Zhuangzi est un penseur chinois du IV siècle av. J.-C. à qui l'on
attribue la paternité d'un texte essentiel du taoïsme appelé de son nom – le Zhuangzi – ou encore le
«Classique véritable de Nanhua »
Il est le deuxième grand maître du taoïsme après Lao-Tseu et son héritier direct concernant
la vision du Tao comme mouvement régulateur du réel et sa vision du non agir non pas comme
passivité, mais comme libération de l’action de toute action volontariste projetant ses plans sur le
monde au mépris du réel. (*6)
Confucius
Il vécut de 551 à 479 av JC et il est considéré comme un éducateur de la Chine. Pour lui
l’homme ne peut pas vivre avec les oiseaux et les bêtes sauvages, il lui faut donc vivre en bonne
société avec ses semblables.
Il va enseigner un ensemble de valeurs dont le but est l’harmonie des relations humaines,
un humanisme chinois dans la réalité historique de son époque. C’est ce qui va le rendre si
étranger à la vie intellectuelle européenne au contexte historique si différent et si influent dans la
vie intellectuelle chinoise.
Selon la légende, il serait allé rencontrer Lao-Tseu et en serait revenu fort troublé. (*5)
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Une pensée autre que l’européenne
Penser sans recourir à l’Etre
En privilégiant la vue qui met à distance, permet de mieux distinguer et donc de connaître,
la pensée européenne dédouble le monde à tel point que l’intelligible contrôle le sensible. Cette
voie privilégie la pensée de l’Etre et de l’identité.
La pensée chinoise favorise l’ouie et l’odorat qui sont des sens qui adhèrent à l’ambiant.
Elle décrit le sensible, l’engendrement ordonné des choses et la régulation du processus du
monde dans sa cohérence. Aussi la pensée chinoise ne se détermine pas en terme d’être , mais de
capacité investie. Elle décrit le monde du point de vue phénoménal, non ontologique. (*1)
Non agir plutôt que discours
Le discours n'est pas un instrument approprié permettant d'acquérir des connaissances
certaines. Il ne fait qu'opérer des découpages partisans de la réalité.
Comment l'Homme doit-il envisager sa position dans l'univers ? La réponse se situe dans le
non-agir (wu wei - ) qui, loin d'être synonyme d'indolence, de passivité ou de repli, définit
l'action en tant qu'elle est conforme à la nature des choses et des êtres.
L'Homme doit se débarrasser de son égocentrisme et de sa volonté de plier la réalité à ses
fantasmes. Le non-agir permet l'action, à l'image de l'immobilité de l'essieu condition sine qua
non du mouvement de la roue. (*2)
Concevoir ou traverser
Il faut envisager au moins deux modes différents d’unité de la pensée :
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