
de l’axiomatique propos´ee par Kolmogorov. Pour le confort de la lecture, nous utiliserons
le vocabulaire et les notations d’aujourd’hui, ne gardant que l’esprit des deux preuves.
Th´eor`eme 2.1 Soit (Xn)n≥1une suite de variables al´eatoires r´eelles ind´ependantes.
On pose Gn=σ(Xn, Xn+1, . . . )(la tribu engendr´ee2par Xn, Xn+1, . . . ), et G=\
n≥1Gn(la
hh tribu de queue ii).
Alors, tout ´el´ement de Gest de probabilit´e 0 ou 1.
Preuve de Kolmogorov : Il s’agit de la preuve classiquement enseign´ee aujourd’hui. Soit
Aun ´el´ement de G. Supposons que P(A)>0 et notons PAla probabilit´e conditionnelle
sachant A. Par l’hypoth`ese d’ind´ependance des Xk, quel que soit B∈ Fn=σ(X1, X2, . . . , Xn),
Best ind´ependant des ´el´ements de Gn+1 et donc de A, et on a :
PA(B) = P(A∩B)
P(A)=P(B).
De ce fait, les probabilit´es PAet Pco¨ıncident sur toutes les Fn, et donc sur l’alg`ebre de
Boole [
n≥1Fnet donc, par le th´eor`eme de classe monotone, sur la tribu qu’elle engendre,
c’est-`a-dire F=σ(X1, X2, . . . , Xn, . . . ). Comme en particulier A∈ F, on a PA(A) = P(A),
c’est-`a-dire P(A) = 1.
Preuve de L´evy : L´evy se contente en fait de d´emontrer le r´esultat dans le cas o`u les
variables Xnsuivent une loi uniforme sur [0,1]. Dans ce cas, le tirage d’une r´ealisation de la
suite (Xn)n≥1peut ˆetre con¸cu comme celui d’un point dans un cube de cˆot´e 1 `a une infinit´e
de dimensions, la loi de probabilit´e ´etant donn´ee par la mesure de Lebesgue. L’argument
de L´evy repose alors sur une observation qu’il affirme comme ´evidente et qui est ´equivalente
en fait `a un r´esultat de classe monotone : il fait remarquer (nous employons le formalisme
moderne) que pour tout ´ev´enement Ade la tribu F=σ(X1, X2, . . . , Xn, . . . ) (qui s’´ecrit
donc sous la forme [(X1, X2, . . . , Xn, . . . )∈B], o`u Best un ensemble mesurable de R),
et pour tout ε > 0, on peut trouver n > 0 et Dn∈ Fn=σ(X1, X2, . . . , Xn) tels que3
P(Dn∆A)< ε. En fait, sa justification est de dire que les ensembles mesurables dans le
cube infini-dimensionnel sont obtenus par hh les constructions de M. Lebesgue ii `a partir des
hh intervalles ii du cube, qui sont les ensembles du type ]a0, b0[×]a1, b1[×···×]an, bn[×[0,1]×
[0,1] ..., de la mˆeme fa¸con que les bor´eliens de Rsont construits `a partir des intervalles
ouverts r´eels ; et l’on sait que pour n’importe quel ´el´ement A∈ B([0,1]), il existe une
collection finie d’intervalles ]α0, β0[,...,]αm, βm[ telle que λ(A∆∪m
k=0]αk, βk[) < ε (o`u λest
la mesure de Lebesgue dans R).
Soit maintenant Eun ´el´ement de G. Notons que l’ind´ependance des (Xn)n≥1permet d’´ecrire
que ∀n,P(E| Fn) = P(E). Soient Net DN∈ FNtels que P(E∆DN)< ε (et donc, en
particulier, P(DN)> P (E)−ε). On a alors :
ε > P (DN∩Ec) = P(DN)P(Ec|DN).
2C’est-`a-dire la plus petite tribu qui les rende toutes mesurables.
3∆ d´esigne la diff´erence sym´etrique : Dn∆A= (Dn∪A)\(Dn∩A).
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