
Dans le cadre lin´eaire par morceaux, les stabilit´es naturelles et le th´eor`eme
de bidualit´e sont des exercices faciles que, ´ecrit-il, il avait eu plaisir `a faire
`a titre de v´erification de l’ubiquit´e du formalisme de dualit´e, au moment du
d´emarrage de la cohomologie ´etale (dont une surprise principale avait justement
´et´e la d´ecouverte de cette ubiquit´e) .
Pour ce qui est du cas des coefficients continus, il pr´ecise (p. 441) avoir
d´evelopp´e vers la fin des ann´ees 1950 la th´eorie de dualit´e des faisceaux
coh´erents (i.e. le formalisme des six variances dans le cadre coh´erent) .
Travaux de fondements sur les cat´egories d´eriv´ees :
Toutefois, la th´eorie de dualit´e ne prenait tout son sens que modulo un
travail de fondements sur la notion de cat´egorie d´eriv´ee, qui a ´et´e fait par Verdier
ult´erieurement .
Avant ce travail de fondements, Grothendieck s’´etait born´e `a travailler avec
les cat´egories d´eriv´ees de fa¸con heuristique, avec une d´efinition provisoire de ces
cat´egories (qui s’est av´er´ee par la suite ˆetre la bonne), et avec une intuition
´egalement provisoire de leur structure interne essentielle (qui s’est r´ev´el´ee tech-
niquement fausse dans le contexte pr´evu, le mapping cone ne d´ependant pas
fonctoriellement de la fl`eche dans une cat´egorie d´eriv´ee qui est cens´ee le d´efinir,
et qui le d´efinit seulement `a isomorphisme non unique pr`es) .
Il se souvient (p. 589) : Vers l’ann´ee 1960 ou 1961 je propose `a Verdier,
comme travail de th`ese possible, le d´eveloppement de nouveaux fondements
de l’alg`ebre homologique, bas´e sur le formalisme des cat´egories d´eriv´ees que
j’avais d´egag´e et utilis´e au cours des ann´ees pr´ec´edentes pour les besoins d’un
formalisme de dualit´e coh´erente dans le contexte des sch´emas.
Il d´esigne dans le texte d’une vingtaine de pages de la th`ese de Verdier
(soutenue en 1967) la meilleure introduction au langage des cat´egories d´eriv´ees
´ecrite `a ce jour, situant ce langage dans le contexte de ses utilisations essentielles
(dont plusieurs sont dues `a Verdier lui-mˆeme) .
Cependant, ce texte ´etait seulement l’introduction `a un travail r´edig´e
ult´erieurement et qui pr´esente des fondements syst´ematiques de l’alg`ebre
homologique selon le point de vue des cat´egories d´eriv´ees (p. 442). Ajoutons
que ce travail sera finalement publi´e comme volume Ast´erisque (num´ero 239) en
1996, apr`es la disparition tragique de Verdier, grˆace `a Georges Maltsiniotis.
Un texte interm´ediaire de cinquante pages intitul´e Cat´egories d´eriv´ees,
´etat 0 avait cependant ´et´e publi´e en 1976 dans le volume SGA 4 1/2 dont
Grothendieck vient tantˆot seulement de prendre connaissance (p. 498) au
moment o`u il ´ecrit R´ecoltes et Semailles .
Grothendieck commente encore (p. 667) que la notion de cat´egorie trian-
gul´ee ne suffit pas `a rendre compte de la structure des cat´egories d´eriv´ees, tout
comme la th`ese de Giraud ´ecrite plus tard pour rendre compte de l’aspect non
commutatif est seulement une amorce : D`es la seconde moiti´e des ann´ees
1960, l’insuffisance de ces deux amorces ´etait bien ´evidente : tant par l’insuffi-
sance de la notion de cat´egorie triangul´ee (d´egag´ee par Verdier) pour rendre
compte de la richesse de structure associ´ee `a une cat´egorie d´eriv´ee (notion ap-
pel´ee `a ˆetre remplac´ee par la notion consid´erablement plus riche de d´erivateur),
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