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dans l’explication de la baisse de l’inégalité suite à une croissance économique des Etats-Unis
d’Amérique. Quant à Rawls, fondateur de la théorie de la justice sociale (1971), il focalise ses
travaux sur la distribution entre les personnes pour plaidoyer en faveur de l’équité sociale.
Dans les travaux contemporains, dont notamment ceux de Sen (1991), l’investissement dans
le capital humain, les capacités, les habilités individuelles, la chance d’opportunités, le cycle
de vie, etc. jouent un rôle essentiel dans l’explication de la répartition individuelle.
Ainsi, de par leurs conceptions différentes, ces deux approches forment un cadre d’analyse
complet pour restituer les facteurs explicatifs de la répartition. telle démarche a le mérite
d’élargir la gamme des politiques publiques en combinant des actions publiques sur les
attributs fonctionnels relatifs aux forces de marché et sur des actions de redistribution ou de
discrimination positives vis-à-vis des groupes vulnérables.
Cependant, d’un point de vue méthodologique, si l’approche de décomposition individuelle
est fondée sur des techniques économétriques qui permettent d’appréhender aisément la
contribution des attributs individuels à l’inégalité totale, la décomposition fonctionnelle, quant
à elle, nécessite un effort exploratoire préalable pour schématiser la structure du revenu par
source fonctionnelle pour en pouvoir comprendre sa contribution marginale à l’inégalité totale
et son impact sur le bien-être. Il est à mentionner que cette contribution dépend de trois
éléments : le poids de la source de revenu dans le revenu total ; le niveau de l’inégalité de
chaque source ; et la corrélation partielle de la source au revenu total.
Tenant compte de ces considérations, il s’avère inéluctable de consacrer la première partie de
cette section à l’analyse de la structure du revenu des ménages et au profil de la répartition à
l’échelle nationale, par milieu de résidence ainsi que par classe de revenu.
Structure du revenu des ménages : hétérogénéité et prépondérance du revenu du travail
En 2007, le revenu annuel moyen par tête s’élève à 12 352 Dh. Par milieu de résidence, il
s’élève à 15 330 Dh en milieu urbain et à 8 485 DH en milieu rural. Par ménage, composé en
moyenne par 5 personnes, le revenu moyen s’établi à 63 691DH par an. Il est de 73 485 DH
en milieu urbain et de 47 451 DH en milieu rural. Analysé selon la médiane, le niveau de la
répartition du revenu montre que 50% des ménages marocains ont un revenu annuel moyen
par tête inférieur à 7 657 DH. Cette valeur médiane est de 9 831 DH chez les ménages
citadins et de 6 008 DH chez les ménages ruraux.
L’homogénéisation de la répartition des revenus annuels moyens par classe de revenu indique
par ailleurs que le revenu annuel moyen par tête va de 3 353 DH pour les ménages
défavorisés, les 20% des ménages marocains constituant le segment le plus bas de l’échelle
de la répartition, à 32 877 DH pour les ménages aisés, les 20% constituant le segment le plus
haut de l’échelle de la répartition. Par milieu de résidence, ces revenus moyens sont
respectivement de 4 353 DH versus 40 625 DH en milieu urbain, et de 2 744 DH versus 20
584 DH en milieu rural.
La structure par sources de revenu montre la part prépondérante des revenus du travail,
notamment les rémunérations salariales, le revenu d’activité indépendante non agricole et le
revenu d’exploitation agricole, dans la répartition du revenu total annuel moyen des ménages.
Représentant 75,2% à l’échelle nationale, cette part atteint 72,8% en milieu urbain et 80,9%
en milieu rural.
Structure du revenu annuel moyen par tête