le mental. C'était là du Maharaj tout craché - il envoyait du lourd avec ses répliques. Et s'il
parle de la Conscience à la Conscience, et non d'un individu à un autre, alors qui se soucie de
savoir si on comprend une telle déclaration ? C'était toujours un plaisir de lire Maharaj.
Que voulait dire Maharaj par "’demeurer dans son Être’", comme le mentionnait
Mullarpattan ? Il disait : "’Lorsque tout le reste change, ce qui ne change pas, c'est le
sentiment constant de Présence, le sentiment que vous existez, le sentiment que Je suis’".
Demeurer dans ce "’Je Suis’’, voilà ce qu'il entendait par là. En d'autres termes, il ne s'agit pas
de ‘"Je suis Gautam’", mais simplement de la Présence consciente - "’Je suis’". Nous sommes
cette Présence consciente et pas notre corps, qui n'est qu'un objet grâce auquel la Conscience
opère. Nous ne sommes pas la Conscience identifiée que nous pensons être - identifiée par un
nom et par une forme comme une personne distincte, séparée des autres - nous sommes
plutôt le ‘"Je suis’" impersonnel. Ramesh donnait une description appropriée pour expliquer le
‘"Je suis"’ : Si toute votre mémoire était effacée, il ne vous resterait que la Conscience
impersonnelle d'être – ‘"Je suis’".
Je n'ai pas eu la bonne fortune de rencontrer Maharaj, mais j'ai eu la chance de rencontrer et
de passer pas mal d'années avec son disciple, Ramesh Balsekar, qui devint à son tour un
enseignant de renom. Les premiers livres écrits par Ramesh étaient un hommage à
l'enseignement de Maharaj. Cependant, Ramesh se rendit compte que, bien que beaucoup de
chercheurs aient été profondément touchés par l'enseignement de Maharaj, certains
n’arrivaient pas à "’saisir’’ ce que disait Maharaj. La raison en était claire : même si Maharaj
avait l'habitude de dire qu'il parlait de la Conscience à la Conscience, il n'en restait pas moins
que toutes les questions que les gens se posaient les concernaient en tant qu'individus
distinct(if)s. Alors que Maharaj renvoyait constamment au "’Je suis’", certains étaient
tellement identifiés à "’moi et mon histoire’" qu'ils ne trouvaient tout simplement pas de
réconfort dans les paroles de Maharaj. Le fait est qu'à l'état de veille, c'est la Conscience
identifiée - identifiée par un nom et par une forme en tant qu'entité distinctive - qui opère.
Pour certains egos, le fait de se voir dire de ne pas poser de questions en tant qu'individus
était un peu dur à digérer. Après tout, l'ego est l'individu distinct. Ils ne pouvaient tout
simplement pas se résoudre à l'"’acte de foi’" demandé par Maharaj, car le mental et l'intellect
ne pouvaient tout simplement pas se défaire de cette identification.
C'est là que l'enseignement de Ramesh contribua à résoudre le dilemme de certains de ces
chercheurs. Le conditionnement de Ramesh - il a été banquier pendant trente-sept ans - lui
permit de présenter ses concepts basés sur l'enseignement de Maharaj d'une manière
pragmatique et échelonnée pour le bénéfice de ‘"l'individu"’ assis devant lui. Ramesh était clair
par rapport au fait que l'on ne pouvait pas éluder le fait qu'il s'adressait à l'"ego", identifié par
un nom et une forme, en tant que corps séparé, à l'état de veille. Il ne s'adressait pas à la
Conscience impersonnelle, qui prévaut dans l'état du sommeil profond (lorsque vous existez,
mais que vous ne savez pas que vous existez), ni au ‘"Je suis’" - la Conscience impersonnelle de
l’Être, identifiée à un corps distinct, mais pas en tant qu'"’individu’". Il s'adressait clairement à
l'ego : "’Je suis Gautam’".
Le nœud du problème est donc de savoir comment rapprocher le plus possible la Conscience
identifiée de la paix de la Conscience impersonnelle (figurativement parlant), qui est la paix
du sommeil profond, à l'état de veille. À l'état de veille, c'est le mental de l'individu qui n'est
pas en paix. Comment amener le ‘"moi’", l'ego, l'individu, le plus près possible du
fonctionnement impersonnel à l'état de veille pour goûter à cette paix ? Selon Maharaj, la voie
d'accès à ce fonctionnement impersonnel doit passer par la Conscience impersonnelle de
l'Être - "’Je suis"’.