Non-dualité, Souffrance et Conscience: Analyse Philosophique

Telechargé par pierrealberthayen
Dialogue extrait de son deuxième livre, ‘’Shining in plain view’’
Question : Dans votre livre
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, vous dites qu'il y a des non-dualistes qui disent que la
souffrance, la guerre, le meurtre, le mal, etc. font partie du divin ou de ce qui est. Vous dites
que vous n'adhérez pas réellement à cette approche. Eh bien, je crois que je fais partie de
ceux qui considèrent la partie "mauvaise" de la vie comme étant juste une expression de la
Conscience ! Ce serait bien de dire que le divin est tout bon, tout aimant et que le "mal" et la
"souffrance" ne sont que des pensées erronées et de l'ignorance que nous pouvons
surmonter par de la clairvoyance, mais c'est exactement ce que disent le christianisme et
d'autres religions. En modifiant quelques termes propres au non-dualisme, nous obtenons la
séparation, le péché, la chute et le salut. Mais qui est séparé ? Qui est dans l'ignorance ? Et
qui est celui qui investigue ? Et qui est celui qui voit ? Ainsi que le dit le non-dualisme, il n'y a
là personne, alors pourquoi le non-dualisme blâme-t-il le mental, la pensée et l'ignorance
pour la séparation, alors que ce ne sont là également que des expressions de ce qui est ? Qui
est là pour faire le choix et qui est là pour en être responsable ? La réponse du non-dualisme
à cette question est qu'il n'y a là personne. Alors comment quelque chose, même le mal, le
meurtre et la séparation, peut-il être autre chose que la Conscience qui s'exprime dans la
vie ?
Ainsi, le chercheur, le penseur, le croyant, la personne qui se pose des questions, la personne
qui vit dans son mental et la personne dominée par l'ego, tous sont des actions de la
Conscience, et il n'y a rien de mal à cela. Même celui qui voit la réalité telle quelle peut encore
questionner, lire, penser et être dans le mental, si c'est ainsi que la Conscience choisit de
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‘’Etat naturel et Eveil’’, son premier livre consultable dans son enèreté sur Partage-pdf.webnode.fr dans la
secon ‘’livres’’, NDT.
poursuivre le rôle de la manifestation. Cela ne fait aucune différence. Il n'y a là personne
d'autre que les personnages que la Conscience manifeste. C'est tout ce qu'il y a.
Je trouve le non-dualisme tout aussi limité que tous les autres enseignements. En définitive,
tout ce que l'on peut dire - si la Conscience nous pousse à le faire - c'est que tout ce qui est,
c'est tout ce qu'il y a. On peut espérer se reposer et vivre dans une telle certitude et dans
cette paix et vivre la vie dans la plénitude, au fur et à mesure que la Conscience s'exprime via
chacun d'entre nous. Si on arrive à voir cela, il y a une connaissance, une confiance et une
paix qui s'installent. J'en suis arrivé à vivre dans la conscience de cette Présence. Plus rien
d'autre n'a d'importance.
John : Votre compréhension est très claire, et je ne la conteste pas. J'ai l'impression qu'il n'y
a pas grand-chose que je puisse vous indiquer que vous ne sachiez déjà. Toutefois, les
éléments suivants se dégagent en réponse à vos commentaires.
Tous les mots, tous les enseignements et toutes les indications restent en deçà de la réalité.
Vous l'avez constaté. Vouloir obtenir une expression claire et précise est un effort vain et
futile. Tout ce qui compte, si quelque chose compte, c'est la reconnaissance directe, non
conceptuelle de la Conscience présente et de notre identité avec elle. Même cela n'a pas
vraiment d'importance car, qu'il y ait reconnaissance ou non, nous ne sommes toujours que
Cela. Tous les enseignements - même vos propres tentatives d'exprimer comment la non-
dualité reste en deçà de la réalité - sont provisoires. Il n'y a pas d'indicateur ou de mot précis,
aucunement. Vous exprimez votre vision très clairement, et puis alors, comme nous le faisons
tous, vous retombez dans une contradiction inéluctable, comme avec ce qui suit :
‘’On peut espérer se reposer et vivre dans une telle certitude et dans cette paix et vivre la vie
dans la plénitude, au fur et à mesure que la Conscience s'exprime via chacun d'entre nous. Si
on arrive à voir cela, il y a une connaissance, une confiance et une paix qui s'installent. J'en
suis arrivé à vivre dans la conscience de cette Présence. Plus rien d'autre n'a d'importance.’’
Qui peut espérer ? Qui est celui qui peut espérer se reposer et vivre dans la certitude ? Qui a
besoin de vivre la vie dans la plénitude ? Qui est arrivé à vivre dans la Conscience ? S’il n'y a
que Cela et s’il n'y a pas de séparation avec Cela, il n'y a personne qui ait besoin d'espérer, de
se reposer, de vivre, etc. Je sais que vous vous en rendez compte et que vous avez exprimé la
même chose. Je ne fais que souligner le fait que tout langage et toute expression s'inscrivent
dans le dualisme et tendent, de par leur nature, à créer de fausses divisions. Une fois que l'on
a compris cela, on peut utiliser le langage, tout en étant pleinement conscient de ses limites.
La non-dualité signifie qu'il n'y a aucune séparation, qu'il n'y a rien d'autre que I'Un. Toute
apparence, toute pensée ou toute expérience ne sont que cela. Il n'y a donc réellement rien à
dire ou à exprimer. C'est comme se trouver au pôle Nord. Quelle que soit la direction dans
laquelle vous allez, vous recommencez à vous diriger vers le sud. Donc, une fois que vous
commencez à dire quelque chose, vous suggérez tout de suite de faux dualismes. Même
l'enseignement de la non-dualité est faux. Comme toutes les voies, il ne s’agit que d’une
indication. Il n'y a pas besoin de voie, puisque vous êtes déjà ce que vous cherchez.
Si on le réalise, il est inutile de dire ou de faire quoi que ce soit. Cela dit, s'il y a
communication par la parole, par des actions ou par des écrits, ces expressions porteront en
elles le parfum de la compréhension vivante. Bien que faux en eux-mêmes, les mots
éveilleront une résonance. Si on oublie les mots et si on suit la résonance intérieure, la
compréhension jaillira dans l'altérité apparente de quelque chose qui se situe bien au-delà
des mots et des pensées. Avec des mots, c'est désespérément incompréhensible. Mais ceux
qui renoncent aux mots en faveur d'une connaissance intérieure immédiate réalisent une
profondeur de paix et de certitude qui est l'expérience la plus réelle et la plus intime de la vie.
Effectivement, à la base, tout est juste l'Unité, y compris les guerres, les crimes, les meurtres,
la brutalité, le désordre, etc. Néanmoins, ces actes et ces expressions découlent
généralement d'une ignorance fondamentale, à savoir la croyance en l'existence d'un "moi"
séparé de l'Unité. Plutôt que de parler de ces choses comme d'une expression de I'Un, ce qui
est rigoureusement exact, j'ai tendance à remonter jusqu'à leur cause primaire. Je
m'intéresse plus à l'expérience vivante de la clarté et à la résolution de la souffrance humaine
qu'au maintien d'une position non-duelle extrême dans le langage. C'est juste mon
expression de l'Unité !
Il existe un style d'enseignement non-duel qui dit que toute l'ignorance, toute la souffrance,
toute la séparation ne sont que l'Un et qu'il suffit donc de l'accepter comme "ce qui est".
Pour certains, ce style résonne et fonctionne. Néanmoins, je trouve qu'il comporte quelque
chose de trop assertif et d'idéaliste à mon goût. Fondamentalement, ceux qui enseignent
dans cette veine continuent à parler de personnes qui s'éveillent, qui reconnaissent l'unité,
qui se perdent dans des histoires, qui oscillent entre la reconnaissance et la non-
reconnaissance, etc. En outre, ils se présentent pour enseigner à d'autres personnes
apparentes, et ainsi de suite. Leur comportement contredit ainsi la position radicalement
non-dualiste exprimée oralement. Dans certains cas, l'affirmation suivant laquelle "tout est
Un" n'est réellement qu'une affirmation mentale. Pourquoi tolérer la séparation et la
souffrance, alors qu’elles peuvent être directement résolues par de la clairvoyance ? Si ceci
est dualiste, qu'il en soit ainsi. Cela ne fait aucune différence pour l'Unité. Ceux qui
considèrent leur souffrance, leur douleur, leur séparation et leur recherche comme le divin
sont tout à fait libres de les conserver ! Pour ma part, j'ai trouvé un remède clair et décisif à
ces problèmes grâce aux enseignements et aux conseils donnés par Nisargadatta Maharaj et
"Sailor" Bob Adamson.
Je préfère être un peu plus terre à terre et pratique, même au risque de me contredire et de
compromettre une adhésion au non dualisme dans le langage. Il n'y a aucun avantage pour
moi à essayer de rendre mon langage exempt de contradictions. Grâce à mon contact avec
Sailor Bob Adamson, les bases sont claires. Je n'ai aucune position à défendre, pas même
celle d'être un non-dualiste ou d'être cohérent avec moi-même.
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Ainsi, tout ce qui peut jaillir est en fait une réponse à une question donnée et à un
questionneur. La réponse est donnée pour démanteler la question et renvoyer le
questionneur à la reconnaissance de son Être véritable, la Conscience présente. On peut se
dispenser de la question et de la réponse. Toutes les deux sont fausses. La tâche accomplie,
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A la même queson, le Bouddha pouvait répondre diéremment. Ainsi, si on lui demandait si Dieu existait, à
certains, il répondait par l’armave, à d’autres par la négave, et pour dautres encore, il gardait le silence, en
s’adaptant immédiatement et spontanément à la personne qu’il avait en face de lui.
Sathya Sai Baba a dit ceci en rapport avec Jésus :
‘’Comme la plupart des chercheurs, il a d’abord cherché le divin dans le monde objecf, mais il s’est vite rendu
compte que le monde était une image kaléidoscopique créée par sa propre imaginaon. Il a alors cherché à
trouver Dieu en lui-même. Ses séjours dans les monastères himalayens du Cachemire et dans d’autres centres de
l’ascésme oriental et de recherche philosophique ont accru sa conscience. De l’atude d’être un messager de
Dieu, il a pu maintenant s’appeler le ‘’Fils de Dieu’’. Le lien relaonnel s’est intensié : le ‘’Je’’ n’était plus une
Lumière ou une Enté distante ; la Lumière devenait pare du ‘’je’’. Avec la conscience du corps prédominante, il
était un messager. Avec la conscience du cœur qui sest développée, il a ressen une plus grande proximité et
une plus grande tendresse, ainsi le lien père-ls semblait naturel à ce stade. Plus tard, avec l’établissement dans
la Conscience divine, Jésus a pu déclarer : ‘’Moi et mon Père, nous sommes Un.’’ On peut décrire les trois stades
comme : ‘’J’étais dans la Lumière’’, ‘’La Lumière était en moi’ et ‘’Je suis la Lumière’’ et on peut les comparer aux
stades du dvaita (dualisme), du vishistadvaita (non-dualisme qualié) et de l’advaita (non-dualisme) qui sont
décrits dans la philosophie hindoue. Le stade ulme, c’est quand toute dualité est éliminée. Cest l’essence de
toutes les disciplines et de tous les enseignements religieux. (Discours du 25/12/1978), NDT.
elles sont toutes les deux éliminées. Suivant l'origine du questionneur, la discussion sur la
souffrance humaine, par exemple, se déroulera de manière complètement différente. Pour
certains, on peut dire que tout étant l’Unité, il n’y a donc rien à faire. A un autre, on lui
recommandera de remonter à la racine de la souffrance et de la supprimer par de la
clairvoyance. Superficiellement, ces suggestions sont tout à fait contradictoires. Tout
dépendra de la situation.
Il n'y a pas d'enseignement, pas de formules verbales systématiques, pas de "mots justes", en
définitive. Tout ce qui sort de nos bouches est du pipeau. Mais la grâce salvatrice, c’est que
ce qui est indiqué n'a rien à voir avec des mots. Il s’agit de la communication d'une
reconnaissance non verbale de l'Être ou de la Présence. Les mots ne sont que des messagers.
Le véritable message est la Source d'où jaillissent les mots. La vérité réelle à connaître est le
fait de votre propre Être. En le voyant, on se détend et on renonce à la tentative de "trouver
les mots justes".
Eh bien, ça fait beaucoup de mots pour dire que tous les mots sont du pipeau, y compris les
miens ! Ainsi que le dit Bob Adamson : ‘’Tout ce qu’il y a, c’est la Présence/Conscience non
conceptuelle, qui rayonne d’elle-même et qui est toujours fraîche, seulement Cela et rien
d’autre. Il n’y a rien d’autre que Cela.’’ Il ne reste que le Silence. C’est ce que vous êtes, et il ne
reste absolument rien à faire ou à connaître. Terminé.
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