Nouveautés sur la prise en charge des infections urinaires communautaires de l’adulte Recommandations françaises 2014 Rozenn Le Berre MCU-PH en Maladies infectieuses et Tropicales Département de médecine interne et pneumologie, CHRU Brest Laboratoire Universitaire de Biodiversité et Ecologie Microbienne Réunion annuelle du Club des Jeunes Néphrologues, BORDEAUX, 20 mars 2015 « Quand le rein vous rend septique » Conflits d’intérêts • Orateur pour Novartis Pharma, Gilead, Sanofi Aventis • - Invitée en congrès MSD Novartis Pharma Gilead Pfizer GSK Plan • • • • Terminologie/ définitions Diagnostic Données épidémiologiques sur la résistance Traitement Quizz • Comment distinguez-vous chez un homme une prostatite d’une pyélonéphrite ? • • Définition βBLSE βLSE : infection communautaire ou nosocomiale? • • • % E. coli invasif résistant au céphalosporine de 3ème génération en France? % E. coli invasif résistant au fluoroquinolone? % K. pneumoniae porteur de carbapémase en France? • Faut-il traiter une colonisation urinaire chez un patient diabétique? • Chez un(e) patient(e) traité(e) pour une pyélonéphrite faut-il réaliser une échographie rénale systématique ? Quel traitement probabiliste instaurez-vous chez un patient hospitalisé pour une pyélonéphrite grave? • • Durée de traitement d’une prostatite ? Terminologie • IU masculine : aucun test diagnostic non invasif ne permet d’écarter une infection prostatique • IU graves Pyélonéphrites et IU masculines associés à - Sepsis grave - Choc septique - Indication de drainage chirurgical ou interventionnel • Cystites récidivantes : au moins 4 épisodes pendant 12 mois consécutifs • Colonisation urinaire : présence d’un micro-organisme dans les urines sans manifestations cliniques associés. pas de seuil de bactériurie (sauf chez la femme enceinte : 105 UFC/ml) leucocyturie : n’intervient pas Terminologie IU à risque de complication : surviennent chez des patients ayant au moins 1 FRD pouvant rendre l’infection plus grave et le traitement plus complexe. FDR de complications Anomalies organiques ou fonctionnelles de l’arbre urinaire (résidu, reflux, lithiase, tumeur, acte récent…) Sexe masculin Situations pathologiques Terrain physiologique -diabète, - grossesse, -immunodépression, - sujet âgé -insuffisance rénale chronique sévère (clairance< 30 ml/mn) ≥ 65 ans + ≥ 3 critères de fragilité Ou ≥ 75 ans Terminologie IU à risque de complication : surviennent chez des patients ayant au moins 1 FRD pouvant rendre l’infection plus grave et le traitement plus complexe. FDR de complications Anomalies organiques ou fonctionnelles de l’arbre urinaire Situations pathologiques Terrain physiologique - grossesse, - sujet âgé ≥ 65 ans + ≥ 3 critères de fragilité CRITERES DE FRAGILITE -Perte de poids involontaire au cours de la dernière année -Vitesse de marche lente -Faible endurance -Faiblesse/fatigue -Activité physique réduite Ou ≥ 75 ans Bandelette urinaire / ECBU • Bandelette urinaire (BU) - Chez la femme : BU- → VPN +++ - Chez l’homme : BU + → VPP ++, confirmer par ECBU BU - → n’élimine pas une IU • Indications ECBU - Suspicion d’IU sauf cystite simple - Pas d’ECBU de contrôle si évolution clinique satisfaisante - Dépistage de colonisation relevant d’une antibiothérapie : • Procédure urologique invasive programmée • Grossesse à partir du 4ème mois SPILF 2014 Interprétation de l’ECBU Espèces bactériennes E.coli S. saprophyticus Entérobactéries autres que E.coli Entérocoque P. aeruginosa… Seuil de significativité ♀ ♂ 103 UFC/ml 103 UFC/ml 104 UFC/ml SPILF 2014 Echographie rénale • Absence d’échographie systématique dans la pyélonéphrite aigue simple non hyperalgique SPILF 2014 Echographie rénale • • Etude prospective observationnelle multicentrique 346 patients hospitalisés aux urgences pour infections urinaires fébriles • But : Etablir un score clinique prédictif de la nécessité d’une imagerie identification des facteurs associés à une imagerie significative, définie par : Les problèmes urgents (pyonéphrose, abcès rénal, lithiase obstructive) Les problèmes urologiques non urgents mais ayant un impact sur la prise en charge - • Les 3 facteurs associés de manière indépendante en analyse multivariée à un résultat d’imagerie significatif étaient : -ATCD de lithiase urinaire -clairance de la créatinine ≤ 40 ml/mn -pH urinaire ≥ 7 L’absence de ces 3 facteurs → VPN : 99% pour exclure un problème urgent → VPN : 93% pour exclure une imagerie significative L’application de cette règle permettrait de réduire de 40% le nombre d’examens d’imagerie pour la cohorte étudiée. Van Niewkoop, Clin Inf Dis 2010 Critères généraux des choix antibiotiques Antibiotiques particulièrement générateurs de résistance bactérienne : -Amoxicilline-acide clavulanique -Céphalosporine -Fluoroquinolone ANSM, 2013 E.coli et résistance aux fluoroquinolones E. Coli dans les cystites en France 2012-2013 : E. coli invasif 3,3% de résistance E. Coli dans les pyélonéphrites en France 2012 : 6% pour les PNA simples 20% pour les PNA à risque de complication 17,8% Bactéries multi-résistantes et infection urinaire BMR : Bactéries résistantes à la majorité des antibiotiques disponibles à un moment donné BACTERIES BACTERIES MULTIRESISTANTES P. aeruginosa A. baumanii Multi-résistant SARM R. à la vanco EβLSE EβLSE : Entérobactéries porteuses de β lactamases à spectre élargi Entérocoque βLSE (βlactamase à spectre élargi) Klebsiella pneumoniae Escherichia coli ß-Lactamases (plasmide souvent) qui hydrolysent les pénicillines, céphalosporines et l’aztréonam mais pas les céphamycines ni les carbapénèmes Souvent résistance croisée à d’autres antibiotiques : -Fluoroquinolones -Cotrimoxazole Leur activité est inhibée in vitro habituellement par l’acide clavulanique, le sulbactam et le tazobactam. Infections nosocomiales et communautaires +++ ↑ prévalence dans les IU communautaires : 0,3% en 2006 - 2,4% en 2011 Infections urinaires et résistance de E. coli aux antibiotiques E. coli non BLSE %age de résistance E. coli BLSE %age de résistance Céphalosporine de 3ème gén 5% ≈ 92 % Fluoroquinolones 3-20% 60% Cefoxitine 0% 0- 10% Tazocilline 0% 12-20% Penems ≈ 0% 0% Cotrimoxazole 20% 57- 72% Fosfomycine-trometamol 3% 1-2% Nitrofurantoine 2% 6-12% Pivmécillinam 12 à 15% ? Fournier D, MMI 2013 ; Cornec A, Poster RICAI 2014 E. Coli et résistance au C3g E. coli et résistance au C3g dans les IU communautaires : 5% Principal mécanisme de résistance au C3g : βLSE E. coli invasif 2002 <1% 2012 10% Facteurs de risque d’IU à EβLSE • Colonisation urinaire ou d’IU à EBLSE dans les 6 mois précédents • ATBthérapie par pénicilline+ inhibiteur, céphalosporine de 2ème ou 3ème génération, ou fluoroquinolones dans les 6 mois précédents • Hospitalisation dans les 3 mois précédents • Voyage récent en zone d’endémie EBLSE • Vie en établissement de long séjour • Sonde à demeure • Sexe masculin Azap 2010, Ben Ami 2009, Colodner 2004, Kang 2011, Kim 2013, Moor 2008, Rodriguez-Baño 2008, Siedelman 2012, Yang 2010 Facteurs de risque d’IU à EβLSE • Colonisation urinaire ou d’IU à EBLSE dans les 6 mois précédents • ATBthérapie par pénicilline+ inhibiteur, céphalosporine de 2ème ou 3ème génération, ou fluoroquinolones dans les 6 mois précédents • Hospitalisation dans les 3 mois précédents • Voyage récent en zone d’endémie EBLSE • Vie en établissement de long séjour On ne peut évaluer le risque • Sonde à demeure individuel d’IU à • Sexe masculin BLSE Azap 2010, Ben Ami 2009, Colodner 2004, Kang 2011, Kim 2013, Moor 2008, Rodriguez-Baño 2008, Siedelman 2012, Yang 2010 Faut-il traiter tous les patients comme une IU à EBLSE? Si on traite toutes les personnes avec des Pénems → ?? Si on ne traite personne par des Pénems et que l’on attend les résultats de l’ECBU → ?? Faut-il traiter tous les patients comme une IU à EBLSE? Si on traite toutes les personnes avec des Pénems → risque d’émergence de bactéries résistantes aux carbapénèmes. Si on ne traite personne par des Pénems et que l’on attend les résultats de l’ECBU → Entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) Diapo Nordmann K. pneumoniae et résistance au carbapénémase 0,5% en France 28,8% en Italie 60,5% en Grèce Faut-il traiter tous les patients comme une IU à EBLSE? Si on traite toutes les personnes avec des Pénems → risque d’émergence de bactéries porteuses de carbapénémases Si on ne traite personne par des Pénems et que l’on attend les résultats de l’ECBU → risque de mortalité si IU à EBLSE Faut-il traiter tous les patients comme une IU à EBLSE? Si on traite toutes les personnes avec des Pénems Si on ne traite personne par des Pénems et que l’on attend les résultats de l’ECBU → risque d’émergence de bactéries porteuses de carbapénémases → risque de mortalité si IU à EBLSE Pondérer le risque d’être infecté par une EBLSE Absence de IU graves Choc septique signes de gravité Ne pas prendre en compte le risque de EBLSE Prendre en compte le risque de EBLSE si ATCD portage et IU à EBLSE dans les 6 mois + trouver des alternatives aux carbapénèmes Prendre en compte le risque de EBLSE si FDR Colonisation urinaire ou d’IU à EBLSE dans les 6 mois précédents ATBthérapie par pénicilline+ inhibiteur, céphalosporine de 2ème ou 3ème génération, ou fluoroquinolones dans les 6 mois précédents Hospitalisation dans les 3 mois précédents Voyage récent en zone d’endémie EBLSE Vie en établissement de long séjour SPILF 2014 SPILF 2014 Pivmécillinam, Selexid® • Bioprécurseur du mecillinam, ATB apparenté à la famille des βlactamines. Le mecillinam : bactéricide Diffusion importante dans le rein, la prostate, les urines • Posologie : 400 mg X2/j pendant 5 jours si filtration glomérulaire < 30 ml/mn: adaptation des doses • Contre-indications : - Allergie aux ATB du groupes des pénicillines ou céphalosporines • Interactions médicamenteuses - Allopurinol - Anticoagulants oraux (→ surveillance INR) • Remboursé depuis 2013 Nitrofurantoïne, Furadantine®, Furadoïne®, Microdoine® Effets indésirables Hypersensibilité (fréquents> 1/100) : réactions allergiques cutanées … Gastro-intestinaux (Fréquents) Neurologiques (fréquents) : sensations vertigineuses, neuropathies périphériques Dermatologiques (rares) : rashs cutanés, urticaires… Pulmonaires (très rares: 1/10000) : pneumopathies aiguës (fièvre, frissons, toux, douleur thoracique, dyspnée, infiltration pulmonaire, épanchement pleural, éosinophilies). A noter que lors des ttt prolongés, la fréquence de ces effets indésirables était augmentée et les atteintes ont pu évoluer vers la fibrose. Hépatiques (très rares): hépatites cytolytiques, hépatites cholestatiques. A noter que lors de ttt prolongés, la fréquence de ces effets indésirables était augmentée et des hépatites chroniques actives, cirrhoses, nécroses hépatiques ou hépatites fulminantes ont été rapportées Afssaps 2012 Nitrofurantoïne, Furadantine®, Furadoïne®, Microdoine® 100 mg X3 /j, durée 5 j (cp à 50 mg) À adapter si clairance de la créatinine < 60 ml/mn Afssaps, mars 2012 Les messages à retenir • Ne pas traiter les colonisations urinaires sauf si geste urologique invasif ou femme enceinte • IU masculine: pas de distinction clinique entre pyélonéphrite et prostatite → traiter comme une prostatite • ↑ E. coli résistant aux fluoroquinolones • ↑ E. coli à βLSE FDR nombreux : à prendre en compte en fonction de la gravité du patient Pour les cystites : nitrofurantoine et pivmecillinam Privilégier après réception de l’antibiogramme les alternatives aux pénems • Ne pas traiter longtemps! 7 jours pour les pyélonéphrites simples si C3G ou FQ, sinon 10 jours 14 jours chez l’homme • Absence d’échographie systématique dans la pyélonéphrite aigue simple non hyperalgique