— On dit que l’injection F →Eest compacte si, de plus, de toute suite bornée pour ||.||F, on peut
en extraire une suite convergent dans (E, ||.||E).
On peut remarquer que la composition d’injection continue est continue, elle devient même compacte dès
lors qu’une des composantes est compactes. Ainsi, à partir des injections suivantes, on peut en déduire
de nombreuses autres. On rappelle aussi une propriété d’interpolation des espaces Lp.
Propriété 1.4 ([3, Remarque 2 du théorème IV.6 (p 57)]).Soit p, q ∈[1,+∞]avec p<q. Si u∈
Lp(Ω) ∩Lq(Ω) alors pour tout r∈]p, q[,u∈Lr(Ω) et on a
||u||Lr6||u||a
Lp||u||1−a
Lq,
où a∈]0,1[ est donné par 1
r=a1
p+ (1 −a)1
q.
2 Les injections continues
Dans toute cette section, Ωest soit égal à Rd, soit un demi-espace ouvert de Rd, soit régulier à bord
borné et de classe C1. Les deux théorèmes suivants sont les résultats fondamentaux des injections de
Sobolev. Ils sont tous les deux tirés de [3, Corollaires IX.13, IX.14 et IX.15 (pp 168-169)].
Théorème 2.1 (Injections dans les espaces de Lebesgue).Soient k∈N∗et p, q ∈[1,+∞[. On a
— si 1
p−k
d>0, alors Wk,p(Ω) →Lq(Ω), avec 1
p>1
q>1
p−k
d.
— si 1
p−k
d<0, alors Wk,p(Ω) →L∞(Ω).
La partie délicate de la démonstration de ce théorème est en fait le cas k= 1, on récupère les autre k
grâce à la propriété d’interpolation ci-dessus. Grâce à ce théorème, on en déduit le corollaire suivant.
Corollaire 2.2 (Auto-injections).Soient k, ∈N∗avec k > et p∈[1,+∞[.
On a Wk,p(Ω) →W`,q (Ω) dès lors que q∈[1,+∞]vérifie 1
p>1
q>1
p−k−`
d.
Démonstration. Soit u∈Wk,p, on a ainsi ∂αu∈Wk−`,p pour tout multi-indice αtel que |α|6. Si
1
p−k−`
d>0, alors par le théorème précédent, ∂αu∈Lqpour 1
p>1
q>1
p−k−`
d. Si 1
p−k−`
d= 0, alors
∂αu∈Lqpour 1
p>1
q. Sinon 1
p−k−`
d<0, alors ∂αu∈L∞donc ∂αu∈Lqpour 1
p>1
qgrâce à la
propriété d’interpolation.
Dans tous les cas, il existe une constante C > 0(indépendante de u) telle que
||∂αu||Lq6C||∂αu||Wk−`,p .
Comme ||∂αu||Wk−`,p 6||u||Wk,p , on récupère
||∂αu||Lq6C||u||Wk,p .
Ainsi,
||u||W`,q 6CN 1
q||u||Wk,p ,
où Nest le nombre de multi-indices de longueur inférieure ou égale à . Donc l’injection est bien continue.
Enfin, on a le résultat d’injection dans les espaces de Hölder suivant. Il s’agit d’un raffinement du cas
1
p−k
d<0.
Théorème 2.3 (Injections dans les espaces de Hölder).Soient k∈N∗et p∈[1,+∞[. Si k−d
p>0n’est
pas entier, alors on note rsa partie entière et θ∈]0,1[ sa partie fractionnaire. On a Wk,p(Ω) →Cr,θ (Ω).
Remarquons que les fonctions de Wk,p sont définies à un ensemble de mesure nulle près donc l’injection
précédente est à comprendre dans le sens de "pour tout u∈Wk,p(Ω), il existe un représentant de udans
Cr,θ vérifiant l’inégalité sur les normes". De plus, les fonctions de Cr,θ (Ω) se prolongent de manière Cr
àΩet l’injection Cr,θ(Ω) →Cr(Ω) est bien continue.
2