le-sommeil-et-ses-troubles-chez-le-sujet-age

Telechargé par Silvère Beogo
LInformation psychiatrique 2010 ; 86 : 57-65
PSYCHIATRIE DU SUJET ÂGÉ : ENJEUX CLINIQUES ET INSTITUTIONNELS
Le sommeil et ses troubles chez le sujet âgé
V.H. Nguyen-Michel
1
, X.Y. Lâm
2
, C. Sebban
1
RÉSUMÉ
Les plaintes concernant le sommeil sont fréquentes chez le sujet âgé et sont associées aux comorbidités médicales,
psychiatriques et à la iatrogénie mais non au vieillissement normal. De plus, la prévalence des troubles intrinsèques du
sommeil (syndrome dapnées du sommeil, des mouvements périodiques des membres inférieurs au cours du sommeil et des
jambes sans repos) augmente avec lâge. Dautres situations spécifiquement rencontrées dans cette tranche dâge comme les
pathologies neurodégénératives, la vie en institution vont aggraver les troubles du sommeil. Les risques associés à la
consommation fréquente et chronique de psychotropes chez le SA sont largement supérieurs aux bénéfices observés.
Mots clés
:
sujet âgé
,
sommeil
,
troubles du sommeil
ABSTRACT
Sleep and sleep disorders in the elderly. Sleep complaints are common among elderly persons. They are secondary to
somatic or psychiatric comorbidities and iatrogenic causes but not to aging per se. The prevalence of intrinsic sleep
disturbances (sleep apnea, periodic limb movement in sleep, restless legs syndrome) increases with age. Other age-
related situations such as neurodegenerative diseases, the life in the nursing home worsen sleep disturbances in older
people. Psychotropic medication use therefore increases and is often chronic in this population with more risk than
benefit.
Key words
:
elderly, sleep, sleep disorders
RESUMEN
El sueño y sus trastornos en el sujeto de edad avanzada. Las quejas en torno al sueño se dan mucho en el sujeto de
edad y van asociadas a comorbilidades médicas, psiquiátricas y a la iatrogenia pero no al envejecimiento normal.
Además, la prevalencia de los trastornos intrínsecos del sueño (síndrome de apneas del sueño, movimientos
periódicos de los miembros inferiores, síndrome de las piernas inquietas) va creciendo con los años. Otras situaciones
que se dan específicamente en esta franja de edad como son las patologías neurodegenerativas y la vida en una
residencia para mayores van a agravar los trastornos del sueño. Los riesgos asociados al consumo frecuente y crónico
de psicotropos en el sujeto mayor superan con creces los beneficios visibles.
Palabras claves
:
sujeto de edad avanzada
,
sueño
,
trastornos del sueño
LINFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, 1 - JANVIER 2010 57
doi: 10.1684/ipe.2010.0574
1
Hôpital Charles-Foix, Service dexplorations fonctionnelles, 7 avenue de la République, 94200 Ivry-sur-Seine, France
2
Hôpital Charles-Foix, Service de gériatrie, 7 avenue de la République, 94200 Ivry-sur-Seine, France
Tirés à part : V.H. Nguyen-Michel
LINFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, 1 - JANVIER 2010 57
Généralités
Le sommeil est un état physiologique survenant en alter-
nance avec celui de veille. Dun point de vue comporte-
mental, il est caractérisé par une activité motrice réduite,
une réponse aux stimuli externes diminuée, une posture
stéréotypée, et une réversibilité. Il est indispensable à la
survie. La privation de sommeil est associée à une altéra-
tion des fonctions intellectuelles chez lhomme, et chez le
rat, une altération de létat général, une perte de poids et
peut conduire à la mort [11].
Lappréciation du caractère normal ou pathologique du
sommeil repose sur des critères cliniques et neurophysio-
logiques. En clinique, on détermine si le sujet sendort faci-
lement quand il le souhaite et selon un rythme circadien
normal, sil dort de façon continue ou se réveille souvent
pendant la nuit, ainsi que daprès la sensation de récupéra-
tion le lendemain. Du point de vue neurophysiologique,
grâce à lenregistrement simultané de lélectroencéphalo-
gramme, des mouvements oculaires et du tonus muscu-
laire, on arrive à déterminer différents paramètres : la
latence dendormissement (le temps écoulé entre lextinc-
tion de la lumière et lapparition du premier endormisse-
ment), la durée totale du sommeil, lefficacité du sommeil
(le rapport entre le temps total du sommeil et le temps passé
au lit) et lindex des micro-éveils (le nombre des réveils
ayant une durée entre 3 et 10 secondes par heure de som-
meil). Lenregistrement permet aussi de décrire larchitec-
ture du sommeil : le nombre de cycles (ensembles sommeil
lent-sommeil paradoxal), les quatre stades de profondeur
croissante et leurs pourcentages : stade I et II (sommeil
lent léger 50-55 %), stade III et IV (sommeil lent profond
15-20 %) et le V (sommeil paradoxal 17-23 %).
Les modifications physiologiques du sommeil avec
lâge commencent dès lenfance et au long de la vie [43].
Au cours du vieillissement normal, on note une altération
de la continuité du sommeil avec une augmentation du
nombre déveils, une réduction de lindex defficacité du
sommeil, lapparition dune somnolence diurne et des sies-
tes dans la journée, une modification de larchitecture du
sommeil avec diminution du sommeil lent profond, des
ondes lentes et des fuseaux de sommeil, une altération du
rythme veille-sommeil avec en particulier un phénomène
davancement de phase. Ces modifications, plutôt négati-
ves, sont-elles responsables des troubles du sommeil chez
le sujet âgé (SA) ? En fait, plus de 50 % des SA 65 ans
se plaignent de leur sommeil [26]. Parmi eux la plupart ont
une comorbidité médicale, psychiatrique ou des traite-
ments médicamenteux [25, 26]. Lorsque les sujets présen-
tant des pathologies médicales et/ou psychiatriques sont
exclus, la prévalence de linsomnie est très faible chez les
SA en bonne santé [60]. Les troubles du sommeil du SA ne
semblent donc pas liés à lâge mais secondaires aux patho-
logies chroniques préexistantes et fréquentes dans cette
population. Malgré un déclin du sommeil significatif,
labsence de plaintes le concernant chez les SA en bonne
santé est expliquée probablement par un mécanisme
dadaptation [59].
Ces données de la littérature mettent en évidence une
baisse de la capacité de dormir chez le SA, notamment en
terme de qualité du sommeil. Concernant la durée du som-
meil, les SA ne dorment pas tellement moins que les sujets
jeunes (environ 7 heures en moyenne) [44]. Il nest en
revanche pas certain que le besoin de dormir soit moins
important chez le SA [15].
De nombreux facteurs spécifiquement liés à lâge peu-
vent contribuer aux perturbations du sommeil (tableau 1).
Il est important de noter que chez le SA, il ny a souvent
Tableau 1.Facteurs spécifiquement liés à lâge pouvant contribuer aux
perturbations du sommeil chez le SA.
Modifications
physiologiques
des synchroniseurs
internes
-se
´cre
´tion avance
´edeme
´latonine au
de
´but de la soire
´e et diminue
´e
rapidement au cours du nycthe
´me
`re,
se
´cre
´tion plus faible de l’hormone de
croissance pendant le sommeil lent
profond, se
´cre
´tion augmente
´ede
cortisol avec l’a
ˆge avec pic corre
´le
´aux
re
´veils nocturnes
- avance de phase pour la tempe
´rature
- activite
´physique absente ou abaisse
´e
Modifications non
physiologiques
(synchroniseurs externes :
environnementales,
sociales, familiales)
- retraite, pas de contrainte horaire pour
le coucher, le lever, les repas, pas
d’horaires professionnels
- isolement social
- faible exposition a
`la lumie
`re
- changement de lieu de vie en cas
d’hospitalisation ou
d’institutionnalisation
- perte de proches
Comorbidite
´s-me
´dicales : douleurs chroniques au
cours de maladies musculo-articulaires,
insuffisance cardio-pulmonaire avec
dyspne
´e nocturne, troubles gastro-
intestinaux, reflux gastro-œsophagien,
ade
´nome prostatique avec nycturie, etc.
- neuro-vasculaires et de
´ge
´ne
´ratives :
accidents vasculaires ce
´re
´braux,
maladie de Parkinson avec douleurs,
crampes, difficulte
´de mouvements,
dystonie nocturne, de
´mence
d’Alzheimer, de
´mence a
`corps
de Lewy, etc.
- psychiatriques : de
´pression, anxie
´te
´
- troubles intrinse
`ques du sommeil :
insomnie, syndromes d’apne
´es du
sommeil, syndrome des jambes sans
repos, syndrome des mouvements
pe
´riodiques au cours du sommeil,
syndrome d’avancement de phase, etc.
Me
´dicamenteux - corticoı
¨des, the
´ophylline, be
ˆta-
bloquants, carbidopa, levodopa,
diure
´tiques, antide
´presseurs,
consommation prolonge
´ede
benzodiaze
´pines, etc.
V.H. Nguyen-Michel, et al.
LINFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, 1 - JANVIER 201058
pas quun seul facteur mais plusieurs qui coexistent et aggra-
vent simultanément les troubles du sommeil.
Malgré les plaintes de sommeil fréquentes chez le SA,
les troubles du sommeil sont souvent sous-diagnostiqués
[42] et pourtant leurs conséquences sont nombreuses et
particulièrement néfastes. À partir des données de la litté-
rature, nous abordons dans cet article les troubles du som-
meil chez les SA en discutant les particularités propres à
cette population.
Le syndrome dapnée du sommeil (SAS)
Il est caractérisé par des épisodes répétés dobstruction des
voies aériennes supérieures entraînant des apnées (pauses res-
piratoires complètes pendant plus de 10 secondes) et/ou
hypopnées (diminution de la respiration dau moins 50 %
pendant plus de 10 secondes, associée à une désaturation en
oxygène et/ou à des réactions déveil). Ces événements
respiratoires au cours du sommeil entraînent une hypoxie
intermittente, une fragmentation du sommeil et une somno-
lence diurne. On parle de SAS minime lorsque le nombre de
ces événements par heure de sommeil (ou lindex par heure)
est compris entre 5 et 15. Un index 30/heure signifie un
SAS sévère. La prévalence de SAS dans la population adulte
de 30 à 60 ans est de 2 % à 4 % [63]. Elle augmente avec lâge
[14]. Chez les SA 65 ans, 24 % ont un index dapnées
(IA) 5/heure et 62 % ont un index dapnées et dhypo-
pnées (IAH) 10/heure [5]. La prévalence de SAS est
dramatique en institution, touchant jusquà70%desSA
[2]. Les patients schizophrènes âgés ont plus de SAS
sévère que ceux non schizophrènes (31 % IAH> 20 contre
19 %) [6]. La perturbation de larchitecture du sommeil
chez le SA > 65 ans atteint de SAS est plus importante
que celle des sujets < 65 ans ainsi que la désaturation en
oxygène [33].
Le tableau clinique de SAS peut être difficile à recon-
naître chez le SA. La somnolence diurne est rarement res-
sentie : seulement 25 % des hommes 60 ans ayant un
SAS sévère ont un score dEpworth (évaluation subjec-
tive de la somnolence diurne) pathologique. En revanche,
laltération de la vigilance est souvent bien objectivée
chez ces patients ; elle peut lêtre aussi dans la population
générale des SA mais de façon moins fréquente : 64 %
des hommes avec SAS sévère versus 33 % sans SAS
(Deblois P, et al., Communication personnelle). Léva-
luation objective de la somnolence semble être donc
plus fiable que celle subjective chez le SA. Kezirian
et al. (2009) ont démontré que chez les hommes âgés
présentant un SAS, lIAH est très modérément corrélé
au score dEpworth ; sa sévérité nest pas corrélée aux
scores de qualité du sommeil [32].
Les deux autres symptômes cardinaux de SAS qui sont
les ronflements et les arrêts respiratoires au cours du
sommeil, sont souvent rapportés par le conjoint du malade.
Malheureusement, beaucoup de personnes âgées vivent
seules à domicile et nont pas de témoin de ces symptômes.
Si lobésité est fréquemment associée au SAS chez les
sujets jeunes, cette association est moins importante
chez les SA [64, 65]. La nycturie est beaucoup plus fré-
quente chez les hommes âgés avec SAS par rapport à
ceux avec insomnie sans SAS (31/60 patients contre
1/28) [29]. Cependant comme les autres symptômes de
SAS la fatigue, les maux de tête, limpuissance, etc. ,
ils ont peu de spécificité chez le SA et peuvent être
rencontrés dans de nombreuses autres pathologies. La com-
orbidité peut aussi masquer les symptômes liés au SAS.
Enfin le SAS peut également sexprimer sous forme
atypique comme des troubles cognitifs, une dépression,
une perte dautonomie, des chutes, etc. Bailes et al. (2005)
ont montré chez les femmes âgées une absence de
différenciation possible entre le SAS et linsomnie. Il existe
un chevauchement symptomatique entre les deux entités :
les insomniaques rapportent des ronflements, des problè-
mes respiratoires pendant le sommeil et une somnolence
diurne alors que les patients avec SAS se plaignent surtout
dinsomnie et de fatigue [10]. De plus les SAS légers
peu symptomatiques sont extrêmement fréquents chez
les SA et sont difficiles à dépister par la clinique seule [5].
Chez le SA, le SAS est associé à une mauvaise qualité
de vie, aux troubles neurocognitifs, à la nycturie, aux mala-
dies cardiovasculaires, à la dépression, au risque
dinsulino-résistance [15], à un taux de cholestérol HDL
diminué [53] et à une exacerbation des crises épileptiques
chez les patients épileptiques [19].
Les résultats concernant la mortalité liée au SAS chez le
SA sont discordants selon les études : lassociation entre la
mortalité et un IAH > 20 a été significative seulement chez
les hommes < 50 ans [30]. Au contraire, dans une autre
étude lassociation entre la mortalité et un IAH> 30 est
trouvée chez les hommes dans la tranche dâge 40-70 ans
[50]. Dans une population mixte de SA vivant en institu-
tion, il existe une forte relation entre la mortalité et le SAS
chez les femmes surtout avec IAH > 50. La mortalité pré-
coce est plus élevée chez les hommes mais ne semble pas
être liée au SAS [3].
Au total, le SAS est très fréquent chez le SA mais
avec des symptômes souvent trompeurs. Attendre un
tableau clinique typique peut retarder le diagnostic de
SAS. Lexploration du sommeil doit être proposée dès la
suspicion de SAS que le tableau clinique soit typique ou
non [41]. Lâge ne doit pas être un motif de renoncement
au bilan de SAS et au traitement par pression positive
continue (PPC). Celui-ci savère bénéfique et bien toléré
même chez les patients atteints de démence légère ou
modérée [61]. La figure 1 montre un enregistrement poly-
somnographique (PSG) sans et avec PPC dans une même
nuit chez un patient âgé de 75 ans présentant un SAS
sévère.
Le sommeil et ses troubles chez le sujet âgé
LINFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, 1 - JANVIER 2010 59
Le syndrome des jambes
sans repos (SJSR)
Il est caractérisé par un besoin urgent de bouger les
jambes souvent accompagné dune sensation désagréable.
Ce besoin de bouger ou les sensations désagréables com-
mencent ou augmentent au repos ou pendant limmobilisa-
tion. Ils sont soulagés par les mouvements et saggravent
le soir ou la nuit. Les sujets avec SJSR rapportent plus de
troubles du sommeil, de dépression, dhypertension et de
problèmes cardiaques [58]. Les mouvements périodiques
des membres inférieurs au cours du sommeil (MPMS)
sont présents chez plus de 80 % des patients porteurs de
SJSR. De plus chez les patients ayant un SJSR, le nombre
de MPMS augmente de façon importante avec lâge [22].
Le diagnostic de SJSR est un diagnostic clinique reposant
sur la description des symptômes par le malade. Celle-ci va
être extrêmement difficile chez le malade âgé avec troubles
des fonctions cognitives et du langage. Le « test dimmo-
bilisation suggéré », un moyen daide du diagnostic de
SJSR, ne peut être appliqué que chez les sujets âgés co-
opérants. Cest pourquoi, le Groupe international détude
sur le SJSR a proposé de nouveaux critères adaptés à cette
population [1]. Par manque de description subjective
du malade, ces critères reposent sur lobservation
dun comportement inhabituel type frottement des jambes
A
B
Figure 1. Lenregistrement polysomnographique chez un patient âgé de 75 ans montre des pauses respiratoires répétitives accompa-
gnées dépisodes de désaturation en oxygène en absence dappareillage par PPC (1A), et une respiration normalisée ainsi quune
saturation stable lorsque le patient sest mis sous PPC dans une même nuit denregistrement (1B).
V.H. Nguyen-Michel, et al.
LINFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 86, 1 - JANVIER 201060
ou agitation motrice, sur dautres critères accessoires et sur
lélimination dautres pathologies entraînant des symp-
tômes similaires : neuropathie douloureuse, troubles rhu-
matologiques des membres inférieurs, prurit, insuffisance
veineuse, etc.
La prévalence de SJSR augmente de 1,2 % (sujets de
18-24 ans) à 10,5 % (sujets de 55-64 ans) [58] et atteint
19 % des patients âgés de plus de 80 ans [48]. Les situations
favorisant le SJSR comme linsuffisance rénale, la carence
martiale, la consommation médicamenteuse (antidépres-
seurs, lithium, antagonistes dopaminergiques), les patho-
logies neurodégénératives [31] sont fréquentes chez le
SA. De plus le SJSR peut se développer à nimporte quel
âge mais guérit rarement [15]. Tout cela explique proba-
blement limportance de la prévalence de SJSR chez le SA.
Plusieurs mécanismes seraient impliqués dans le SJSR : un
dérèglement du métabolisme du fer central (au niveau céré-
bral), de la dopamine, des systèmes contrôles de la douleur
et une susceptibilité génétique. Le traitement de première
ligne est lapplication de règles dhygiène, un traitement
martial et dopaminergique (pramipexole, ropirinole) [31].
Les MPMS
Ils se manifestent par une extension du gros orteil et
une dorsiflexion du pied avec parfois une flexion du
genou et de la hanche, dapparition périodique au cours
du sommeil. La prévalence de MPMS est de 5 % chez
ladulte. Elle augmente avec lâge [13] et touche 45 %
des sujets âgés [4].
Le phénomène est fréquent chez les sujets en bonne santé
ne sen plaignant pas et sans conséquence notable sur lorga-
nisation générale du sommeil [13]. Lexistence du MPMS
nest pas toujours pathologique. Il est défini comme un syn-
drome de MPMS si les mouvements surviennent en dehors
du contexte de SJSR et ont un impact sur la continuité du
sommeil ou sur le fonctionnement diurne [12]. Le diagnostic
de MPMS est difficilement évoqué par la clinique. Lemalade
peut être totalement inconscient des événements nocturnes.
Le témoignage par le conjoint de « coups de pied » fréquents
dans la nuit est évocateur. La PSG avec capteurs jambiers
permet de faire le diagnostic.
Les troubles du comportement liés
au sommeil paradoxal (TCSP)
Ils sont caractérisés par une disparition de latonie mus-
culaire au cours du sommeil paradoxal. Elle entraîne des
mouvements parfois violents, voire des comportements
complexes au cours du sommeil. Le diagnostic de TCSP
est fondé sur lanamnèse et lenregistrement vidéo-PSG
qui permet la mise en évidence des troubles du comporte-
ment ou une simple persistance de lactivité musculaire
pendant le sommeil paradoxal. La PSG est indiqué
dans les troubles comportementaux violents et potentielle-
ment dangereux. Il ny a pas destimation valable pour
lincidence des TCSP dans la population générale [55].
Cependant chez le SA, ceux-ci sont fréquents avec une
prédominance masculine ; ils sont souvent associés à des
pathologies neurodégénératives comme la maladie de
Parkinson, les démences de type Alzheimer [45, 55], ou à
corps de Lewy [17]. Les TCSP peuvent être le premier
symptôme de ces pathologies [45, 55], il est devenu le
critère diagnostic de démence à corps de Lewy [36]. Chez
le SA, la confirmation du diagnostic de TCSP peut permettre
de suspecter certaines maladies neurodégénératives et incite
à suivre régulièrement le malade lorsque le TCSP reste
isolé. Le Clonazépam est un traitement de première intention
en absence de contre-indication ainsi que des mesures de
protection contre les traumatismes physiques dus à des
mouvements violents sur le lieu de sommeil du patient.
Troubles circadiens
Dans des conditions normales, le rythme circadien se
synchronise spontanément sur 24 heures sous linfluence
des synchroniseurs externes. Chez le SA, il existe une
désorganisation des rythmes circadiens en rapport avec
un possible affaiblissement de lhorloge biologique interne
et une diminution de limpact des synchroniseurs externes
[20]. Il en résulte un rythme circadien faible, désynchro-
nisé, avec une période de veille-sommeil sur 24 heures
moins consistante. Cela entraîne un sommeil décalé ou dis-
persé sur 24 heures (avec siestes erratiques, sommeil de
nuit court et fragmenté) mais de durée totale sur 24 heures
non modifiée. Le SA a plus de mal à synchroniser son
rythme de veille-sommeil avec la vie sociale courante.
Les prévalences des plaintes découlant dun avancement
ou dun retard de phase du sommeil sont estimées à 7 %
et 3 % respectivement dans une population entre 40 et
60 ans [9]. En institution, les troubles circadiens sont
encore plus importants en relation avec des facteurs spéci-
fiques (cf. infra).
Linsomnie
Linsomnie est une plainte subjective qui concerne un des
aspects suivants : les difficultés dendormissement, les réveils
nocturnes fréquents, le réveil matinal précoce et un sommeil
non récupérateur avec des conséquences sur la perception de
fatigue dans la journée. La prévalence de linsomnie chez le
SA se situe entre 23 et 40 % [26, 37, 38] et est plus élevée
que chez le sujet jeune [37]. Les formes sévères aug-
mentent avec lâge [37]. Le diagnostic dinsomnie
repose essentiellement sur linterrogatoire, lagenda (le
rapport rempli par le patient sur les horaires, la durée
du sommeil sur plusieurs semaines) et les questionnaires
du sommeil. Lensemble permet de documenter les habitudes
Le sommeil et ses troubles chez le sujet âgé
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