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[J1]Adénopathies et tumeurs
médiastinales
- orientation diagnostique
Dr I. MONNET, PH - Pr B. HOUSSET, chef de service
service de pneumologie - centre hospitalier intercommunal - Créteil
[J75]Ce qu'il faut comprendre...
RAPPEL ANATOMIQUE
L'orientation diagnostique devant une opacité médiastinale est déterminée par sa
localisation. Les signes cliniques et l'imagerie permettent de déterminer la
topographie de la lésion.
Le médiastin est l'espace médiothoracique situé entre les deux poumons; il est
limité:
- en avant par le plastron sterno-costal;
- en arrière par le rachis et les gouttires costo-vertébrales;
- latéralement, par les plèvres médiastines;
- en bas, par le diaphragme;
- en haut, par l'orifice cervico-thoracique.
Le médiastin est divisé:
* en trois compartiments dans le plan antéropostérieur:
- antérieur, en avant de l'axe trachéo-bronchique;
- postérieur, en arrière de l'axe trachéo-bronchique;
- moyen, dans le plan de cet axe;
* en trois étages, de haut en bas:
- supérieur, au-dessus de l'aorte horizontale;
- inférieur, sous la carne;
- moyen, entre l'arche aortique et la carne.
[J76]Ce qu'il faut retenir...
[J15]Circonstances de découverte
SYNDROMES MEDIASTINAUX
Les syndromes médiastinaux traduisent l'irritation, l'envahissement ou la
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compression d'un ou plusieurs organes du médiastin.
Atteinte veineuse
Syndrome cave supérieur dé ˆ la compression de la veine cave supérieure:
* aspect cyanique de la face et de la partie supérieure du thorax;
* Ïdme en plerine avec comblement des creux sus-claviculaires;
* turgescence des veines jugulaires;
* sympt™mes dus ˆ la gne du retour veineux céphalique (vertiges,
bourdonnements d'oreilles, céphalées...);
* circulation veineuse collatérale préthoracique.
Atteinte bronchique
L'atteinte de la trachée ou des bronches souches se traduit par une dyspnée souvent
inspiratoire avec cornage et tirage, une toux séche et quinteuse.
Atteinte nerveuse
* Du récurrent gauche:
- enrouement;
- voie bitonale par paralysie de la corde vocale gauche.
* Du phrénique:
- hoquet;
- ascension d'une hémicoupole immobile en scopie.
* Du sympathique cervical: syndrome de Claude Bernard-Horner (ptosis,
myosis, énophtalmie).
* Du sympathique dorsal: hypersudation unilatérale.
* Du plexus brachial (racines C8-D1): douleur de l'épaule irradiant ˆ la face
interne du membre supérieur, avec troubles sensitifs.
Atteinte du canal thoracique
Chylothorax en cas d'effraction ou de rupture.
Atteinte oesophagienne
L'atteinte oesophagienne se traduit par une dysphagie.
Toutes ces manifestations ont une valeur d'orientation topographique essentielle.
Leur vitesse d'installation renseigne sur l'éventuelle malignité.
ANOMALIES EXTRA-THORACIQUES
Certaines associations ont une valeur diagnostique:
* myasthénie, hypogammaglobulinémie, anémie érythroblastopénique,
pancytopénie et thymome;
* maladie de Recklinghausen et neurinome intrathoracique;
* érythème noueux et sarco•dose;
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* syndrome de Pierre Marie et carcinome bronchique primitif;
* gynécomastie et tumeur embryonnaire;
* dysthyro•die et goitre endothoracique.
RADIOGRAPHIE THORACIQUE SYSTEMATIQUE
C'est une situation fréquente, de nombreuses pathologies médiastinales pouvant
être latentes.
[J15]Imagerie
RADIOGRAPHIE THORACIQUE DE FACE ET DE PROFIL
La radiographie thoracique de face et de profil permet de retrouver une opacité et
de préciser:
* son caractére médiastinal: opacité ˆ limite externe nette et continue,
convexe vers le poumon, se raccordant en pente douce avec le médiastin et ˆ limite
interne invisible (noyée dans le médiastin);
* son repérage topographique.
SCANNER THORACIQUE
Le scanner thoracique est effectué en coupes épaisses (8 ou 10mm), jointives,
allant de l'apex aux coupoles diaphragmatiques, avec une injection de produit de
contraste qui permet de préciser les rapports entre les structures vasculaires et la
masse médiastinale.
* Des mesures de densité peuvent être effectuées au niveau de la lésion,
renseignant parfois sur la nature du tissu qui la compose (par exemple, 0UH pour
l'eau, -1000UH pour l'air, -100UH pour la graisse, de 20 ˆ 80UH pour la plupart des
structures tissulaires et plus de 100UH pour les calcifications).
* Des coupes millimétriques (1,5 ou 2mm) centrées sur la lésion permettent
d'apprécier sa structure et ses contours.
Cet examen permet donc de mieux préciser la localisation de la lésion, ses rapports
avec les éléments de voisinage et sa structure.
IMAGERIE PAR RESONANCE MAGNETIQUE
La place de l'IRM n'est pas encore clairement déterminée. Ses principales
indications sont:
- les lésions proches du rachis ou du canal médullaire;
- et les lésions suspectes d'envahir le massif cardiaque ou la paroi
thoracique.
AUTRES EXAMENS
En fonction du contexte et du siège de la lésion, seront parfois indiquées:
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- une échographie endo-oesophagienne;
- une endoscopie bronchique ou digestive;
- une opacification vasculaire ou digestive.
[J15]Diagnostic étiologique des lésions du médiastin
antérieur
Le diagnostic étiologique des lésions du médiastin antérieur sera discuté en
fonction du siège de la lésion.
ETAGES SUPERIEUR ET MOYEN
Goitres endothoraciques
* Définition: prolongation d'un ou des deux lobes de la thyroïde cervicale dans
le thorax; exceptionnellement, absence de connexion entre la thyroïde et le goitre.
* Signes cliniques:
- souvent asymptomatiques, parfois signes de compression trachéale (dyspnée
avec tirage, stridor);
- p™le supérieur palpé ˆ la base du cou.
* Radiographie:
- opacité paratrachéale homogène, rétrosternale supérieure, dont la limite
supérieure se perd dans l'ombre cervicale;
- sont des signes évocateurs la déformation de la trachée, l'existence de
calcifications.
* La scintigraphie (faite avant le scanner) peut amener la preuve définitive du
goitre, mais 30% d'entre eux ne sont pas fixants.
* Le traitement indiqué lorsqu'il existe des signes fonctionnels, est alors
chirurgical par cervicotomie.
Lésions thymiques
Les lésions thymiques sont développées le plus souvent au niveau de l'étage
antérosupérieur et moyen, comblant l'espace rétrosternal.
Il s'agit:
* de dystrophies thymiques bénignes: hypertrophie simple, thymolipomes,
kystes du thymus;
* de tumeurs thymiques:
- rarement: carcinomes thymiques, lymphomes, tumeurs carcinoïdes;
- le plus souvent thymomes lymphoépithéliaux.
Thymomes lymphoépithéliaux
* Histologie:
- contingent cellulaire épithélial malin et contingent lymphocytaire
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d'accompagnement;
- classement en fonction de la prédominance de chaque contingent.
* Découverte:
- asymptomatiques;
- ou révélés soit par un syndrome médiastinal, soit par une manifestation
associée: le plus fréquemment, myasthénie (10 ˆ 40% des cas, surtout chez la
femme, s'améliorant dans la moitié des cas après traitement du thymome), mais
aussi érythroblastopénie, agammaglobulinémie;
- ces pathologies associées sont des éléments péjoratifs.
* Radiographie:
- opacités bien limitées, totalement rétro sternales (visibles uniquement sur le
cliché de profil) ou plus latéralisées;
- les calcifications sont rares et de mauvais pronostic.
* Le scanner thoracique est indispensable pour préciser le caractère invasif
du thymome, aux dépens de la graisse médiastinale, des plèvres, du péricarde.
* Le traitement est chirurgical, sauf s'il existe des métastases:
- les constatations opératoires permettent de préciser le caractère encapsulé ou
invasif, les prélèvements chirurgicaux préciseront le type histologique
(prédominance épithéliale de moins bon pronostic);
- si l'exérèse est complète (tumeur encapsulée), pas de traitement
complémentaire, la survie est de 80 ˆ 90% ˆ 10 ans;
- si elle est incomplète, une irradiation thoracique est indiquée, parfois
associée ˆ une chimiothérapie et la survie est de 30 ˆ 40% ˆ 10 ans;
- les rechutes sont essentiellement locorégionales.
Tumeurs germinales du médiastin
Les tumeurs germinales du médiastin (dysembryome, tératome) sont d'origine
embryonnaire composées de tissus divers:
- adultes (matures);
- ou embryonnaires (immatures).
Tératomes bénins ou "kystes dermoides"
* Ils contiennent: dents, sébum, poils, os...
* Terrain: enfance ou adolescence.
* Scanner évocateur: plages de densité liquidienne ou graisseuse associées ˆ des
calcifications.
* Traitement chirurgical.
Séminome malin
* Terrain: homme jeune.
* Traitement: chirurgie et/ou radiothérapie.
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