Bases du Fonctionnement dun Dyslexique

Telechargé par Isabelle Gazagne
Bases du Fonctionnement d'un Dyslexique
FONDEMENT GENETIQUE ......................................................................................................... 1
FONDEMENT NEUROBIOLOGIQUE .............................................................................................. 2
Que se passe-t-il donc dans le crâne d’un dyslexique ? .............................................................. 4
Vitesse et Synchronisation ............................................................................................................ 5
Comment Compense-t-il ? ............................................................................................................ 6
Les conséquences de la dyslexie potentielle ............................................................................ 7
ET LA PSYCHOLOGIE ? ................................................................................................................. 7
Que Faire d’un Dyslexique ? ............................................................................................................ 8
Quelques pistes ............................................................................................................................ 9
N’y a-t-il rien à faire ? ..................................................................................................................... 11
Les tests de dépistage ................................................................................................................ 11
Les méthodes d’éducation .......................................................................................................... 12
Remerciements ............................................................................................................................... 12
Tableaux ......................................................................................................................................... 13
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................ 13
Adresses Utiles ............................................................................................................................... 16
Liens VERS Internets ..................................................................................................................... 17
Laboratoire Cogni-Sciences et Apprentissages. Mars 2001 .......................................................... 17
Bibliographie Conseillé par le SCEREM ........................................................................................ 22
FONDEMENT GENETIQUE
Les nouvelles techniques des années 1990
A
, celles aboutissant à la lecture du génome humain,
scanneurs et imagerie, et les études consécutives conduisent à une reconnaissance, au niveau
international
B
, de l’origine génétique de la dyslexie. Ce n’est que depuis les années 2002 que la
confirmation de la localisation des loci et des allèles est corroborée par de nombreux articles sur
le chromosome 6 (6p21.31/32/33). D’autres chromosomes ont été cités comme intervenant dans
A Plante, (1991), Rosen,Sherman,Galaburda (1993), Schulz et co (1994), Lehouelleur et co (1998)
B Répertoire International des Maladies Génétiques le 07.05.97 sous la référence suivante:
6.55/5/7/97/6p21.3/DXX2,DYLX2,DLX2/P/DYSLEXIA/600202
RP 2006 - 1 -
les troubles de la lecture : les chromosomes 7, notamment SPCH1
C
, FOXP2
D
, et le chromosome
15 en de très petits segments.
Pour l’instant, si grâce aux progrès techniques et scientifiques, la localisation a été rendue
possible, les mécanismes mis en jeu sont encore à découvrir. Ces mécanismes commence à
être mis à jour grâce aux scanneurs, aux I.R.M., aux T.E.P..
FONDEMENT NEUROBIOLOGIQUE
Les IRMs réalisés sur des patients, pendant une lecture, la visualisation d’images ou de films,
une conversation livrent des informations primordiales pour analyser ce qui se passe au niveau
du cortex, de ses différents tissus et organes, des aires où se concrétisent en pensée les
nombreux signaux que traitent continuellement nos cerveaux.
Notre système nerveux central est complexe de part son organisation – nerfs, moelle épinière,
cervelet, hémisphères cérébraux -, de part ses multiples tissus -méninge, épendyme, substance
blanche, matière grise, hypophyse-, de part une grande variété de cellules nerveuses
extrêmement spécialisées. Le système nerveux se forme durant l’embryogénèse à partir de la
morula
E
laquelle produit des blastocèles qui se différencieront en endoderme, mésoderme et
ectoderme.
L’ectoderme va former la peau pendant qu’une partie de ses cellules épiblastiques, en
s’invaginant pendant la neurulation, donnent « naissance » au système nerveux. C’est l’ADN des
chromosomes de l’ovule initial qui va diriger et contrôler tout le processus, même si après les
différenciations cellulaires, origine des divers tissus, des modes de pilotage plus autonomes font
leur apparition par le biais des interactions avec les divers ARN et les stimuli de l’environnement.
Chez les mammifères, le monde extérieur influence peu ce stade, sauf si les conditions sont
vraiment extrêmes, mettant en danger l’animal reproducteur lui-même, ou, particulières si celui-ci
ingère des substances toxiques (substance radioactive, alcool en quantité importante par
exemple).
Les gènes des chromosomes ne s’expriment pas isolément mais par interaction les uns aux
autres, comme les caractères récessifs ou dominants, et en s’inscrivant dans une chronologie
comme dans les maladies dégénératives. Dans un cycle donné, les gènes de la dyslexie vont
C 1998, Fisher et al, Nat Genet 18, 168 –170 (1998) étude sur le chromosome 7 ( locus 7q31).
D Lai et al. (2001)
E Stade où les divisions cellulaires laissent apparaître une ébauche d’organisation et de
différenciations cellulaires
RP 2006 - 2 -
s’exprimer, alors les cellules qui auraient du migrer vers un endroit précis
F
du cerveau vont
s’arrêter en chemin, créant des ectopies. Ce manque à un endroit, ce surplus à un autre va créer
la base nécessaire à la production des troubles de la dyslexie.
Au cours de sa vie, l’individu évolue sur tous les plans, physique autant que psychique. Sans
cesse, des modifications se produisent, légères chez certains, importantes chez d’autres :
créations de dysplasies
G
, de micropolygyries
H
, ectopies plus ou moins prononcées, taille de
neurone plus petit dans des zones plus dense. Le cortex n’est ni homogène dans sa structure, ni
homogène dans ses fonctions. Et, la découverte de la notion d’aire spécialisée dans le
traitement spécifique d’informations déterminées l’indique clairement.
.
Avant de visiter ces aires, rappelons brièvement l’histoire de leur découverte pour souligner
l’étonnante plasticité du cerveau.
Ce furent les études anatomiques et cliniques entreprises par De Broca dès 1860 qui mettent en
évidence une zone sur le lobe frontal de Monsieur Leborgne qu’il décrit comme le « centre du
langage ».
Dans les années 1950, des stimulations électriques fournissent une moisson de renseignements
neuro-psychologiques. Les études se concentrent sur les grands traumatisés, leurs troubles et la
manière dont certains patients récupèrent leurs capacités. On constate que le cerveau se
réorganise. Le pourquoi et le comment de cette plasticité reste à l’époque une énigme.
Puis, un fonctionnement sériel de deux aires connectées, grâce à des associations intra-
hémisphériques, est découvert: l’aire postérieure réceptrice de Wernicke et l’aire antérieure
frontale effectrice de Broca.
Enfin, l’aire d’intégration du langage écrit et du langage parlé est localisé dans la partie
postérieure du lobe temporal de l’hémisphère gauche chez la plupart des droitiers. D’ailleurs, la
tomographie par émission de positrons (TEP) a récemment prouvé que cette aire est reliée à la
prononciation de mots inconnus, tandis que le processus complexe de compréhension du
langage se situe dans les aires préfrontales de Brodmann. L’imagerie cérébrale a démontré que
les zones du langage forment un vaste réseau d’interconnexions.
De plus, il semblerait que :« La représentation du langage dans le cerveau est distincte des
circuits qui interviennent dans le contrôle moteur de la bouche, de la langue, du larynx et du
pharynx, toutes structures qui produisent les sons de la parole. Elle se distingue aussi des
F Les chromosomes sexuels font migrer les gonades sur une grande distance vers le bas chez les
garçons, sur une faible distance chez les filles. Pour l’ossature jusqu’à l’âge adulte les cellules migrent
transformant notre visage depuis l’enfance.
G Anomalie de développement ou de maturation d’un tissus
H Nombreuses petites circonvolutions supplémentaires
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circuits de la perception auditive des mots parlés ou de la perception visuelle des mots écrits. …
Le substrat nerveux du langage transcende ces fonctions … il s’adresse à un système de
symboles. L’essence du langage est donc la représentation symbolique. »
I
Cette région du cortex associatif dont on reconnaît le rôle pour le langage, présente une
maturation très lente jusqu’à l’âge de15 ans parfois. Toutefois, très tôt, l’enfant acquiert une
richesse syntaxique et sémantique qui faisait penser Noam ChomskyJ à un noyau fixe innée.
Pour PiagetK, il aurait plutôt été question de précurseurs cognitifs, sensori-moteurs, d’où
sortiraient des structures linguistiques spécifiques. Jean-Pierre ChangeuxL quant à lui suggère
une stabilisation sélective des synapses, point de jonction des neurones entre eux, au cours du
développement. En effet, les études sur des sujets victimes d’accident récupérant partie ou
totalité de leurs anciennes fonctions, malgré des lésions cérébrales, conjuguées aux procédés
d’études récentes montrent que les extrémités des neurones peuvent établir un grand nombre de
connexions aléatoires et peuvent ainsi déconnecter celles qui sont inutiles ou nuisibles.
Apprendre serait donc limité son potentiel. Mais, si on arrive à maîtriser le processus, ces limites
pourrait-être redéfinies. La plasticité du cerveau, insoupçonnée jusqu’alors, alliée à la découverte
de cellules souches neuronales laissent espérer des résultats prometteurs pour les maladies
dégénératives et la chirurgie réparatrice. Tel n’est pas le cas du dyslexique qui n’a pas d’atteinte
cérébrale, il est juste différent comme certains oiseaux peuvent avoir des ailes courtes ou un peu
trop longues, l’albatros, ce géant…
QUE SE PASSE-T-IL DONC DANS LE CRÂNE DUN DYSLEXIQUE ?
Le réseau des neurones d ‘un individu à l’autre diffère, celui des dyslexiques diffère plus encore,
avec des avantages dont profitèrent Léonard de Vinci ou Einstein, et, avec des désavantages
commun à tous.
Le dyslexique, un animal incompréhensible. Grâce à ces aires plus développées, avec plus de
circonvolutions : il va pouvoir faire montre de capacités intellectuelles hors normes dans des
domaines variés et dans le même temps être incapable de faire des choses si bêtes, quand on
I J.Lehouelleur in Bases neurobiologiques du langage (2003)
J "Recent Contributions to the Theory of Innate Ideas"; reprinted in A Portrait of Twenty-five Years.
Boston Studies in the Philosophy of Science, edited by Robert S. Cohen and M. Wartofsky, 31-40.
Dordrecht, Boston, Lancaster: D. Reidel Publishing, 1985
K La filiation des structures / par Léo Apostel, Jean-Blaise Grize, Seymour Papert et Jean Piaget. -
Paris : Presses univ. de France, 1963
L L’homme de vérité ,p304,(2002)
RP 2006 - 4 -
sait le faire ; lacer ses souliers, arriver à l’heure, s’organiser, lire vite et comprendre, se
concentrer sur une tâche seulement. Il possède une émotivité et une sensibilité accrue.
Le système éducatif jusqu’à présent ne fournit pas le bon manuel et les bonnes méthodes de
mise en valeur de ses potentialités pas plus que pour compenser ses faiblesses. Il pilote un
hélicoptère et on lui enseigne à piloter un avion de ligne, cassage de bois garanti.
VITESSE ET SYNCHRONISATION
Ces neurones ne peuvent pas fournir la vitesse nécessaire pour la lecture avec ses aires
visuelles.
Sa mémoire à court terme et sa mémoire de travail sont désynchronisées avec la mémoire à long
terme. Imaginez voir un film avec un stroboscope réglé sur 6 images par minutes.
En effet, il manipule jusqu’à 32 images/symboles par seconde. Il commence à écrire sa phrase et
déjà il est à la fin de la suivante mais ne peut plus décrire avec précision le cheminement qu’il a
suivi. Il donne le résultat juste, car il l’a calculé de manière non-verbale, et ne peut pas en justifier
sur-le-champ le raisonnement mathématique, verbal. Il a du mal à comprendre pourquoi et aussi
comment expliquer des choses qui lui apparaissent comme triviales. La justification lui apparaît
un formalisme difficile à admettre. D’autant plus, si il a utilisé une énergie soutenue pour essayer
de lire, et que finalement, lorsqu’il comprend enfin, et que le résultat s’impose, il lui faudrait à
nouveau épuiser toute son énergie pour reprendre pas à pas le même chemin.
En effet, la vitesse n’est plus du tout la même quand il s’agit de lire. Une semaine pour un livre de
150 pages ou plusieurs nuits non-stop. Sa pensé trop rapide, s’égare rapidement au fil des
associations d’idées, il lui faut reprendre le passage. « Tiens, cela fait quatre pages » et il ne
saurait résumer. Il lui faut reprendre là. Les lignes du dessus et du dessous s’invitent sans arrêt.
Il lui faut redoubler d’attention et reprendre la ligne 1 fois voire 10 fois. Que veut bien dire l’auteur
qui parle du chauffage de la sardine alors que le texte est censé relater le chômage de Martine?
Si sa vue est plus ou moins bonne, son cerveau sans arrêt lui suggère des interprétations, des
associations qui peuvent l’entraîner à l’erreur, à la découverte, l’entraîner à la rêverie, à la
créativité. Dans sa relation aux autres, il est essentiel d’analyser ce qu’il voit, ce que les autres
en voit, alors il va développer des méthodes pour compenser, pour rectifier et paradoxalement
tout en restant aussi inattentif il va se concentrer et devenir un bon observateur « intuitif ».
L’intuition n’étant ici qu’un grand nombre d’interactions non-verbales, similaires à des séries
d’inductions et de déductions verbales.
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