LE DON SUPRÊME DE LA VIE RENDU PAR SRI SATHYA SAI À LA MÈRE D'UN ÉTUDIANT - ARAVIND BALASUBRAMANYA

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EN ROUTE POUR LE DARSHAN DU SEIGNEUR
L’aurore du 9 décembre 1986 était normale dans le saint hameau de Puttaparthi niché
au milieu des collines du district d’Anantapur dans l’Etat d’Andhra Pradesh, en
Inde. Le foyer des étudiants universitaires bourdonnait d’une intense activité, car
tous se préparaient pour les cours de la journée. Parmi les centaines d’étudiants qui
se dépêchaient, il y avait aussi M. V. Kumar, étudiant en MBA (maîtrise en
administration des affaires), au campus de l’Institut d’Enseignement Supérieur Sri
Sathya Sai.
Pour la plupart des étudiants de Puttaparthi, comme partout ailleurs sur la Terre, les
cours n’étaient pas la perspective la plus excitante de la journée, puisque le moment
le plus beau était la fin d’après-midi, quand ils se rendaient au darshan de leur bien-
aimé Swami, Bhagavan Sri Sathya Sai Baba, dans le mandir. Ainsi Kumar subit lui
aussi l’enchaînement des cours en attendant impatiemment que le soleil se rapproche
de l’Occident. Alors que la cloche de l’Institut retentissait pour la dernière fois,
Kumar fila droit jusqu’au foyer des étudiants pour se rafraîchir. Il ôta en vitesse
l’uniforme blanc qu’il portait et revêtit une tenue blanche impeccable et immaculée
qu’il avait gardée pour le darshan.
Quelques minutes plus tard, Kumar était déjà près de la porte d’entrée de l’ashram.
La Ganesha Gate, c’est un peu comparable à l’arrêt au stand, en Formule 1. La seule
différence, c’est qu’ici, on ne change pas de pneus dans les stands, mais on range ses
chaussures à l’entrée ! Et comme les pilotes rivalisent entre eux pour rester au stand
le moins de temps possible, les étudiants tentent de se débarrasser au plus vite de
leurs chaussures avant de filer vers le drapeau à damiers (entendez l’entrée du
mandir) pour y occuper une place de choix pour le darshan.
Tout en se débarrassant de ses sandales, Kumar observa à la dérobée quelques
étudiants qui dissimulaient prudemment les leurs. Dans un endroit comme Prasanthi
Nilayam où des milliers de personnes se rassemblent quotidiennement pour le
darshan, la perte de ses chaussures est une affaire courante. En fait, certains des
étudiants placèrent même une chaînette autour de leurs sandales avant de mettre
ensuite la clé dans leurs portefeuilles ! Cela amusa Kumar. Lui aussi avait sa propre
stratégie. Il laissait ses sandales tout près de chez lui, l’appartement A1 d’East
Prasanthi, tout juste à côté du mandir. La maison était un don de Swami octroyé à ses
parents en 1985 une bénédiction généreuse pour des âmes pieuses.
Une photographie de V. Kumar avec ses parents dans la pièce réservée aux entrevues.
Swami a signé la photo pour Kumar.
Le fait de laisser ses sandales à l’extérieur du temple est tellement symbolique et
riche de sens. Cela semble indiquer que nous devrions laisser dehors tout ce qui a été
contaminé par le monde extérieur avant d’entrer dans la maison de Dieu. Place au
monde intérieur, maintenant !
Alors que Kumar arrivait tout près de chez lui,
il vit son père à côté de la maison. Il paraissait
très inquiet et il semblait le chercher parmi les
‘’coureurs de F1’’. Le sourire qui ornait le
visage de Kumar disparut, car il savait que
quelque chose n’allait pas. Il se détourna et il
se précipita dans la direction opposée vers son
père.
‘’La mère est le premier dieu, le père vient ensuite,
puis le guru et enfin Dieu.’’ Kumar se rappela les
paroles de Swami tout en sacrifiant sa place de
choix dans le mandir pour découvrir quel était
le problème avec son père. Entre-temps, on
entendit un cri venant des ‘’pilotes’’ qui
avaient pris la tête. ‘’Ce n’est plus la peine !
Nous avons tous raté le darshan ! Swami est
rentré dans la pièce des entrevues avec un
groupe. ‘’
UNE TRAGÉDIE QU’AUCUN FILS NE PEUT SUPPORTER
Rassuré sur le fait qu’il n’avait rien raté dans la course du jour, Kumar s’approcha de
son père. ‘’Oh, Kumar !’’, dit celui-ci en s’évanouissant presque dans ses bras. ‘’Ta
mère s’est soudainement écroulée dans la maison cet après-midi et elle ne s’est pas
relevée depuis lors. Il y a des docteurs dans la maison qui supervisent la situation,
maintenant.’’
Kumar se précipita à l’intérieur et se rendit directement dans le living et ce qu’il vit là
lui donna l’impression qu’appeler cela un ‘’living’’ était plutôt quelque peu
paradoxal. Kumar se souvient de ces moments particulièrement pénibles :
‘’En entrant dans le living, j’ai pu voir presque tous les docteurs les plus réputés de
Puttaparthi à l’intérieur. Je me suis tourné vers la gauche et j’ai vu ma maman
allongée sur le lit raide, les yeux clos et les bras sur le côté. A droite, j’ai pu voir le
Dr Chari, le Dr Alreja, le Dr Shantamma et quelques autres. Il y avait un appareil
ECG branché qui émettait un signal faible. J’étais totalement décontenancé et muet.
Le Dr Chari s’est approché de moi, il a posé sa main sur mon épaule, il m’a emmené
dans la pièce avant et il a dit : ‘’Le pouls de ta mère diminue de minute en minute.
Nous faisons tout ce que nous pouvons du point de vue médical, mais elle ne réagit
pas du tout. Si cela continue, il est possible qu’il ne lui reste plus qu’une vingtaine de
minutes à vivre. Je pense que tu devrais te rendre au mandir, t’asseoir devant et
informer Swami de la situation. Il est le seul qui puisse la sauver.’’
Pour la première fois de ma vie, il m’a semblé qu’une tonne de briques me tombaient
dessus. Les paroles du docteur me sidérèrent et me pétrifièrent et je lui ai demandé :
‘’Monsieur, allez-vous aussi vous asseoir devant et essayer de parler à Swami ?’’
‘’Oui, je vais faire de mon mieux’’, acquiesça-t-il.
J’ai regardé mon père. Il était en larmes. Etant fils unique, je me suis soudain senti
plus responsable en termes d’expression émotionnelle et je lui ai dit :
‘’Papa, ne t’inquiète pas. Je vais essayer de parler à Swami. Swami est l’unique refuge
que nous avons.’’
Kumar sortit en trombe de chez lui et se précipita dans le mandir. Swami était encore
dans la pièce des entrevues et il entra directement dans le bhajan hall.
Maintenant, Kumar est un chanteur, par excellence. Innombrables sont les
expériences avec Swami où il a chanté seul. Kumar demanda aux autres chanteurs de
lui permettre de s’asseoir devant, à côté de la porte du bhajan hall. L’idée était d’être
la première personne que Swami verrait en sortant de la pièce des entrevues. Assis
en cet endroit stratégique, Kumar ferma les yeux et essaya de concentrer son esprit
sur la prière.
LA SOLITUDE DU CHAGRIN
Ceci s’avéra être une tâche herculéenne, car son mental était toujours peiné par des
pensées de sa mère qui se suivaient à la queue-leu-leu. Les souvenirs sont si
amusants. Vous vous détendez et vous songez à tous les moments où vous avez
pleuré et vous riez de vous-même. Puis, vous songez à tous les instants où vous avez
été heureux et vos yeux se remplissent de larmes Tandis que les souvenirs se
bousculaient, il avait simultanément un sourire et les larmes aux yeux. Sa
merveilleuse mère (quelle mère ne l’est pas ?) serait-elle toujours vivante, quand il
reviendrait ? Quand lui avait-il parlé la dernière fois ? Que lui avait-elle dit ? Bien
sûr, elle lui avait demandé s’il avait dîné ou non. Depuis les premiers mots qu’il se
souvenait qu’elle avait prononcés jusqu’aux tout derniers, tous étaient remplis
d’amour et de préoccupation à son égard. Et à présent, il pouvait perdre tout cet
amour et toute cette attention !
Il regarda à l’extérieur du bhajan hall et il vit le Dr Chari qui arrivait pour prendre
place devant le portique. Il faisait incontestablement tout son possible avec les autres
docteurs. Kumar jeta alors un coup d’œil à sa montre. Un quart d’heure avait déjà
passé depuis que le Dr Chari n’avait prédit qu’une vingtaine de minutes de vie pour
sa mère.
‘’Ce fut peut-être la seule fois dans ma vie estudiantine où j’ai eu l’impression que le
temps passait trop vite. Ma prière était : ‘’Oh Seigneur ! Quand vas-Tu sortir de la
pièce des entrevues ? Sais-Tu seulement que ma mère s’éloigne de moi à chaque
seconde qui passe ? Peux-Tu venir la sauver ? Je T’en prie !’’
Mon cœur se languissait de Sa présence physique. Tout semblait s’être arrêté. Mais
pas ma montre ! Tic-tac, tic-tac…Je continuai de regarder ma montre pour la nième
fois et je réalisai que plus de vingt minutes s’étaient écoulées. J’ai regardé le docteur,
assis plus loin, et je lui ai fait un signe en lui demandant si les vingt minutes s’étaient
bien écoulées. Je voulais savoir quels étaient ses sentiments concernant la situation. Il
m’a regardé, mais il n’a rien dit et cela n’a pas arrangé les choses pour moi. Je me suis
alors focalisé sur la poignée de la porte de la pièce des entrevues. Quand Swami
allait-Il appuyer dessus pour que je puisse Le voir ? Plus d’une demi-heure s’était
écoulée à présent. Ma tête me disait d’accepter ce qui semblait inévitable, mais mon
cœur refusait simplement d’obéir. Le combat interne s’intensifia et personne ne
pouvait comprendre ce qui m’arrivait. Je me sentais si seul…’’
QUAND LA TÊTE REPREND LE CONTRÔLE SUR LE CŒUR
La mort est une énigme. Elle suscite une crainte respectueuse. Elle ravive les peurs.
La mort arrive si simplement, mais elle est si compliquée à comprendre. C’est un
mystère que l’homme a cherché à résoudre depuis le commencement de la vie elle-
même. Presque chacun craint la mort si pas la sienne propre, au moins celle de ceux
ou de celles à qui l’on tient. Quelques rares élus seulement sont vraiment bénis de
réaliser que la mort n’est pas la fin, mais qu’elle accompagne simplement la vie,
comme la nuit accompagne le jour. Il y en a peu parmi nous qui pensent à la vie
après la mort, puisque nous sommes très occupés à vivre notre vie avant la mort ! Il
est donc compréhensible que la mort ou même sa seule perspective nous choque ou
nous paralyse.
On peut seulement compatir avec Kumar, lorsque son esprit raisonnable a pris le
contrôle de son cœur qui palpitait. Il s’est mis à mentalement dresser la liste de tous
les parents qu’il devrait appeler pour les prochaines funérailles. Il était triste qu’une
mort doive être la cause de la première visite de ces parents à Puttaparthi. Peut-être
que ceci était la manière dont Swami avait prévu d’attirer plus de membres de sa
famille sous son ombrelle divine, mais il ne voulait pas être le proverbial ‘’bouc
émissaire’’ pour cela ! Comment allait-il faire face à la perte de sa mère ? Kumar
parvint à se calmer en faisant taire son cœur qui protestait. Tout en essuyant une
larme qui perlait, il envisagea de se procurer du bois au village voisin de
Kothacheruvu à l’aide d’un tracteur pour les rites funéraires. Il songea aussi à ce qu’il
dirait aux ‘’autorités’’ de l’ashram pour prévoir et organiser un logement pour les
dizaines de personnes de sa famille qui arriveraient.
Kumar savait bien qu’indépendamment de comment il était, Swami avait toujours été à ses côtés.
Serait-ce encore le cas maintenant ?
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