Tuberculose de l’enfant à Conakry Barry Ihrahima et al
___________________________________________________________________________________________________
Health Sci. Dis: Vol 21 (1) January 2020
Available free at www.hsd-fmsb.org
enfants. Elle a été révélée positive chez 9 cas (18,75%).
Au plan évolutif, on note 328 (84,54%) cas de guérison,
39 (10,05%) perdus de vue et 21 (5,41 %) décès. Le
décès a été observé chez 13 (61,9%) enfants de moins de
5 ans et 8 enfants de plus de 5 ans (38,1%).
DISCUSSION
La fréquence hospitalière observé de la tuberculose était
de 2,3% sur 5 ans au service de pédiatrie de Donka ;
cette proportion n’était qu’indicative du fait que ce
service n’est pas le seul qui assure la prise en charge des
enfants atteint de tuberculose dans la région de Conakry.
Des proportions plus faibles ont été observées en Zambie
[8] au Sénégal [4]. Ce résultat prouve à suffisance que la
tuberculose de l’enfant est une réalité parmi les
pathologies pédiatriques rencontrées en Guinée. Les
deux sexes ont été équivalemment concernés dans notre
série tout en étant en accord avec d’autres auteurs [4,
9,10]. Malgré la prédominance masculine rien ne permet
d’affirmer que l’un des sexes est plus exposé que l’autre.
La tuberculose affecte de façon préférentielle les enfants
de moins de 5 ans comme rapporté dans la littérature
[2,11]. Notre résultat n’échappe pas à cette observation.
La prédilection de l’infection tuberculeuse pour cet âge
pourrait s’expliquer par la faiblesse de l’immunité chez
les enfants vivant dans un environnement propice à la
transmission de Bacilles de Koch ; elle traduit aussi un
échec de la lutte contre la tuberculose par la sous
vaccination des cibles aux BCG. La rareté des formes
asymptomatiques, la contagiosité minimes ou nulle
(infection latente) font oublier que l’infection constitue
l’entrée dans la tuberculose, l’enfant étant ensuite à
risque de développer dans l’immédiat la maladie et au
cours de sa vie [11]. La source de contamination
majoritairement mise en évidence dans 43,04% des cas
était le contage familial. Le contage est d’autant plus
important chez les enfants que le ratio adulte/ enfant
observé par certains auteurs était 1/5 enfants [11,15].
Nos résultats étaient superposables à ceux de Soumana.A
[10], Randriatsarafara [9] et Elmghari.M [12]. La
promiscuité, la durée de l’exposition et la forme clinique
de la tuberculose pourraient expliquer ce phénomène
sans oublier que la pauvreté, la malnutrition et l’infection
à VIH serviraient de lit à la tuberculose [16]. La
localisation médiastino-pulmonaire était de loin la plus
rencontrée, comme l’attestent plusieurs auteurs [11,
13,14] et la forme la plus contagieuse. Les affections
associées à la tuberculose ont été dominées par le
paludisme, la malnutrition et les parasitoses intestinales.
Cela s’expliquerait par le fait que ces affections
constituent les deux tiers des pathologies rencontrées en
zone tropicale. Par ailleurs, leur association morbide
ajoutée à celle du VIH pourrait avoir un impact négatif
sur le pronostic du malade. La proportion de positivité de
l’intradermo-réaction à la tuberculine observée dans cette
étude était légèrement inférieure au résultat de Soumana
A et col. (85,71%) [10]. Par contre, il faut noter qu’une
intradermo-réaction négative n’exclut pas le diagnostic
de tuberculose car le diamètre de l’induration est
fonction du degré de l’exposition au BK et de la richesse
en bacille du frottis du contaminateur et de la réaction
immunitaire de l’hôte. L’anergie à la tuberculine a été
observée par certains auteurs chez 14% des enfants
tuberculeux confirmés bactériologiquement [11].
L’examen direct des crachats ou du liquide de tubage
gastrique a révélé la présence de Bacille de Koch chez 9
malades sur 48. Le faible taux de réalisation de cet
examen est dû à la difficulté d’obtenir les crachats chez
les enfants surtout les moins de 5 ans et à un manque de
moyen financier de certaines familles face à la réalisation
du tubage gastrique. Par ailleurs, notre résultat rend
compte de la difficulté à apporter de preuves
bactériologiques par l’examen direct du fait que la
tuberculose de l’enfant est pauci bacillaire [2,11]. Les
risques d’infections des enfants contacts sont plus élevés
dans les pays pauvres. L’infection par le VIH et la
malnutrition ont un impact important sur l’épidémiologie
et la sévérité de la tuberculose Barry I. Koolo et Al.
Avaient trouvé dans leur étude sur 108 enfants
séropositifs (17 %), 22,2 % étaient suspects d’une
infection tuberculeuse, en absence de la confirmation
bactériologique, ils avaient utilisé le score adapté de
Crofton Horne et Miller) [16] très commode chez
l’enfant malnutri pour la mise en route du traitement
spécifique. La radiologie reste déterminante pour le
diagnostic de la tuberculose pulmonaire de l’enfant
compte tenu de la faible spécificité des manifestations
cliniques et de la difficulté de mise en évidence du BK
par examen direct [2]. Les opacités hilaires et latéro-
trachéales traduisant des adénopathies occupaient la 1ère
place parmi les aspects radiologiques rapportées dans
notre série. Cette observation était superposable à celles
de Delacour [2] et Elfihri [17], Simon Epsi[18], Ceci
serait en rapport avec le mode de contamination aérien
de la maladie. Nous n’avons pas observé des formes
méningées ni miliaire tuberculeuse probablement du fait
du taux élevé de couverture vaccinale au BCG des
enfants de notre série ; car l’apparition des formes graves
étant l’apanage des enfants non vaccinés. La proportion
de décès (5,41 %) observée majoritairement chez les
moins de 5 ans était proche de celle de Segbedji [14].
CONCLUSION
La tuberculose reste encore un problème de santé chez
les enfants en Guinée. Son tableau clinique est riche et
polymorphe. Le diagnostic de certitude par
l’identification du germe reste aléatoire du fait de la
faiblesse des plateaux techniques et repose
essentiellement sur la présence de faisceaux
anamnestiques, cliniques et radiologique. Les
localisations médiastino-pulmonaires et ganglionnaires
étaient les plus fréquentes. L’évolution était favorable
pour la majorité de nos patients à conditions d’un
traitement précoce, d’une observance rigoureuse et d’une
réduction des pertes de vue.
LIMITES DE L’ÉTUDE
Notre étude, du fait qu’elle était rétrospective a été
limitée sur la quantité d'informations et la qualité des
données que nous pouvions collecter sur les sujets en
fonction des enregistrements disponibles.