connues sous le nom d'Ivriim, ou Hébreux, "le peuple qui a traversé le fleuve". Plus
tard, Abraham, alors âgé de soixante-quinze ans, dit aux membres de sa tribu qu'il
avait entendu la voix de Dieu lui parler d'en haut, et que cette voix lui avait dit qu'ils
deviendraient le "peuple élu" de Dieu, s'ils suivaient les commandements que Dieu
lui avait donnés. Abraham leur dit que Dieu conduirait son peuple vers le sud, dans
le pays de Canaan (la "terre promise" qui comprend aujourd'hui Israël, la Jordanie, la
Syrie et le Liban), s'ils acceptaient de circoncire tous leurs descendants mâles. Ceux
qui le suivaient acceptèrent ce pacte, et la religion judaïque vit le jour.
Par la suite, pendant plusieurs siècles, les descendants d'Abraham se déplacèrent en
nomades dans le pays de Canaan, en vénérant leur Dieu, qu'ils appelaient JHVH
("Yahvé"), peut-être une variante de Jahou, qui était à l'origine le nom d'un dieu tribal
de la pluie. Puis au 16ème siècle avant notre ère, Joseph, un descendant d'Abraham,
conduisit une partie de la tribu hébraïque en Égypte, et par là même en esclavage,
finalement, pendant que d'autres demeuraient sur la "terre promise" de Canaan. Les
Hébreux qui avaient enduré l'esclavage en Égypte regagnèrent Canaan au 12ème
siècle avant notre ère, sous la conduite d'un nouveau chef appelé Moïse, qui avec son
code de conduite sociale, contribua à l'établissement d'une société respectueuse de la
loi et organisée. Mais durant les quatre cents ans de leur absence, les Cananéens
(ceux qui étaient restés sur place) avaient développé leur propre culture religieuse,
en empruntant beaucoup à leurs anciennes racines babyloniennes et à d'autres
influences indigènes.
Ils avaient adopté le concept mystique des deux aspects divins de la Vérité unique :
ils appelaient le premier aspect, transcendant et masculin, El ("le Premier") ou Baal
("le Seigneur") ; et l'autre aspect, qui était l'énergie créatrice se manifestant dans le
monde, ils le dépeignaient comme immanent et féminin, et l'appelaient Elat (la forme
féminine d’El), ou Baalat (la forme féminine de Baal). Elle était également connue sous
les noms d'Anat, d'Athirat ou d'Asherah, autant de variantes de l'Astarté syrienne ou
de l'Ishtar babylonienne. Le culte d'Ashera, la Déesse Mère, était cependant anathème
pour Moïse et pour les Hébreux récemment arrivés. Les cinq premiers livres de la
Bible hébraïque (le Pentateuque), traditionnellement considérés comme ayant été
écrits par Moïse, contiennent plus de 40 références à Ashera, où les Juifs récemment
arrivés d'Égypte en Israël sont mis en garde contre son culte.
Néanmoins, il est clair que certains groupes d'Hébreux adoptèrent le concept de la
Déesse ; en effet, en 1975 de l'ère actuelle, sur un site du désert du Sinaï appelé
Kuntillet Ajrud, les archéologues découvrirent des fragments d'une jarre de stockage
datant du 8ème siècle avant notre ère, comportant trois motifs, dont une femme jouant
de la lyre, avec une inscription faisant référence à "Yahvé de Samarie et son
Asherah".