déclenche les massacres, comme celui de la Première Guerre mondiale. Et il en résulte
toujours la conviction de ne pas avoir le choix. Ce consensus permet ainsi d'infliger
énormément de mal et de souffrance à une multude d'hommes, de femmes et d'enfants. Il
est donc crucial de se demander si ceci a du sens.
Une approche éthique consisterait à dire qu'une autodéfense légitime est possible, mais
uniquement en dernier recours, en utilisant la violence pour se défendre, lorsque toutes les
autres options ont été explorées. Elle exige également que nous n'utilisions que le minimum
de force nécessaire pour mettre l'agresseur hors d'état de nuire ou le maîtriser, et rien de
plus. La tradition bouddhiste, par exemple, n'interdit pas l'autodéfense, et elle a développé
des techniques d'arts martiaux comme le kung-fu et l'aïkido qui protègent la personne
agressée sans faire du mal à l'agresseur, ce qui n’est clairement pas le cas avec les morts et
les destructions considérables causées par les guerres qui se déroulent en ce moment
même au Yémen, au Congo, en Syrie, etc.
En fait, les cas de légitime défense sont extrêmement rares et, dans pratiquement tous les
cas de conflit, il existe des solutions sages et sincères qui ne sont ni vues, ni adoptées. "Nous
n'avons pas le choix" signifie généralement "Nous n'avons pas la sagesse d'agir autrement".
La plupart des guerres, y compris celle qui se déroule à Gaza au moment où j'écris ces lignes
ou celles qui se déroulent à l'heure où vous lirez ces lignes, sont alimentées par la peur,
l'insécurité, la colère ou la vengeance. Mais il s'agit là d'émotions individuelles et nationales
souvent attisées par les médias et les dirigeants politiques. Ces émotions provoquent un
aveuglement national, où les voisins sont diabolisés et étiquetés comme étant "l'ennemi". Il
devient alors impossible de communiquer réellement avec "l'autre" et de régler les
problèmes ensemble. La peur et l'insécurité sont dangereuses, parce qu’il est dans la nature
humaine de vouloir détruire l'objet ou la source de l’angoisse et de la peur, qui sont des
émotions inconfortables. La plupart des guerres se font au nom de la paix, mais en réalité,
elles ont comme objectif le confort, et plutôt que de remédier intérieurement aux peurs, on
vise à détruire leur source, extérieurement. Si on voit clairement ces émotions qui
envahissent la sphère sociale, on peut en assumer la responsabilité, s’en occuper et ne pas
permettre qu'elles se transforment en bombes et en roquettes. Si on ne s'identifie pas à ces
émotions et si on ne croit pas aux positions qui en découlent, tout semble différent. Tout à
coup, le soi-disant terroriste devient un jeune Palestinien qui a beaucoup souffert et qui a