-Mémoire signé par 1200 autres lettrés = consensus politique inouïe. Yuwei et Qichao fondent des journaux, des sociétés
d’études et des groupes de réunion (rappelle les clubs révolutionnaires français) pour diffuser, discuter et uniformiser les
idées = Ralliement des intellectuels sous de mêmes idées réformatrices, un deuxième mouvement de modernisation bien
mieux organisé (rappel de Li Hong Zhang et Zeng Guofan sur leur désaccord sur la création de chemins de fer).
-> Une pensée politique est développée et organisée par des intellectuels se plaçant comme les sauveurs de la nation chinoise
avec Yuwei à leur tête.
B) Les nouveaux réformateurs, remettre en question la modernisation superficielle des
partisans de l’Auto-renforcement
-Des intellectuels conscients des causes de l’échec du premier mouvement de modernisation (Manque de soutien de la part du
pouvoir étatique, opposition virulente de la part des autres mandarins, corruption des sous-fonctionnaires en charge
d’appliquer les réformes) = à cause du système. Ces intellectuels sont des réformateurs politiques ; Qichao accuse l’Empereur
d’être un monarque égoïste, que sa primauté sur tout ne repose sur rien. Veulent une monarchie constitutionnelle.
-Yuwei tente alors de trouver une justification idéologique, identitaire et culturelle à leurs idéaux politiques. Héritier du New
Text Movement = accuse la profusion extrême des strates interprétatives développées pendant des millénaires, ainsi que
l’altération, si ce n’est la destruction, des écrits originaux sous différents empereurs, d’avoir perdu le véritable enseignement
confucéen.
-1891 : Examen des faux Classiques de l’Ecole de la dynastie Xin – Liu Xin aurait par exemple voulu légitimer le règne de
l’Empereur de son temps (Wang Mang) en inventant la théorie de l’« Illustre régent » (monarque aux pouvoirs illimités,
suprêmement vertueux par essence par rapport à ses sujets) - Kang remet donc en question le principe même de monarchie
absolue et fait de Confucius au fil de ses autres ouvrages un penseur du changement social et du libéralisme.
->Ces nouveaux réformateurs veulent remodeler le système politique chinois qui bloque la modernisation du pays, mais le
but est d’ancrer leurs idées dans les fondements de la culture chinoise : la philosophie confucéenne, afin de convaincre le
pouvoir en place.
C) « Connaître les barbares pour vaincre les barbares »
-Des intellectuels parfaitement instruits sur la culture étrangère = partisans du libéralisme occidentale, Qichao a dirigé le
bureau des traductions à Shanghai (Datong Yishu Ju) créé en 1897 avec Kang Yuwei
-Des intellectuels parfaitement conscients du monde extérieur - Darwinisme sociale d’Herbert Spencer (la lutte constante des
nations entre elle pour leur survie). Ils prennent les exemples de la Turquie et de l’Inde, tombées en disgrâce car n’ayant pas
réussi à suivre le mouvement mondial.
-Utilisent ces théories pour montrer la nécessité de redynamiser la société chinoise par des réformes institutionnelles radicales
afin que le pays réussisse à rivaliser à nouveau face aux nations étrangères.
-> Cette deuxième génération de modernisateurs sont bien plus ouverts sur le Monde que leurs prédécesseurs. Ces lettrés
chinois se réapproprient une histoire dont ils ont été exclus, plus ou moins involontairement, pendant des siècles si ce n’est
des millénaires, et ici pour servir un but national.
II/La mise en place des réformes de Kang Yuwei et Liang Qichao, une réussite ?
A) Les plus modérés des radicaux
-En 1898, Kang Yuwei est convié à s’entretenir avec l’empereur Guangxu pendant plus de cinq heures, ce qui en fait
l’entretien officiel le plus long de l’Histoire de l’humanité, signe de l’importance de la teneur de cet échange. Comment
expliquer cette acceptation de Yuwei au sein de la cité interdite alors qu’il n’a cessé d’être censuré (3 fois en 10 ans pour son
Examen des faux Classiques de l’Ecole de la dynastie Xin), interdit de publication (pour ses journaux avec Qichao), et ses
réunions étudiantes dissoutes ?
-A la suite de l’humiliation de la défaite contre le Japon en 1895, Guangxu prend conscience de la nécessité d’accentuer la
modernisation de la Chine, alors, face à une cour mandarinale conservatrice, il choisit de s’entourer des plus modérés des
radicaux - La dualité existante au sein de cette génération de modernisateurs : Kang Yuwei et Liang Qichao, ces
« réformateurs constitutionnels » qui s’opposent aux « révolutionnaires républicains » de Sun Yat Sen.
-Yuwei parvient à convaincre et à inspirer confiance auprès de l’Empereur et des mandarins car c’est un personnage
charismatique, très sûr de lui, issu de la même classe sociale qu’eux, et il reste un confucéen orthodoxe.
B) Décentraliser par le haut pour éviter un délitement par le bas
-La Réforme des Cent Jours est lancée en 1898 par Guangxu avec Yuwei à sa tête. Liang y participe mais reste en arrière-
plan face à d’autres grandes personnalités comme Tan Sitong, qui est l’un des « Six gentlemen de la Réforme ».
-Le but est de redynamiser l’appareil politique, administratif et institutionnel chinois, et les réformes promulguées rejoignent
les revendications du mémoire de 1895 = remplacement des examens mandarinaux classiques par des épreuves scientifiques.