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MAMMON CONTRE MORALITE : UN COMBAT PERDU POUR QUI ? - RADIO SAI GLOBAL HARMONY

MAMMON CONTRE MORALITÉ :
UN COMBAT PERDU POUR QUI ?
L’histoire saisissante et révélatrice d’une dame qui a eu l’audace et la
ténacité de suivre le chemin de la vérité
Grâce à ses excellentes compétences interrelationnelles et à son expertise scientifique,
l’auteure était reconnue pour sa contribution remarquable au secteur pharmaceutique. Elle
était renommée pour ses normes éthiques et professionnelles les plus élevées. Jusqu’au jour
où elle se retrouva plongée dans un véritable bourbier moral, quand elle accepta un poste
lucratif dans une nouvelle compagnie, avant de se rendre compte que l’entreprise se braquait
uniquement sur la réalisation de bénéfices rapides en compromettant la qualité et les normes
réglementaires.
En falsifiant des données scientifiques, la compagnie espérait accélérer l’autorisation de
mettre sur le marché un nouveau médicament. Il y avait en jeu des millions de dollars en
financement pour la recherche, des millions de dollars supplémentaires pour sa vente
probable, les risques très graves qu’encourraient des millions de vies innocentes qui seraient
exposées au médicament et la chose la plus importante, la violation de sa conscience qui se
révoltait contre le programme d’une entreprise obnubilée par le profit instantané en
négligeant la sécurité concernant le médicament lancé sur le marché.
On estime que rien qu’en 2007, les cinq compagnies pharmaceutiques du top ont fait un
bénéfice d’environ 600 milliards de dollars. Chaque année, des firmes de recherche
pharmaceutique présentent des milliers de médicaments à la United States Food and Drug
Administration (USFDA). Une fois qu’ils sont approuvés, ces produits se retrouvent dans les
circuits de commercialisation et elles engrangent les bénéfices. Poussée par les forces du
marché et par la concurrence sévère, cette course peut parfois être influencée par l’avidité à
tout prix, y compris moral et humain. Une ancienne du secteur de l’industrie partage ici son
histoire.
‘’En 2006, j’ai accepté le poste de responsable des affaires réglementaires et cliniques dans
une firme pharmaceutique située dans une grosse métropole nord-américaine. C’était une
firme relativement modeste, mais j’étais convaincue que je pourrais faire une différence
énorme et positive dans l’organisation sur la base de mes accomplissements précédents. La
raison principale pour laquelle j’ai opté pour ce poste, c’était la proximité de la société par
rapport à ma résidence et à l’école de mes enfants.
Le président de la compagnie connaissait ma réputation d’employée bien considérée sur le site
de mon précédent travail. Il tenait à m’avoir dans le conseil d’administration comme membre
de l’équipe dirigeante pour construire la compagnie. J’étais enthousiaste à l’idée de consacrer
la totalité de mes compétences et de mon expérience au succès de cette compagnie. Chacun
semblait gagnant dans la situation.
Le bourbier moral
Etant quelqu’un de discipliné, je m’attelai de tout cœur au travail dès le premier jour. Dès le
premier mois de mon engagement, je commençai à percevoir des tendances troublantes sur
mon lieu de travail. Il semblait y avoir des problèmes et des irrégularités concernant
l’authenticité de documents scientifiques relatifs à un médicament développé pour le marché
nord-américain et européen.
Etant la responsable de la conformité réglementaire dans la société, je contrôlais tous les
documents préparés par les départements de la recherche, du développement et de la garantie
de la qualité dans le cadre d’une procédure d’examen pour la soumission de la demande
d’autorisation de mise sur le marché.
Il ne me fallut pas bien longtemps pour découvrir des irrégularités dans la documentation
scientifique. L’information présente dans la documentation pour la demande d’autorisation de
mise sur le marché n’était pas cohérente avec les données brutes réelles issues du test du
contrôle de la qualité. Le personnel scientifique responsable avait manifestement falsifié des
rapports.
L’idée d’exposer des milliers de patients à un médicament qui n’était ni sûr ni efficace était
énervante et s’opposait totalement à mes convictions éthiques. Naturellement, je m’alarmai et
je sentis qu’il était de mon devoir de faire part du problème à la direction.
Une mauvaise gestion de la part de la direction
Je soumis la question à
l’attention du président de la
compagnie en exprimant mon
inquiétude profonde, en citant
des exemples spécifiques de
données scientifiques
falsifiées. Je lui déconseillai
vivement de soumettre
l’information douteuse à
l’organisme de contrôle.
Je recommandai de
reformuler et de fabriquer de
nouvelles séries de
médicaments aux normes de
qualité acceptables pour des
essais cliniques. ‘’Mettons au rebut l’ancien lot et commençons à recueillir des données
scientifiques à partir d’une ardoise vierge’’, conseillai-je.
Il fit semblant de s’intéresser à mes préoccupations, mais il continua ses réunions avec le
personnel clé des départements de la recherche, du développement et de la garantie de la
qualité en mon absence. A la suite de ces réunions, il m’informa que rien ne clochait
réellement avec les données scientifiques et il insista sur le fait que le médicament était
acceptable pour la demande d’autorisation de mise sur le marché.
En utilisant une logique habile et des propos ingénieux, il s’efforça d’apaiser mes inquiétudes
et d’écarter toute suggestion d’irrégularité. L’idée de recommencer à zéro n’était pas la
bienvenue pour la raison évidente que cela retarderait l’autorisation de la commercialisation,
ce qui à sont tour entraînerait la perte de millions de dollars de revenus pour la compagnie.
Au cours des semaines qui suivirent, du travail administratif supplémentaire fut transmis au
service des affaires réglementaires et je déléguai à mon personnel la responsabilité de
rassembler et d’examiner les documents. Indépendamment de mon avis, une des expertes
réglementaires de mon service remarqua certaines informations scientifiques conflictuelles
fournies par le département de la recherche et du développement pour la soumission
réglementaire et elle me fit immédiatement part de ses inquiétudes. Il y avait une multitude de
divergences qui indiquaient des données scientifiques douteuses dans la documentation
fournie pour la soumission réglementaire.
Quand l’experte réglementaire interrogea le responsable du département de la recherche et du
développement à propos des erreurs dans les documents, il tenta immédiatement de modifier
les rapports en présence de l’experte réglementaire. Celle-ci fut profondément choquée de
constater les pratiques frauduleuses d’un responsable et elle me mit immédiatement au
courant en me montrant les documents falsifiés. J’allai trouver sur le champ le responsable de
la recherche et du développement et je le confrontai à la preuve des opérations frauduleuses.
Je lui expliquai l’impact négatif de ses actions, qui comprenait les actions réglementaires, la
santé et la sécurité des consommateurs, et la réputation de la société. Il ne parut pas trop
préoccupé par l’éthique ou par l’impact de ses actions frauduleuses sur les consommateurs,
car il avait le soutien d’autres membres clés du personnel de la société.
Au cours de mes réunions de routine avec le président de la compagnie, je mis en avant toutes
mes inquiétudes concernant la falsification des documents à plusieurs reprises. Il continua de
faire semblant de s’y intéresser, mais il ne fit rien pour corriger ni pour améliorer la situation.
Ces actions contraires à la déontologie et immorales commencèrent à affecter mon moral, ma
personnalité et ma santé.
Pendant ce temps-là, la firme oeuvrait encore pour obtenir des autorisations de
commercialisation en Europe pour quelques autres nouveaux médicaments formulés pour
traiter d’autres maladies. Vu les antécédents douteux, le personnel des affaires réglementaires
scruta chaque document provenant des départements de la recherche et du développement et
de la garantie de la qualité. Le personnel constata la présence de nouvelles inscriptions
douteuses dans divers documents, ce qui indiquait que le problème était endémique.
Aussi calmement que possible, je rencontrai à nouveau le président et je lui signalai que des
erreurs manifestes avaient été commises et que j’étais personnellement prête à aider la
compagnie à réussir en reprenant tout à zéro. J’avais suffisamment d’expérience dans ce
domaine et j’étais convaincue que la compagnie pouvait réussir à obtenir l’autorisation de
commercialisation pour son produit en suivant diligemment les procédures légales. J’avais
toujours procédé ainsi durant toute ma carrière et il était aussi possible d’arriver au même
résultat ici.
Le produit était sain et j’étais sûre qu’il serait autorisé et qu’il pourrait nous rapporter des
bénéfices en suivant la voie éthique. Il était clair, de par sa mimique, que le président n’était
pas enchanté à l’idée de recommencer toutes les procédures pour sauver le produit, puisque
ceci se traduirait par un retard dans l’autorisation du produit et donc à des pertes de revenus
pour la compagnie et pour les actionnaires.
Une conscience perturbée conduit au calvaire
La situation troublante au travail était dévastatrice pour ma santé – physique, mentale,
émotionnelle et spirituelle. Je ressentais une profanation intérieure, de part le fait de faire
partie d’un système où mon souci de suivre la voie juste pour obtenir la réussite commerciale
était totalement ignoré. Etant de par nature une personne calme et patiente, cela devenait clair
pour moi et mes proches constatèrent que je devenais plus agitée, plus irritable et plus
impatiente dans mon comportement. Je me voyais agir et réagir d’une façon qui ne me
correspondait pas. Je reflétais les perturbations de mon cadre de travail. Je me trouvais à un
carrefour de ma vie où tout semblait en conflit et incompatible. Mes valeurs personnelles et
éthiques étaient en guerre avec mon environnement de travail.
Je m’arrêtais souvent pour réfléchir à ce qui se passait en faisant usage de mon discernement.
J’agissais en accord avec ma conscience en révélant les agissements malhonnêtes et les abus.
En m’efforçant d’orienter la compagnie dans la bonne direction, je proposais des options et
des conseils pour faire des affaires d’une manière éthique. Je communiquais clairement les
conséquences d’actes frauduleux. Ma conscience était certainement en accord avec mes
valeurs enracinées, même si mon cadre de travail ne s’alignait pas sur mes valeurs éthiques.
Je passai manifestement un temps considérable à prier Bhagavan Baba pour qu’Il me guide,
pour qu’Il m’encourage et pour qu’Il me fournisse une orientation sur la manière de gérer ma
situation. Les débats faisaient continuellement rage à l’intérieur de moi et mon agitation était
difficile à ignorer. Les examens de conscience, les insomnies, le fait de douter de moi et les
conflits intérieurs continuaient de me ronger. Tous les jours, je rentrais chez moi très stressée
et je pouvais à peine me concentrer sur ma famille. Ma tension artérielle grimpa en flèche et
je trouvais pénible de m’obliger à me rendre au travail et de fermer les yeux devant la fraude
qui se poursuivait sous mon nez.
Je ne cessais de me questionner sur la façon dont Swami me demanderait de gérer la situation.
Je réalisai rapidement que j’avais tout tenté pour corriger les activités immorales en cours et
que j’avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour provoquer un changement positif dans la
situation. J’avais sollicité des réunions avec tous les acteurs clés dans la société pour leur faire
part de mes graves inquiétudes et pour les avertir des conséquences possibles pour la société,
s’ils continuaient leurs activités malhonnêtes et leurs combines.
L’instant de vérité
Après m’être assurée que je n’avais rien négligé pour rectifier la situation et pour orienter la
société dans la bonne direction, je compris qu’il était temps pour moi de faire face à l’instant
de vérité. De retour chez moi, je m’assis devant l’autel de Baba et je m’abandonnai totalement
à Lui pour qu’Il me guide dans l’étape suivante. Pendant ma méditation, je me sentis très
solide et très positive par rapport aux mesures que j’avais prises ces derniers mois en me
basant sur de forts principes éthiques. Je sentis que la seule option qui me restait, c’était de
quitter tout de suite la compagnie. Je décidai alors de discuter de ma décision avec ma famille.
Je m’inquiétais de la réaction possible des membres de ma famille par rapport à la perte d’un
salaire à six chiffres dont nous avions tous profité !
Je fis part à ma famille de ce que j’étais en train de traverser et je rappelai à tous que je
rapportais à la maison un salaire attractif, mais je sentais maintenant qu’il émanait d’une
source immorale et je ne pouvais pas continuer à vivre avec cela. Il n’y avait aucune éthique
au travail et des vies humaines étaient en jeu à cause des malversations de la société. Je leur
expliquai la précipitation de la compagnie à commercialiser le produit et les compromis qui
étaient faits en cours de route avec des implications dangereuses pour la santé des malades.
Ma famille sympathisa complètement avec ma situation difficile et elle soutint entièrement
ma décision. Qui plus est, ils étaient aux premières loges pour constater l’impact du stress sur
ma santé et sur ma personnalité !
Une décision dharmique
Forte du soutien de ma famille et de la
satisfaction d’avoir fait de mon mieux
pour corriger la trajectoire morale de la
compagnie, je remis ma démission et je
quittai mon travail. Quel soulagement
ce fut ! Je ressentis un sentiment de
bien-être libérateur, dès que je pus
m’affranchir de la situation. J’étais
absolument sûre d’avoir pris la bonne
décision et que Bhagavan m’avait
guidé de bout en bout durant toute cette
expérience. Rien ne pouvait être
meilleur que ma décision d’adhérer à la
rectitude ou au dharma.
Comme pour me récompenser d’avoir
suivi ma conscience dans la rectitude
sans être infectée par l’environnement,
par la grâce de Bhagavan, on me
proposa un poste de directrice de la
conformité clinique dans l’une des plus
grandes compagnies pharmaceutiques
du monde, moins de trois mois après avoir démissionné de mon travail précédent.
La nouvelle société attribue une grande valeur à l’éthique et est mondialement reconnue pour
son assistance humanitaire. Les valeurs de la compagnie sont conformes aux valeurs
humaines et les employés sont encouragés à pratiquer chaque mois une valeur de leur choix.
En fait, le président de la nouvelle compagnie fait régulièrement des exposés sur les valeurs
sur le lieu de travail. La compagnie a même obtenu une récompense pour avoir fait le plus de
dons aux pays déshérités en 2007.
Aujourd’hui, Bhagavan m’a finalement trouvé ce qui me correspondait parfaitement en terme
de carrière et je suis en harmonie avec les idéaux de la compagnie. Mon sens des principes
s’accorde avec la vision d’entreprise de mon employeur actuel. Le cadre du travail favorise
ma pratique personnelle des valeurs, sans la moindre place pour les compromis moraux.
C’est un terrain idéal pour intégrer la spiritualité dans la vie professionnelle. Il n’y a pas de
conflit entre les deux. Le travail est adoration. Chaque instant est sacré. Aurais-je pu
demander une meilleure opportunité de croissance spirituelle ?
Pendant ce temps-là, dans mon ancienne société, les activités contraires à la déontologie se
sont poursuivies, mais le mauvais karma les a rattrapés. Le président a été démis de ses
fonctions et la compagnie est maintenant au bord de la faillite. En aucune manière, je ne
ressens que leur situation désolante ne m’a donné raison. Beaucoup de vies ont été
défavorablement affectées par le manque d’envergure morale de quelques dirigeants. Quand
les leaders faillissent, c’est la société toute entière qui en pâtit.
Mon expérience est un témoignage en faveur du fait de suivre la voie dharmique dans ma vie
professionnelle et dans ma vie personnelle. Beaucoup d’entre nous passent par des défis
similaires sur leur lieu de travail où la priorité est donnée à l’argent plutôt qu’à la vérité ou à
la conduite juste, de nos jours. Lorsque nous suivons et lorsque nous pratiquons vraiment les
valeurs humaines et lorsque nous écoutons notre conscience, nous sommes guidés jusqu’à la
victoire finale par notre bien-aimé Bhagavan.
Comme Swami l’a signalé dans cet extrait de discours divin prononcé lors de la cérémonie de
remise des diplômes en 1996, dont les paroles sont un rappel permanent de suivre le dharma,
quelle que soit la situation dans laquelle on peut se trouver : ‘’Qu’importe la situation dans
laquelle vous pourrez vous trouver dans vos carrières officielles, ne cédez jamais au
mensonge. Vous devez défendre le dharma, ce qui veut dire agir en accord avec votre
conscience. C’est le sens du dicton upanishadique ‘’Sathyam Vadha, Dharma Chara’’
(Dites la vérité, suivez ce qui est juste). C’était le conseil donné par les sages à leurs
disciples, quand ils terminaient leurs études.’’
(En raison de la sensibilité du contenu, l’identité de l’auteure n’a pas été divulguée. En plus
de poursuivre sa carrière au sein du géant pharmaceutique, elle continue de servir
l’Organisation Sri Sathya Sai dans sa ville avec dévotion et gratitude. Elle ajoute encore :
‘’Alors que j’utilisais mon ordinateur pour dactylographier cette expérience, soudain, la
photographie de Bhagavan et Sa parole ‘’Pourquoi avoir peur, quand Je suis ici ?’’ sont
apparues sur l’écran de mon ordinateur. Pour moi, ce fut un éclair merveilleux de
confirmation divine, non seulement de mon expérience, mais aussi de ma décision de la
partager avec mes frères et mes sœurs qui aspirent à suivre la voie de la justice.’’)
Illustrations : Mme Lyn Kriegler Elliot
(Référence : Magazine Heart2Heart de Radio Sai Global Harmony Octobre 2008)