En utilisant une logique habile et des propos ingénieux, il s’efforça d’apaiser mes inquiétudes
et d’écarter toute suggestion d’irrégularité. L’idée de recommencer à zéro n’était pas la
bienvenue pour la raison évidente que cela retarderait l’autorisation de la commercialisation,
ce qui à sont tour entraînerait la perte de millions de dollars de revenus pour la compagnie.
Au cours des semaines qui suivirent, du travail administratif supplémentaire fut transmis au
service des affaires réglementaires et je déléguai à mon personnel la responsabilité de
rassembler et d’examiner les documents. Indépendamment de mon avis, une des expertes
réglementaires de mon service remarqua certaines informations scientifiques conflictuelles
fournies par le département de la recherche et du développement pour la soumission
réglementaire et elle me fit immédiatement part de ses inquiétudes. Il y avait une multitude de
divergences qui indiquaient des données scientifiques douteuses dans la documentation
fournie pour la soumission réglementaire.
Quand l’experte réglementaire interrogea le responsable du département de la recherche et du
développement à propos des erreurs dans les documents, il tenta immédiatement de modifier
les rapports en présence de l’experte réglementaire. Celle-ci fut profondément choquée de
constater les pratiques frauduleuses d’un responsable et elle me mit immédiatement au
courant en me montrant les documents falsifiés. J’allai trouver sur le champ le responsable de
la recherche et du développement et je le confrontai à la preuve des opérations frauduleuses.
Je lui expliquai l’impact négatif de ses actions, qui comprenait les actions réglementaires, la
santé et la sécurité des consommateurs, et la réputation de la société. Il ne parut pas trop
préoccupé par l’éthique ou par l’impact de ses actions frauduleuses sur les consommateurs,
car il avait le soutien d’autres membres clés du personnel de la société.
Au cours de mes réunions de routine avec le président de la compagnie, je mis en avant toutes
mes inquiétudes concernant la falsification des documents à plusieurs reprises. Il continua de
faire semblant de s’y intéresser, mais il ne fit rien pour corriger ni pour améliorer la situation.
Ces actions contraires à la déontologie et immorales commencèrent à affecter mon moral, ma
personnalité et ma santé.
Pendant ce temps-là, la firme oeuvrait encore pour obtenir des autorisations de
commercialisation en Europe pour quelques autres nouveaux médicaments formulés pour
traiter d’autres maladies. Vu les antécédents douteux, le personnel des affaires réglementaires
scruta chaque document provenant des départements de la recherche et du développement et
de la garantie de la qualité. Le personnel constata la présence de nouvelles inscriptions
douteuses dans divers documents, ce qui indiquait que le problème était endémique.
Aussi calmement que possible, je rencontrai à nouveau le président et je lui signalai que des
erreurs manifestes avaient été commises et que j’étais personnellement prête à aider la
compagnie à réussir en reprenant tout à zéro. J’avais suffisamment d’expérience dans ce
domaine et j’étais convaincue que la compagnie pouvait réussir à obtenir l’autorisation de
commercialisation pour son produit en suivant diligemment les procédures légales. J’avais
toujours procédé ainsi durant toute ma carrière et il était aussi possible d’arriver au même
résultat ici.
Le produit était sain et j’étais sûre qu’il serait autorisé et qu’il pourrait nous rapporter des
bénéfices en suivant la voie éthique. Il était clair, de par sa mimique, que le président n’était
pas enchanté à l’idée de recommencer toutes les procédures pour sauver le produit, puisque