Partout il y a eu cette même faim de connaissance de la réalité ultime vers
laquelle toute vie converge. Ainsi que le dit le Prof. Josiah Royce dans
‘’Studies of Good and Evil’’, ‘’si vous remontez dans le passé plus loin
qu’Eckhart, plus loin que Denys, plus loin que Plotin, bien au-delà et avant
l’ère chrétienne, vous trouverez, comme je l’ai déjà dit, dans l’aurore même de
la pensée hindoue, dans les Upanishads, le même problème, avec les mêmes
éléments…on conçoit déjà le monde comme le monde du Soi absolu.’’ Les
sages védiques définissent l’Absolu comme ‘’le Dieu unique caché dans tous
les êtres, omniprésent, le Soi absolu à l’intérieur de tous les êtres qui
contemple toutes nos activités, le Témoin, Celui qui perçoit, l’Unique.’’
(Svetasvatara Upanishad) ‘’Il est sage de reconnaître que toutes les choses
sont unes’’, déclare le Grec, Héraclite et Plotin, le néo-platonicien écrit : ‘’Le
Bien n’est pas extérieur à qui que ce soit, mais Il est présent dans toutes
choses, même si celles-ci l’ignorent’’ ; et un poète soufi chante :
‘’J’ai mis de côté la dualité. J’ai vu que les deux mondes ne font qu’un ; Je
cherche l’Un, je connais l’Un, je vois l’Un, j’invoque l’Un ; Il est le premier,
Il est le dernier, Il est l’extérieur, Il est l’intérieur.’’
L’effort pour percer le voile et pour se retrouver face à face avec l’Un a poussé
les hommes de partout à concevoir des méthodes pratiques de développement
spirituel. En Inde, on a systématisé ces méthodes en une science connue sous
le nom de yoga, un terme sanskrit qui signifie littéralement ‘’union’’ – une
union entre l’Absolu et l’individu, entre Dieu et l’adorateur, entre le Soi
supérieur et le moi inférieur de l’homme ; ce que les mystiques chrétiens
nomment ‘’Unio Mystica’’ ou union mystique.
‘’Quelle est donc cette union ?’’, lisons-nous dans la Theologia Germanica.
‘’Que l'on soit purement, humblement, véritablement et entièrement un avec
la simple et éternelle volonté de Dieu ; que l'on soit sans volonté soi-même,
que la volonté créée rejoigne la volonté éternelle, se confonde avec elle et s’y
anéantisse, que la volonté éternelle demeure, désire et agisse toute seule.’’ Ou
comme il est dit dans la Mundaka Upanishad : ‘’Le sage qui est parvenu
jusqu’à Lui qui est omniprésent, dévoué à Lui, entre en Lui complètement…
Qui connaît le plus haut Absolu devient semblable à Lui et s’unit à Lui.’’
Qu’il n’y ait aucune différence fondamentale entre les mystiques d’Occident
et les mystiques d’Orient devient de plus en plus évident, lorsque nous
étudions sans préjugés, car nous retrouvons cette même aspiration intense et
partagée à rejoindre l’Ultime, à résoudre l’énigme de l’Invisible. Tous sont
conduits similairement dans leurs efforts à la même pratique du
discernement, du renoncement, de la concentration et de la contemplation qui