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Tumeurs de Pancoast-Tobias avec envahissement vertébral : classification anatomo-chirurgicale, technique d’exérèse, résultats.
RACHIS - Vol. 16, n°2, Juin 2004
Malades et Méthodes
De Janvier 1980 à Novembre 2003, 100 patients pré-
sentant un cancer broncho-pulmonaire envahissant la
jonction cervico-thoracique responsable d’un syndro-
me de Pancoast et Tobias ont été opérés par cervico-
thoracotomie trans-claviculaire dans notre service.
Parmi ces patients, la tumeur envahissait l’angle costo-
vertébral (Stade I) dans six cas (6%) nécessitant la
résection concomitante de l’apophyse transverse et
une ostéotomie tangentielle de 10 % du corps verté-
bral. Ces six patients n’ont pas été inclus dans l’étude
et ont été assimilés au groupe sans envahissement du
rachis. Depuis octobre 1994, 21 patients (21%) avaient
un envahissement direct d’au moins deux trous de
conjugaison intervertébraux par la tumeur. Ils ont été
opérés par double abord chirurgical associant un abord
postérieur à la cervico-thoracotomie trans-claviculai-
re. Ces 14 hommes et de 7 femmes avec un âge moyen
de 47 ans (extrêmes : 37-71ans) sont la base de cette
étude.
Le bilan préopératoire comprenait des radiographies tho-
raciques standard du thorax ainsi qu’une imagerie par
résonance magnétique (IRM) centrée sur les trous de
conjugaison intervertébraux concernés. L’envahissement
vasculaire était systématiquement recherché par une
aorto-artériographie des troncs supra-aortiques, une
phlébographie et une échographie-doppler. De même,
une artériographie médullaire a toujours été effectuée à
la recherche d’une artère médullaire naissant en regard
des trous de conjugaison envahis par la tumeur. La pré-
sence d’une telle artère représente une contre-indication
à la résection chirurgicale étant donné le risque de para-
plégie postopératoire.
L’envahissement des trous de conjugaison interverté-
braux a toujours été diagnostiqué en pré-opératoire à
l’IRM (figure 2). Aucun de ces patients ne présentait
d’envahissement du canal médullaire. Un tel envahis-
sement représente pour nous une contre-indication
chirurgicale. Un traitement néo-adjuvant a été effectué
chez 9 patients, comprenant une chimiothérapie isolée
dans 8 cas et une chimio-radiothérapie dans un cas. Un
autre patient avait eu une tentative de résection tumo-
rale par thoracotomie dans un autre centre.
Technique chirurgicale
Le monitorage comprend une pression artérielle san-
glante, une voie veineuse centrale et une température
rectale. Une intubation trachéale sélective (sonde de
Carlins) est mise en place. Le patient est placé en
décubitus dorsal, la tête en extension et tournée du
côté opposé à la tumeur.La partie supérieure de l'hé-
mithorax et le cou sont soulevés par un billot.
L'incision cutanée est faite en L inversé comprenant
une branche verticale suivant le bord antérieur du
sterno-cléido-mastoïdien depuis la mastoïde jusqu'au
dessous de la fourchette sternale et une branche hori-
zontale le long du bord supérieur de la deuxième côte
et prolongée dans le sillon delto-pectoral (figure 3).
Le chef sternal du sterno-cléido-mastoïdien est sec-
tionné en laissant une longueur de tendon suffisante
pour permettre sa reconstitution en fin d'intervention.
Par cet abord, une exploration cervico-thoracique per-
met de s’assurer que la tumeur est extirpable de
manière carcinologique. Dès lors, la moitié interne de
la clavicule est sectionnée à la scie et désarticulée du
sternum et sera préservée comme greffon osseux. Un
volet musculo-cutané à charnière postéro-externe est
constitué. La résection tumorale est alors menée en
trois étapes : dissection des veines, des artères et
Figure 3 : Incision cutanée de la cervico-thoracotomie. Elle est faite en L
inversé comprenant une branche verticale suivant le bord antérieur du
sterno-cléido-mastoïdien depuis la mastoïde jusqu'au dessous de la four-
chette sternale et une branche horizontale le long du bordsupérieur de la
deuxième côte et prolongée dans le sillon delto-pectoral.