59
••••••••
Mondiale duTourisme estime à700
millionsle nombredevoyagestrans-
frontaliers parandansle monde. En
1950,cesmouvements internationaux
étaientestimésà25millions; en 2020,
ilsseront1,5milliard(croissance
annuelle de 4,3%). EnFrance,cesont
prèsde 4,5millionsde personnesqui
vontséjournertous lesansen zone
tropicale [1,2];b)Lesmigrants repré-
sententladeuxième population à
risqueenraison de leurs conditionsde
vie difficilesdansleur pays d’origine
(lesmigrationspour raison économique
expliquent90%desphénomènes
migratoires)etde leur parcours migra-
toireparfoistrès«aventureux »;c)Les
patients immuno-déprimésreprésen-
tentune troisième population,notam-
mentceux exprimantdesparasitoses
opportunistesvolontiers responsables
de tableaux sévères; d) Enfin,les
enfants (parfoisaussilespersonnes
âgées)vivanten collectivitéposent
régulièrementdesproblèmesde traite-
mentde certainesPI.
Danscequivaêtredéveloppé ci-
dessous,certainslecteurs serontpeut
êtresurprisdeschangements de ter-
minologie. Ilssontliésàune volonté
d’homogénéisation parrapport aux
terminologiesinternationales.Ainsi
lesparasitosesfinissantpar«asont
maintenantune terminaison en «os
(ascaridiaseascaridiose;amibiase
amoebose). Parailleurs,lalambliase
«n’existeplus »etne devraitplus
sappelermaintenantquegiardiose. De
même,lesbilharziosesdevraientmain-
tenantsappelerschistosomoses.
Parasitosesintestinales
connues
Sansreprendrelacomplexitédecer-
tainscyclesparasitairesdontcertains
fontappel à2voire3tesintermé-
diaires,rappelonsquelesparasitessont
issus de 2grandsgroupes,lesproto-
zoaires(unicellulaires)etlesta-
zoaires(pluricellulaires). Enpatholo-
gie humaine,lestazoairesexistent
surtout parleshelminthes(parasites
sous forme de vers)dontlaparticula-
ritéest d’avoiruncycle en 2phases
quivontêtreresponsablesde consé-
quencesphysiopathogéniquestrès
différentesnotammentdansle cadre
desPI.Ainsi,laphaselarvaireva
êtreparadoxalementresponsable de
tableaux parfoistrèssévèresalors que
lesmanifestationscliniquesaustade
adulteduparasitesonten général
bénignesetmême trèssouventasymp-
tomatiques[3].
EnmatredePI, le diagnosticpositif
vareposeressentiellementsur lavisua-
lisation duparasiteàl’examen micro-
scopiquedirectdesselles(examen
parasitologiquedesselles(EPS)par-
foisaprèsconcentration (parexemple
techniquedeBaermann pour lastron-
gyloïdose/anguillulose),culturesou
techniquesscifiques.Pour une ren-
tabilitéoptimum,troisrèglessontà
respecter:1) examen «àchaudes
selles,certainsprotozoaires(amibes,
giardiatanttrèsfragiles,cequi
imposeune émission dessellesaulabo-
ratoireavecexamen immédiat; 2)répé-
tition desexamens(3àquelquesjours
d’intervalle) ;3)signalementaubio-
logistesil’on penseàunparasiteinha-
Objectifspédagogiques
Connaîtrel’épidémiologie des
parasitosesrares;
Connaîtreleur tableauclinique;
Savoirprescrirelesexamenscomplé-
mentairesutiles;
Connaîtreleur traitementcuratif.
Connaîtrelesrecommandationsou
traitements préventifs.
Introduction etrappels
Lesparasitosesintestinales(PI),d’une
banalitéabsoluedansle monde en
veloppement(l’ascaridioseaffectele
quart de lapopulation mondiale),sont
devenuesrelativementraresdansles
pays industrialisésetparconséquent,
de moinsen moinsbien connues.
Pourtant,ellessontnon seulementloin
d’êtreexceptionnelles,maislamon-
dialisation devraitlogiquemententraî-
nerune augmentation dessituations
oùgénéralistesougastro-entérologues
vontseretrouverfaceàunproblème
de diagnosticoude traitementde ces
parasitoses.
Même sin’importequel résidentfran-
çaispeut contracterde fon occa-
sionnelle une PI, on peut identifier
4populationsparticulièrementà
risques:a)Lesvoyageurs etexpatrs,
notammentceux séjournantdansdes
conditionsaventureusesouproches
despopulationslocalessontlespre-
miers concersdufaitde l’augmen-
tation spectaculairedesvoyagesinter-
continentaux.Eneffet,l’Organisation
O.BOUCHAUD
(Bobigny)
Tirésàpart :OlivierBouchaud,Servicedesmaladiesinfectieusesettropicales,
hôpitalAvicenne,125ruedeStalingrad,93009Bobigny.
moléculesnouvellessontapparues
(ivermectine,nitazoxanide,triclaben-
dazole,…),d’autresontvuleur spectre
d’indicationss’étendredefon parfois
étonnante(ivermectine,albendazole,
…). Enpratique,dansle cadredespara-
sitosesdigestivesetnotammentintes-
tinales,on peut résoudrelamajorité
dessituationscliniquesavec4anti-
parasitaires:le métronidazole,l’iver-
mectine,l’albendazole etle prazi-
quantel [3].
Pour aborderlaquestion posée de
fon concrèteetpragmatique,nous
nous sommesefforcésd’évoquerles
différentessituationsoùungastro-
entérologuepeut êtreconfrontéà
une PI.C’est cettelogiquequiservira
de fil guide pour lasuite. Pour rester
dansl’espritd’untextesynttique,
seulslespoints importants pour
lapratiquecliniqueserontévoqués.
LetableauIrésume cesdifférentes
situationsetle tableauII synttise
lesprincipalesdonnéesàconnaître.
Pour plus d’informationssur lesPI
citéeson peut consulterlesréférences
3et5.
Principalessituations
oùune PI
peut/doitêtrvoquée
Retour d’unséjour
en zone tropicale
DIARRHÉE AVEC SYNDROME
DYSENTÉRIQUE
Deux parasitosespeuventêtrvo-
quées.Lamoebose(amibiase) intesti-
nale,présentedanstout le monde tro-
picalmaisdevenuerelativementrare
chezle voyageur,donne destableaux
trèsvarsallantdusyndrome dysen-
tériqueclassiqueavecsang dansles
sellesàdestableaux non scifiques.
Ilnyapasoupeude fièvre. Dansce
contexte,le principaldiagnostic
différentiel est lashigellose. La séro-
logie est souventnégative. Une cure
d’Intétrix(amoebicide de contact)est
recommandée en complémentdu
tronidazole pour éviterlesrécidives
(persistancedekystesdanslalumière
intestinale) [3,5].
bituel pour bénéficierdestechniques
scifiques(cyclospora, cryptospori-
die,microsporidie,…) [3].La visuali-
sation de cristaux de CharcotLeyden
(cristallisation de produits de dégra-
dation despolynucaireséosinophiles)
est ulémenten faveur de lapré-
sencedunhelminthe (maisd’autres
hypotsessontpossiblescomme une
allergiealimentaire).Parcontre,dans
lesPI, lessérologiessontd’unintérêt
limité.
L’hyperéosinophilie aune valeur pré-
somptivedudiagnosticde PI impor-
tantedansuncontextvocateur bien
quecelasoitlimitéaux helminthoses.
Sa définition doitêtrebien connuepour
éviterde partirsur de faussespistes:
elle sedéfinitparune valeur absolue
de polynucaireséosinophilesàplus
de 500 /mm3 .Elle est d’autantplus éle-
vée quel’helminthe est en phaselar-
vaire,pouvantallerjusquà10
000/mm3[4].Ilnefaut cependantpas
perdredevuequel’hyperéosinophilie
n’est passcifiquedesparasitoses.
Cesdernièresannées,lesantiparasi-
tairesontbeaucouvolué. Certaines
60
••••••••
TABLEAUI
PRINCIPALES SITUATIONS OÙ UNE PARASITOSE INTESTINALE PEUT ÊTRE ÉVOQUÉE
Diarrhée avecsyndrome dysentériqueamoebose,balantidiose
Diarrhée chroniquegiardiose,amoebose,cyclosporose,cryptosporidiose,
microsporidiose,isosporose,strongyloïdose,
distomatosesintestinales
Voyageurs auretour
Signesgénéraux avecsignesdigestifsankylostomose,ascaridiose,strongyloïdose
de zone tropicale
(primo-invasion) (anguillulose),schistosomoses(bilharziose),
trichinellose,toxocarose,
Tableaudyspeptiquegiardiose,téniase,ascaridiose,ankylostomose
Dépistage systématiquesouhaitable àl’arrivée Touteslesparasitosesetnotammentstrongyloïdose
etschistosomoses
Migrants Dyspepsie,diarrhée,hépatopathie,hyperéosinophilie giardiose,amoebose,ankylostomose,ascaridiose,
schistosomoses,strongyloïdose,téniase,
distomatosesintestinales
Diarrhée etdéficitimmunitairegiardiose,cryptosporidiose,microsporidiose,
isosporose,cyclosporose
Tableaude primo-invasion d’helminthosetrichinellose,toxocarose
Pasde séjour en zone tropicale Signesgénéraux sévèresettroublesdigestifsanguillulose(strongyloïdose) maligne oudisséminée
avecimmuno-dépression
syndrome pseudo-occlusif oupseudo-ulcéreux anisakidose(anisakiase)
Enfants en collectivitéoxyurose,giardiose
–15à20 cm:ascaris(émission parlessellesouvomissements)
Visualisation (parfoisfortuite) –1à5cm:ankylostome,trichocéphale,anisakis(endoscopie)
de vers (àl’œil ouendoscope) –<1cm:oxyure,Capillariaphilippinensis(marge anale ouendoscopie)
anneaux plats :ténia, bothriocéphale (marge anale,sous-vêtements)
couvertefortuitecysticercose,dracunculose,filariose,hydatidose,porocéphalose
de calcificationsabdominales
ridiose,isosporosesontpossibleset
donnentdesdiarrhéespasoupeu
briles,rarementabondantes.Acôté
de laclassiquemaisfréquente(notam-
menten Russie ettout particuliè-
rementStPetersbourg) giardiose
(ex-lambliase) etde l’amoebose,4pro-
tozoosesditesémergentesdoiventêtre
connuesmême siellesrestentrelati-
vementrares[6,7]:a)La cyclospo-
rose(Cyclosporacayetanensis)aété
La balantidiose(Balantidiumcoli)
est rare,rencontrée surtout dansles
zonesd’élevage de porcs.Sa patho-
génie est discutée maisil semble que
danscertainscas(infestation mas-
sive?),unsyndrome dysentériquesoit
possible [3].
DIARRHÉE CHRONIQUE NON SPÉCIFIQUE
Giardiose,amoebosemaisaussicyclo-
sporose,cryptosporidiose,microspo-
particulièrementobservée chezdes
voyageurs revenantduNépal,Pérou,
HaïtietRussie [6].Lesquinolones
etpeut êtrelenitazoxanide sont
desalternativesaucotrimoxazole
proposéenpremièreintention ;b)
Cryptosporidioseetmicrosporidiose
ne disposentpasde traitementvalidé
en dehors dunitazoxanide non dis-
ponible en Europe etincomplètement
évalué.
61
••••••••
TABLEAUII
PRINCIPALES NOTIONS ÀRETENIR POUR LA PRATIQUE DANS LES PARASITOSES INTESTINALES
ParasitosePop. àrisque1Dtic2HE3TraitementParticularités
etposologie (adulte)
Protozooses
amoebosevoy,mig EPS+non métronidazole 500 mgx3/j/7j+Intétrix2gelx2/j/10j
cryptosporidioseID, voy,mig EPS non 0nitazoxanide ??
cyclosporosevoy,IDEPS non cotrimoxazole (Forte) particulièrementfréquent
2à4cp/j/7à10jauNépal,Pérou,Haïti,Russie
–giardiosevoy,mig,enf EPS+non métronidazole 2ecureàJ15 surtout
250mgx3/j/5à7jchezlesenfants
–isosporosevoy,mig,IDEPS non cotrimoxazole (Forte) traitementd’entretien
2à4cp/j/7à10jà1/2 dosesiID
–microsporidioseID, voyEPS non 0oufumagilline ?nitazoxanide ?
Helminthoses
ankylostomosevoy,mig EPS ouialbendazole 400 mg HE3plus élevée
3jours de suitesistade larvaire
anisakidose(anisakiase) tout venantendo- +/-ablation de lalarveconsommation de poisson cru
scopie oufu;intérêt
sérodelalbendazole ?
ascaridiosevoy,mig EPS ouialbendazole 400 mg SddeLoefflerpossible
3jours de suiteenphased’invasion
–distomatosesintestinalesmig,voyEPS +/-praziquantel 40mg/kg rare;surtout siséjour en Asie
en 1prise
–oxyuroseenf EPS +/-albendazole 400mg ou200 Traitertous lessujets contacts
si<2ans1à3j
schistosomosesmig,voyEPS ouipraziquantel 40mg/kg Sdd’invasion chezvoy;
séroen1prisephased’étatchezmig
strongyloidosevoy,mig,IDEPS ouiivermectine 4cpinfection persistante
(anguillulose) séroen1prise(200 µg/kg) jusquà30 ans
(cycle d’auto-infestation) ;
risquedeforme maligne siID
téniasesvoy,mig EPS +/-praziquantel 10(à20)mg/kg HE3faible ànulle ;
risquedecysticercose
aveclarvedeT.solium
toxocarosevoy,tout venantséroouialbendazole,Parasiteduchien/chat
diéthylcarbamazine en impasseparasitaire,
cosmopolite;TTT malcodifié
trichinellosevoy,tout venantséroouialbendazole 15 mg/kg/jpossible en France
10à15 jspidémie locale
1. principalespopulationsàrisque:voyageur :voy;migrant:mig ;immunodéprimé :ID;enfants en collectivité:enf ;tout venant:toutepersonne vivanten
France
2.diagnostic:examen parasitologiquedesselles(3àquelquesjours d’intervalle) :EPS ;sellesémisesaulaboratoire=EPS+;sérologie :séro
3.HE :hyperéosinophilie (> 500 polynucairosinophiles/mm3)
d’une hyperéosinophilie ;4) chezles
patients fragilisés,polypathologiques
ouimmunodéprimés(recherche de
protozoosessurtout)[3,9].
Migrants
Tout migrantarrivantdansunpays
industrialisédevraitbénéficierd’une
recherche de PI àtitresystématique.
Lesconditionsd’hygiène dansle pays
d’accueil ne permettantpasen règle
générale desréinfections,le dépara-
sitage même sur une parasitose
asymptomatiqueest souhaitable.
C’est particulièrementimportant
pour 2parasitoses:lastrongyloïdose
(anguillulose) en raison durisque
même trèsàdistancedeforme maligne
(voirci-dessous)etlesschistosomoses
(notammentdigestives)enraison du
risquedepoursuiteàbasbruitde l’évo-
lution fibrosantedufoie (lalongévité
desfemellespermetune ponteactive
de nombreusesannéesaprèslader-
nièreinfestation). Enpratique,cebilan
systématiquedevraitcomporterpour
cequiest desPI unàtroisEPS etune
sérologie bilharziose. Bien évidem-
ment,tout signe cliniqueoubiologique
(dyspepsie,diarrhée aiguëouchro-
nique,signesd’hépatopathie,hyper-
éosinophilie) doitclencherunbilan
parasitologiquecomprenantaumini-
mum1à3EPS, le bilansérologique
étantorientéparlessignesd’appel et
laprovenancedupatient[3].
Patientn’ayantpasséjour
en zone tropicale
DIARRHÉE ET DÉFICIT IMMUNITAIRE
Queledéficitimmunitaire(notamment
infection parle VIH)soitconnuou
suspectédevantdessignesévocateurs,
lasurvenuedune diarrhée chronique
danscessituationsdoitfairvoquer
une giardioseetlesprotozoosesoppor-
tunistes(cryptosporidiose,microspo-
ridiose,isosporose,etàunmoindre
degré,cyclosporose). Ilsagiten règle
d’une diarrhée chroniquevolontiers
abondante,sansfièvre,responsable
rapidementd’unamaigrissement
important.Lediagnosticreposesur les
EPS en scifiantlesparasitesrecher-
cs(techniquesscifiques). Endehors
de l’isosporoseetde lacyclosporose
(TableauII),il n’yapasde traitement
reconnuefficace,lafumagilline (micro-
sporidiose) etle nitazoxanide (crypto-
sporidiose,microsporidiose) n’ayant
pasencoreapportétouteslespreuves
d’efficacité[10,11].
SIGNES GÉNÉRAUX AIGUS
AVEC MANIFESTATIONS DIGESTIVES
Troissituationstrèsdiversespeuvent
révélerune PI aveccetype de tableau:
Tableauévocateur de primo-inva-
sion d’helminthose(voirci-dessus):
chezdespersonnesn’ayantpas
voya,2parasitosesautochtones
àexpression parfoisdigestivesont
àconsidérer[3]:a)La toxocaroseest
une helminthoseduchien etduchat
en impasseparasitairecequi
entraîne une errancedeslarves
(larvamigrans)dansl’organisme
(dontlasphèredigestive). Elle se
contracteparvoie orale. Letableau
peut êtretrèsbruyant,lesantipara-
sitaires(TableauII)ayantde lapeine
àfairelapreuvedeleur efficacité;
b)La trichinellose,égalementcos-
mopolite,secontracteprincipale-
mentparconsommation de viande
crueoumalcuite(cheval,porc, …).
Elle survientsurtout parbouffée épi-
démique. Letableau,survenantrapi-
dementaprèsl’ingestion de viande
contaminée,est parfoistrèsbruyant
avecen dehors d’une diarrhée etdes
douleurs abdominales,dessignesde
lalignée allergiqueetnotamment,
udème duvisage. Même sile
bénéficedelalbendazole n’apasété
démontréformellement,il est
recommandé d’en prescrireune cure
(voirposologie tableauII)en
l’association àune corticotrapie
(0,5à1mg/kg) danslesformes
graves[5].
Signesgénéraux sévèresettroubles
digestifsavecterrain d’immuno-
dépression :il peut sagirde l’an-
guillulose(strongyloïdose) maligne
(oudisséminée). Danscecontexte
(corticotrapie àfortesdoses,chi-
miotrapie lourde…maisbizarre-
mentpasle sida),le cycle d’auto-
infestation interne (quipermetàune
anguillulosedepersisteràbasbruit
plusieurs cenniesaprèsl’infesta-
tion) «s’emballe »avechyperpro-
duction d’une quantitéconsidérable
de larvesquivontdisséminerpar-
La fréquencedescausesparasitaires
souventconnuesjustifie (ainsique
d’autresétiologiessensiblesàcesmolé-
cules),aprèsl’exploration parasito-
logiquedesselles,untraitementempi-
riqueassociantsimultanémentou
consécutivementtronidazole,cotri-
moxazole +/-quinolones[8].
SIGNES GÉNÉRAUX AVEC SIGNES
DIGESTIFS COMPATIBLES
AVEC UNE PRIMO-INVASION
LesPI liéesàdeshelminthosesàcycle
larvairetissulairepeuvententraîner
danslessemainessuivantlacontami-
nation,destableaux parfoisbruyants
(notammentdanslesinfestations
massives)lsàlamigration larvaire
(syndrome d’invasion). Ilsagitde
signesde lalignée allergiquequi
sassocientde fon variable (fièvre,
urticaireouérythème,asthme syn-
drome de Loeffler,douleurs abdo-
minalesettroublesdigestifsvoire
choc). L’hyperéosinophilie est dansce
casconstanteetélevée. C’est le cas
notammentde l’ascaridiose,latrichi-
nellose,latoxocarose,l’ankylostomose,
lastrongyloïdose(anguillulose),les
schistosomosesLestroisdernières
parasitosescitéessontliéesàdes
contacts cutanées(marche piedsnus
oudansl’eau)avecl’eauoulaterre
humide,lestroispremièresauril
co-oral[3,5].
T ABLEAU DYSPEPTIQUE
Cettesensation fréquentechezle voya-
geur auretour doitfairvoquerla
possibilitédePI pauci-symptomatiques
tellesquegiardiose,téniase,ascari-
diose,ankylostomose,strongyloïdose
(aumême titrequunsyndrome de l’in-
testin irritable donton amontréqu’il
pouvaitêtresecondaireàune diarrhée
duvoyageur).
F AUT-IL DÉPISTER SYSTÉMATIQUEMENT
UNE PI CHEZ UN VOYAGEUR
ÀSON RETOUR ?
Enlabsencedesignescliniques,il n’est
en règle pascessairedefaireun
dépistage systématique(parEPS ou
sérologie) saufdans4situations:
1) séjour ouexpatriationprolongée en
zone àrisque;2)voyageur ayantun
facteur de risquedeschistosomose
(bilharziose) :marche ounage dans
l’eaudouce(intérêtd’une sérologie
systématique) ;3)découvertefortuite
62
••••••••
La visualisation (parfoisfortuite) de
vers àl’œil ouaucours d’une endo-
scopie n’est pasexceptionnelle. Le
tableauII donne desorientations
diagnostiquesen fonction de lataille
etde l’aspect;
La couvertefortuitedecalcifi-
cationsabdominaleslors d’unASP
doitfairvoquerdesparasitoses
quienrègle (saufl’hydatidoseet
parfoislacysticercose) sontnon
activesetne nécessitentpasde
traitement(tableauII).
La parasitophobie (syndrome
d’Ekbom) portantnotammentsur
lesparasitesdigestifsest untrouble
mentalextrêmementéprouvantpour
lesmalades(etpour lespraticiens!).
La priseencharge psychiatriqueest
souventcevante,lespatients
errantd’unconsultantàunautre,
le risqutantde céderaux
demandesd’explorationsinvasives
etde traitements inutiles.
Traitements
anti-parasitaires
(TableauIII)
La gamme desanti-parasitairess’est
élargie tantparl’apparition de nou-
vellesmolécules(issuesd’ailleurs le
plus souventde lamédecinevétéri-
naireplus novatriceenlamatredu
faitd’unmeilleur retour sur investis-
sementqu’en pathologie humaine !)
queparlacouvertedenouvelles
indications(albendazole,ivermectine,
praziquantel) ). EnmatredePI, les
antiparasitairesclassiquestendentà
êtremoinsutilisésmaintenantquelal-
bendazole,actif sur lamajoritédes
helminthesetsur certainsprotozoaires
est disponible,le métronidazole (etses
rivésretard) restantlaréférencepour
lesprotozoaires.Audelàdesschisto-
somoses(bilharzioses),le praziquan-
tel avu élargirsesindicationsaux
téniasesetàcertainesdistomatoses.A
terme,sison intérêtseconfirme,le
nitazoxanide (pasencoredisponible
en Europe) pourraitencoresimplifier
leschoixtrapeutiques,son spectre
d’activitérecouvrantpratiquement
celuidelalbendazole etdutroni-
dazole. LetableauIII résume lesprin-
tout dansl’organisme. Cetableau,
heureusementrare,peut êtregra-
vissime cequijustifie une recherche
etmême untraitementpréventif sys-
tématiquecheztoutepersonne ayant
séjourné même trèslongtempsaupa-
ravant(plusieurs cennies)enzone
tropicale (ycomprisAntilles). Le
traitementparivermectine (non
codifié) faitappel àdesdosesélevées
etprolongées[12,13].
Syndrome pseudo-occlusif ou
pseudo-ulcéreux :laconsomma-
tion de poisson cru,fumé oupeu
cuitpeut entraîneruntableaudou-
loureux pseudo-chirurgicalpar
insertion d’une larvedanisakisdans
lamuqueusedigestive(anisakidose
ouanisakiase). Lediagnosticsefait
parvisualisation de lalarveàl’en-
doscopie quienpermetl’ablation
(pasd’antiparasitairereconnumême
sidesétudesin vitrosuggèrent
l’intérêtde l’albendazole) [14,15].
Enfants etsujets âs
en collectivité
L’oxyuroseetlagiardiose(rencontrée
aussienmaison de retraiteouen sec-
teur psychiatriquefermé) sontren-
contréesrégulièrementdanslescol-
lectivitésde jeunesenfants (crèches,
garderies). La transmission inter-
humaine directe(mains)expliqueles
taux d’attaqueimportant.La sympto-
matologie est en règle minime (prurit
analouvulvaireavectroublesdu
sommeil pour l’oxyurose;diarrhée
chroniqueetdyspepsie pour lagiar-
diose). Letraitementdansles2cas
est efficacemaissupposequetous les
sujets contacts soienttraitésen même
temps,cequiexpliquelesrécidives
fréquentes[3].
Casparticuliers
Giardioseetdéficitimmunitaire:
dansle déficitprimitif en IgAou
déficitglobalenimmunoglobulines,
lagiardioseest fréquente,résistante
etrécidivantemalgréuntraitement
adapté[16];
Strongyloïdoseetinfection par
HTLV-1 :incidenceplus importante
avecmoindreefficacitéetrécidives
sous traitement;
cipalescaractéristiquesdesantipara-
sitairesqu’il faut connaîtreenpratique
[17-20].
Lorsquunparasiteest identifié sur un
EPS etquelle quesoitl’indication de
cetexamen,lapremièrequestion àse
poserest lacessitéduntraitement.
Eneffet,certainsparasites(amibesnon
pathogènessurtout)sontconsidérés
comme non pathogènesetne méritent
aucuntraitement,l’éventuelle symp-
tomatologie digestivejustifiantleur
couverttantdueàune autrecause
(TableauIV). Entamoeba disparamibe
non pathogène 10foisplus fréquente
queE.histolytica ne peut malheu-
reusementpasêtredistinguée de cette
dernièreparl’examen microscopique
standard(EPS). Lerésultatde l’EPS
évoqueradonccettedouble possibi-
litésachantque,en l’absencedautres
techniquesde confirmation (actuelle-
menten cours de validation),untrai-
tementd’amoeboseserainstitué(même
en l’absencedesymptomatologie) [3].
Dautresontune pathogénie discutée,
certainsauteurs considérantquedans
certainscas(infestation massive,
immuno-dépression),ilspourraientêtre
responsablesde diarrhée etde troubles
digestifs.La majoritédesamibesnon
pathogènessontsensiblesautro-
nidazole. Leseulintérêtde leur cou-
verteest d’avoirunargumentpour une
hygiène défectueuse. Enfin,certains
parasitescomme Dicrocoeliumdentri-
ticum(douvehépatiquecosmopolite
de nombreux herbivores,notamment
dumouton),qu’il n’est pasexception-
nel de trouversur unEPS, provien-
nentde laconsommationdeviande
parasitée maissonten faiten transit
dansle tubedigestif dupatientsans
quuncycle pathogène ne puisses’en-
clencher.Aucuntraitementn’est ces-
saire. Encasde doute,ladisparition du
parasitesur desexamensde contrôle
conforteracettehypotse[5].
Conclusion
Enconclusion,il faut retenirlespoints
pratiquessuivants :
Dansuncontextecompatible,
l’hyperéosinophilie est trèsévoca-
tricedune infection parhelminthes.
Sielle est franchementsurieureà
63
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