Telechargé par Mustapha HMIMOU المصطفى حميمو

Mustapha HMIMOU : POUR UN SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT EFFICACE ET PERFORMANT

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POUR UN SYSTEME D’ENSEIGNEMENT
EFFICACE ET PERFORMANT
Mustapha HMIMOU
Dans son discours à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple,
du 20 août 2013, et traduit en français, le souverain a dit : « « Néanmoins, il est navrant de
voir que la situation actuelle de l’enseignement s’est dégradée encore davantage, par rapport
à ce qu’elle était il y a plus d’une vingtaine d’années. Ce recul a conduit un grand nombre de
familles, en dépit de leur revenu limité, à supporter les coûts exorbitants de l’inscription de
leurs enfants dans les établissements d’enseignement relevant des missions étrangères ou
dans le privé, et ce, afin de leur épargner les problèmes rencontrés dans l’enseignement public
et leur permettre de bénéficier d’un système éducatif performant».
Dix ans plus tard et sept ans après le lancement de la Vision Stratégique de la
Réforme de l'Enseignement 2015-2030, près de 77% des élèves du primaire sont incapables
de lire un texte en arabe de 80 mots, a déclaré le tout nouveau ministre dans une conférence
de presses. Et 70% ne savent pas lire un texte en français composé d’à peine 15 mots. Et
rebelote, une nouvelle recette pour redresser la barre, à laquelle nous souhaitons plein succès.
Sauf qu’hélas, à y regarder de très près, elle ne nous semble pas avoir plus de chance que les
précédentes. Elle ne tient pas compte non plus de la cause principale de son
dysfonctionnement, signalée dans un rapport de la Cour des Comptes et sur laquelle nous
reviendrons un peu plus loin avec amples détails.
Et face à une telle situation dans l’école publique, l’école privée connaît de nos jours
un engouement qui n’est pas sans risque d’affecter la qualité de son service et d’enflammer
d’avantage son coût pour les parents. Néanmoins, dans la longue attente de la bonne réforme
définitive du service public qui tarde encore à venir, l’école privée soumise à la concurrence,
reste et restera toujours une aubaine dans le pays pour deux raisons.
D’une part l’option des parents pour ses services chèrement payés et qui aurait dû
être un simple luxe si l’école publique était jugée aussi efficace et performante, demeure une
option de pure nécessité pour bon nombre d’entre eux, sinon pour la plupart et dont des
enseignants de l’enseignement public. C’est ainsi que l’école privée a sauvé et sauve encore
relativement bien une partie des enfants marocains, si infime soit-elle, des conséquences de
l’inefficacité avérée de l’école publique.
D’autre part, en plus des évaluations internationales périodiques : PIRLS, TIMSS et
PISA, les écoles privées les plus performantes serviront toujours et en temps réel, de témoin
et de référence pour jauger au besoin l’efficacité et la performance de l’école publique. Et ce,
même après la bonne réforme espérée. Elle s’en distingue, par son bon rendement avec
pourtant les mêmes programmes et avec des enseignants souvent formés sur le tas, c’est-àdire sans formation initiale, et moins bien diplômés que ceux de l’enseignement public.
Pour les besoins de performance exigée par ses clients et sous la pression de la
concurrence, l’école privée juge ses enseignants à l’aune de l’efficacité sans formalisme
bureaucratique. Si bien qu’un bachelier efficace est pour l’école privée bien meilleur
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enseignant qu’un licencié mais inefficace. Il en est de même pour elle d’un enseignant formé
sur le tas et efficace plutôt que l’enseignant sorti major de sa promotion du centre de
formation, mais inefficace.
Avec les mêmes programmes et avec des enseignants plus diplômés et en principe
mieux formés, si l’école publique était efficace elle aurait tous les atouts pour bien
concurrencer l’école privée la plus performante. Mais qu’est-ce qui lui manque pour l’être et
fait donc la différence pour constituer le ou les facteurs déterminants de son inefficacité et
par ricochet de celle du reste du système éducatif public ?
La Cour des Comptes, à bon escient, a mis le doigt sur le premier facteur déterminant
de l’inefficacité de notre système éducatif public. Il s’agit en l’occurrence de la fameuse
fonction publique qui le gère. La Cour lui a consacrée un rapport entier. Un rapport qui
rappelle que les fonctionnaires ne sont responsables que de l’exécution des taches qui leur
sont confiées, sans nul égard aux résultats qui en résultent. Il le rappelle quand il dit en
substance : «La responsabilité est une valeur centrale du service public que consacre l’article
17 du SGFP (Statut Général de la Fonction Publique) qui dispose que : «Tout fonctionnaire,
quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l’exécution des tâches qui lui
sont confiées».
Or il y a une sacrée différence entre être responsable de la simple exécution d’une
tâche et être responsable du résultat qui en découle. Quand, par exemple, vous faites réparer
votre voiture vous ne payez le mécanicien qu’après avoir vérifié le résultat de la tâche
exécutée. C’est qu’inconsciemment vous savez que la simple exécution de la tâche n’aboutit
pas nécessairement au bon résultat escompté. Pourtant voilà ce qu’il en est selon l’article
156 de la constitution de notre pays : « Les services publics sont à l’écoute de leurs
usagers et assurent le suivi de leurs observations, propositions et doléances. Ils rendent
compte de la gestion des deniers publics conformément à la législation en vigueur et sont
soumis, à cet égard, aux obligations de contrôle et d’évaluation ».
Et voilà ce qu’il en est dans les faits selon le même rapport de la Cour des Comptes
qui dit : «Si la Constitution définit ainsi le service public, cet idéal ne correspond,
cependant, pas à la réalité en ce sens que l’image de l’Administration marocaine chez
l’opinion publique n’est pas toujours à la hauteur des valeurs qu’elle est supposée véhiculer».
Par l’Administration marocaine il faut toujours entendre la fonction publique. Mais il n’y a
nullement lieu de s’en étonner quand on sait que la tradition dans la fonction publique
gar ant it ce fameux privilège de l’article 17 du SGFP. Non sans raison d’ailleurs, car en
l’absence de moyens infaillibles et objectifs d’évaluer le rendement du fonctionnaire, le
fameux article 17 est censé le protéger de tout jugement arbitraire.
Sauf qu’il il s’en suit un rapport de forces déséquilibré en faveur du prestataire du
service public et du citoyen-usager. La Cour des Comptes le constate et signale en ces termes
: «L’usager du service public reste démuni devant la complexité des procédures et sa
relation à l’Administration est vécue comme un rapport de forces qui lui est défavorable en
ce sens que l’Administration ne se trouve pas dans l’obligation de rendre compte … Les
usagers du service public (citoyens et entreprises) trouvent que les mécanismes de recours
ou de plaintes à l’encontre de l’Administration publique sont lourds, peu fiables et peu
efficaces et ce, à cause de l’absence de sanctions en cas de manquement des fonctionnaires à
leurs missions ou à l’éthique ».
Ainsi selon sa nature intrinsèque l’Administration publique ne peut donc être efficace
pour gérer les divers services publics et satisfaire les intérêts des citoyens-usagers ayants
droits que ne l’est par exemple l’administration de la société anonyme au profit de ses
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actionnaires. La Cour des Comptes le confirme quand elle parle de la raison pour laquelle
l’Etat, par souci de rentabiliser ses investissements, ne confie jamais à l’Administration des
ministères de tutelle la gestion des services publics à caractère marchand qui sont payants.
Elle dit en l’occurrence : «En général, la création d’un EEP [Etablissement et Entreprise
Publics] est décidée pour répondre à des situations où l’Administration s’avère inadéquate
ou incapable d’accomplir certaines de ses missions dans des conditions d’efficacité et
d’efficience ». Pourtant il le fait volontiers et partout dans le monde quand il s’agit du service
public censé satisfaire les intérêts légitimes et prépayés des citoyens.
Et le même rapport de la Cour des Comptes persiste et signe pour dire que la nature
du statut de la fonction publique est inadaptée aux besoins de gestion moderne du capital
humain d’un établissement public stratégique avec des obligations de performance et de
résultat. Il le dit quand il critique le statut du personnel de l’Office National Des Aéroports
(l’ONDA) en tant qu’entreprise publique à caractère marchand. Il le dit en ces termes : « Le
personnel de l’ONDA est régi par un statut semblable à celui appliqué dans la fonction
publique. Il s’écarte fortement des pratiques en vigueur dans le secteur. Les procédures de
recrutement, de rémunération, d’évaluation et de motivation sont inadaptées aux besoins de
gestion moderne du capital humain d’un établissement public stratégique avec des
obligations de performance et de résultat et qui est en concurrence avec d’autres opérateurs
pour l’attrait de cadres de qualité».
Quid alors de tous les services publics prépayés par la société de gré ou de force et
dus aux intérêts légitimes des citoyens ? Méritent-ils d’être livrés à la gestion de la même
Administration publique qui n’est pas ainsi digne de confiance pour que l’Etat lui confie la
gestion des services publics payants ? Ne méritent-ils pas aussi d’être confiés à des systèmes
de gestion qui doivent nécessairement être efficaces, efficients et performants ? Le système
éducatif en l’occurrence, ne mérite-t-il pas d’être également considéré comme un secteur public
hautement stratégique avec des obligations de performance et de résultat, pour confier aussi
sa gestion à des établissements publics dont le statut du personnel est différent de celui de la
fonction publique ? Tel est l’objet de notre proposition de réforme pour un système
d’enseignement efficace et performant publié en arabe.
Nous en donnons un résumé dans ce DIAPORAMA avec ce message-ci comme
LETTRE OUVERTE à l’intention du ministère, du Conseil Supérieur de l'Education, de la
Formation et de la Recherche Scientifique et des groupes parlementaires des deux chambres.
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