EXPOSE DES MOTIFS
La politique fiscale mise en œuvre par le Sénégal depuis quelques décennies traduit
la volonté des pouvoirs publics de faire de la fiscalité un instrument apte à mobiliser
de façon optimale les ressources nécessaires à la couverture des charges publiques,
à promouvoir la croissance économique et à améliorer l’environnement des affaires.
La nécessité d’atteindre ces objectifs à la fois multiples et variés a conduit le législa-
teur sénégalais à modifier à maintes reprises le Code général des Impôts (CGI), en-
traînant ainsi une complexification du dispositif, aussi bien pour les praticiens de la
matière fiscale que pour les contribuables.
En effet, au regard de sa forme, le code comporte des règles d’une grande complexi-
té. A titre d’exemple, le système de l’Impôt sur le Revenu (IR), avec ses droits pro-
portionnels et progressifs, combinés aux différents abattements et déductions appli-
cables selon la catégorie de revenu concernée, est difficilement compréhensible.
Cette situation n’est pas pour favoriser la promotion du consentement à l’impôt.
En matière de droit d’enregistrement, le style de rédaction jusque-là utilisé fait du
live III le compartiment le moins accessible du CGI. A cela s’ajoutent des dispositions
relatives à l’organisation des bureaux et aux modalités d’accomplissement de la for-
malité de l’enregistrement, lesquelles relèvent normalement du domaine règlemen-
taire. De tout cela, il résulte un allongement inutile de ce livre qui représente plus du
tiers du code.
Relativement au fond, il convient de noter que la législation fiscale n’est plus adaptée
à un contexte économique et social en constante mutation, aussi bien par rapport à
sa fonction budgétaire qu’au regard de sa fonction d’instrument de politique écono-
mique et sociale.
Par ailleurs, au titre des taxes sur le chiffre d’affaires, le CGI comprend en matière de
taxe sur la valeur ajoutée (TVA) un certain nombre de règles qui ont longtemps dété-
rioré les rapports entre l’Administration fiscale et les opérateurs de certaines activités
économiques qu’elle avait du mal à fiscaliser convenablement. Sans doute, cela a-t-il
motivé les restrictions et exclusions du droit à déduction et à restitution. Or, de telles
règles ne militent pas en faveur de la neutralité, attribut universel qui doit caractéri-
ser un bon régime de TVA.
En outre, la législation fiscale est caractérisée par l’existence d’une multitude de ré-
gimes dérogatoires disséminés à travers des textes épars (Code minier, Code pétro-
lier, Code des investissements, régimes francs, etc.). Au-delà du problème de lisibilité
et de cohérence qu’elle pose, cette législation est porteuse d’un certain nombre de
facteurs de distorsion à la concurrence économique.