34
divers organismes réglementaires exigent de leurs membres
qu’ils revendiquent pour les patients1 et en leur nom, qu’ils
fassent la promotion de la santé2 et qu’ils défendent leur
profession auprès de différentes instances. Ils imposent, ce
faisant, une obligation professionnelle à des groupes
professionnels au nom d’une certaine vision de la compétence
professionnelle, voire d’un ethos professionnel. Par exemple,
d’après l’Association canadienne des ergothérapeutes (ACE),
le rôle d’agent de changement de l’ergothérapeute nécessite
l’acquisition de compétences clés reliées à l’advocacy3 (ACE,
2012). En outre, l’ergothérapeute doit « revendiquer
adéquatement au nom des clients vulnérables ou marginalisés
afin de favoriser leur participation à travers l’occupation »
(ACE, 2012, p. 10). Le domaine de l’ergothérapie ne fait en
cette matière nullement exception. Le même genre de credo
est formulé en médecine (CanMEDS, 2005), en orthophonie
(CAPUC-ASLP, 2011), en physiothérapie (APC, 2006;
CCPUP, 2009; GCNP, 2009) et en soins infirmiers (Leprohon
et al., 2009; UKCC, 1989) pour ne nommer que ces exemples.
Bien entendu, les associations et les ordres professionnels ont
des raisons politiques, voire corporatistes d’inciter leurs
membres à promouvoir leur profession et à défendre les
droits4 des patients, notamment leurs droits à la santé.
Si, de manière générale, les associations et les ordres
professionnels ainsi que les organismes réglementaires
1 Le mot patient est ici utilisé pour désigner la personne qui reçoit des soins de
santé et des services sociaux. D’autres termes auraient pu être employés comme
les mots « bénéficiaire », « client » ou « usager ». Nous avons préféré le mot
patient à ces termes, car celui-ci est utilisé dans les écrits examinés sur
l’advocacy en santé. Aussi, celui-ci est grandement employé dans les diverses
institutions contemporaines de santé. Enfin, le mot patient n’a pas une connotation
consumériste comme le terme client.
2 La notion de santé inclut ici à la fois la santé physique et la santé mentale.
3 Les auteures ont préféré utiliser les mots anglais « advocacy » et « advocate » parce
que ces mots sont grandement utilisés dans les écrits de langues anglaise et
française sur le sujet et parce que ces vocables sont utilisés par les professionnels de
la santé eux-mêmes.
4 Dans cet article, la notion de droit n’a pas une connotation juridique, mais éthique.
Autrement dit, le concept de droit ne réfère pas aux droits positifs ou objectifs,
mais à des droits naturels ou éthiques.