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1-cicatrisation apicale

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Cicatrisation Apicale
Introduction
La définition proposée du périapex tient compte de la continuité tissulaire
existant entre desmodonte apicale et pulpe. Celui ci constitue une unité
fonctionnelle en constant remaniement où toutes les composantes sont liées
par des fibres, des vaisseaux et où l’espace de BLACK, centre nourricier,
assure le métabolisme des tissus durs qui l’entourent. Le cément d’un côté
et l’os alvéolaire de l’autre. Cependant l'exsérèse de la pulpe n’altère en
rien les phénomènes d’ostégénèse et de cémentogénèse permettant le
potentiel apico- réparateur de la zone apicale après élimination du stimulus.
Cette région est donc capable de faire face aux irritations endondontiques
après suppression du stimuli et de se cicatriser. Cette cicatrisation fait suite
à un ensemble de remaniement des tissus qui constituent ce qu'on appelle
l'espace de black.
Qu'est ce que l'espace de BLACK ?
L'espace de Black est constitué d'un tissu conjonctif fibreux richement
vascularisé et innervé, qui contribue avec le reste du ligament alvéolodentaire, ou desmodonte, au rattachement. De la racine dentaire à l'os
alvéolaire.
Limité par l'extrémité de la racine, coiffé de cément cellulaire et acellulaire,
et par la corticale du fond de la cavité alvéolaire. Il est constitué de:
* l'orifice apical ou foramen.
* le pédicule d'innervation et de vascularisation.
* les faisceaux ligamentaires unissant le cément apical à la corticale
osseuse alvéolaire.
Dans ce contexte il nous semble important de préciser à quoi s'adresse ici le
terme réparation apicale et nous invite à faire la distinction entre les
modifications dites « physiologiques » et les altérations pathologiques. Pour cela
nous n'évoquerons que le processus de réparation consécutif aux modifications
tissulaires légères engendrées par nos thérapeutiques à la suite d'une LIPOE ou
celles provoquées par la fonction. Il est évident que toute agression
endodontique quelle soit infectieuse ou iatrogène , entraîne au niveau apical une
réaction inflammatoire qui aura pour conséquence une diminution de l’activité
de synthèse et une augmentation des phénomènes ostéoclasiques et
cémentoclasiques. Une fois donc la phase inflammatoire préliminaire contrôlée
par les cellules de défense, la réparation biologique peut commencer.
Afin de mieux comprendre l'évolution des phénomènes histo et
anatomopatholoques suivis d'une cicatrisation après élimination des
stimuli, il nous parait intéressant de faire un bref rappel de l'anatomie,
histologie et de la physiologie de la zone où ces phénomènes successifs se
produisent.
Anatomie de la région apicale
Définition :
C’est une région carrefour qui contient le ligament alvéolo-dentaire et du
tissu conjonctif riche en cellules. Par ses particularités anatomiques et
physiologiques, offre une voie d’accès aux micro-organismes. Cette région
est richement vascularisée par l’artère dentaire et ses anastomoses avec les
artères inter-dentaires.
D’après (KUTTLER), la région apicale est formée par l’accolement de
deux cônes :
- l’un dentinaire a son sommet à la jonction cémento-dentinaire.
- l’autre purement cémentaire est inversé par rapport au premier, son
sommet est situé à la jonction cémonto-dentinaire au point de
rétrécissement du cône dentinaire et sa base est au foramen apical.
La hauteur de la portion cémentaire est de 0,5 mm chez l'adulte jeune et 0,7
mm chez le sujet agé.
L'ensemble des deux cônes peut être comparé à un sablier dont les deux
compartiments sont
disproportionnés.
*Le foramen apical
Il est aussi appelé « trou» apical, c'est l’espace limité par les parois
cémentaires débutant au niveau de la constriction apicale et s'ouvrant dans
le parodonte. Il a une forme d'entonnoir irrégulier qui se modifie par suite
des processus physiologiques (apposition cémentaire) ou pathologiques
(résorption).
*Le péri-apex
C'est une zone largement vascularisée et constitue le lieu de réactions
cellulaires et immunologiques qui permettent la cicatrisation apicale après
l’agression de cette zone à la suite de processus pathologiques dont
l'endodonte est le siège.
Ces réactions autorisent selon la gravité de l'agression:
- une cémentogénèse aboutissant à la fermeture des foramina par
l'élaboration de néocément dans les cas de pulpites.
- une ostéo-cémentogénèse dans le cas de gangrène pulpaire ou de
desmodontite.
*La constriction apicale
Elle est située à la jonction cémento-dentinaire en deçà du foramen apical.
Elle a un diamètre qui va de 210 à 224 micron et varie selon l'âge. On peut
estimer la distance séparant habituellement la constriction apicale de l'apex
anatomique de 0,5mm chez le jeune à 0,784 2mm chez les personnes àgées.
Elle augmente avec l'âge et peut atteindre jusqu'à 2mm. Elle est plus
importante au niveau des dents postérieures qu'au niveau des dents
antérieures.
Résumé
Figure 1. Schéma de la région apicale selon Kuttler. 1. Constriction apicale ; 2. Jonction cémento-dentinaire ;
3. Distance séparant le centre du foramen de la jonction cémento-dentinaire ; 4. Foramen ; 5. Distance séparant
le centre du foramen du vertex de la racine.
Histologie de la région apicale
Le péri-apex est constitué par un ensemble d’éléments histologiquement
différents :
a) Cément :
* cément acellulaire : les fibres collagènes issues du conjonctif voisin se
trouvent englober dans la couche cémentaire constituant ainsi les fibres de
SHARPEY donnant ainsi le cément acellulaire ou fibrillaire. Il constitue les
2/3 du tissu cémentaire.
* Cément cellulaire : les cémentoblastes vont se déposer sur le cément
acellulaire pour produire le cément cellulaire.
NB : Pour SELTZER, il existe un troisième type de cément au niveau de la
jonction cémento-dentinaire : c’est le cément intermédiaire.
b) Desmodonte :
C’est un tissu conjonctif formé :
- d’éléments fibrillaires : fibres collagènes, élastiques ou de réticuline.
- d’éléments cellulaires : fibroblastes et histiocytes.
- d’une substance fondamentale : formée d’eau retenue par des
macromolécules de protéines et de mucopolysaccharides.
Le desmodonte est richement vascularisé (vaisseaux de l’artère pulpaire,
vaisseaux anastomosés de la gencive).
c) Os alvéolaire :
C’est un tissu conjonctif composé d’éléments fibrillaires et cellulaires. Il
est formé de trois couches :
- Une couche externe en continuité avec l’os compact des maxillaires, elle
est en contact avec le périoste.
- Une couche intermédiaire d’aspect trabeculé par la présence en son sein
de travées osseuses.
- Une couche interne appelée lamina dura ou lame criblée ou os alvéolaire
proprement dit.
Il y a perpétuellement au niveau de l’os alvéolaire, une activité formatrice
et une activité destructrice alternante par l’intermédiaire des ostéoblastes et
des ostéoclastes.
Physiologie de la région apicale
Après éviction pulpaire, la fonction dentinogénetique de cette dernière est
annulée ; mais il reste à l’apex, des éléments vivants tel que le cément, l’os
qui sont les supports de la réparation péri-apicale.
a) Cément :
C’est un élément en perpétuel remaniement tout au long de la vie. Les
fibroblastes sont disposés en une seule rangée sur la surface dentinaire
radiculaire puis se différencient en cémentoblastes et vont sécréter le
précément. Ce dernier va se calcifier pour donner le cément pendant que la
seconde couche du précément s’appose en surface. Son épaisseur croît avec
l’âge, mais les appositions sont plus ou moins régulières ce qui témoigne
d’une calcification par poussée.
Toutefois dans l’étendue du cément sain, ou note de petites zones de
résorption isolées sans relation avec aucune pathologie, qu’elle soit périapicale ou parodontale. Les couches profondes calcifiées renferment peu ou
pas de cémentoblastes on parle alors de cément acellulaire ou fibrillaire.
Du cément primaire partent des fibres ligamentaires dites de SHARPEY
qui vont être enfermées au cours de la calcification de ce cément primaire.
Nous devons donc toujours, après le traitement canalaire, redonner le plus
rapidement possible à la dent sa fonction, ce qui stimulera la réparation
péri-apicale.
On a donc une cémentogénése lente tout au cours de la vie qui va
brusquement devenir active lors de stimulus, jusqu’au moment où un
équilibre nouveau sera retrouvé et la cémentogénése redeviendra alors
lente.
b) Os alvéolaire :
L’os alvéolaire est le siège de remaniements continus ; par coordination
d’activités destructrices et formatrices (apposition, résorption) par des
cellules tels que ostéoblastes et ostéoclastes, les phénomènes d’ostéogénèse
et d’ostéoclasie se succèdent. Une pression entraîne une résorption alors
qu’une traction une apposition. De même, l’os congestionné par la présence
d’une infection canalaire pendant ou après une gangrène pulpaire, se
résorbe, et à sa place, réapparaît la trame conjonctive fondamentale.
c) Les composantes cellulaires du péri-apex
* Les cellules de synthèse
Elles caractérisent les tissus conjonctifs spécialisés que sont le desmodonte
et la pulpe. Ces cellules participent activement au processus de réparation.
- Les fibroblastes et fibrocytes
Ils sont les plus nombreuses et sont concentrées dans la zone centrale du
desmodonte. La microscopie électronique fait apparaître des organites
nombreux et développés, signe d’une forte activité de synthèse.
Les fibrocytes sont des fibroblastes âgés mais avec des organites moins
nombreux et des fonctions bien ralenties.
- Les cémentoblastes
Ils sont disposées en front le long du cément et apparaissent, soit isolés, soit
groupés par 4 ou 5 en regard de la dentine ou du cément déjà formé.
- Les ostéoblastes
Ils sont alignés le long des surfaces osseuses en construction. De nombreux
organites sont décrits comme dans toute cellule à forte activité de synthèse.
- Les odontoblastes
Responsables de la formation de la dentine, ils contiennent de nombreux
organites très développés et possèdent, outre un pouvoir de synthèse très
marqué.
* Les cellules cémentoclasiques et ostéoclasiques
Ces cellules sont responsables des phénomènes de résorption.
* Les cellules quiescentes ou incorporées dans les tissus durs :
Ce sont essentiellement les cémentocytes et les ostéocytes qui ont la même
origine. En effet, les cémentoblastes et ostéoblastes sont disposés en
bordure du desmodonte, chaque type cellulaire élaborant suivant sa
spécifité une matrice organique qui secondairement se minéralise. Pris dans
une gangue minérale, cémentoblastes et ostéoblastes prennent le nom de
cémentocytes pour les uns et d’ostéocytes pour les autres.
Définition de la cicatrisation
C’est un phénomène de réparation qui est le stade finale de l’inflammation.
Une fois l'agression éradiquée on constate une réparation tissulaire caractérisée
par des proliférations cellulaires qui aboutit à un tissu conjonctif puis un
remodelage des tissus altérés.
Cinétique de la cicatrisation apicale
Comme pour toute inflammation, en réponse à une lésion tissulaire, les
neutrophiles attirés par chimiotaxie quittent le système circulatoire en grand
nombre et se rassemblent sur le site de la lésion, suivant un gradient de
concentration de molécules chimiotactiques jusqu'à ce qu'ils atteignent la plus
grande concentration. Une fois sur place, l'action antimicrobienne du
superoxyde et du peroxyde d'hydrogène, dérivée des processus métaboliques des
neutrophiles, agit pour lutter contre l'invasion microbienne.
Peu de temps après le début de l'inflammation, les macrophages entrent en jeu
et, si l'arrivée en masse des neutrophiles n'arrive pas à juguler l'invasion
microbienne celle ci est confrontée à une seconde barrière constituée de
leucocytes, ainsi que des lymphocytes. Ensemble, les cellules de cette deuxième
barrière composent la majeure partie de la lésion de parodontite apicale et jouent
un rôle important dans la phase chronique ultérieure de l'inflammation de la
parodontite apicale, car contrairement aux neutrophiles ces cellules de défense
peuvent vivre plusieurs mois. Certains chercheurs pensent que ce ne sont pas les
macrophages qui sont impliqués, car en réalité, les propriétés attribuées au
macrophage dans la phase d'initiation de la réponse inflammatoire appartiennent
à la cellule dendritique lymphatique. On ne sait pas, cependant, si cette dernière
est une population distincte de cellules ou s'il s'agit simplement d'une souche de
macrophage particulièrement spécialisée.
Le potentiel réparateur de la zone périapicale inclut la fibrogénèse, la
cémentogénèse et l’ostéogénèse.
a) Réparation desmodontale : Au niveau du ligament les changements observés
vont dans le sens d’une augmentation de la différenciation et de l’activité
cellulaire surtout pour une dent fonctionnelle par rapport à une dent qui ne l’est
pas. Les fibroblastes assurent le remaniement des fibres desmodontales. En
effet, leur fonction principale est la synthèse et la sécrétion des précurseurs
collagéniques qui subissent ensuite leur maturation.
b) Réparation cémentaire : Les cémentoblastes créent des plages de résorption
appelées cémentoclasies qui sont réparées spontanément par néoformation
cémentaire. Les lacunes sont comblées ou tapissées par une fine couche de
cément qui permet le réattachement des fibres desmodontales néoformées
( TAGGER 1980 ). Deux trames fibrillaires sont donc formées. L’une
perpendiculaire à la dent dite « trame extrinsèque », produite par le desmodonte
et représentée par l’insertion des fibres de SHARPEY, l’autre parallèle à la
surface osseuse dite « trame intrinsèque »,et produite par les cémentoblastes.
Les fibres de SHARPEY se minéralisent secondairement. Le cément ainsi
reconstitué recouvre l’apex de la dent en tapissant les parois internes du
foramen.
De nombreux auteurs, observent au niveau des dents dévitalisées une fermeture
de l’apex. Cette cicatrisation est bien entendu liée à l’anatomie apicale mais
aussi à la limite de préparation et d’obturation canalaire .
c)- Réparation osseuse : La physiologie de l’os comprend des phases de
résorption et d’apposition. On observe qu’en raison de stimuli variables,
l’activité ostéoclasique s’accroît. La cellule ostéoclaste en contact avec la travée
osseuse présente des vacuoles et des fibrilles de collagène entre les replis de sa
bordure plissée apicale. Lorsque les stimuli disparaissent, de nouveaux
ostéoblastes en front secrètent une matrice organique à l’origine d’un nouveau
tissu osseux. Comme le cément, l’os d’ancrage présente deux orientation
fibrillaires : l’une intrinsèque, produit des ostéoblastes, l’autre extrinsèque
constituée par les fibres demodontales. Ces dernières réalisent l’ancrage dentaire
sous la forme des fibres de SHARPEY minéralisées. Elles pénètrent l’os
fasciculé jusqu’à la ligne cémentaire qui le sépare du périoste. Les ostéoblastes
entourés de matrice minéralisée deviennent ostéocytes et constituent un
ensemble de cellules de réserve qui participent au métabolisme de l’os.
d)- Le remodelage apicale après suppression du stimuli et traitement radiculaire
La guérison après traitement radiculaire est accompagnée d’un remaniement,
plus ou moins important, des tissus calcifiés. L’aire de résorption osseuse
occupée par la lésion apicale se transforme en os alvéolaire, avec une orientation
trabéculaire normale immédiatement après la guérison ou plus tard, après une
période de remaniement. Le cément doit tapisser l’apex de la racine pour
permettre le réattachement du ligament parodontal néoformé. Afin de permettre
ce réattachement, les zones de résorption, lacunes grandes et petites, doivent être
comblées (guérison dite anatomique) ou tapissées par du nouveau cément
(guérison physiologique). L’apposition cémentaire se poursuit aussi le long des
parois dentinaires, parfois jusqu’à l’apex. Certains auteurs croient que ce
processus se termine par l’obturation complète et « hermétique » du foramen
apical par le cément. Si cela semble un but souhaitable, il est fort douteux qu’il
soit plus qu’un idéal rarement réalisé. Cette apposition interne doit être précédée
par la prolifération du tissu conjonctif après disparition de l’inflammation . La
réussite d’un traitement canalaire se traduit par une restitution « ad integrum »
du tissu des structures apicales radiologiques . Le cément de réparation semble
toujours cellulaire avec peu de fibres. La structure n’est pas en rapport avec la
localisation ou la nature du tissu réparé. Il est moins radio-opaque, donc moins
minéralisé que le tissu qui l’entoure.
8) Facteurs pouvant influencer la cicatrisation
La littérature cite des facteurs généraux et des facteurs locaux qui
influenceraient la cicatrisation qu'elle soit apicale ou autre.
a- Facteurs généraux de la cicatrisation
L’âge.
L’état de santé général.
Troubles hormonaux.
Troubles vitaminiques.
La nutrition.
b- Facteurs locaux de la cicatrisation
-
Infection persistante.
Hémorragie.
Dilacération tissulaire.
Présence de corps étranger.
Présence de canaux accessoires.
9) Critères de cicatrisation à la suite de thérapeutique d'une LIPOE
Afin de pouvoir affirmer que la cicatrisation s'est faite on se base sur un
certain nombre d'éléments cliniques et radiologiques
a- Critères cliniques
Absence de symptomatologie.
Disparition de la fistule, d’une tuméfaction.
Percussion non douloureuse.
b- Critères radiologiques
-
Disparition de l’image radio-claire.
Ligament régulier non élargie.
Conclusion
Après éviction de la pulpe il ya arrêt de la fonction dentinogénetique,
cependant l’apex grâce à ces éléments vivants tel que le cément, le
desmodonte et l’os, va être le support de la cicatrisation péri-apicale.
Toute thérapeutique endodontique, doit respecter les limites de la
préparation et de l’obturation représentées par la constriction cémentodentinaire afin de conserver le potentiel réparateur de la région apicale, qui
se caractérise par la fibrogénèse, la cémentogénèse et l’ostéogénèse.
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