Actualités pharmaceutiques
• n° 600 • novembre 2020 •21
La dépression
dossier
être expliqué par unealtération du goût et de l’effet de
satiété. Laconsommation de sucre procurerait unsen-
timent d’apport énergétique et de réchauffement per-
mettant de lutter contre l’asthénie et la frilosité.
Diagnostic et échelles
d’évaluation psychométriques
Certains experts définissent la dépression saison nière
comme unsous-groupe des psychoses maniaco -
dépressives bipolaires récurrentes. Cependant, toutes
les dépressions récurrentes ne sont pas pour autant
des TAS.
Diagnostic de base
✦ Le diagnostic est établi sur la concordance de
plusieurs critères, définis par le DSM-V, visant à spé-
cifier le caractère saisonnier du trouble [7–11] :
• existence d’une relation temporelle régulière entre
lasurvenue des épisodes dépressifs majeurs
dutrouble bipolaireI ou bipolaireII, ou du trouble
dépressif majeur récurrent et unepériode particulière
de l’année (par exemple, début régulier des épisodes
à l’automne ou en hiver);
• rémissions complètes au cours d’une période parti-
culière de l’année (disparition de la dépression
auprintemps);
• présence d’au moins deux épisodes dépressifs
majeurs au cours des deux dernières années,
confirmant l’existence d’une relation temporelle
saisonnière selon la définition des deux premiers
critères (aucun épisode dépressif majeur de
caractère non saisonnier n’est survenu au cours
decette période);
• absence de facteurs psychosociaux évidents pou-
vant expliquer la variabilité saisonnière de l’humeur
et ducomportement (par exemple, stress au travail
ou chômage saisonnier).
Ce diagnostic divise la communauté scientifique,
car la temporalité qui entre en jeu semble être trop
restrictive pour les spécialistes. Ces derniers sou-
lignent aussi l’existence de formes moins marquées de
dépression saisonnière pouvant être, par conséquent,
sous-diagnostiquées.
Diagnostics diff érentiels
Il convient de distinguer la dépression saisonnière de
certaines pathologies:
• dépression sévère sans caractère saisonnier;
• trouble bipolaire avec ou sans caractère saisonnier;
• récurrence saisonnière de stress psychosociaux;
• syndrome prémenstruel;
• syndrome de fatigue chronique;
• hypothyroïdie;
• addiction aux drogues et à l’alcool.
Évaluation quantitative
Plusieurs échelles psychométriques sont utilisées pour
évaluer l’intensité des dépressions saisonnières:
• Seasonal Pattern Assesment Questionnaire (SPAQ),
uneéchelle d’autoévaluation rétrospective qui
mesure les variations saisonnières du comportement
des individus (durée de sommeil, activités sociales,
humeur, poids, appétit, niveau d’énergie);
• Seasonal Health Questionnaire , qui diagnostique,
dépiste et explore la relation entre les différents épi-
sodes dépressifs et les saisons; si les patients ne
remplissent pas les critères pour unépisode dépres-
sif caractérisé, ils sont considérés comme atteints
d’unsubsyndrome dépressif saisonnier;
• Inventory Seasonal Variation , unealternative à
l’échelle SPAQ, qui est unautoquestionnaire éga-
lement rétrospectif à multiples critères;
• Structured Interview Guide for the Hamilton
Depression Rating Scale-Seasonal Affective
Disorder Version , dont le but est d’évaluer l’amélio-
ration, la réponse ou la rémission des TAS après la
mise en place d’uneprise en charge.
Prise en charge thérapeutique
Trois stratégies thérapeutiques peuvent être adop-
tées pour assurer uneprise en charge efficace des
TAS: laluminothérapie, untraitement antidépresseur
ou unethérapie cognitivo-comportementale (TCC)
sont des solutions ayant fait leurs preuves. Toutefois,
lesTAS présentant la caractéristique d’être récurrents,
untraite ment préventif semble justifié pour limiter le
risque derécidive [1,5,12–17] .
Traitement curatif
✦ La luminothérapie vise à reproduire les effets
énergisants et régulateurs de la lumière du soleil
sur l’organisme et l’horloge biologique. Elle consiste
à exposer le patient à unelumière artificielle afin de
pallier la diminution de la photopériode durant la sai-
son hivernale. Un dispositif écran, capable d’émettre
uneintensité lumineuse de 10000lux, est utilisé.
Ilest doté d’unfiltre ultraviolet et infrarouge pour pré-
venir les effets indésirables et se positionne à envi-
ron 40cm dupatient. Une séance matinale (entre 7h
et 9h) et quotidienne de 30 à 120minutes à uneinten-
sité de 10000lux pendant quinzejours est suffisante
pour obtenir les premiers effets bénéfiques. Cependant,
il est fortement recommandé de poursuivre la thérapeu-
tique pendant toute lasaison hivernale. En cas d’amé-
lioration notable, unraccourcissement de la durée des
séances ou leur espacement sont possibles. Le pour-
centage de rémissions serait de l’ordre de 70%.
✦ Bien que la tolérance à la luminothérapie
soit bonne, il n’est pas rare de noter des
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